Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DE - Flashback] Faire valser la réalité (Terminé)

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Seliand
Seliand
Nombre de messages : 78
Race et âge : 33 ans, Nua
Cité : Storghein
Métier : Magicien itinérant

Feuille de personnage
Compétences: Illusion, maîtrise de la dague, acrobatie
Compétences bonus: Charisme (rang 3)
Réputation :
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[DE - Flashback] Faire valser la réalité (Terminé)
   [DE - Flashback] Faire valser la réalité (Terminé) EmptyJeu 22 Nov - 5:59

Depuis le début de la journée, l'air s'était rafraîchit, le soleil s'était caché derrière une mer de nuages grisâtres et une bruine glaciale s'était abattue sur Storghein. Les fines gouttes venaient s'écraser sur les toits des chaumières du Quartier Sud, puis coulaient lentement jusqu'au bord pour finir dans une chute brutale jusqu'au sol. Elles formaient de larges flaques troubles sur la route pavée. Une botte rageuse vint en couper une deux, avant de s'élever à nouveau pour laisser l'eau reprendre sa place. La chaussure et sa jumelle avançaient de manière peu organisée, au point qu'il était facile de deviner que leur propriétaire se trouvait dans un état peu enclin au contrôle de soi. La mine sombre dans un manteau pas plus clair, il traversait les rues comme un spectre inquiétant, se dirigeant visiblement vers un endroit bien précis.
Le manoir se dressait loin au-dessus des basses maisons de ce coin de la ville. Face à son état de délabrement avancé, on aurait dit un énorme cadavre. Même sous la pluie, elle exhalait une odeur de vieillerie, de ruine. Juste devant la porte usée, le perron était lézardé par les racines d'un bouleau qui parvenait courageusement à survivre aux rudes hivers astorgs depuis quelque années. Il avait poussé au travers du mur côté rue de l'aile ouest, arrachant à l'envie plusieurs des bûches qui formaient la cloison, déformant le cadre de la fenêtre et brisant la vitre épaisse. Le reste des murs, s'il tenait debout, s'était décoloré et montrait des signes de faiblesse. Le pourtour de la bâtisse était parsemé de tuiles échappées du toit, la plupart s'était cassée en touchant le sol.
Les pas de Seliand le conduisirent ici, devant les marches qui menaient à l'entrée. Ses doigts se posèrent sur la poignée rouillée, tentèrent de l'abaisser, mais le métal ancien refusa d'obéir. Un profond soupir de frustration jaillit de la gorge du nua, puis sont pied percuta violemment la porte. L'un des battants pivota docilement, l'autre s'écroula sans demander son reste. Lorsqu'il rencontra le sol dans un puissant fracas, un nuage de poussière prit son envol dans le hall d'entrée. Le vieux bâtiment entier en était remplis, de poussière. Une couche de plus d'un centimètre recouvrait tout. D'ailleurs, le tout était très réduit puisqu'une bonne partie du mobilier s'était envolé. Dans le tapis blanchâtre qui avait pris possession du sol, on pouvait vaguement discerner les empreintes de pas des pouilleux et malandrins qui s'étaient permis de piller l’intérieur du manoir. Le magicien se souvenait du faste qui régnait jadis dans la place : des meubles gravés et polis des mains de maîtres-artisans aujourd'hui disparus ; des nombreuses œuvres de peintres ornant les murs dont seules les silhouettes plus claires laissaient deviner l'existence ou des tapis somptueux qui (pour ceux dont la dépouille moisie n'empuantait pas la pièce) avaient pris la poudre d'escampette. L'étage était probablement plus garnis, car Seliand voyait d'ici qu'un trou béant tranchait l'escalier en deux. Là, des taches de sang séché, noir et sale, signalaient que l'incident avait sans doute causé au moins un blessé. Cette petite punition pour les vermisseaux qui avaient osé piller la demeure de son père arracha un bref sourire au visage renfrogné du magicien. Il s'imaginait que l'endroit, agacé par tout ceux intrus irrespectueux, avait pu exercer sa vengeance personnelle. Mais bien vite, sa mauvaise humeur revint à la charge. Mettant fin à sa courte séance de contemplation, il réunit l'énergie de son corps et sa concentration dans ses yeux, et après un léger picotement et un bref instant d'adaptation, il put y voir dans la grande pièce sombre comme en plein soleil.
Il prit la direction de la porte discrète qui donnait vers la partie est de la maison, sa partie à lui. Une clef cabossée lui permit de la déverrouiller, ce qui d'une part le surpris étant donné l'état de la serrure, et d'autre par lui indiquait que personne n'avait pu pénétrer ses anciens quartiers. Un grincement sonore vint perturber le silence de plomb qui régnait en maître dans le bâtiment alors que les vieux gonds rongés par le temps se mettaient à l'ouvrage. Le couloir étroit semblait avoir été plutôt épargné, les voleurs n'avaient pas pu l'atteindre et même l'humidité et les intempéries n'avaient pas causés trop de dommages. Sur le petit guéridon, sous la fenêtre du fond, un rat grisâtre avait redressé la tête et dardé ses yeux noirs sur l'étranger qui osait violer son territoire souverain. Face à la taille de l’intrus et malgré son immobilité, il préféra battre en retraite et escalada la parois pour foncer se réfugier dans le plafond. Profitant du champs libre, Seliand s'avança dans ses appartements. Il ignora les deux premières portes, et s’arrêta devant la troisième. Ses doigts se posèrent sur le bois usé, et poussèrent. L'endroit lui paru encore plus étriqué que dans son enfance, on aurait plus dit un grand placard qu'une chambre. Elle était entièrement vide, sauf le lit. Il s'y assit, et le mouvement souleva une quantité énorme de poussière, qui l'enveloppa un moment dans un halo grisâtre. Les maigres rayons de soleil qui parvenaient à traverser la fenêtre sale n'arrivaient même pas à le traverser entièrement. Seliand toussa un coup, puis battit des mains pour chasser les volutes âcres et sèches et pouvoir recommencer à respirer librement. Le nuage retomba, et le magicien se pencha en avant en soupirant. La bruine à l’extérieur avait du cesser, ou tombait trop faiblement pour qu'il puisse l'entendre au travers des parois, et un épais silence s'imposa.


