[DA] Acte II: Un unique cauchemars [PV Kurai, Aewen] (fini)

[Précédemment...]

Si fatigué. Le petit elfe gisait toujours dans la boue, et avait maintenant la satisfaction de savoir qu'il allait mourire paisiblement, au bout de se sang ou peut-être de froid. Il était évident que habillé comme il était et dans le merdier qu'il était, rien au monde ne pourrait le sauver. D'ailleurs, il avait bien cru que cette meute de loups allaient le dévorer, mais une fois ces stupides corbeaux arrivés, ceux-ci ne tinrent pas tant que ça à se régaler de lui. Tant mieux. Il souffrait déjà suffisament comme ça. Pourtant, il gardait le sourire: l'arrivée des oiseaux lui prouvait qu'une fois endormis, tout serait sans souffrance. Il ne rêverait plus, plus jamais. Lui qui les détestaient, pourtant! Sa prochaine pensée alla à sa mère. Ah, elle pouvait bien crever, celle-là. Étant utilisatrice de la maho, le blondinet n'avait même pas idée de quel âge elle avait. Pourtant, elle restait jeune et magnifique depuis qu'il était petit. Son père? Il pouvait bien crever. Oui, pour une fois, Cimber souhaitait profondément la mort de quelqun. D'ailleurs, il se remplissait de haîne depuis le jour ou il était né. La différence entre avant et aujourd'hui était qu'il était libre, et qu'il était incapable de retenir de tels pensées alors qu'il était en train de mourrir. Eh bien, Seliand ne l'avait pas manqué! Sa pensée suivant alla à sa soeur... non, pas Marilys. Tetsuko. Bien qu'ils n'étaient pas liés par le sang, c'était la personne avec qui il avait eu le plus d'affinité depuis sa fuite, et il la concidérait aujourd'hui comme une personne partageant le même sang que lui. Elle était ce que Marilys n'a jamais été. Son seul regret, d'ailleurs, était qu'il l'abandonnait. Il ne voulait pas qu'elle apprenne qu'il était mort... ça lui ferait tant de chagrin!

Un bruit, probablement un cheval, attira son attention. Quelqun, dans la pluie battante, se promenait sur le chemin un peu plus haut, duquel il s'était dégagé avant de tomber dans ce faussé. D'ailleurs, les faussés, il commençait à en avoir sa claque! Deux fois, qu'il agonisait dans l'un d'eux! Mais cette fois, il le savait, il ne s'en sortirait pas. Il ne dit rien, n'échappa même pas un râle. Il n'en avait ni l'énergie, ni la force. Finalement, il entendit le cheval s'arrêter. La personne qui le chevauchait devait avoir trouvé sa botte, qui était restée bien enlisée dans la bout sur le chemin, et les taches de sang qui avaient giclée plus tôt. Maintenant quoi? Elle allait le secourir? Cimber sourit. Quelle ironie! À ce point, faible, trop faible pour éclaircir ses pensées, il ignorait si il voulait vivre ou mourir. C'était trop difficile d'y réfléchir, et donc, il resta là. Si elle le trouvait, soit!

Kurai était en route depuis l'aube, Arashi et elle n'avaient que très peu dormi et ça se ressentait dans l'allure mollassonne de la cavalière et de la monture. La chamane revenait d'une piste infructueuse au sujet de son maître et comme à chaque fois, à son intense déception venait se mêler une lueur de soulagement... C'était étrange cet amalgame de sentiments et terriblement frustrant aussi, comme si une partie d'elle-même avait peur de se retrouver à nouveau face à Lui... Et pourtant cette haine viscérale qui la dévorait de l'intérieur lui hurlait de partir au galop, de chevaucher jusqu'à le retrouver et le tuer... Mais quelque chose restait bloqué en elle, il avait été son maître et une figure paternelle pour elle, un homme fort, puissant et solide alors qu'elle, elle était quoi?

Kurai soupirait lourdement, pleine d'amertume. C'était de plus en plus fréquent cette sensation d'inutilité, de faiblesse voir d'être invisible aux yeux des autres... C'était d'autant plus agaçant. Elle sortait de ses pensées trop sombres pour ne pas la déconcentrer et donc la mettre en péril. Le chemin sur lequel elle avançait se floutait derrière la brume qui s'épaississait de minutes en minutes, gommant les arbres et les contours de la route. Ca devenait trop dangereux d'avancer à dos de cheval alors comme si elle n'était pas encore assez excédée, Kurai du prendre Arashi par les rennes pour continuer à pieds.

Elle n'avait pas fait 20 mètres qu'elle trébuchait sur quelque chose, la faisant pester dans sa langue natale. Quelle saloperie avait manqué de la faire tomber de tout son long dans la bouillasse? Une botte, voilà ce qu'elle ramassa, bien trop petite pour être celle d'un homme mais trop solide pour être celle d'une femme, à moins qu'une Amazone n'ai laissé sa vie ou un membre dans les parages... Quand même intriguée et un peu inquiète dans cette atmosphère ouatée, elle s'attarda sur les sons que lui offrait la nature alentours, avançant à petits pas en laissant Arashi en retrait.

Il suffisait d'avancer un tout petit peu trop son pieds pour qu'elle tombe dans l'un des profonds fossés et elle ne tenait pas à ce qu'Arashi la suive, trop dangereux pour elle comme pour lui. Elle fut bien inspirée d'ailleurs car à peine quelques mètres plus loin, elle poussait un petit cri en sentant le sol glissant et pentu sous ses pieds. Elle glissait dans le fossé avec comme chance de tomber dans la boue et non dans les rochers. Lorsqu'elle rouvrait les yeux, rageant déjà de l'état de ses vêtements et de sa chevelure, elle remarquait que le brouillard était un peu moins dense et elle pouvait à nouveau voir sur plus de 10 cm. Une forme étrange et une lueur dorée attirait son attention. Bien que prudente, elle ne pouvait pas laisser une soeur se mourir dans un pareil lieu mais ce n'est pas une femme qu'elle trouva mais un adolescent... Et méchamment blessé de surcroît.

La chamane restait de marbre pendant de longues secondes, observant le corps inerte face à elle et évaluant la situation. C'était un homme, détestable donc, mais il était si jeune que quelque chose qui ressemblait vaguement à l'instinct maternel l'empêchait de rebrousser chemin en le laissant ainsi. Elle s'agenouillait à ses côtés et passait ses doigts sur le visage du plus jeune, il était encore chaud, du coup, elle les laissait glisser jusqu'à son cou pour vérifier s'il était encore en vie. Elle trouva son pouls, faible, mais il était encore en vie. A savoir s'il voulait vivre ou abandonner face à la douleur et au froid.

"Réveilles-toi... Veux-tu que je te soigne... ou que j'abrège tes souffrances?"

Ses paroles étaient dures mais elle ne l'était pas moins, elle n'allait pas gâcher une précieuse potion récupérée à Muria des mois plus tôt pour un enfant qui ne voulait plus de sa vie. C'aurait été cruel et totalement stupide de sa part à vrai dire alors elle attendait sa réponse, en aucun cas, elle ne le laisserait périr ainsi dans la boue et l'agonie. C'était peut être bien la première fois qu'elle avait la volonté d'aider quelqu'un de la sorte, surtout un mâle. Avant lui, personne n'avait réussit à la faire s'inquiéter de son sort depuis le départ du maître...

Quelqu’un arrivait, en déboulant littéralement de la même façon dont il l'avait fait la pente du faussé. Le pauvre serait lui aussi couvert de boue, mais la différence, c'est que Cimber, lui, était aussi couvert de sang. Étrange comme pensée, alors qu'on mourrait, n'est-ce pas? Mais le petit elfe n'en avait cure. Vivre, mourir, il était beaucoup trop fatigué pour ne serait-ce qu'avoir une certaine volonté pour décider. Par contre, voir le visage de son bourreau, ou de son sauveur, lui semblait être intéressant! Il tourna lentement la tête, avec un petit effort qui pourtant semblait si difficile à en juger par la douleur que ses muscles ressentaient présentement. Pour la peine, il en aurait rie: Son propre corps l'avait abandonné, ne restait plus que ses pensées. Combien de temps tiendraient-elles, celle-là? Il toussa. Un seul toussotement qui projeta dans sa bouche, du fond de sa gorge, un liquide chaud au goût métallique. Du sang à coup sûr. De la commissure droite de ses lèvres encore closes s'échappa une petite goûte rouge, mais celle-là aussi, il l'ignora. La dame qui se tenait devant lui était bien belle, il fallait l'avouer. Petite (même plus que lui) et jeune, il lui donnait environ 20 ans maximum! Son regard violet se posa sur le vert (ou était-ce du bleu?...) de la damoiselle, et s'y ficha. Ne bougea plus. Pour la peine, on le croirait mort, mais un léger et las clignement d'yeux révéla que non. Elle passa sa main sur son visage, essuyant de ce fait les quelques eaux salées, vestige de la stupidité qu'il avait eu de pleurer sur son triste sort. Il ne détacha pas ses yeux des siens. Puis elle alla chercher son pouls. Eh oui, il grouillait encore!

- ''Réveilles-toi... Veux-tu que je te soigne... ou que j'abrège tes souffrances?''

Alors seulement la vit-elle vraiment. Ses yeux avaient tant de difficulté à rester ouverts qu'ils étaient restés mis-clos, lui donnant l'air de dormir. Mais il n'en faisait rien, il ne faisait que concentrer son attention sur les yeux de la dame, et une fois qu'elle commença à lui parler, sur ses paroles. Eh bien... Quelle question! L'ironie était qu'il aurait donné, en ce moment, sa vie pour savoir si elle lui était cher ou pas!

- ''... Merci..'' chuchota-t-il

Puis, il ferma les yeux, et sombra tranquillement. 'Merci' était la seule chose qu'il avait réussi à prononcer. D'ailleurs, il ne pouvait que la remercier. Si elle le soignait, il la remercierait. Si elle le tuait, il la remercierait, et si elle l'abandonnait et le laissait mourir, il la remercierait. Était-ce la mort? Non... Le sommeil. Un sommeil mort, sans vie, cadeau de la déesse noire qui, d'ailleurs, semblait maintenant rappeler ses serviteurs. En effet, les dizaines de corbeaux perchés dans les arbres environnants s'étaient, sans aucun autre bruit que le battement de leurs ailes, envolés. Tous en même temps, vers le même endroit. Puis... plus rien.

Il était en vie... Ce petit bout d'homme respirait et vivait encore, capable de paroles intelligibles malgré son état de faiblesse... C'était suffisant pour elle. Son regard avait le reste. Elle ne pouvait décemment pas abandonner le petit blond à la mort. Sa seule faiblesse semblait être les enfant et ce foutu instinct de protection maternel. Déjà quelques semaines auparavant lorsqu'elle avait rejoint Cydonnia par la mer, elle avait ressentit cette tendresse pour le frère e la soeur présents sur le bateau bousculé par la tempête. Ce n'était pas une bonne nouvelle, loin de là. Elle se ramollissait de l'intérieur comme, physiologiquement, son corps lui demandait de trouver quelqu'un à aimer au moins un peu. Pourtant, sa volonté de fer lui hurlait de ne pas se laisser avoir, qu'aimer c'était souffrir et surtout, personne n'était digne de sa confiance depuis que sa mère ne foulait plus cette terre... Mais s'en était viscéral.

