L'ambiance était agréable, aujourd'hui, au Palais des Neiges .Une douce musique se faisait entendre dans toute la salle de bal. L'on disait des Cydiens qu'ils étaient des artistes mais ce soir, la Louve trouvait que l'orchestre Astorg n'avait rien à leur envier. Partout dans la vaste salle, des gens dansaient, riaient ou parlaient. Astorgs, Amazones, Elfes, Templiers, tous étaient réunis ici ce soir, lors du Bal organisé par Storghein... ou plus précisément par Ashelia... Elle était culottée, la gamine ! Après avoir trahi sa propre cité, elle osait encore faire comme s'il ne s'était rien passé. La demoiselle avait l'incroyable don de rendre Méléane folle de rage. Muria lui avait offert un toit et elle, elle n'avait pas hésité une seconde à s'enfuir de la ville pour se réfugier chez les Astorgs... Sale gamine gâtée ! La lancière avait appris qu'elle était à présent l'une des conseillère de Kriisten mais heureusement, elle savait que cette dernière avait suffisamment de jugeote pour ne pas trop se fier aux conseils douteux de la nouvelle arrivante.

Ashelia, de par son comportement, était sans aucun doute l'une des personnes les plus détestée par la Cydienne. Au fond, c'était peut-être l'une des raisons pour lesquelles elle était venue à Storghein... Comment Philéa avait-elle pu encore couvrir sa fuite ? C'était impensable, la fuyarde devait être ramenée à Muria pour être jugée ! Sûrement subirait-elle le même sort que Rikke mais qui s'en souciait, ce n'était là que justice.
Plutôt que d'avouer avoir été attirée ici par Ashelia, la Soldate préférait dire qu'elle s'était laissée convaincre par Lana, ce qui n'était pas tout à fait faux. En effet, la jeune femme n'y était pas pour rien dans la décision de Méléane. Elle avait avancé que ce serait l'occasion pour elle de découvrir Storghein – bien qu'elle vive à Muria, ses origines lui interdisaient tout accès à la cité de Kriisten. Il était vrai que la lancière avait toujours voulu s'y rendre au moins une fois dans sa vie, ce Bal était par conséquent l'occasion ou jamais de réaliser ce souhait. Ainsi, la Chargée des Soumis et son assistante demandèrent à faire parte de la délégation Amazone.

Froid. Il faisait froid à Storghein, ce fut la première impression qu'eut la Vice-Capitaine à propos de la ville. C'était supportable, certes, mais quelle différence avec le climat de Muria auquel elle était accoutumée. La Cité des Neiges avait une apparence austère à ses yeux. Ceci couplé à la rigueur du temps était peut-être à l'origine de la vision clichée que certains avaient des Astorgs, les catégorisant comme des barbares nordiques. Enfin, elle avait beau être ici, Méléane doutait fortement qu'on les autorise à se balader en ville, cela ne ferait que créer des problèmes avec les autochtones. Il faudrait donc se contenter de la salle de bal et de la vue offerte par le balcon...

Les heures défilèrent bien vite et voilà qu'en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la soirée pointa le bout de son nez ainsi que les festivités. Pour l'occasion, la Louve avait revêtu une robe empruntée à sa subordonnée, n'en possédant plus depuis longtemps. Elle avait une sensation étrange , habillée de la sorte : elle se sentait trop différente, trop... féminine. Cela lui rappelait ses jeunes années, où son grand plaisir était d'éconduire les garçons, à une époque où bals et danses étaient monnaie courante pour elle. Elle avait changé depuis, la jeune fille toujours prête à valser avec celui qui l'inviterait était morte et enterrée depuis bien longtemps... D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment l'intention de danser ce soir ou du moins, pas avec un homme. Avec cette robe noire trop décolletée à son goût et cette échancrure laissant apparaître sa cuisse, il ne faisait pas de doute qu'elle allait attirer au minimum un prétendant, à son plus grand dégoût. Enfin, elle n'avait que cela sous la main et devrait s'en contenter. Après tout, envoyer paître un mâle en rut était ce qu'elle faisait de mieux.

Lana et elle entrèrent alors dans la salle. Partout des gens dansaient et riaient, les seuls qui n'évoluaient pas en couple au milieu de la salle étaient soit au buffet soit en train de discuter de mondanités et de tout un tas d'autres choses qui avaient peu de chance de l'intéresser. Fidèle à elle-même, Méléane alla tout d'abord se chercher un verre au bar puis les deux femmes parlèrent un moment de tout et deux de rien. Elles se connaissaient depuis longtemps et le mutisme de sa supérieure n'embarrassait plus Lana. Au contraire, elle aussi avait appris à apprécier le silence.
La soirée se déroulait tranquillement, jusqu'à ce que deux jeunes hommes d'un peu plus de la vingtaine – des Elfes, à en juger par leurs oreilles pointues – viennent les interrompre.

