[DA]Après le troisième caillou à gauche, on creuse! [QA Ahina-Lunielle-Ethiann] (fini)

Comme chaque fois qu'ils partaient en expédition Cruchon, la mule de bât de la jeune femme, était surexcité. A peine ses paniers et les sacs sanglés sur son dos, alors qu'il trépignait, il partit d'un bon trot vers les portes de la ville, abandonnant sa maîtresse. Lui courant après, elle le rattrapa alors qu'un des gardes de la ville prenait en main les rênes de l'animal, hilare. D'un grand sourire, il lui demanda dans quelle genre d'expédition elle partait. Lorsqu'elle lui indiqua qu'elle partait vers Tamawa, il parut rassuré.

D'un hochement de tête et avec un sourire, elle récupéra l'animal trop enthousiaste et partit d'un bon pas, retrouvant la liberté des voyages qu'elle avait savouré pendant vingt ans. Cela dit, elle espérait vraiment qu'elle retrouverait Lunielle à Tamawa, et que tout se passerait bien, car l'anxiété chronique de l'Elfe était aussi envahissante qu'hilarante.

Le voyage entre Cydonia et Tamawa se passa bien, il n'y avait rien à signaler. Elle n'avait en réalité pas véritablement choisi la capitale des Templiers de l'Aube pour rien, mais bel et bien parce qu'elle avait reçu une longue lettre de Res qui lui disait qu'à environ quatre jours de marche au sud-ouest de la ville se trouvaient des ruines enfouies sous le sable qui pourraient abriter des antiquités. Il y serait bien allé lui-même, mais il était en route pour Oyashima. Qu'elle l'enviait! Elle aurait adoré aller dans cet Empire inconnu dont elle parlait un peu la langue et qui devait recéler tellement de choses magnifiques et inconnues, pouvoir arpenter des terres nouvelles!

Elle se reprit lorsque Cruchon lui marcha sur le pied alors qu'il était tenu un peu trop court devant un cours d'eau. Elle le relâcha, s'arrêtant elle-même quelques instants en s'étirant. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas voyagé et elle avait un peu mal aux pieds. D'un regard gourmand, elle envisagea de monter sur le dos du mulet. Celui-ci, comme s'il avait entendu ses pensées, commença à s'agiter dangereusement avant de la regarder et de découvrir ses grosses dents jaunes. Avec un soupir, elle s'approcha et tapota l'encolure de l'animal avant de vérifier que les sacs étaient bien arrimés.

Le lendemain, elle atteignit Tamawa, se repaissant de sa beauté brute dans la blancheur du soleil à son zénith. Paresseusement, Cruchon trouva son chemin presque seul vers l'auberge où ils avaient l'habitude d'aller et où elle avait signalé à Lunielle qu'elle pourrait la rejoindre avant qu'elle ne parte pour la Silmarie où elle souhaitait rendre visite à son père. Chaleureusement, elle salua l'aubergiste habituel qui logea Cruchon en lui donnant sa nourriture préférée. Avec un sourire, elle remonta ses affaires dans sa chambre avant d'aller retrouver Attar, un de ses Guides habituels spécialiste de la région.

Alors qu'elle sortait de l'auberge, elle croisa Lunielle, qu'elle aida à s'installer, et elles allèrent le visiter ensemble. C'était un homme d'âge mûr qui ne souriait guère et jetait toujours des regards en coin, comme s'il était toujours effrayé par quelque chose. Son crâne dégarni était caché sous une épaisseur de tissu qui le protégeait du soleil, et sa tenue légère battait dans le vent léger. Ahina était pour sa part équipée pour le voyage, avec des chaussures de marche solides, un pantalon de toile large refermé aux chevilles et une tunique lâche de couleur claire à manches longues, le tout complété par un chapeau à larges bords. Amicalement, elle le salua avant de lui exposer à nouveau la raison de sa venue. Ils s'étaient mis d'accord par lettre au préalable, et tout aurait dû se dérouler sans accroc. Pourtant, de sa voix presque trop aiguë, Attar prit la parole en avalant la moitié de ses mots:

"Ah non, non! C'est pas possible ça, non! Il y a des bandits qui s'sont installés dans ces fichues ruines, m'zelle! Non, non, si vous voulez, j'vous donne une carte, j'vous où qu'vous d'vez aller, mais vous vous débrouillez!

