Il était dans la vie d'un apprenti, et plus encore, dans celle d'un apprenti Templier, un grand honneur, celui de passer enfin maître et de pouvoir à son tour donner sa chance à la génération future. Ce titre, honorifique comme symbolique mais également et plus encore, accordé uniquement aux meilleurs, n'était donné qu'à la suite d'un long et pénible entraînement qui, pour les plus doués s'achevait au bout de six ans. Siobhan avait connu des débuts difficiles, l'ancienne Crépusculaire qu'elle avait pu être devant se plier à la discipline du Temple comme à ses règles mais surtout, elle avait du, en cours de route, changer de Maître et force était de constater que Iréa n'avait rien de Kyle, et fort heureusement d'ailleurs ! Dans son malheur, la jeune Astorg était toutefois tombée sur l'un des maîtres les plus exigeant certes, comme la plupart, mais surtout, sur l'un des plus doux et compréhensif. Ainsi, à peine avait-elle franchi le cap des dix-neuf ans qu'elle fut convoquée dans le bureau de Jiven pour prendre connaissance de sa mission. Il n'y avait que quelques détails mais cela promettait quand même quelques péripéties sinon, pourquoi la lui confier n'est-ce-pas ? L'Almer avait insisté sur l'importance de la mission tant pour l'étape qu'elle souhaitait passer que pour le Temple lui-même. Il confia à la jeune femme un document sur lequel un prénom était écrit et lui expliqua en quelques lignes ce qu'elle aurait à faire. Dans la cité des neiges avait été repéré un jeune Sensible, sans grande conviction toutefois aussi, elle avait pour mission de s'assurer de ce point et bien entendu à terme, de ramener l'enfant parmi eux. « Marcus » avait douze ans d'après le papier et vivait dans une famille relativement modeste, la mère étant Compagnon de la Reine certes mais le père, simple fermier.

Quelques explications plus tard, Jiven mettait fin à la discussion et te souhaitait bonne chance, comme à l'accoutumée lorsqu'une telle mission signifiait, en cas de réussite, qu'un nouveau Templier rejoindrait leur rang à part entière. Sans doutes Iréa ne manquerait-elle pas de te donner quelques conseils de dernière minutes mais il te faudrait faire le chemin seule et remplir la mission toute aussi seule. Tu avais désormais ton destin en main !

Le voyage fut relativement rapide mais en tout cas, sans encombre, fort heureusement, même si tu ne connaissais que son prénom, « Marcus Hugues », tu avais également le droit à une adresse et bien entendu, ce fut par là que tu commençais. Le glas de l'été avait déjà sonné et bientôt l'automne balayerait les rayons du soleil mais pour l'heure, il faisait encore relativement chaud, enfin, pour Storghein bien sur ! Il ne fut pas bien difficile de trouver la ferme, légèrement excentrée, les indications données par le Temple étaient claires de sorte qu'en fin de journée, alors que le soleil commençait à décliner, tu avais pu la trouver. Ne restait plus qu'à faire le premier pas bien entendu !

[ Dans ce premier post, tu es libre de décrire l'entretien avec Jiven et le voyage. Arrête-toi simplement quand la porte de la maison s'ouvre (c'est une petite fille de huit-dix qui ouvrira). Il faut cependant que tu ai pu caser le fait que tu cherches Marcus ^^ ]

La petite fille avait tout au plus dix ans mais son petit minois indiquait un âge un peu plus jeune, peut-être huit ans. Quoi qu'il en soit, si elle n'était pas une beauté fulgurante comme certaines se plaisent à le dire d'elles-mêmes, l'enfant était tout de même plutôt mignonne. De jolies tâches de rousseur parsemaient ses joues et ses longs cheveux d'or encadraient de petits yeux noisettes plutôt pétillants d'intérêt. A peine avais-tu terminé ta phrase que la gamine te souriait avant d'ajouter d'un ton jovial :

« Oui, c'est mon grand frère ! »

Elle t'observa un long moment en gardant le silence, jaugeant ostensiblement ton allure, cherchant peut-être à déterminer si elle pouvait t'en dire plus ou non. Visiblement, elle opta pour la première solution puisqu'un large sourire anima bientôt ses lèvres et, sans attendre, elle répondit, excitée :

« Il s’entraîne avec maman, tu veux que je t'emmène ? Moi c'est Lysa ! Et toi ? »

Ton apparence visiblement Astorg avait du la convaincre de te faire confiance et ce fut sans vraiment attendre ta réponse qu'elle te planta là en te demandant deux minutes. Elle revint en effet deux minutes après, emmitouflée dans un chaud manteau d'hiver avec de la fourrure. Avec un sourire complice, elle te saisit la main et t'emmena en direction du terrain d'entraînement. Elle attendait tes réponses et n'arrêtait pas de te poser des questions, son insouciance faisant plaisir à voir dans ces temps troublés. Arrivés à quelques pas, elle te désigna deux personnes, une femme et un jeune garçon, en train de s'entraîner.