« Je te hais ! »


Les mots de Siobhan se répétaient encore dans la tête du nua, comme une litanie brutale et insupportable. Ils étaient comme un poison, dangereux et cruel, s'infiltrant lentement dans son esprit et dans tout son corps, et s'il n'était pas mortel, le jeune homme n'en était pas moins mortifié. Personne ne haïssait Seliand ! Enfin, il n'avait jamais eu conscience qu'on pouvait le détester. Après tout, il ne faisait rien de mal. Il avait bien mentis deux ou trois fois, mais rien de plus. Ou alors, c'est que sa demoiselle tenait à ce drôle de type qu'il avait tué. Peut-être. De toute façon, Seliand ne savait pas. Il ne comprenait pas. Le venin qui avait jaillit des crocs de la templière était une agression pour tout son être, et lui était littéralement douloureux. Le magicien sentait ses entrailles se nouer, se tordre, et il en avait envie de pleurer. C'était inhabituel pour lui, il n'avait plus pleuré depuis un bail. En plus, il en avait vraiment envie, mais ça venait pas. Alors il avait juste mal en dedans. Il aurait voulu demander à son père, lui aurait su, il aurait pu lui expliquer ce qui lui arrivait, et lui dire quoi faire. Il aurait pu le guérir de cette espèce de maladie que Seliand ressentait grandir dans sa poitrine comme une gangrène immonde. Mais il n'était plus là, et rien ne pouvait aider le jeune homme à se défaire de cette horrible sensation.

« Je te hais ! »