« Nous accorderiez-vous une danse ? » demanda-t-il dans un Cydien ponctué d'un fort accent Astorg.

Étant donné cet accent, Méléane devina bien vite qu'il devait vivre ici et non faire partie de la délégation venant de Silmarie. Vu leur physique, ils devaient sans aucun doute plaire aux demoiselles mais croire que la brune allait accepter l'invitation, c'était bien mal la connaître. Lana, sachant fort bien comment les choses allaient se se passer, avait déjà du mal à trahir son amusement.

« Non » répondit-elle sèchement dans leur langue afin qu'ils saisissent le message, « Allez voir ailleurs »

Le premier fit la moue et s'en alla, visiblement déçu de se faire jeter de la sorte. L'autre, par contre, se montra plus insistant. Les hommes avaient cette désagréable habitude de ne jamais comprendre quand il le fallait...

« Allons, il faut profiter du bal ! Deux femmes si charmantes, vous n'allez par rester seules toute la soirée quand même ? »

« Dégage, je te dis. Va te trouver une pucelle et fous-nous la paix »

Le ton était agressif. Elle ne plaisantait pas et cette fois-ci, le garçon eut la jugeote de ne pas insister davantage. Avant qu'il ne puisse prononcer un mot, la lancière fit demi-tour et s'en alla, son assistante sur les talons, laissant un Elfe bouche bée sur place. Elle l'aurait parié, que les choses se seraient déroulées ainsi...

Le temps s'écoula et les deux femmes finirent par se perdre de vue dans la masse de gens présents ce soir-là. Tant pis, pensa la Louve, elle n'avait pas envie de passer la soirée à la chercher, aussi préféra-t-elle s'isoler un moment sur le balcon, tant pour s'aérer un peu que pour échapper quelques instants à l'agitation intérieure. S'asseyant dehors sur un banc de pierre, la Soldate laissa son regard être attiré par la vue offerte sur la ville tout en se massant distraitement la cheville. Elle était trop habituée à porter de grosses bottes en cuir, à la fois pratiques et confortable, les chaussures qu'elle avait mises aujourd'hui pour le bal lui malmenaient les pieds...

« DAG ! »

Ce fut dans une tempête de boucles rousses que la templière fondit sur son aîné enlaçant ce dernier les yeux embués de larmes. Reculant quelque peu pour le contempler, Cersei comprit au regard interloqué de ce dernier qu’il avait eut du mal à la reconnaître à cause de sa nouvelle coloration mais cela la templière s’en moquait pas mal. La jeune femme était peut-être téméraire, dure et renfermée mais le vide que laissait Storghein dans son cœur était bien difficile à combler à Tamawa sans compter que les occasions de croiser son frère étaient rares. Il s’était étoffé nota-t-elle, tout en conservant sa gueule d’ange qui devait toujours autant charmer les dames.

« Est-ce là une de vos connaissances, Sir ? »

La templière tiqua immédiatement sur le « Sir », même si effectivement Dag l’était de par sa naissance, tout comme elle était censée être « Lady » -quoiqu’elle s’était promis d’étrangler à mains nues toutes les personnes qui oseraient l’appeler comme çà-. Cersei recula de deux pas et tourna le plus lentement du monde la tête vers l’origine de la voix son visage ayant repris instantanément la dureté de la pierre. La détentrice de cette remarque intelligente était une ravissante astorg aux yeux d’émeraude vêtue d’une splendide robe de velours assortie à ses yeux dont les manches évasées fendues jusqu’aux coude laissaient voir des bras fins et délicats, blancs comme la plus pure des neiges des montagnes. Elégamment coiffée d’un demi-chignon qui laissait une bonne partie de crinière libre en des boucles parfaites, les bijoux que portait ce que Cersei qualifia immédiatement de dinde ne laissaient pas l’ombre d’un doute quant à son rang et surtout la richesse de sa famille.
La Capitaine aurait aimé répliquer un « Non, je lui saute dans les bras parce que c’est un parfait inconnu conasse » mais le regard que lui lança son frère la prévint de ne pas faire ce genre d’écart. Si elle-même pouvait se permettre d’être la sauvageonne de la famille, son aîné devait se plier à l’étiquette mais si elle savait que cela le courrouçait autant qu’elle. Elle vit que Dag allait prendre la parole, mais il était pour elle hors de question qu’il se justifie de son propre comportement ainsi coupa-t-elle court à toute tentative en déclamant froidement le sempiternel :