Malgré son combat intérieur, la jeune femme au visage si impassible se mit au devoir de soigner le plus jeune, au moins du mieux qu'elle pu avec ses faibles connaissances en la matière. Heureusement qu'elle avait conservés des potion s de soins venant de Muria, ça ne ferait pas tout mais leurs efficacités n'étaient plus à prouver. Elle versait une partie de l'un des flacons dans la plaie plus que profonde avant de soulever légèrement la tête du jeune homme pour lui en faire boire. Ce serait plus efficace ainsi mais elle redoutait qu'il n'ai perdu trop de sang pour s'en remettre. Il était trop tard pour se poser ces question, elle avait commencé à le soigner alors elle ferait tout son possible... Ce n'était pas simple de le traîner hors de fossé avec sa carrure de mouche mais elle ne comptait pas ses efforts... Ni ses sacrifices lorsqu'elle déchira la manche du kimono qu'elle portait pour en faire des compresses et bandages. Que de gâchis tout ce sang sur un si joli tissus mais même si elle tenait à ses charmes, elle possédait encore un certain sens des responsabilités.... Sans compter sur ce foutu instinct qui l'empêchait de relâcher ses efforts, comme si elle s'en serait voulu qu'il meurt maintenant qu'elle l'avait trouvé. Et rapidement une évidence s'imposa dans l'esprit de la chamane... Ce serait me cas, elle se sentirait réellement coupable.

C'était rageant et elle jetait toutes ses forces dans les soins précaires qu'elle pouvait fournir à Cimber. Lorsqu'elle ne put plus rien faire, elle le laissait se reposer et sifflait Arashi qui réussissait à descendre sans tomber , lui. Retrouvant ses affaires, elle emmitouflait le plus jeune dans sa couette pour le réchauffer et ordonnait à Arashi de s'allonger pour placer le blond contre son flan. La Jinmen était elle aussi épuisée mais elle le veillait, attendant de voir s'il allait mourir ou reprendre conscience...

"Je ne t'abandonnerais pas."

C'était une promesse, elle ferait tout pour qu'il s'en sorte, maintenant, ce serait au Destin de décider. Malgré toute sa volonté, elle s'endormit à son tour contre la puissante cage thoracique de l'anima, bercée par son souffle mais trop tenue par l’inquiétude pour dormir plus profondément.

Après quelques secondes, quelques minutes, quelques heures ou voir des jour, le pauvre n'en savait rien, il se réveilla. Ce qu'il savait, c'était que la demoiselle qui l'avait soigné dormait près de lui, contre son cheval. Des larmes lui vinrent aux yeux, alors qu'il voyait a travers le visage paisible de celle-ci son amie, et grande soeur non-officielle, Tetsuko. Une assassin qui n'avait rien d'une personne méchante, rien d'une personne froide. Pourtant, il voyait bien, en contraste, les traits moins... calmes, plus sévères qu'arborait la Jinmen près de lui. Il ravala tout de suite sa mélancolie alors qu'il constatait qu'elle lui avait retiré son chandail tout trempé (et pas que par la pluie, par le sang aussi) et lui avait fait un bandage improvisé avec nul-autre... que la manche de son magnifique vêtement asiatique! Oui bon, il n'avait jamais visité le pays Jinmen, et le mot 'kimono' lui était donc inconnu. Il tenta bien de bouger, mais la douleur lui arracha une plainte étouffée, et un second torrent de larmes lui vint aux yeux, torrent qu'il, cette fois-ci, ne parvint pas a retenir en entier. La pluie s'était calmée, mais tombait toujours en légères gouttelettes. Il parvint a s'asseoir, appuyant son dos sur le cheval, qui était d'ailleurs magnifique, de la dame. Il fallait d'ailleurs lui demander son nom!

Il tourna la tête lentement pour constater qu'elle était réveillée, le fixant. Il eu un tressaillement suivit d'un grognement de douleur sourd, sa blessure lui faisait horriblement mal. Cependant, il n’écarta pas son regard d'elle. Que dire? Merci, il l'avait déjà dit, mais il avait envie de lui redire. Il valait donc mieux se taire si on n'avait pas mieux a dire que ce qu'on a déjà dit, non? C'est ce qu'il fit. Il n’osa dire mot que lorsqu'il remarqua quelque chose. Ses brûlures. Elles étaient disparues quand il s'était endormi, mais apparemment, le soleil était parvenu a passer a travers l'épais rideau de brouillard qui recouvrait les collines... brumeuses! Il n'était a l'abris nul part, décidément. Pourtant, il ne tenta même pas de cacher les plaques rouges qui commençaient a s'insinuer sur son petit corps pâle... De toute façon, il ne pouvait rien y faire vraiment. Restait a espérer qu'elle ne remarque pas! Il leva les yeux vers elle encore une fois, cette fois avec finalement quelque chose a dire.

- ''Tu... T-Tu va a Silmarie?'' bégaya-t-il

C'était décidément le mieux qu'il pouvait faire. Lamentable!

La plainte du plus jeune la tirait de son sommeil troublé par les cauchemars et les mauvais souvenirs qui s'entremêlaient. Ce n'était jamais agréables ce réveil de souvenirs après avoir ruminé des jours durant les souvenirs de son maître pour tomber sur une amer déception à l'arrivée... Elle allait de déception en déception ces derniers temps, toujours seule. La chamane se sentait assez forte pour s'en sortir, comme toujours mais la solitude commençait à lui peser, comme si elle n'existait aux yeux de personne dans ce monde. C'était peut être pour ça que Cimber l'avait touché, il était aussi seul et oublié qu'elle, prêt à mourir dans un fossé boueux... Et puis c'était certes un garçon mais sa bouille d'ange et son jeune âge ne la laissaient pas indifférentes, elle ne pouvait pas abandonner un enfant à la solitude et au désespoir. C'était au dessus de ses forces. Un enfant ne décidait pas du destin qu'il avait subit jusque là...

Son regard se portait naturellement sur lui lorsqu'il bougeait, il était réveillé, en vie et suffisamment en bon état pour se redresser. Quand il se rendait compte qu'elle le fixait, elle esquissa un petit sourire doux, chose extrêmement rare chez la jeune femme. S'il avait mal c'est qu'il était en vie et que son système nerveux allait bien, c'était déjà plutôt pas mal vu dans quel état elle l'avait trouvé. Son oeil aiguisé remarquait les rougeurs qu'il n'avait pourtant pas lorsqu'elle l'avait soigné mais elle ne dit rien. La jeune femme haussa son épaule dénudée par la manche déchirée.

"Non... Mais on peut y être dans 8h à cheval. Si c'est là-bas que tu veux aller, je t'y conduirais, et il y a de bons soigneurs dans cette ville, ce que j'ai fait ne te soulagera pas longtemps. Il te faut de meilleurs soins que ce que j'ai pu t'apporter. "

Elle était réaliste, vu le sang qu'il avait perdu et la gravité de sa blessure, il ne tiendrait pas plus de 24h sans voir un médecin, un vrai. Sans attendre d'autres réponses de sa part, elle se redressait, engourdie par le temps frais et la fatigue, elle décalait Cimber du flan d'Arashi et s'accroupissait pour le soutenir le temps de vérifier son bandage et que l'animal se dégourdisse avant qu'ils ne prennent la route. L'étalon allait se rafraîchir en broutant l'herbe couverte de rosée alentours. Kurai finissait de resserrer le bandage de fortune sans un mot, impassible mais dans le fond, réellement inquiète pour lui.

"On va y aller, serre les dents."

Arashi s'approchait, comprenant l'ordre de sa maîtresse traduit par un simple claquement de langue. L'animal, plus intelligent que la moyenne, se couchait pour que Kurai puisse aider Cimber à se hisser sur son dos. Elle ne le suivait pas tout de suite, sortant une couverture du sac passé sur le dos de l'animal et la glissait doucement sur les épaules du blond avant de monter devant lui, elle passait une de ses ceintures autour d'eux deux pour l empêcher de tomber et faisait se redresser Arashi. Ils prenaient enfin la route, doucement pour ne pas faire souffrir l'adolescent mais à pas de cheval pour ne pas s'épuiser ou perdre trop de temps.

"Tu peux m'appeler Kurai."

La première chose qu'il remarqua fut un sourire doux et calme se dessiner sur les lèvres de la fille. Après tout, peut-être ces traits plus serieux étaient-ils simplement de familles? La jinmen semblait gentille et attentionnée à son égard... Pourtant, elle ne pouvait pas être ainsi tout le temps, avec tout le monde. Ça, Cimber refusait de le croire. Il n'en fit pas de cas, après tout, qu'elle lui soit venu en aide vallait toutes les explications du monde! Des rêves... Il avait pour la troisième fois (ou était-ce la quatrième?) envie de pleurer. Mais cette fois, c'était de joie. Le tout premier sommeil qu'il avait eu sans cauchemars, sans rien. Noir, vide, sans vie. Il n'avait pas fait ce même cauchemars, dans lequel il se trouvait à l'hopital alors que son père revenait le chercher... Non! Il avait dormis, et il n'avait fait aucun rêve! Aucune songe au monde n'égalera le néant qui prenait place dans son esprit quand il s'endormait! Quelque chose pourtant l'extirpa de ses réjouissances. Elle les avait vu, et pendant un très bref instant, elle les avait contemplées. À quoi bon lui mentir, maintenant? Peu importe ce qu'il dirait, plus tard dans la journée, ça allait empirer. Aller arriver un moment ou il ne pourrait même plus se déplacer. Il aimait bien la fraicheur des collines brumeuses, et s'y promener torse nu (bien qu'il n'ait aucun des muscles de dieux qui fasse craquer les filles. Qu'un simple petit corps mince et svelte, à la limite du chétif!) n'était pas quelque chose qu'il répugnait. Depuis son allergie, cependant, il ne pouvait se payer se luxe que la nuit. Il devait dire adieux au soleil, hélas.

- ''Non... Mais on peut y être dans 8h à cheval. Si c'est là-bas que tu veux aller, je t'y conduirais, et il y a de bons soigneurs dans cette ville, ce que j'ai fait ne te soulagera pas longtemps. Il te faut de meilleurs soins que ce que j'ai pu t'apporter.''

Son ventre se noua. Il n'avait plus d'argent, plus de nourriture. Plus rien. Aller à Silmarie ne lui était d'aucun secours dorénavant. Retourner à Erathia et retrouver Tetsuko? La pauvre... il se sentait si coupable de l'avoir planté là, toute seule dans une si grosse ville, sans rien lui dire! C'était si stupide de sa part! Mais... Mais les brûlures sur son avant bras étaient devenu si douloureuses qu'en les grattant un peu, il s'arrachait de la peau! Il ne pouvait pas... Il était incapable de continuer ainsi, et il avait dû rebrousser chemin vers Silmarie. Comment ça s'était terminé? Un nom: Seliand. Le petit elfe n'a jamais éprouvé de la haine envers qui que ce soit. Bien entendu, qu'il prétendait haĩr et mépriser bien des gens mais... la seule vrai émotion qui s'implantait dans son petit esprit pourtant si influençable était la tristesse, le sentiment d'abandon. Il ignorait ce que la haine voulait dire, et même le Nua n'avait pas reussi à se faire détester par le blondinet. Même lui...