« C'est ma maman, t'as vu, elle est belle hein ! » déclara la petite en désignant la femme qui tenait une épée dans chaque main, « Et lui c'est Marcus » déclara-t-elle en te montrant le gamin qui paraît les coups avec une hache non sans difficulté, « Il vient d'être choisi pour entrer chez les Compagnons, maman espère qu'elle sera son tuteur ! Et toi, tu fais quoi ? Tu veux que je te les présente ? Attends ! Maaamaaaaaan ! »

La petite avait visiblement déconcentré son frère qui la regarda avec un sourire tandis que sa mère faisait semblant de lui asséner un coup sur la tête. Ils éclatèrent tout trois de rire avant que les deux compères ne vous rejoigne.

« Lysa, j'avais presque gagné ! »
« Maman avait le dessus patate ! »

Les deux gamins se chamaillèrent gentiment, le plus grand passant sa main dans les cheveux de la cadette avec un large sourire tandis qu'elle râlait qu'il allait la décoiffer. Ce fut donc la mère qui te parla en premier. Ses cheveux descendaient jusqu'à ses fesses, blonds comme ceux de la petite mais c'était son fils qui avait hérité de ses yeux bleus. Ce dernier arborait une toison de feu sur la tête, sans doutes un héritage paternel.

« Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous ? Qui êtes-vous ? »

De longs cheveux blonds cascadaient dans le dos de la jeune femme et sa légère frange était perlée de sueur malgré la fraîcheur ambiante. Plutôt jolie et agréable à regarder, la mère de famille posa avec calme l'arme qu'elle tenait à la main devant elle, tandis que le manche de cette dernière s'appuyait sur la légère barrière qui séparait les deux groupes. Ses yeux d'un bleu glacier ne cessaient de te fixer et se posait parfois tour à tour sur sa cadette d'un air qui en disait long. Intelligente, cela se sentait au premier regard, elle était plus qu'intriguée par ta présence et se demandait ce qu'il se passait. Elle semblait également regretter le manque de prudence de sa petite fille qui faisait visiblement bien trop confiance aux inconnus. Cependant, contre toute attente, elle ne fit aucun commentaire à ce sujet.

La jeune femme écouta en silence tandis que son fils et sa fille se chamaillaient à côté. L'un prétendait que l'autre l'avait empêché de gagner et la plus jeune se récriait d'un tel acte. Elle promettait même à son aîné de devenir meilleure que lui et s'appuyait sur les dires de leur grand frère, visiblement soldat ou Compagnon, pour achever ses propres propos. La mère ne semblait pas sensible à leurs jérémiades et semblait même hermétique, comme si au fond, elle avait l'habitude des deux marmots et de leurs sempiternelles disputes.
L'Astorg haussa un sourcil et, avant que tu ai pu continuer de dire quoi que ce soit, elle t'arrêta en prenant la parole. D'un ton calme mais pourtant sec, elle demandant aux enfants d'aller jouer un peu plus loin, prétextant que les grandes personnes devaient parler ensemble. Les deux parurent étonnés, firent mine de râler mais se ravisèrent. Si la mère ne semblait pas méchante, un simple regard avait suffit à éteindre toutes revendications contraires de leur part. Continuant leur dispute enfantine sans plus tarder, ils s'éloignèrent, le plus grand proposant à la plus jeune de lui prouver sa valeur avec les armes en bois, ce à quoi la mère ne tarda pas à répondre qu'ils avaient intérêt à être prudents. Lorsqu'ils furent hors de portée de voix, elle t'invita du regard à poursuivre.

La jeune femme attendit que tu ai fini de parler pour réagir. Calmement, elle prit la parole sans même faire attention au ton qu'elle employait, elle était Compagnon, pas diplomate :

« Je me doutais que vous viendriez … Mon mari était comme vous avant de revenir, il m'avait dit que ça arriverait. Comment pouvez-vous être sure qu'il a l'Esprit ? » demanda-t-elle sans se départir de son calme.

La mère jeta un coup d’œil discret à ses enfants, le petit garçon laissait visiblement sa petite sœur prendre le pas sur lui et ne semblait pas vouloir faire autre chose que la taquiner gentiment de la pointe de son épée en bois tandis qu'elle gagnait du terrain.

« A supposer que je vous laisse emmener mon fils, êtes vous en mesure de me garantir qu'il pourra continuer à vivre avec nous ? A revenir aussi souvent qu'il le souhaite ? Mon fils est voué à un destin fabuleux dans cette cité, combien de temps durera la formation ? Je suppose qu'il est exclu qu'il puisse apprendre seul à se maîtriser je me trompe ? »

Elle parlait toujours avec ce calme et rien ne trahissait chez elle une quelconque inquiétude ou de la haine, simplement de la curiosité. Elle espérait visiblement ce qu'il y avait de mieux pour Marcus, tout simplement et si cela incluait de l'envoyer au Temple, elle était passablement prête à le faire.

« Etes vous consciente que mon accord, si jamais je puis vous le donner, ne vaudra rien ? » demanda-t-elle enfin.