- Mais enfin, Attar, nous nous étions mis d'accord, je vous ai même déjà payé la moitié du voyage! Nous engagerons des gardes, peu importe, nous trouverons une solution! Enfin, Attar, ce n'est pas la première fois que nous partons en expédition ensemble, vous n'allez pas nous laisser errer quatre jours dans les Plaines Arides avec juste une carte!

- Désolé, m'zelle, désolé, mais s'pas possible! Tenez v'là la carte, vous partez par là, là, et bon voyage, hein!"

Visiblement surprise, Ahina récupéra la carte et la bourse qu'elle lui avait fait envoyer, suivant distraitement du regard le doigt pointé vers le sud-ouest. *Je m'étais douté que nous partions par là!* Puis, se remettant rapidement de cette première impression, elle le vit partir à grands pas pressés. Impuissante, elle ne put qu'essayer de se faire entendre, la puissance de sa voix s'amplifiant à mesure que le Guide s'éloignait, se brisant sur la fin dans sa colère:

"Vous êtes un Guide, bon sang de bonsoir! Vous ne pouvez pas laisser les gens comme ça sans direction dans les Plaines Arides... EN LEUR DISANT JUSTE QUE LE SUD-OUEST EST AU SUD-OUEST ET QU'ILS VONT TOMBER SUR DES BANDITS, MAIS BONNE CHANCE QUAND MÊME!!"

Elle trépignait, énervée, sous l'oeil surpris de Lunielle, marmonnant des insultes dans toutes les langues connues en tournant en rond, tentant de démêler la situation, et se demandant comment elles allaient bien s'en sortir. Elles n'allaient quand même pas repartir à Cydonia sans avoir ne serait-ce que visité l'endroit!

[hrp]Si quelque chose ne va pas, MP-moi.[/hrp]

Lunielle se réveilla lentement mais surement en ce matin ou l’humidité avait fait place à une douce chaleur. Elle se demandait bien qu’elle heure il pouvait être. Elle avait profité de son père un bon moment, cherchant sans cesse à lui demander de nouvelles choses sur la façon dont il l’avait trouvé. Elle avait espéré trouver quelques réponse, mais en réalité, elle allait repartir totalement bredouille avec seulement du vide à l’intérieur de la tête. Elle se leva alors, se lava et descendit dans la cuisine ou elle sentait le léger fumé d’un chocolat chaud très fort. Elyenna habitait ici ça se sentait et elle adorait ça. Elle arriva en trombe dans la cuisine et s’assit sur sa chaise.

« Bonjour vous deux. »

Elle était réellement de bonne humeur ce jour ci, elle devait rejoindre Ahina à Tamawa pour le début de leur aventure et elle était en réalité pressée de partir.

« Alors ma chérie prête pour ton grand voyage ? »

« Bien sur papa, je me suis préparé dés qu’on a pensé à faire ce voyage. J’ai forgé l’épée qui me servira à me battre en cas de besoin et j’ai affiné ma manipulation du feu. Je t’avouerais que l’autre pouvoir laisse encore à désiré, mais bon j’y arriverais bien un jour. »

Elle avait dit cela d’un ton léger, mais elle se demandait si un jour elle arriverait à maitriser correctement ce pouvoir. Elle finit rapidement son petit déjeuner cependant et remonta dans sa chambre pour récupéré les affaires qu’elle allait emmener. Elle n’emmènerait pas énormément de chose. Elle fixa sur son dos l’épée qu’elle maniait avec assez d’habilité pour combattre, et dans une sacoche, elle avait mis quelques affaires de rechanges et des vivres. Elle n’avait pas besoin de grand-chose en réalité. Elle regarda rapidement l’heure et remarqua qu’elle était un peu en retard. Elle ne voulait pas faire attendre Ahina aussi se dépêchât-elle de descendre les escaliers. Elle embrassa ses parents et sortit en trombe de la maison en lâchant un à la prochaine fois.