Alors qu'elle se relevait pour l'aider, pour resserer le bandage pourtant si douloureux déjà et l'aider à se relever, il essayait de formuler une phrase. Qu'il se sentait idiot et... ridicule! Cimber avait souvent écouté des contes pour enfants, ou l'explorateur faisait naufrage sur les îles Nua-ty! L'explorateur devait ensuite s'accoutumer et apprendre leur mode de vie si différent de celui du peuple du continent, et il n'y arrivait que très difficilement! Il se souvenait à quel point il détestait la position du pauvre naufragé. Il est seul de sa race parmis les autres! Cette culture... c'est pas la sienne! Aux yeux des autres, il doit tellement avoir l'air ignorant! C'était précisément le sentiment qu'il avait en ce moment. Qu'il avait tout à apprendre de sa nouvelle amie.

- "On va y aller, serre les dents."

Et c'est ce qu'il fit, précisément. Il se tint debout avec peine, retenant avec entêtement des grognements de douleurs, pour finalement s'asseoir sur le dos du cheval de la Jinmen. Déjà, c'était beaucoup mieux. Rougissant tout de même un peu, se sentant vraiment comme un enfant, il accepta la couverture qu'elle mit sur ses épaules. La Jinmen ne le savait peut-être pas, mais cette couverture lui permetrait de rester au soleil quelques heures de plus! Il lui sourit finalement en retour, avec un hochement de tête. Il n'arrvait pas à dire merci, simplement parcequ'il avait l'impression que c'était insuffisant, voir insultant comparé aux efforts qu'elle déployait pour l'aider. Il croisa les mains, par instinct, comme il l'avait fait avec Tetsuko, autour de la taille de la cavalière qui avait prit place devant lui. Il ne s'attendait pas à aller très vite, et la cadence du cheval ne pu que le rendre encore plus reconnaissant envers la Jinmen.

- "Tu peux m'appeler Kurai."

Étrangement, comme si savoir son nom était une clé dans un dialogue, il reussi à trouver les mots qu'il ne mâcha pas. En oubliant même de dire son nom.

- "Tu... o-ou comptais-tu aller..?'' risqua-t-il

Puis, oubliant qu'il n'avait pas dit son nom...

- ''M-Mon nom est Cimber! Je... S'il-te-plait, Kurai, ne me laisses pas!''

Cette phrase, il l'avait dit avec un courage qu'il n'avait jamais eu au par avant. Il disait une vérité toute crue! Il ne voulait pas perdre Kurai de vu comme il avait perdu Tetsuko de vue, même si il ne comptait consacrer le reste de sa vie qu'a retrouver sa grande soeur perdue. Pourtant, il savait bien que leurs chemins se sépareraient un jour! Il baissa les yeux, tout à coup honteux de demander une telle chose.

- ''J-Je... Pardon...'' murmura-t-il

Kurai restait aussi impassible qu'elle en fut capable. Elle réalisait douloureusement qu'elle ne pouvait et ne devait surtout pas devenir intime avec le blond, rien que ses premiers mots la mettait mal à l'aise... Pas au point qu'elle ne le montre mais son soupire en disait long, elle devrait lui mentir et elle ne supportait ça que très difficilement. Pour la première fois, elle regrettait presque ses choix de vie mais ses remords ne la pousseraient pas à trahir ses soeurs et la ville qui l'avait accueillie si chaleureusement même avec l'air si inoffensif de Cimber. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber.

"Nulle part, je suis guide. J'allais là-bas pour chercher des clients."

La chamane souriait lorsqu'il se présentait et embrayait immédiatement en lui demandant de rester à ses côtés. Comment pouvait-elle ne pas être attendrie par un petit ange pareil? Elle n'avait pas le temps de le rassurer qu'il s'excusait avec une voix qui laissait deviner la tête qu'il devait tirer. Contrariée, la jeune femme se tournait à demi vers lui avec un regard dur et réprobateur.

"Ne t'excuse jamais de dire ce que tu veux... Je refuse de rester avec toi..."

Sa main glissait sur sa joue avec délicatesse avant qu'elle ne continue enfin.

"Mais... Si tu l'accepte, j'ai besoin de compagnie et de distraction lors de mes voyages, Arashi n'est pas très causant. D'ailleurs, sa scelle est un peu lourde pour moi et le panser me demande pas mal d'effort.s.. "

Kurai offrait un travail et à nouveau l'un de ses rares sourires au plus jeune, pensant sincèrement ce qu'elle disait. Avec sa morosité et sa haine constante, une compagnie innocente et fraîche comme celle de Cimber ne pourrait que lui faire du bien et la forcer à se contenir davantage. Si, en plus, ça pouvait soulager le plus jeune de sa solitude, ça lui faisait plaisir et lui donnait l'impression de faire quelque chose de bien pour une fois. Elle qui était d'habitude si froide et indifférente, l'adolescent avait réussit à la toucher en plein coeur et à s'attirer sa sympathie en quelques mots. Elle se retournait, confiante avec le jeune homme dans son dos et se concentrait à nouveau sur la route, refusant de commettre la moindre erreur d’appréciation qui pourrait nuire à sa monture. Un faux pas et l'animal risquerait de se blesser sur les rochers dissimulés dans la boue épaisse et glissante.

"J'ai un "ami" médecin à Sylmarie, il te soignera."

Ce fameux médecin lui devait bien ça, elle l'avait libéré d'une malédiction le rendant impuissant depuis des années... Et lors de son dernier passage dans la ville, elle avait apprit que l'épouse du médecin était enceinte... Rien que cette idée la fit sourire, il ne pourrait pas lui refuser son aide.

- "Nulle part, je suis guide. J'allais là-bas pour chercher des clients."

Déjà était-il assez naif, si en plus on y ajoutait qu'il posait cette question par pur politesse (et que bon, du coup, ça lui importait peu). Guide? Ça par contre, c'était interessant. Il n'avait jamais parlé vraiment à un guide et ne savait que ce que tout le monde savait sur eux. Était-il difficile de survivre avec ce métier? Fallait-il savoir se défendre? Le simple fait de devoir se battre éffrayait le petit elfe à un point presque ridicule. Après avoir tué cet Astorg, il... ne pouvait plus regarder quelqu'un en face sans penser qu'il pourrait recommencer. C'était beaucoup trop facile. On avait qu'a prendre une arme et attaquer, voir abattre. Pour lui, ça avait été le poison, pour sauver une pauvre demoiselle en détresse. N'empêche, il se forcait litérallement à s'en vouloir, depuis ce jour. L'homme était mort par sa faute. Il serait encore debout, en ce moment, en train de siroter du thé ou les dieux seuls savent quoi! Au lieu de ça, il était sous terre. Une autre chose qui térrifiait le blondinet était à quel point il semblait facile de passer par dessus un tel acte. C'était horrible, et il le savait pertinament mais... pourtant, la cupabilité qu'il éprouvait s'atténuait de jours en jours, et seul sa propre volonté faisait qu'elle persistait. Bien qu'il craignait la bataille...
... Cimber avait tué, et il serait capable de recommencer.
Le regard que Kurai lui jetta, en se retournant, le pétrifia. Si Tetsuko n'avait pas la tête d'une sanguinaire et qu'elle savait pourtant tuer de sans froid, Kurai la 'guide' semblait être capable d'éviscerer un ours a main nue, à en juger simplement par la froideur de son regard. Pourtant, il ne fît que déglutir et baisser les yeux.
- "Ne t'excuse jamais de dire ce que tu veux... Je refuse de rester avec toi..."

Un nom lui vint à l'esprit. Un seul nom, clair comme du cristal, un nom synonyme de cruauté et de peur. Sharlene, sa mère. La même mère qui le livrait à un père enragé à chaque soir, cette même mère qui usait de Maho sur lui et sa soeur depuis son enfance, et cette même tortionnaire qui le regardait chaque matin avant de disparaître dans la forêt... Un regard froid et impitoyable qui signifiait 'Tu n'es rien'. Simplement. Kurai lui resemblait en tout point, quand elle lui disait de ne pas s'excuser. Une différence... Kurai, elle, ne l'éffrayait pas. Elle le fascinait, dans sa façon d'agir en contraste avec son ton. Cimber voyait en la Jinmen un brin d'humanité qui semblait n'avoir jamais habité Sharlene, et ça ne lui donnait que plus envie de la connaître. Il leva les yeux vers elle finalement, sentant une main douce éffleurer sa joue.

- "Mais... Si tu l'accepte, j'ai besoin de compagnie et de distraction lors de mes voyages, Arashi n'est pas très causant. D'ailleurs, sa scelle est un peu lourde pour moi et le panser me demande pas mal d'efforts..."

Sur le coup, il ne su trop quoi dire. Il ne pouvait pas rester avec Kurai pour toujours non plus, c'était un fait! Cependant, elle semblait digne de confiance (venant du petit blondinet qui avait laissé un étrangé s'approcher assez pour le poignarder, ca ne vallait pas grand chose) et apte à, au moins, le protéger. Car de la fierté, Cimber en manquait cruellement. Certains garçons refuseraient catégoriquement d'être protégés par des filles, ou simplement refuseraient même de travailler pour elles! Pas lui. Il n'avait aucune honte à cela.

- ''D'accord!... E-Enfin, pour l'instant, ça me va!''

Il fallait dire qu'il n'était pas le plus adroit dans ses mots, quand venait de le temps d'improviser. On lui pardonnait donc pour son attitude mignone et son talent à la harpe hors du commun! L'elfe rendit son sourire à la Jinmen... sourire qu'il trouvait des plus chaleureux. Une personne, comme lui, souriant toujours fini par ne pas être remarqué. Une personne souriant moins souvent comme Kurai, elle, attirait beaucoup l'attention des gens autour d'elle quand elle daignait étirer ses lèvres. Une fois qu'elle s'eu retournée, il retira sa main droite de la taille de son amie pour l'examiner, y sentant un léger picotement. Son coeur sauta un battement, et il en fallu de peux pour qu'il ne tombe du cheval. Sa main! Les petites taches rouges s'étaient multipliées, agrandies et étaient maintenant presqu'écarlates! Déjà?! Il avait prévu au moins tenir trois heures de plus, mais... Mais son corps n'en pouvait plus. Cette allergie était plus forte que lui, plus forte que sa volonté et plus forte que tout! Elle le rattrapait toujours un peu plus rapidement. Il replaca tout de suite sa main comme si de rien n'était, esperant bien sûr que Kurai ne les regarde pas et ne fasse pas une crise cardiaque en les voyant!

- "J'ai un "ami" médecin à Silmarie, il te soignera."

Encore une fois, certains garçons auraient litéralement crachés sur l'offre de la Jinmen, prétendant qu'ils ne voulaient pas de la pitié d'une femme ou un truc du genre. Cimber, lui, ne fit que sourire encore plus, sentant une petit boule dans sa gorge, ému. Craignant avoir un trémolo dans la voix, il ne répondit qu'une fois bien certain que son ton serait plus... normal.

- ''Merci beaucoup, Kurai!''