Il se releva d'un bond et explosa la fenêtre d'un coup de poing.Le verre vindicatif en profita pour lui lacérer les chaires et obtenir une sanglante réparation. Une colère terrible, bouillante, massive et brûlante comme un soleil était en train d'exploser dans sa tête. La douleur de son bras n'était qu'une petite étincelle à côté de ce brasier, et il ressortit de la chambre, renversant au passage la table du couloir. Il défonça d'un puissant coup de pied la porte d'une autre pièce, la salle d'apprentissage. Ses mains tremblantes se saisirent du bureau et le retournèrent avec force. Criant de rage, il entreprit de vider les bibliothèques, répandant des taches rouges sombres sur une partie de la collection. Et puis, il sentit que sa tête vibrait ; que tout son corps était comme sur le point de partir en éclat. On aurait dit que des décharges électriques voltigeaient à travers tout ses membres. Non pas que ce fut douloureux, la sensation ne pouvait plus s'en éloigner : mais il sentait que quelque chose de terrible naissait sous sa peau, dans ses muscles et ses os. Quelque chose d'une force monstrueuse, qui allait déferler hors de lui comme un torrent rompt un barrage. La main crispée sur son torse, il dut s’asseoir sur la chaise du bureau qui se dressait en solitaire au milieu de la salle. Et puis soudain, ça éclata. En fait, Seliand se rendit juste compte que la sensation avait disparue, évaporée en un instant. Il y eut comme une seconde de flottement, puis le plancher s'ouvrit en grand, et le magicien fut happé par le sol.
C'était un peu troublant. Normalement, sous le parquet, au rez-de-chaussée, il y a au mieux une cave, sinon de la terre et de la roche. Aussi le fait de se retrouver en plein ciel ne fut guère au goût du magicien. Mais c'était ainsi, et il chutait à toute vitesse vers un sol ocre à quelque kilomètres, traversant comme une flèche un vide vaguement orange dans un coin duquel flottait paresseusement un soleil écarlate d'une taille invraisemblable. Manquant d'air pour pouvoir hurler, le jeune homme se contenta d’espérer que le choc le tuerait assez vite pour qu'il ne sente aucune douleur. Cependant, il percuta un nuage jaunâtre dans sa course, et l'obstacle cotonneux le ralenti quelque peu. Ceci se reproduisit plusieurs fois, mais la gravité faisait toujours la maligne, et il finit par atterrir brutalement au niveau du sol.
Il se redressa péniblement en position assise, agitant ses bras dans un genre d'amas de poils. Une odeur musquée envahit ses narines, et lorsqu'il ouvrit les yeux, sûr de ne plus être en train de foncer vers une mort sanglante, il s'aperçut qu'il était sur le dos d'un genre de gros animal. Un félin, a voir la forme de ses oreilles et de sa queue, et les moustaches qui dépassaient de chaque côtés de la tête gigantesque. En fait, s'il ne faisait pas -au jugé- dans les 5 ou 6 mètres de haut, la bestiole aurait pu être le chat qui lui avait dérobé son déjeuner le matin même. Une voix si peu humaine qu'elle en devenait indescriptible fit vibrer l'air sous son timbre puissant.


« Accroche-toi, je t'emmène à Rel'Lasiod Utu Oal. Le voyage devrait prendre un moment. »


Le nua obtempéra, principalement parce que sauter du dos de l'animal lui aurait sûrement brisé une jambe. Et puis, il était déjà assez tombé, récemment. Il s'installa donc dans le pelage et observa les alentours. Le sol ocre, sec et craquelé, qui s'étendait en un plateau morne à perte de vue, ne laissait pas dépasser la moindre touffe d'herbe. Un véritable désert, ce qui n'était pas vraiment étonnant puisque l'énorme astre rouge le couvrait d'un ardent regard, rependant son souffle chaud et lourd dans toutes les directions. Ça et là, le vent soulevait des nuages de poussière tourbillonnants, qui semblaient faire des efforts pour s'écarter de l'énorme monture de Seliand. Il pouvait apercevoir, réparti de manière irrégulière, des sortes de monticules qui dépassaient du sol de quelque mètres. S'il ignorait de quoi il s'agissait, le magicien allait rapidement le savoir, puisque l'un de ces tas informe se dressait tout prêt de leur chemin, un peu plus loin. Une route qui, d'ailleurs, ne déviait pas d'un pouce, malgré l'absence de tout point de repère. Le plus étrange, c'était que Seliand avait l'impression, vague mais tenace, de connaître l'endroit. Les minutes passants, ils approchèrent du monticule, qui s’avéra être composé d'une quantité plutôt élevée de cadavres plus ou moins décomposés. Une armada de mouches prit la fuite lorsque l'énorme chat fut assez près, formant une grosse masse noire et bourdonnante. Au loin, des pointes sombres commençaient à dépasser de l'horizon.
Lorsqu'ils furent assez proches, ces tours qui se dressaient révélèrent leur nature. Il ne s'agissait que de ruines défigurées qui parvenaient encore à tenir debout malgré leur état délabré. Les restes de vieux bâtiments dépassaient péniblement d'une sorte de large façade sans fenêtre, à l'air robuste comme une muraille et trouée d'une grande porte de bois. Devant le mur, une sorte de marée brillante reflétait le soleil rouge. Il s'avéra bien vite qu'elle était composée d'une armée entière vêtue d'armures dorées rutilantes. Des milliers d'hommes se tenaient là, parfaitement immobiles, et encadrant le chemin droit qui menait à l'entrée. Ils ne bougeaient pas, n'émettaient pas le moindre son, et on n'aurait pu dire si les lourdes carapaces étaient pleines ou vides, tant le métal couvrait leurs corps. N'étant généralement pas un grand ami des gardes et soldats, Seliand trouva plus prudent de se planquer dans la fourrure épaisse de sa monture féline.
Une fois arrivés au pied de la large muraille, la première chose qui frappa le magicien, c'était qu'il la connaissait. C'était la porte nord de Cydonia. Alors qu'il réfléchissais à ce que l'entrée de la ville faisait au milieu d'un désert orangé remplis de cadavres, une voix joyeuse l'interpella.