« Cersei Fenn, Templière de l’Aube à qui est-je l’honneur ? »

Comprenant que la guerrière n’était pas là pour lui voler sa proie – à savoir son frère- la jeune femme se détendit instantanément osant même un sourire à son égard. Elle se présenta comme Lady Sera Umber et Cersei eu tout le mal du monde à rester impassible. Qu’est-ce que les Umber réputés pour n’avoir besoin de rien ni personne pouvaient bien avoir à faire avec des Fenn qui avaient pour seul trésor une vieille forteresse et leur histoire ? Détestant d’autant plus la nouvelle venue et son beau sourire, Cersei glissa discrètement un « On en parlera tout à l’heure » à son frère avant de prendre congé. En jetant un dernier coup d’œil derrière elle, Cersei vit Lady Sera pendue aux bras de son frère qui était à y réfléchir largement en âge de se marier. Par les Dieux, si cette –trop- charmante jouvencelle rentrait dans la famille la templière allait commettre un meurtre.
Cersei ne s’étant pas changée, autant dire qu’elle faisait son effet mais pas obligatoirement dans le bon sens du terme, jurant avec les belles robes des femmes de la Cour de l’Oblat. Cette dernière n’était pas en reste d’ailleurs, revêtue d’une somptueuse robe dorée mais la Reine rappelait à tous par son maintien, par sa prestance ce qui faisait l’orgueil de Storghein : sa pugnacité. Et immédiatement Cersei comprit pourquoi elle était aussi mal-à-l’aise ici, dans une concentration aussi élevée d’une classe sociale qu’elle s’était toujours promis d’éviter. Immédiatement, elle assimila la présence des templiers et des amazones à une bouffée d’oxygène et s’écarta de l’attroupement qui s’était formée autour de Kriisten, se promettant tout de même de retrouver son frère avant la fin du bal.

Avisant le balcon, Cersei aperçut la jeune Auween lui faire signe et la Capitaine se dit que vu à quel niveau avait chuté son moral l’enthousiasme de la gamine ne lui ferait pas de mal. Parcourant la distance qui la séparait du balcon en quelques enjambées, la bouffée d’air qui l’accueillit fut on ne peut plus bienvenue.

« Ce bal est aussi représentatif du peuple nordique qu’une taverne l’est de ce palais. »

Ah Cersei et ses comparaisons foireuses. En réalité si cette Umber ne lui avait pas pourri le moral en gâchant les retrouvailles avec son frère, Cersei aurait sans doute pu profiter de la soirée en compagnie des Templiers, des Amazones ou même des soldats et des compagnons dont quelques visages ne lui étaient pas inconnus mais la pintade avait éclipsé son optimisme. La Capitaine ne s’aperçut qu’en tournant la tête vers Auween du malaise qui planait sur le balcon pourtant l’Esprit aurait dû le lui crier dès qu’elle avait passé le seuil tant il était évident. Les mauvaises émanaient visiblement de la Cydienne qui avait l’air aussi ravie d’être là qu’un poisson sorti de l’eau et la détresse d’Auween devait provenir de la mauvaise humeur de cette dernière. Si même Auween n’arrivait pas à sortir l’amazone de son mutisme, de l’avis de Cersei il n’y avait qu’un moyen pour le faire.

« Hé l’Amazone, il n’y avait pas assez de tissus à Muria pour te couvrir ? »

Bon après, l’humour vache Astorg çà passe ou çà casse. Mais même si ça cassait, au moins cela aurait le mérite de mettre un peu de piment dans cette soirée !

[Je suis un peu rouillée désolée !]

S'étant peu à peu perdue dans ses pensées, Méléane ne fit pas attention à la jeune fille qui s'accoude à la rambarde non loin, du moins jusqu'à ce qu'elle se mette à la dévisager avec une insistance presque agaçante. Qu'est-ce qu'elle voulait, la gamine ? La jeune fille n'osait rien dire et restait muette, du moins jusqu'à ce qu'elle trouve le courage d'adresser la parole à la Louve.