Pour l'instant? Le plus jeune semblait plus lucide que ce qu'elle n'aurait pu le croire. En lui proposant de travailler avec elle, elle avait tout juste espéré lui rendre le gout de se sentir utile et un minimum de fierté et de confiance en lui avant qu'il n'en ai marre d'elle ou de la route et qu'il ne prenne son envole. C'était comme ça qu'elle voyait les choses mais le blond la surprenait de déjà savoir ce qu'il voulait, du moins c'est ce que sous entendait sa phrase. Ca la fit sourire un peu plus. Elle qui avait voulu ménager le plus jeune, elle se retrouvait comme une idiote. En d'autres circonstances elle l'aurait vraiment mal prit mais là, c'était un enfant blessé alors c'était plus touchant, rassurant, qu'autre chose.

Elle gardait les yeux sur la route qu'ils empruntaient, même pour un guide averti ces collines noyées de brume étaient traîtres, les chemins se ressemblant tous lorsqu'ils étaient estompés par le brouillard omniprésent. Du coup, elle ne faisait pas attention lorsqu'il retirait sa mains mais sa manière de la remettre, un peu rapide, presque sèchement comme s'il avait fait une bêtise l'alerta. La chamane baissait les yeux sur les mains nouées sur son ventre et resta interdite quelques secondes. C'était une allergie plus que violente qu'elle apercevait sur le dos de ses mains, comment faisait il pour supporter ça sans broncher? En même temps, il était à cheval après une blessure qui l'avait traversé de part en part...

La Jinmen lachait un lourd soupire sans se retourner et posa une main fraiche sur les siennes, elle savait que ca l'apaiserait un peu pour commencer mais l'essentiel était de savoir d'où provenait cette réaction si violente.

"Si l'on doit travailler ensemble, il faudrait que tu me dise ce que ton corps supporte ou pas... Et ça m'aiderais à éviter que tu te face violence pour ne pas montrer cette allergie sur ta peau. Je préfère que tu me le dise, tu seras plus efficace en bon état."

C'était un peu sec mais elle s'inquiétait alors son instinct maternel n'hésitait pas à se montrer sans pitié pour pouvoir le protéger correctement. Suivant les causes de cette allergie, elle pourrait lui éviter de trop souffrir pendant le voyage jusqu'à Sylmarie. Elle lui lançait un regard en coin par dessus son épaule, attendant sa réponse mais du coup, elle voyait l'étendue de l'allergie et soupira. Ça prenait de l'ampleur et vu son état de faiblesse, ce n'était vraiment pas une bonne idée de laisser traîner ainsi. Un peu dépourvue face à ce genre d'affection, elle se mordillait nerveusement la lèvre.

"Tu veux que l'on s'arrête le temps de te reposer et que ça passe?"

Ca l'embêtait un peu parce que c'était courir le risque que sa blessure empire mais elle ne pouvait pas non plus lui imposer un voyage trop douloureux et éprouvant. Elle faisait déjà ralentir Arashi à proximité d'un bosquet à l'air agréable, ils auraient pu se reposer ici si le petit lui demandait une pause. Malgré son instinct maternel assez "développé", elle n'était pas mère et n'avait aucune expérience de comment prendre soin d'un enfant à part les bases les plus primaires. Elle avait peur de ne pas faire le bon choix et de mettre sa vie en danger, elle qui était toujours si sûre d'elle, ça la perturbait au plus haut point. La Jinmen en voulait presque au blond, s'il lui en avait parlé plus tôt, ils auraient pu prévoir et si ce n'est éviter au moins diminuer l'importance de cette allergie.

En sentant la main froide de Kurai se poser sur les siennes, Cimber eut un léger sursaut. Si la sensation de brûlure s'était estompée pendant un bref instant, la sensation d'avoir été 'démasqué' et d'avoir été incapable de ne serait-ce que cacher de vulgaires (grosses) rougeurs sur le dos de ses mains, elle, lui laissait un goût amer dans la bouche. Ça et le fait de savoir qu'il allait devoir fournir des explications a la Jinmen! Quoi de mieux pour passer encore plus pour un bébé ou même pour un paquet de problème ambulant?! Le soupire de son amie semblait lui confirmer ses craintes, et donc, il baissa les yeux, honteux de ne rien lui avoir dit plus tôt, et surtout de lui mettre ce problème sur les épaules. Comme si ce n'était pas assez!

"Si l'on doit travailler ensemble, il faudrait que tu me dise ce que ton corps supporte ou pas... Et ça m'aiderais à éviter que tu te face violence pour ne pas montrer cette allergie sur ta peau. Je préfère que tu me le dise, tu seras plus efficace en bon état."

Ça aurait été facile a dire, si son allergie n'était pas exagéré! Comment pouvait-il être allergie au SOLEIL?! Cette situation, encore aujourd'hui comme au jour ou il avait découvert le problème, le dépassait complètement. En voyant Kurai tourner légèrement la tête vers lui, il s'empressa de relever la tête. Il ne manquait plus qu'elle ne voit celles qui parsemaient sa nuque! De ce fait, il la vie donc se mordiller la lèvre inférieur, signe évident de stress... ou même d'inquiétude. Se sentant horriblement coupable, il ne pu s'empêcher de la rassurer!... Du moins, il essaya!

- ''C-C'est rien! Ne t'inquiètes pas!... C'est qu'une allergie.''

Et en disant cela, il lui offrit son plus beau sourire, tentant de la convaincre que son état ne l'inquiétait pas plus que cela. D'ailleurs, il tentait a tout pris de ne pas répondre à sa question en constituant les réponses les plus longues et compliquées et ainsi détourner son attention. Et c'est donc ce qu'il fit quand elle lui demanda si il voulait s'arrêter. S'arrêter était une très mauvaise idée, selon lui, car il n'y avait rien dans les alentours qui le cacherait efficacement des rayons du soleil. Non! Ils devaient continuer et se rendre à Silmarie!

- ''Bah non! T'inquiètes pas pour moi, ça passera tout seul, comme d'habitude! Eh puis, ce qui m'inquiète autrement plus est l'état de ma blessure! De toute façon, on ne doit plus être bien loin de la ville, n'est-ce pas? Je n'ai jamais visité Silmarie avant! Je me demande bien comment c'est! On m'a dit que c'était calme et de toute beauté! Et toi, qu'en penses-tu?''

Cimber était nul dans bien des domaines, c'était vrais. Il était nul en écriture, et il faisait au moins cing fautes par phrase. Il était aussi nul dans les jeux de cartes, parce qu’il était incapable de se rappeler les règles, et il finissait toujours par se faire plumer. Oh, et ne lui demandez pas de cuisiner, c'est au dessus de ses compétences! Par contre, le blond avait trois ou quatre compétences dans lesquels il excellait. Il avait le pied léger, et il était agile. Il jouait de la harpe comme un dieu et par dessus tout... Bien qu'il soit piètre menteur, l'elfe n'avait pas son pareil dans l'art de cacher ses émotions sous une belle couche de joie. C'est exactement ce qu'il fit à ce moment.

La réponse de Cimber ne lui convenait pas du tout et elle ravala son énervement avec difficulté. Elle savait pertinemment ce que c'était que de mentir pour se protéger ou ne pas devenir un fardeau mais ça ne prenait pas avec elle. Sa franchise lui interdisait tous mensonges lorsqu'il s'agissait de ce qu'elle pensait des gens. Ca ne valait pas pour Muria ou la Maho, mais elle soumettait tout le reste à cet intransigeant principe de non-politesse et d’absence de tact. Faire plaisir aux gens n'était pas un objectif pour la Jinmen, juste une résultante d'un comportement qui leur serait plus ou moins utile ou agréable. Elle se crispait, son visage se fermant lorsqu'il essayait de l'embobiner comme une débutante. C'était vexant en plus d'être dangereux pour le plus jeune et elle ne le permettrait pas.

Kurai ne répondait pas au blond, rongeant son frein en écoutant son monologue qui avait sans doute pour but de détourner la conversation. Assez brusquement, elle faisait piler Arashi et se tournait vers Cimber, son regard glacial se posant sur lui. D'une main, elle saisissait son visage et le tournait pour observer son cou... Puis elle tirait un peu la couverture pour voir le reste de son corps et elle émit un petit bruit de colère. D'une pression sur l'encolure d'Arashi, l'animal comprit la demande de sa maîtresse et "s'assit" pour permettre à Cimber de descendre de son dos sans difficultés. La Jinmen sautait à terre et l'aidait, à la limite de le forcer, à se lever pour rejoindre l'herbe encore fraîche de rosée et le bosquet.

Sans la moindre douceur ou hésitation, elle le guidait jusqu'à l'abris que formait les arbres et leurs ramures avant d'ôter la couverture de ses épaules. D'un ton qui ne supporterait aucune réplique, elle lui ordonnait:

"Allonge-toi dans l'herbe et profite."

Connaissant bien la nature et ses pièges autant que ses bienfaits, elle savait que ça le soulagerait, en plus de la fraîcheur, l'herbe qui poussait ici avait des vertus apaisantes bien que faible, ça ne pourrait pas lui faire de mal vu l'étendue de son allergie... Elle l'aidait d'ailleurs à s'allonger, ayant conscience que la blessure devait être douloureuse et l'handicapait pour ce genre de geste. Elle craignait vraiment qu'il ne tienne pas jusqu'à la ville entre cette blessure et l'allergie mais elle ne pouvait se résoudre à le laisser souffrir en silence. Ce n'était pas dans ses habitudes lorsque ça atteignait un enfant... Même aussi grand qu'elle.

Quand il fut enfin à terre, elle s'accroupissait à ses côtés et l'observait avec plus de douceur.

"Je t'ai demandé de me dire tout ce que tu ressentais sans te soucier de ce que je pouvais penser de toi. Je me fiche de ce faux sourire que tu affiche. S'il n'y avait que joie et bonheur dans ta vie, je ne me serais pas arrêtée au bord de cette route pour te ramasser."

Plus douce, elle remettait une mèche de ses cheveux blond en place et soupirait avec un petit sourire ironique, ce gamin avait du en voir des vertes et des pas mûres pour avoir un tel besoin de se protéger contre les autres... Un peu comme elle. La chamane chassa cette idée et reprit son air froid, du moins au mieux qu"elle pu pour dissimuler son inquiétude au petit.

"Allez, prends quelques secondes pour te reposer... Et arrête de me mentir et de me prendre pour une idiote à partir de maintenant!"

Ce gamin la touchait en plein coeur, elle avait terriblement envie de le serrer contre elle et de le rassurer mais c'était si peu naturel pour la Jinmen qu'elle se contenta d'une caresse sur son front, aussi affectueuse que pour vérifier sa température... Si la moindre infection venait aggraver l'état de Cimber, elle serait désemparée à moins de savoir se téléporter dans l'officine d'un médecin, rien ne saurait aider le plus jeune. Rassurée au moins pour quelques instants sur l'état du blond, elle se redressait, mal à l'aise. En plus du gamin en souffrance à ses pieds, elle sentait une autre présence que la leur dans les parages, chaque bruissement de la nature avait cessé, laissant place à un désagréable silence soutenu par le sifflement du vent sur les collines.[

On pouvait être excellent chasseur mais ne pas parvenir à duper la nature toute entière. Le regard turquoise se portait au delà du bosquet, cherchant l'origine de ce silence. S'il s'avérait dangereux, il lui faudrait réagir avant qu'il ne capte leur présence en ce lieu isolé, personne ne leur viendrait en aide ici.