« Bienvenue ! Bienvenue à Er'Tesiod Utu Oal ! »

Le jeune homme se laissa glisser jusqu'à terre pour pouvoir voir à qui appartenait cette voix. Elle venait d'un homme assis sur nonchalamment sur une chaise, juste à côté d'un des lourds battants de bois. Enveloppé de vêtements amples dans un mélange de tons beiges et oranges et portant un plastron d'acier, il portait une épée droite à la ceinture et un long bâton couronné d'une tête de chat en métal était appuyée contre le mur à sa gauche. Son visage à la peau sombre arborait une barbe noire bien taillée qui s'étalait autour d'un sourire doux. De longues tresses noires partaient en arrière sur son crâne. Les rides autour de ses yeux et son regard perçant permettaient de lui donner facilement une quarantaine d'années. Le nua ne l'avait même pas vu jusqu'à maintenant, bien que l'inconnu n'aie pas été discret le moins du monde.

« Heu, Salut. Je m'appelle Seliand, et toi ? »

« Je suis l'Artisan, mais ce n'est pas moi que tu es venu rencontrer ici. »

« Ben, je sais pas vraiment ce que je fais là, en fait. »


Seliand jeta un bref regard aux nombreux soldats dans son dos, à la porte, puis revint à l'Artisan.

« Et, heu, ces types sont en train d’assiéger l'endroit ou.. ? »


« Non, non, les soldats sont partis depuis longtemps. Il ne reste que ça. »


Il frappa dans ses mains, et quelques armures s'écroulèrent, vides. Un léger nuage de cendre s'éleva des carcasses de métal. Parmi la formidable armée d'or et d'acier, il n'y eut ni mouvement, ni le moindre signe de vie, rien qui ne puisse contredire l'affirmation de l'Artisan. Seliand réalisa, au passage, que le chat géant avait également disparu, et s'il n'y avait pas prêté attention, il lui sembla que c'était déjà le cas la première fois qu'il avait regardé derrière lui. Lorsque ses yeux revinrent se poser sur l'Artisan, il remarqua que la double porte était à présent ouverte.

« Qu'est-ce que tu attends ? Entre ! »

L'homme s'adressa à lui sur un ton si autoritaire qu'il ne prit pas la peine de répondre et obéit immédiatement.

L'intérieur était plutôt sombre, bien que le plafond, qui semblait plutôt être constitué d'une masse de débris en équilibre précaire, laissait passer un peu de la lumière de l'énorme soleil écarlate. Passé l'épaisseur même du mur, ce n'était plus qu'un tunnel vaguement creusé dans les restes de bâtiments effondrés. Le magicien finit par déboucher sur une grande salle circulaire, et dont le toit pointu constitué de parois de maisons écroulées faisait ressembler à un chapiteau. Au centre de ce cirque, un haut trône était dressé, et juste entre les deux, une longue table était occupée par plusieurs convives. Si l'occupant du siège d'honneur n'était pas identifiable dans la pénombre, Seliand put en revanche observer les divers membres de la tablée. Une partie d'entre eux n'arboraient que le néant en lieu et place du visage, mais ceux qui en possédaient un furent facile à reconnaître.
Le nuà n'était pas un habitué des cours et de la noblesse, mais tout habitant d'une cité connaît au moins le visage de son souverain, et Seliand avait déjà vu également celui d'Anatoli Clari. Ce dernier, ainsi que celui de Kriisten Fridén, étaient installés à cette tablée. L'ambiance n'en était pourtant ni raffinée ni glorieuse, néanmoins, car tout les invités, ces deux-là compris, s'étaient fait arracher la mâchoire inférieure, et un concert de râles et de sanglots s'élevait de ces compagnons d'infortunes. Leurs langues pendaient lamentablement sur leurs cous déchirés. Ils étaient également tous arrimés à leurs chaises par deux énormes clous leurs traversant les épaules.
La lumière changea d'angle, laissant ce pénible spectacle disparaître dans l'obscurité, et illuminant le trône de sa lumière sanguine. Seliand y siégeait confortablement, et gobait tout rond des grains de raisins qu'il piochait dans un grand panier. Lorsqu'il se vit approcher, il s'étouffa avec l'un deux, tomba de son trône luxueux et roula sur deux ou trois mètres en toussant, puis se calma et se redressa.