« Hm. »

Évidemment qu'il faisait chaud à l'intérieur, quelle question ! En même temps, vu la température extérieure, il n'était pas bien difficile de faire paraître l'intérieur du palais chaud. Il s'agissait visiblement d'une tentative pour engager la conversation, sauf que la petite brune n'avait pas l'air d'avoir grand chose à dire. Non pas que ce manque d'idée dérangeait Méléane mais à ses yeux, parmi les gens qui ne savaient pas quoi dire, les plus agréables étaient ceux qui se taisaient.
L'incroyable loquacité de la lancière la mettait mal à l'aise et cela se voyait. C'était une façon comme une autre de faire comprendre qu'elle n'avait pas envie de discuter pour le moment mais l'autre ne le comprit pas, comme elle se remit à parler. Méléane pinça les lèvres, un poil agacée de la voir continuer ; elle ne se préoccupait même pas d'être écoutée ou non ! La Vice-Capitaine était seulement sortie s'aérer un peu et voilà qu'elle devait se coltiner une jeunette en manque de conversation...
C'est dans cette atmosphère où la tension était palpable qu'une nouvelle personne fit son apparition. Une connaissance de la gamine, à en juger l'enthousiasme avec lequel elle lui fit signe. Méléane l'avait à peine regardée mais était déjà soulagée que la petite aille coller quelqu'un d'autre. Au moins, elle aurait la paix ! Elle envisageait de retourner à l'intérieur de toute façon ; elle voulait juste s'aérer un peu et, sans être frileuse, il lui fallait admettre que les nuits astorg n'étaient pas très chaudes, encore moins quand on était vêtue aussi légèrement ! Ce dernier point fut soulevé sans beaucoup de tact par la nouvelle venue, comme le prouva sa remarque acerbe à ce sujet. Néanmoins, cela avait attiré l'attention de la lancière : sans un mot, elle se leva et la dévisagea, la regardant de haut en bas, avant de parler :

« Les gardes ne sont-ils pas juste censés surveiller les invités et fermer leur gueule ? »

Pour qui connaissait la brune, ce genre de réponse n'était guère étonnant de sa part. L'amabilité n'était déjà pas coutumière chez elle mais si on l'agressait de la sorte, elle devenait carrément revêche ! L'auteure de cette remarque, une Astorg à n'en point douter, devait être l'un des gardes affectés à la sécurité du Bal et qui, allergique aux Cydiens, n'avait pas pu s'empêcher d'aller emmerder le monde.

« Mais je vois que tu n'as pas d'arme. Invitée ? Tu n'as pas l'impression de faire tache ici ? » demanda-t-elle, cassante.

Son raisonnement se tenait jusqu'à ce qu'elle s’aperçoive que la demoiselle n'était pas armée, et donc qu'elle n’œuvrait pas à la protection des invités. Ceci dit, elle n'était pas vraiment en tenue de soirée. Pas habillée comme un sac, mais pas sur son trente et un non plus. Dans tout les cas, la Louve avait pris la remarque de l'Astorg comme une attaque personnelle et avait réagi de manière plutôt vive. Si c'était là de l'humour, on ne pouvait pas dire que la Vice-Capitaine était en train de se fendre la poire.
Sans quitter des yeux les deux jeunes femmes, Méléane avala ce qu'il restait dans son verre et le posa sur la rambarde en pierre du balcon. Le vent froid la faisait presque frissonner, il faisait aussi chaud dedans que glacial à l'extérieur, aussi n'envisageait-elle pas s'attarder plus que de raison avec ces deux là, même si elle n'avait pas plus envie que cela de retourner à l'intérieur.

« Sinon, qu'est-ce que vous voulez, vous deux ? »

La blonde n'était sans doute pas venue dans le seule but de lancer des piques à d'illustres inconnues, à moins d'avoir un sérieux problème. Impassible, la Louve attendit une réponse de sa part.

[Désolé, c'est tout moisi mais j'ai aucune inspiration T_T]

[Juste pour préciser, c'est peut-être le ressenti d'Auween mais ce n'est en aucun cas une attaque raciale envers Mél hein oO ! Cersei est templière et comme tous les templiers elle en a rien à faire des races mais en l’occurrence si je sais que Mél a mauvais caractère la perso ne pouvait pas savoir qu'elle était tombée sur l’irascible de Muria =P. 'Fin bref c'était juste pour la taquiner, ya pas de tensions entre peuples ni rien !

Je préférais confirmer ce point avant de reposter, parce que ce serait vraiment contraire à la philosophie de Tamawa =). Après, désolée si ça a donné cette impression ^^'.]