"Ne bouge pas, je reviens."

Silencieuse entre toute, Kurai partait de quelques pas à la rencontre du visiteur inconnu.

« Un unique cauchemar »

Aewen, Cimber & Kurai

Combien de fois l'avait-on mis sur une mauvaise piste ? Il ne les comptait même plus. La plupart avaient eu leur lot de mauvaises surprises et il ne voulait même plus y penser... De Storghein à Erathia et maintenant de Storghein à Silmarie... A la fin de l'année il aurait fouillé toutes les villes du continent, de fond en comble sans avoir atteint son but. C'était aussi désolant que vraiment démotivant.

De plus, la fin lui rongeait les entrailles, ses vêtements étaient encore humide de la nuit pluvieuse de la veille, ses bottes couvertes de boue et le sommeil se lisait sur son visage.

Il ne dormait pas quand il était perdu.

Aewen - Melien... Tu connais pas le chemin jusqu'à Silmarie toi ?

Le jeune homme flattait l'encolure de sa belle jument frison qui marchait au pas à sa hauteur, s'arrêtant parfois pour arracher une touffe d'herbe et qui revenait vers son cavalier au petit trot. Bien sûr, il ne reçu aucune réponse. Le jeune homme lâchait un soupir, se demandant s'il allait mourir dans ces foutues collines dont le bosquet ne semblait pas vouloir lui céder de terrain vers la cité elfique. Il décidait de prendre un peu de hauteur malgré la brume épaisse qui entravait sa vue d'humain, afin de se repérer un minimum. Il le savait. Il aurait du partir avec un guide, ou une connerie dans le genre. Mais non, monsieur avait eu beaucoup trop d'assurance quand il avait entendu parler d'une femme d'a peu près l'âge et le physique de sa mère et il était encore parti sous un coup de tête.

Son léger envol sous son éternelle forme de strigidé. De son vol silencieux typique de cette famille de rapace, il formait des cercles dans les cieux, comme pour repérer des proies.
Par chance, il voyait se mouvoir trois formes. Deux humains, respectivement mâle et femelle et un équidé plutôt massif. Avec de la chance, ils auront de la nourriture mangeable sur eux, lui qui était si mauvais en chasse ou en repérage de racines et autres plantes consommables.

Il revenait vers sa jument, prêt à leur tendre un piège. Il se rhabillait et enfilait une cape sombre et épaisse, cachant sa fidèle lame en dessous. Il laissait Melien dans un pâturage proche, le temps de son larcin. La noire avait l'habitude que son cavalier la laisse quelques instants comme ça.

Le voleur se cachait derrière les arbres, et marchait sans faire bruisser une seule feuille, ou craquer une branche. Il n'était peut-être pas le maître de l'orientation, par contre il était très bon quand il s'agissait de discrétion. Il savait très bien se rendre invisible dans n'importe quelle situation.

Il ne bougeait plus, parfaitement camouflé lorsqu'il entendait les pas de la jeune femme approcher. Un pas... Deux pas... Trois pas... Arrêt.
Elle sentait quelque chose. Elle devait être sensible à la nature qui retenait son souffle. Lui aussi, le retenait.
Il n'allait pas l'attaquer. Il ne s'attaquait pas aux femmes, ni aux enfants. Sauf s'ils étaient en mesure de se battre. Et il ne connaissait pas les compétences de la probable Jinmen, aux vues de son visage très typé.

Il jouait sur sa rapidité et son don d'effacement pour se glisser jusqu'à leur camp de fortune. Il allait s'approcher de l'étalon pour fouiller les sacs de voyage, mais s'arrêtait en voyant le jeune garçon, blessé. Il s'en prenait à plus mal lotis que lui apparemment... Ça ne se faisait pas... Du moins le minimum d'honneur qu'il avait encore le lui criait.

Par pitié autant que culpabilité, il allait s'accroupir vers le garçon et posait sa main sur son front par reflexe. Il se redressait soudainement, se rendant compte que la jeune femme pourrait revenir d'une minute à l'autre et se méprendre sur ses intentions s'il restait ici.

Aewen - Fait chier... J'ai la dalle mais j'peux pas faire ça...

Apparement, la Jinmen en avait vu bien d'autres. Lorsqu'elle saisit son menton pour lui faire tourner le cou, il ne sembla pas comprendre et ferma les yeux. Son père, étant jeune, avait l'habitude de le forcer au contact visuel avant de lui rappeler qui était faible, et qui était fort. Un réflex qu'il n'avait jamais réussi a perdre était de fermer ses petits yeux violets pour leur éviter, à eux, la torture qu'était de voir un monde si cruel à son égard. Bien qu'aujourd'hui il ne souffrait plus que physiquement, ou était-ce néamoins ce qu'il tentait de se faire croire, il ne s'était jamais débarassé de cette habitude. Sans doute redoutait-il devoir s'en reservir un jour. Alors qu'il sentait la fraicheur des doigts de Kurai quitter ses joues et son menton, il ne risqua pas un regard. Il se contenta de regarder par terre, tentant de paraître interessé par un tronc d'arbre qui gisait par terre. Il tenta même de se questionner sur l'âge de celui-ci, mais... L'orientale n'avait pas fini. Elle tira légèrement le devant de la couverture pour y découvrir son torse recouvert de plaques rosées. Rien de comparable aux mains et à la nuque, mais les côtes qui parsemaient son torse en disaient long sur son état, lui donnant l'air encore plus mal en point qu'il ne l'aurait souhaité. Et puis il y avait ce bandage rougeatre qui trônait sur son ventre. Il fallait l'admettre, même dans ses années de viole et de torture dans le fin fond d'une forêt, Cimber n'avait jamais paru aussi mal en point. Le cheval stopa net dans ce qui resemblait à un bosqué, ou un type de terrain dont le nom échappait totalement à l'elfe. Kurai descendit du destrier la première, puis aida son passager à faire de même. Réussite, bien qu'il sentit un horrible élancement dans sa blessure qui le fit serrer les dents. Par contre, hors de question qu'elle ne le voit.

Il n'émit aucun son et se laissa conduire près d'un arbre un peu plus loin. Elle lui retira la couverture de sur les épaules (le laissant torse nu, chose qu'il détestait avant d'avoir visité Erathia pour la première fois) ce qui le fît soupirer. Il était certe convenable de porter une couverture quand on est au soleil, mais il ne fallait surtout pas oublier qu'à l'interieur, la température augmente. Et ce, encore plus quand la peau blanche et douce de l'adolescent brûle sous l'effet des rares rayons perçants la protection. L'air frais du soir et l'humidité habituelle des collines brumeuses étaient comme une bénédiction pour son corps meurtri, et il parvint à sourire. Cette fois pour de vrai!

- ''Allonge-toi dans l'herbe et profite.''

- ''D-D'accord...''

Et ainsi, il se soumit à l'ordre de Kurai. Bien qu'il la dépassait de plusieurs centimètres, l'éducation qu'il avait reçu l'avait amputé de tout envie de se révolter ou de s'insurger. On lui avait appris avec les poings et le travail forcé (autant dehors le jour que dans la chambre de son père, le soir, malheureusement) que résister n'apportait rien de bon. Loin de lui, cependant, même si il en aurait été capable, l'idée de désobéir, car une fois son dos en contact avec l'herbe humide du sol, il eu un petit couinement de surprise, puis un deuxième (cette fois éxagérément long et profond) soupire de décontraction. Lorsque sa compagnon s'accroupit près de lui pour mieux observer l'état piteux de son corps, et on ne parle même pas encore de sa blessure, il réussi à la regarder dans les yeux. Elle était en elle même un si puissant et magnifique contraste qu'elle le fascinait. Un regard froid sur un visage magnifique, des gestes brusques perpétrés par un corps frèle. C'était le peu d'étiquette qu'il parvenait à attacher à la mysterieuse femme qu'elle était.

- ''Je t'ai demandé de me dire tout ce que tu ressentais sans te soucier de ce que je pouvais penser de toi. Je me fiche de ce faux sourire que tu affiche. S'il n'y avait que joie et bonheur dans ta vie, je ne me serais pas arrêtée au bord de cette route pour te ramasser.''

- ''Kurai, pourquoi m'as-tu ramassé?''

Sa voix était restée calme et posée, et soutenue par son regard pourpre. Seulement se rendit-il compte de ce qu'il venait de dire et le soutira prestement pour l'envoyer se perdre dans le ciel grisâtre qui s'étendait au-dessus de lui. Ses joues s'étaient teintes de rose, indiquant qu'il se trouvait horriblement effronté d'avoir posé une telle question, et ca n'était pourtant pas son genre. Il ouvrit la bouche pour s'excuser, mais les doigts frais de la Jinmen vinrent jouer avec une mèche de ses cheveux d'or.

- ''Allez, prends quelques secondes pour te reposer... Et arrête de me mentir et de me prendre pour une idiote à partir de maintenant!''

Il ne dit rien. Encore une fois l'idée de s'excuser trôtait dans son esprit, mais ne parvenait simplement pas à trouver les mots qui pourraient les véhiculer. Il hocha la tête et ne pu que l'observer se relever pour scruter les environs. Bien que sa blessure au ventre recommençait à lui faire mal tout à coup, Cimber voyait bien que quelque chose clochait. Dans le visage de Kurai se lisait un sentiment qu'il ne connaissait pas vraiment. L'intrusion, comme si quelqu'un les épiait.

- ''Ne bouge pas, je reviens.''

Et sur ces dires, elle s'éloigna. Il ne craignait rien, sachant que trop bien sa capacité prêtre à servir. Bien qu'il n'aimait pas les dieux, celle qu'il avait choisi de prier lui était forte utile. L'homme qui parvint près de l'étalon de Kurai le fît sursauter. Il ne l'avait pas vu venir du tout! Puis, voyant qu'il s'était fait prendre, du moins c'était ce que l'elfe croyait, il s'approcha. Cimber resta calme, chose qu'il trouva surprenant lui même. Il n'appela pas son amie à l'aide, et ne tenta pas de fuir; de toute façon, il n'aurait pu aller bien loin. Il regarda l'homme aux cheveux bruns, dans la vingtaine, s'approcher et s'accoupire près de lui. Il posa un main sur son front. Eh bien, c'était le deuxième aujourd'hui! Deux personnes s'inquiétant, ou du moins étant curieuses, sur sa température. Il sourit gentiement à l'homme qui se tenait près de lui, alors que celui-ci se relevait. Intrigué par sa réaction, le blond tenta de se relever, incapable de comprendre le language du nouveau-venu. De l'Astorg, une langue qu'il commençait à craindre. Néamoins, voyant la trace rouge de son bandage de fortune s'élargir avec ses efforts, il abandonna son projet pour rester en position assise. Ne souhaitant pas voir sa compagnie le quitter aussi vite, il se permit néamoins de tendre la main pour saisir son poignet. Faiblement et mollement, mais assez pour faire comprendre qu'il désirait le voir rester. De toute façon, même si l'elfe l'aurait voulu, il n'aurait jamais réussi à retenir de force un tel individu!