« Salut, je t'attendais. »

« Je m'attendais pas à ce que tu m'attendes. »

« Et pourtant, je suis là. »


Un large sourire s'étalait sur le visage de l'un des nuà, alors que l'autre semblait plutôt décontenancé. Celui qui semblait plus joyeux saisit le bras de l'autre et l'entraîna vers le centre du chapiteau, qui était désormais vide.

« Il faut que je te montre quelque chose ! »

Subitement, la lumière se fit plus puissante, éclairant toute la ruine. Et la clarté se fit sur tout le pourtour de la pièce, révélant une rangée de formes humanoïdes plantées sur des pals près des parois. Dès que Seliand compris, il vit venir un violent vertige. Son humanité ne pouvait pas supporter ce spectacle sans ciller : le panthéon assassiné. Alors qu'un flot de bile remontait dans sa gorge, il jeta un regard à la fois courroucé et apeuré à son double, qui reprit la parole.

« Oh, je sais, je sais. Mais elle en vaut la peine. »


Puis tout devint noir. Ou blanc. Peu importe. Il n'y avait plus qu'Elle. Elle était apparue, et sa présence avait soufflé l'univers comme une bougie. Elle était vêtue d'or et de sang et de lumière, et nue aussi, car toutes les tenues possibles se battaient en tout instant pour mériter qu'Elle les porte. Elle observait le jeune nuà d'un regard bienveillant, et la vie et l'espoir naissaient dans ses pupilles. Elle était plus grande que toute chose, mais restait à sa taille pour le prendre dans ses bras. Sa voix aurait pu convaincre les étoiles de s'éteindre, mais Elle se contenta de murmurer une question.

« Jusqu'où es-tu prêt à aller ? »


Le percutant contact du plancher contre son menton arracha un « aïe ! » sonore à Seliand. Le retour à la réalité était déroutant, très, et le jeune homme prit plusieurs minutes à tenter de mettre de l'ordre dans sa tête. Mais tout devint très vite clair. Ce qu'il venait de lui arriver, comment, pourquoi. Ce qu'il devait en apprendre. Et ce qu'il devait faire. Immédiatement, et pour convaincre Siobhan de l'aimer. Il avait été stupide ; il l'avait lu pourtant, ce qui compte ce n'est pas de savoir danser, il faut accomplir des exploits, devenir une légende ! Alors soit, si c'était ainsi qu'il devait se conduire ; il irait, il verrait, il vaincrait, et il obtiendrait celle qu'il désire.
Mais avant de partir, il lui fallait faire deux choses. Tout d'abord, changer de manteau. Il jeta son vieux vêtement noir et retrouva, dans un vieux placard de l'étage, le manteau rouge sombre de cuir, partiellement doublé de mailles d'acier, que son père lui avait présenté comme l'armure qu'il portait dans sa jeunesse. Puis, redescendant dans la salle qui avait servi d'écrin à sa vision, il récupéra une demi-douzaines de dagues qu'il cacha un peu partout dans sa nouvelle tenue.
Après ça, à la fois pour marquer l’événement, pour empêcher qu'on revienne souiller le décors de son enfance et simplement parce que l'idée lui paru amusante, Seliand réunit ce qu'il put trouver comme mobilier et comme tapisseries, et mit le feu au manoir. Enfin il sortit sous la bruine, les mains dans les poches, s'avançant d'un pas décidé vers cet avenir tout à coup devenu particulièrement intéressant.
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