La question du plus jeune avait marqué Kurai bien qu'elle fit un effort pour ne pas le montrer. Pourquoi? Simplement parce qu'elle n'y trouvait pas de réponse valable alors ça la perturbait. Le voyant gêné, elle n'insistait pas et comme s'il ne l'avait jamais posé bien qu'elle resta dans un coin de son esprit mais pour l'instant... Ce qu'elle craignait c'était une attaque. Sur ces chemins de collines, on pouvait les repérer de loin et elle n'aurait pas été surprise qu'on les ai prit en chasse.

Elle n'aimait guère cette sensation d'être observée qu'elle ressentie lorsqu'elle passa à proximité du grand Astorg sans même l'apercevoir. Ca la frustrait au plus haut point que l'on puisse se dissimuler ainsi dans la Nature sans qu'elle ne puisse détecter la présence de l'intrus... Surtout qu'il ne s'agissait pas seulement d'elle mais surtout de Cimber. Le pauvre garçon avait déjà suffisamment souffert pour aujourd'hui et elle tenait à lui éviter le moindre combat qui lui serait sans aucun doute fatal... Du moins le pensait-elle. Entendant la Nature s'éveiller à nouveau, ne craignant plus le mal inconnu qui la guettait, Kurai eut une sueur froide. L'autre lui avait filé entre les doigts et Cimber était seul et sans défense dans leur campement improvisé.

Elle se hâtait d'y revenir avec cette drôle de boule au ventre, une peu viscérale que le gamin soit en danger, une peur qu'elle ne s'expliquait pas vraiment... Après tout elle ne le connaissait qu'à peine... Mais ça n’empêchait pas son instinct de lui hurler de se dépêcher et de déguerpir aussitôt avec le blond. Lorsqu'elle sortait du bosquet, elle apercevait Aewen se penchant sur le blond et un profond frisson de frayeur et de colère la traversa. Elle s'appretait à utiliser sa magie quand elle entendit les quelques mots de l'Astorg qui ne l'avait pas encore remarqué.

Un soupire de soulagement passa ses lèvres et elle prit une seconde pour calmer son coeur avant d'avancer vers eux.

"Ne crains rien Cimber, il ne te veux pas de mal..."

Elle reprenait en Astorg pour le grand brun qui faisait d'ailleurs un peu trop sombre pour faire partit de ce peuple... Mais sa carrure et sa taille en disait long. A mesure qu'elle approchait, elle en prenait conscience... Elle était vraiment si petite que ça? Même Cimber était plus grand qu'elle mais là... La différence était flagrante bien que ça ne l'empêcha de foudroyer le brun du regard. Du coin de l'oeil, elle avait repéré les sacoches ouvertes sur la croupe d'Arashi et le simple fait qu'il ait pu farfouiller dans ses affaire l'agaça très fortement. Mais... Elle se contint, un seul coup de la part de l'Astorg et elle ne serait plus en état de se défendre ou de protéger Cimber... Alors... Lorsque l'on ne peut combattre un ennemi, autant en faire un ami n'est ce pas?

"Accepterais-tu de la nourriture en échange de ton aide pour le ramener à Silmarie?"

Un peu plus nerveusement qu'elle ne l'aurait voulu, elle replacait son kimono dont la manche manquante laissait plus que parfaitement deviner sa poitrine. Elle se sentait... Misérable face à Aewen, couverte de boue séchée et du sang du petit qu'elle n'avait pas prit le temps de nettoyer devant l'urgence de la situation. La Jinmen avait l'impression de demander la charité alors qu'elle ne souhaitait qu'obtenir ce qu'elle voulait en échange d'un autre service. Elle dissimulait son trouble et son inquiétude du mieux qu'elle le pouvait sous un air dur et froid mais la fatigue aidant, sa main se crispait nerveusement sur le bord déchiré de son kimono, craignant la réponse du voleur en face d'elle.

« Un unique cauchemar »

Aewen, Cimber & Kurai

L'Astorg fut tout d'abord surpris par la petite main qui lui attrapait faiblement le poignet. Il jetait un regard au gamin genre :"Qu'est ce que tu me veux toi ? J'ai pas dis que je t'aiderais non plus." puis se retournait vers la voix aussi froide qu'agréable à entendre de la Jinmen. Il ne comprenait pas sa première phrase, en elfique visiblement... Il était bien tombé. Un bouffeur d'herbe entrain de crever et une nana en kimono qui se la jouait grandes oreilles.

Il soulevait un sourcil en entendant enfin quelques mots dans sa langue. Ah ! Ça lui avait manqué cette langue aussi mélodieuse qu'un barbare murgé. En même temps c'est ce qu'ils étaient souvent à Storghein..

???- Accepterais-tu de la nourriture en échange de ton aide pour le ramener à Silmarie?

Le brun la toisait de haut en bas, sur la défensive. Il ne faisait confiance à presque personne. Mais surtout pas à une femme, et ça se lisait dans son regard. Tellement de mépris... Ce n'était pas spécialement contre la jeune femme, mais pour lui toutes les femmes étaient les mêmes. Des rapaces ne vivant que par intérêt.
Son regard pivotait du gamin, à la femme.

Pour le coup, il aurait voulu qu'on prenne un portrait deux. Tout les trois couverts de boue, fatigués et un blessé plutôt grave à vue de nez. Ils faisaient une belle brochette de canards boiteux. On aurait vraiment pitié d'eux.

Aewen - J'ai juste besoin qu'on me guide jusqu'à Silmarie.

Ben oui, il n'avouait qu'à moitié qu'il était perdu. Il n'allait pas lui déballer toutes ses lacunes tout de suite non plus...
Le brun rabattait sa capuche sur ses épaules, laissant aux deux inconnus la "joie" de pouvoir admirer son visage. Il l'enlevait pour recouvrir l'elfe afin de le réchauffer. C'était la seule chose "gentille" qu'il acceptait de faire, histoire qu'il soit pas vu totalement comme les rustres sans finesse qu'étaient la plupart des Astorgs... Bien sûr qu'il manquait parfois de finesse, autant d'esprit que d'actes, mais c'était un petit peu moins inscrit dans ses gênes... Un peu moins.

Aewen - Je vous protégerait en cas d'attaque. Mais je ne tue pas. Ou qu'en dernier recours.

Le brun se sentait mal rien qu'à l'idée de voir un corps inerte et sans vie. Tout le monde faisait des actes plus ou moins grave... Mais il considérait que vivre était une solution bien plus difficile que mourir. Crever, c'était une preuve de lâcheté. Seules les personnes sans honneur, sans couilles pouvaient mourir tuées.

Il relevait à peine un regard sur la jeune femme, la snobant presque.

Aewen - Vous avez plus besoin de manger que moi.

Disait-il ça parce qu'ils avaient l'air aussi faible d'apparence, fatigués que lui ? Vous croyez vraiment ça ? Ce serait bête de le penser. Ils avaient tous l'air rayonnant de vivacité et de bonheur, je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.

Aewen - Et toi là, la femme, dis lui au tondeur de gazon que c'est pas pour ce coup de main que je l'apprécie.

Il faisait une petit moue de mauvais bougre, pas méchant, juste râleur.

Cimber se figea au regard de l'homme aux cheveux bruns. Il l'aurait volontier classé dans les Cydiens, mais vu la langue qu'il parlait, langue qui commençait a sérieusement foutre une peur bleue au gamin, tout portait à croire qu'il était Astorg. Son attitude et son ton, bien que l'elfe ne comprenait pas un stricte mot de ce qu'il disait, confirmait bien un air des plus jovials. Super, maintenant, quoi? Il allait les suivre, continuer de le toiser comme le plus insignifiants des garçons (blessés)? Le blondinet n'a jamais vraiment connu la colère. La haine, ça oui, mais il ne parvenait à la limite qu'a 'détester' son père sans pour autant vouloir se venger ou le revoir. Non, Cimber ne connaissait vraiment pas la colère, que le chagrin et la tristesse. Il faut dire que ce mettre en rogne était un luxe qui lui coûterais bien trop cher si il vivait encore aujourd'hui dans la forêt d'ou il venait. Son père... L'elfe eut envie de s'enfuir à la seconde ou il fit finalement le lien: le nouveau venu lui rappelait son père. Simplement parce qu'il voyait une homme qui n'avait rien à foutre de lui, il pensait à son pire ennemi presque automatiquement. C'était le regard... le regard de Kurai lui rappelait sa mère et celui de l'Astorg, son père. Il n'avait plus du tout envie de rester là. Il avait peur.

Les deux adultes entreprirent une conversation en Astorg qui redoubla son malaise. Et si ils planifiaient de le laisser là, tout seul? Très peu probable après ce que Kurai à dit, mais certes pas impossible. Il devait faire quelque chose, pour au moins prouver qu'il n'était pas un petit faiblard dont personne ne voulait s'encombrer. Comme précisé plus tôt, il n'avait rien contre le fait d'être prit en pitié, mais si il devait l'être, il s'assurerait que ça soit dans le respect. Étrange, non? Eh bien, c'était son raisonnement. L'homme finit par rabattre son capuchon et leur montrer le reste de son visage. Chose qui importait peu à Cimber, qu'il soit beau, laid, vieux, jeune. Ce qui importait, c'était l'acte qu'il allait poser ensuite. Il le recouvra avec celle-ci et continua son dialogue. Ça non, il allait se débrouiller, quitte à crever, tout seul. Si la Jinmen, elle, avait pu lui offrir son aide, c'était parce qu'il estimait qu'il en avait besoin. Or il n'aimait pas l'Astorg qui se tenait à côté de lui pour une raison qu'il savait mais qu'il avait de la difficulté à formuler lui même. Peu importait.

Il s'appuya contre l'arbre... et en serrant les dents, se hissa lentement sur ses pieds. Le pansement de Kurai, qui était déjà assez rouge, se macula encore plus, et un léger filet écarlate s'en échappa pour descendre le long de son ventre et de son nombril. Il garda un regard calme, du moins autant qu'il le pouvait considérant la douleur, et retira la capuche de sur lui. Sans dire un mot d'abord, il fit quelques pas, pénibles certes, vers un tas de vieille branches. Finalement, il daigna s'expliquer.

- ''... Faire un feu. 'Fait froid et c'est presque la nuit...''

Entendant un hurlement de loup, il sourit. Un deuxième, et il ricanna, son rire étouffé assez rapidement par une série de toussotement. Finalement, il continua à marcher vers le bois semblant sec.

- ''Vous inquiétez pas pour les loups. Ils ne viendront pas par ici.''

Il ne pouvait plus se faire restreindre, il n'en pouvait plus. Se faire dire 'rester là', 'ne fait pas ça' ou pire... 'je te l'interdis'. C'était pourquoi il s'était enfui, ce pourquoi il avait survécu jusqu'ici. Personne dans ce monde ne souhaiterait autant son bien que lui. Personne. Étouffant en silence ce désir grandissant de simplement s'en aller et les planter là, il se pencha, avec encore plus de difficulté, pour ramasser faiblement deux morceaux de bois. Incapable d'en prendre plus vu sa condition, il se redressa, et voulu flancher. C'était trop douloureux... trop douloureux. Il ravala sa douleur et boita faiblement vers le centre du bosquet ou ils s'étaient installés. Il laissa choir les deux morceaux de bois là ou il croyait bon de faire un feu et soupira. Que faisait-il, au juste? Il sentait ses larmes combattre férocement pour couler... Férocement, mais pas autant que lui se battait pour qu'elles ne paraissent pas. Finalement, pourtant, elles gagnèrent et il commença a pleurer en silence. Des larmes, c'était tout... rien que des larmes. Qu'aucun sanglot de soit entendu, qu'aucune plainte ou lamentation ne soit perçu. En plus, il sentait ses brûlures de plus en plus. Qu'allait-il faire?

Kurai était tendue, attendant la réponse de l'astorg qui prenait clairement son temps. Un autre jour, elle lui aurait fait payer ce contretemps, mais aujourd'hui, il y avait Cimber, pour rien au monde elle n'aurait voulu qu'il pâtisse de sa fierté mal placée. Il finissait par se décider et sa réponse tira un petit soupire de soulagement, ça, elle pouvait le faire. Les conditions qu'il imposait était pour le moins basiques et assez peu contraignantes, s'il fallait tuer, elle s'en chargerait mais ne fit pas part de ses pensées aux deux jeunes hommes.

Encore sur ses gardes, elle observait attentivement son visage, plus harmonieux qu'elle ne l'aurait cru au premier abord. Presque assez pour qu'elle le trouve beau. Presque, ça ne faisait pas parti de ses considérations premières. La Jinmen le voyait étendre son vêtement sur Cimber... Au moins, ils n'étaient pas tombés sur l'un de ces rustres qui ne pensaient qu'à se battre. Elle se fichait qu'il soit Astorg, Cydien ou même Jinmen s'il restait correct avec eux mais son regard lui déplut, plus que ça même mais elle parvint à faire preuve d'encore un peu de patience avant d'exploser devant tant de mauvaise volonté. A râleur, râleur et demi.

-" Je me nomme Kurai et voici Cimber, ne m’appelles plus "la femme" ou je te fais la promesse que tu seras bien plus à plaindre que nous, quand à lui... Je pense ne pas avoir besoin de lui dire que nous allons voyager avec un grossier personnage."

Après tout, qu'il se casse, elle n'avait pas eu besoin de lui jusqu'à présent et il parvenait déjà à la mettre hors d'elle. Elle était tellement plus qu'une simple femme et Cimber bien plus qu'un simple elfe... D'ailleurs, son protégé se relevait, la surprenant par sa détermination mais en voyant le bandage rougir de sang, elle serra les dents et retint un "crétin!" de justesse. Dans un sens, elle comprenait. Nombre de fois où elle avait agit de la sorte... Mais son instinct maternel la poussait à intervenir.

Elle reprenait, juste pour Cimber:

-" Tu vas te faire m...."

Trop tard au vu de la grimace que lui tirait son mouvement. Ses lèvres se pincèrent d'inquiétude mais elle ne dit rien. Elle venait aider le blond à ramasser du bois, gardant un oeil sur lui jusqu'à entendre les loups. Ils l'avaient fait sursauter. Il les "rassurait" avec un ricanement désagréable mais encore une fois, elle se retient d'exploser. Ces deux crétins allaient lui faire choper un ulcère à force mais contrairement à ce qu'elle aurait fait pour n'importe qui d'autre, elle ne pouvait se résoudre à abandonner le blond. Elle suivait chacun de ses mouvements sous prétexte de l'aider mais surtout le surveillait.

Le voyant si faible, elle ne tint plus et lâchait le bois qu'elle tenait pour saisir les épaules du petit métis et l’enlaçait, le forçant à s'asseoir dans le même mouvement.

-"Merci. Mais ça suffit. Je ne vais pas supporter ce crétin pour te trouver un médecin pour que tu te tue à la tâche dans ce bosquet miteux. Je t'en voudrais de me laisser seule avec lui!" Elle reprit un peu plus doucement, protectrice, en lui caressant les cheveux, lui faisant déposer la tête contre son cou." Tu crois que tu pourrais le surveiller le temps que j'allume le feu et que je nous trouve de quoi manger ? Il te suffira de m'appeler s'il pose le moindre problème, je ne serais pas loin."

La Jinmen lançait ensuite un drôle de regard au grand brun, l'air farouche et implacable qui lui allait si bien à nouveau de retour sur son visage. Elle s'exprimait pour lui cette fois, assez soulagée que le petit ne comprenne pas l'Astorg.

-" Veilles-le. Je m'occupe du reste. Tu ne manqueras de rien à nos côtés. Les collines foisonnent de gibier... Quand on sait s'y prendre."

Elle ne doutait pas une seconde que si l'inconnu paraissait en si mauvais état c'est qu'il n'avait que très peu de connaissances en matière de survie... Contrairement à elle. A contre coeur, elle lâchait Cimber et partait avant de changer d'avis. Après un rapide passage auprès d'Arashi pour récupérer le nécessaire, elle revenait brièvement pour allumer le feu puis s'éclipsait à nouveau, les laissant seuls de longues minutes.

La situation ne lui plaisait pas mais elle n'avait guère le choix. Elle se hâtait de trouver de quoi manger et le destin sembla lui sourire. Alors que la nuit enveloppait lentement tout le paysage, elle parvint à capturer plusieurs lapins et trouva miraculeusement quelque chose ressemblant à du maïs et quelques baies. Elle fourrait le tout dans sa besace et revenait au plus vite à leur camp de fortune pour préparer le repas au plus vite et se rassurer sur le sort du petit blond. Il fallait qu'il reprenne des forces et qu'elle le soigne à nouveau sinon elle n'était pas certaine qu'il soit capable de se réveiller le lendemain...

« Un unique cauchemar »

Aewen, Cimber & Kurai

La jeune femme semblait prête à exploser face à son discourtoisie la plus totale. Il fit une moue un peu frustré. Les femmes ça fermait normalement leur gosier quand les hommes montraient leur supériorité par leur grossièreté flagrante. La Jinmen semblait… Moins banale. Ca l’emmerdait autant que ça lui plaisait un peu. Il savait qu’il n’aurait pas souvent le dessus avec elle. Il aurait du mal à l’envoyer correctement chier. Et sa violente réaction face à ses propos incongrus le prouvait.

??? – Je me nomme Kurai et voici Cimber, ne m’appelles plus "la femme" ou je te fais la promesse que tu seras bien plus à plaindre que nous, quand à lui... Je pense ne pas avoir besoin de lui dire que nous allons voyager avec un grossier personnage.

Il haussait une épaule, s’en tapant la savonnette. Etre plus à plaindre qu’eux… A ce moment précis ça risquait d’être difficile. Son regard se portait à nouveau sur le petit blondinet. Ce dernier semblait tellement chétif.. Pourquoi une femme de cette trempe s’est-elle emmerdée avec un gamin à moitié mort ? Il n’y avait sensiblement pas de lien entre eux. Pas de sang en tout cas, c’était certain.

Aewen – Moi c’est Aewen.

Il haussait un sourcil en voyant le petit elfe se lever, quitte à ouvrir encore plus sa blessure. Il allait lui dire quelque chose, n’aimant pas l’idée qu’il se blesse encore plus – pour une raison qu’il ne comprenait pas de suite d’ailleurs – mais la brune réagit avant lui.
Il comprenait juste après que le garçon voulait simplement ramasser du bois... Finalement, il n’était pas si faiblard que ça. Lui aussi se serait relever, pour aider son coéquipier à passer une nuit au moins avec du feu. Il était peut être un abruti sans sens de survie poussé, et désagréable en plus de ça, mais il n’était pas dénué de compassion.

Le loup qui hurlait ne fit pas tiquer l’Astorg. Sans raison, les loups ne s’approchaient pas d’un campement humain. Ils chassaient du gros gibier pour leur meute ou des petites proies quand ils étaient solitaires. Pas à trois hommes, même s’il y’en avait un blessé. Ils attaqueraient seulement si Cimber était isolé.

Il snobait un instant les deux individus, ne comprenant de toutes façon pas un mot de ce qu’ils disaient. Il écoutait les alentours attentivement. Il y avait quelque chose de bizarre dans l’air mais Kurai ne semblait pas avoir relevé. Ce n’était peut-être rien… Pourtant il entendant les sabots de sa jument fouler lentement le sol en leur direction. Elle se rapprochait de lui que lorsqu’il y avait un possible danger à proximité. C’était un réflexe simplement grégaire. Si le danger prenait de trop grosses proportions elle s’en allait au galop en direction opposée, sauf si l’astorg l’attachait avec sa longe.

Il reprit d’une voix un peu moins froide et déplaisante :
Aewen – Je peux m’occuper du feu. Je ne le laisserai pas seul. Trop faible pour être isolé…

La jeune femme ne mis pas longtemps avant de lui répondre.
Kurai – Veilles-le. Je m'occupe du reste. Tu ne manqueras de rien à nos côtés. Les collines foisonnent de gibier... Quand on sait s'y prendre.

Le brun aurait pu être vexé par la remarque. Mais elle était tellement dans le vraie, qu’il ne la relevait même pas vraiment. Il la retint juste un instant en posant une main sur son épaule.

Aewen – Ne tarde pas trop. Et ne t’éloigne pas trop. J’ai un mauvais pressentiment.

Il allait s’asseoir près de l’elfe et par une petite pression sur son épaule, et un très léger sourire, il essayait de lui faire comprendre de retourner s’allonger pour se reposer. Il attrapait un bout de bois, faute d’absence de silex, et frottait sur le bois mort et encore sec jusqu’à ce que la fumée, puis les flammes prennent. Il allait fouiller dans les besaces de voyage posées à terre près de l’étalon déharnaché pour la nuit. Il en sortait des bandages, mais n’osait pas toucher aux multiples fioles entreposée dans les sacs. Il revenait vers le plus jeune et s’accroupissait à ses côtés. Il lui retirait délicatement les bandages maculés de sang encore frais. Il murmurait pour lui-même :

Aewen – Mh... C’est pas très beau.

Il lui remettait doucement, mais sèchement pour serrer de manière correcte, les bandages. Il n’appréciait pas forcément ni l’elfe, ni la jeune femme… Mais il n’était pas un monstre, il avait un cœur malgré ses apparences de crapule. Il le recouvrait de son épaisse cape de peau. Les coutures du vêtement étaient si discrètes que l’on pouvait deviner qu’un tanneur avait travaillé, et retravaillé la pièce. Aewen mettait toujours toute son âme dans son art du travail du cuir.

Il se relevait vivement. Une branche avait craquée. Et pas du côté de l’étalon, et Kurai était bien trop discrète pour pouvoir faire ce genre d’erreur, il en était certain.
Il sortait sa lame de son fourreau. Il détestait se battre. Mais il détestait encore plus les lâches attirés par la facilité. Lui, quand il volait, il volait bien. Il détroussait les gens n’ayant pas besoin de tant de richesse, et répartissait le reste. Une faible partie pour lui, le reste pour les enfants de la rue. C’est pour ça qu’il n’avait pas réussi à dépouiller les deux spécimens. C’était contre le peu d’honneur qu’il avait encore.

Aewen – En plus d’être pitoyables vous n’êtes même pas discrets…

Il lançait un regard rassurant, sûr de lui, et même dangereux au petit blond. Il lui fit un signe de main pour lui faire comprendre de rester à terre, de ne pas bouger. Ou le moins possible. Ce n’était que des brigands qui pétaient plus haut que leur cul. Il commençait à faire nuit… Ca l’arrangeait. Il était bien plus à l’aise la nuit. Il défiait du regard ses adversaires qui avaient fini par sortir du bosquet, et ils n’étaient plus cachés par les feuillages. Il en repérait un ou deux encore cachés, prêt à intervenir si les autres étaient en difficulté. L’Astorg n’était pas dupe, seul il pourrait en repousser, en assommer que quelque uns. Mais il avait un avantage sur ses adversaires.

Astrée était en sa faveur.

Quand Kurai vint l'aider, le petit blondinet ne dit rien, tentant de faire comme si il n'avait pas besoin d'aide. Le gros problème, dans toute cette histoire, c'était qu'il avait besoin d'aide, et au plus vite. La seule chose qui pouvait jouer en sa faveur en ce moment était la nuit qui ne tarderait à tomber, puisque ses brûlures n'avaient cessés de s'enlaidir pendant toute l'après midi. Il était exténué, il n'avait presque plus faim -et c'était très mauvais signe, dans ce cas, en voyant dans quel était il se trouvait- et tout ce qu'il voulait faire maintenant, c'était de dormir. Seulement, si il dormait, il craignait de ne plus se réveiller. Lorsque la Jinmen, abandonnant le chargement de bois qu'elle avait, se précipita pour le serrer dans ses bras, il hésita. Quoi faire? Quoi dire? C'était soit se faire mal pour montrer à cet Astorg qu'il n'était pas faible et inutile, soit faire plaisir à Kurai, et à son propre corps, et s'asseoir. Sa conscience et Aewen contre son corps et Kurai. Le choix ne fut pas difficile.

- "Merci. Mais ça suffit. Je ne vais pas supporter ce crétin pour te trouver un médecin pour que tu te tue à la tâche dans ce bosquet miteux. Je t'en voudrais de me laisser seule avec lui! Tu crois que tu pourrais le surveiller le temps que j'allume le feu et que je nous trouve de quoi manger ? Il te suffira de m'appeler s'il pose le moindre problème, je ne serais pas loin."

Il sourit alors qu'elle lui caressait les cheveux et posait sa tête sur son cou. Il se sentait en sécurité dans les bras de la Jinmen, tout comme il s'était senti en sécurité couché près de Tetsuko, l'autre soir. Comme si rien ni personne ne pouvait l'atteindre. Il acquiesça donc avec enthousiasme, se disant que c'était un magnifique compris entre son corps et sa conscience: il n'allait pas rien faire, il allait surveiller cet Astorg louche! Elle lui dit quelque chose, sans doute un truc comme 'fais gaffe, il te surveille', avant de s'éclipser. Le petit blond s'assit, tout à coup de très bonne humeur, avant de... tout renvoyer. En effet, Cimber se pencha, de justesse, de côté, son corps tout entier secoué par un haut le coeur qui lui fit tout rendre par terre, 'tout' n'étant pas grand chose. Son état n'allait pas, mais alors pas du tout. Toujours en restant enthousiaste, du moins du mieux qu'il le pouvait, il reprenait son souffle pour détourner son regard vers l'Astorg- Aewen, si il avait bien compris son blabla de Storghein- qui s'assit près de lui en lui mettant une main sur l'épaule. L'ombre de sourire amical planant sur les lèvres de celui-ci, il consentis à aller se coucher. La torture allait commencer. Il se laissa ensuite presque déshabiller, sentant ses bandages rendus gluants décoller de sur son ventre avec un tressaillement de douleur. Ce n'était pas tant la douleur, mais surtout l'effet du froid ambiant qui mordait soudainement sa plaie. Peu importe ce que le brun dit à ce moment, la langue importait peu: le petit elfe comprenait très bien que ça n'était pas beau. L'homme s'appliqua ensuite à lui remettre de nouveaux bandages avant de soudainement se relever, se retournant dans la direction du cheval.

- ''I-Il y a un... problème?'' articula-t-il

Un reflex plus qu'autre chose, car bien entendu, il ne parlait pas l'Astorg, et il y avait assurément un problème. Ils n'étaient pas seuls. Aewen dit quelque chose d'une voix menaçante qui fit peur même à l'adolescent. Reportant son attention vers là ou l'action devait se passer, il vit finalement trois hommes sortir de leurs cachette. Pris de panique, Cimber ignora le geste de son compagnon et se releva vivement, ne pouvant étouffer un petit couinement de douleur. Il se figea, le reste de l'action lui échappant entièrement... parce qu'il sentit une pointe de métal, probablement une flèche, toucher délicatement sa nuque.

Kurai avait marché un petit moment pour trouver du gibier et des baies, leurs rencontres dans le bosquet avait fait fuir pas mal de ce qu'elle aurait pu attraper alors il lui avait fallut aller plus loin que prévu. En revenant, sa besace occupée par deux beaux lapins qui s'étaient prit dans ses collets et quelques baies et racines, elle avait sentit la Nature aussi immobile que lorsque Aewen s'était approché de leur campement mais là c'était différents. Ceux qui approchaient n'étaient pas discrets et se déplaçaient en nombre. Malgré la présence de l'Astorg aux côtés du petit blond, elle doutait qu'il puisse tous les mettre à terre ou en fuite. Alors elle s'était mise à leurs trousses. Elle les avait entendu se faufiler dans la Nature s'éveillant à la nuit, elle avait vu leurs pas marquer le sol humide... Et les avait suivi en se faisant aussi discrète qu'un courant d'air malgré sa fatigue. Qu'ils s'attaquent à Cimber et ils étaient morts...

Elle bifurquait à l'approche du camps, suivant le petit groupe qui avait quitté ses compagnons pour les prendre à revers... Tels allaient être prit ceux qui croyaient prendre. Elle allait laisser Aewen se débrouiller un moment avec ceux qui arriveraient de front, en espérant qu'il parvienne à les contenir. Sur le chemin qu'elle empruntait, elle posait sa besace en hauteur, au coin d'une branche pour ne pas être gênée et pour éviter que les fourmis ne se fassent un en cas de leur repas. Puis elle se glissait à quelques mètres derrière l'archer et les deux hommes qui l'accompagnaient. L'un portait une hache et l'autre deux dagues... Il ne fallait pas qu'elle rate son coup ou ils seraient bien capable de la tuer avant même qu'elle ai pu mettre Cimber hors de danger.

D'ailleurs, elle l'apercevait en train de reculer, droit vers eux, sur la flèche de l'archer qui armait son arme et son bras en silence. La jinmen tressaillit et ôta ses bandages à nouveaux. Elle aurait pu utiliser la magie de la Nature ici mais non... Pour ces hommes là, des fourbes doublés de couards, il fallait user d'une magie aussi sombre que leurs coeurs. Une magie qui risquerait de la tuer un jour mais ce ne serait pas ce soir, Cimber avait besoin d'elle. Elle le voyait se figer en sentant la flèche dans sa nuque et le rire de gorge, narquois, de l'archer lui donna envie de lui arracher les yeux. Du regard, elle cherchait autre chose que ses dents pour entailler ses poignets, il lui faudrait des plaies bien plus étendues que celles qu'elle avait déjà pour avoir assez de sang à sa disposition pour mettre son plan à exécution. Leurs exécutions.

Une pierre à l'allure coupante, elle la ramassa, un silex, ce serait parfait pour l'office qu'elle lui réservait et sans perdre un instant, elle finissait de se déchirer les poignets, retenant difficilement un gémissement de douleur qui l'aurait fait repérer avant d'avoir pu agir à sa guise. La jinmen se relevait sans un bruit de derrière le buisson où elle avait masqué sa présence et de rapides mouvements de ses mains, elle projetait son sang dans le dos des deux hommes armés. Une seconde plus tard, elle plongeait dans la Maho avec un frisson exquis. Ils n'avaient pas eu le temps de se retourner ses fous... Et elle leur fit ressentir la pire peur qu'ils aient connu dans la personne de leur compagnon respectif. Des éclats de voix, le bruit du choc des armes, les râles de souffrances puis ceux de l'agonie... Ils s’entre-tuaient sous le regard écarquillé par la concentration de Kurai.

Peut être trop concentrée, elle les poussaient à se battre, à abattre l'autre en allant au-delà de leurs blessures, de leurs souffrances, de leurs sangs qui se répandaient... L'archer se retournait vivement, le petit blond était blessé, il ne représentait pas un grand danger et voyant la jinmen s'extasier du spectacle des ses compagnons mourants, il tira. Elle ne réalisait qu'elle était prise pour cible qu'au dernier moment, esquissant un mouvement pour se mettre hors de portée qui lui évita de peu de se faire transpercer le coeur... Mais un cri de souffrance lui échappa quand elle sentit la flèche s'enfoncer à travers son épaule, finissant de se ficher dans l'arbre derrière elle. Kurai du s'y appuyer légèrement, le souffle court, elle fixait l'archer qui approchait d'elle, la maudissant alors qu'il tirait une autre flèche de son carquois, s'apprêtant à finir de la clouer au tronc auquel elle était appuyée, prisonnière de sa première flèche.

Elle réfléchissait à milles à l'heure et se re-concentra sur la Maho, l'un des deux hommes sur lesquels elle avait jeté son maléfice vivait encore, à peine conscient. Ce serait suffisant. Alors que celui qui la menaçait de son arc enjambait les dépouilles de ses compagnons pour la rejoindre, une dague s’enfonça profondément en lui, du bassin jusqu'à la poitrine à travers laquelle elle ressortit. Il restait de longues secondes figé dans une expression de surprise douloureuse avant de s'effondre aux pieds de la chaman. Ils étaient morts, tous les trois... Alors elle relâcha son effort sur sa magie, revenant parfaitement à la réalité cette fois et la souffrance, si intense la fit pleurer alors qu'elle essayait de retirer cette maudite flèche qui lui interdisait tous déplacements. A travers ses larmes, elle apercevait la chevelure blonde de Cimber, encore en vie. C'était l'essentiel mais elle, elle se vidait de son sang, tant par ses poignets largement ouverts que par la flèche qui la traversait de part en part et à s'agiter pour tenter de l'enlever, elle ne faisait qu'aggraver le problème.

D'une voix brisée par les sanglots, elle appelait le plus jeune, il fallait qu'il se sauve. Si Aewen, qu'elle n'apercevait pas de là où elle était, ne parvenait pas à contenir les autres, ils n'hésiteraient sans doute pas à achever son protégé en constatant la mort de leurs compagnons... Peut être n'avait-elle pas parlé assez fort ou peut être qu'elle ne le vit pas approcher, commençant à perdre connaissance, une boule d'angoisse lui arrachant les entrailles...

Aewen voguant désormais vers d'autres terres et Cimber ayant rejoint le Panthéon, le RP est par conséquent terminé. Merci de votre compréhension.

Désengagés : Kuraï, Aewen, Cimber.

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