Elle commença alors son voyage jusque Tamawa. Elle alternait entre marche tranquille et couse. Heureusement que sa condition d’elfe faisait qu’elle pouvait courir durant des heures sans être trop essoufflé ni fatiguer. Elle s’arrêta un instant près d’un cours d’eau, le soir tombait rapidement par ici et il ne lui restait pas longtemps pour attendre Tamawa, mais elle préférait s’arrêter histoire de ne pas être fatiguer lorsqu’elle rejoindrait Ahina le lendemain. De toute façon elle ne s’était donner rendez-vous que le lendemain, rien ne servait de se pressé.

Le lendemain arriva à une vitesse hallucinante. Elle se leva, se débarbouilla au ruisseau et repris le chemin qui la séparait de Tamawa. Elle arriva dans la matinée et se dirigea vers l’auberge qu’Ahina lui avait conseillée. Alors qu’elle allait rentrer dans celle-ci, elle vit qu’Ahina en sortait. Bonjour la coïncidence. Elle sourit de cet état de fait. Ces derniers temps elle souriait bien plus facilement qu’il n’y paraissait, mais elle n’avait pas encore assouplis ses trait de visage. Ahina l’aida à s’installer et elles partirent ensemble à l’assaut de la ville qui se dressait devant elle pour rencontrer leur fameux guide. Il ne leur fallut pas longtemps pour le trouver, cependant ce qui se passa par la suite ne fut guère rassurant.

Elle assista au débat entre le guide et Ahina en silence. Des bandits hein. Pour qu’il en est si peur, il fallait que ces bandits soit assez violent tout de même. Elle se demandait bien ce qu’ils avaient pu faire pour effrayer un guide chevronné ainsi. Au moins elles avaient une boussole et une carte, elle ne partait pas les mains vide, cependant cela n’était pas du goût d’Ahina et elle la vit trépigné et lancer des insultes dans le vent. Lunielle haussa les sourcils, c’était bien la première fois qu’elle la vouait ainsi. On aurait dit un animal sauvage. Par contre, sans guide cela se compliquait, cependant elle ne voulait surement pas repartir pour Cydonia alors qu’elles étaient arrivées jusqu’ici. Elle s’approcha alors d’Ahina et lui plaça une main sur l’épaule. Même si elle était plus petite que l’antiquaire, elle avait largement plus de force et elle sentit Ahina se calmer un peu. Pas beaucoup mais c’était déjà ça. De plus Lunielle avait eu une idée, qui savait, peut être que cela fonctionnerait.

« Ecoute tant pis pour le guide, cependant dans cette ville, il existe nombre de templier, peut être que l’un d’eux serait assez aimable pour nous escorter. Après tout il connaisse la région aussi bien qu’un guide et en plus ils savent se battre ce pourrait être un avantage non négligent non ? »

Elle se tourna vers la jeune fille, celle-ci avait finit de tempêter dans le vide c’était déjà bien. Elle se tourna alors vers la ville et l’observa il devait bien y avoir au moins une personne ici qui voudrait bien les aider.

« Aller vient on va explorer la ville ! »

Ce n’était surement pas une question. Elle prit gentiment le bras d’Ahina et commença à l’entrainer dans les dédales de la ville.

Invité

Le temps arrivait. Je me préparais à partir pour Cydonia, revoir une personne que j’aurai du aller voir depuis longtemps, ma mère. Je n’en avais pas envie, pas envie d’affronter son regard après tout ce qu’elle m’avait fait, je crois même que je voulais faire tout autre chose que de me rendre là bas, malgré le fait que je doive y aller. J’errai dans les rues de Tamawa, en direction de la porte avec pour seul compagnon le manche de mon arme runique. Comme à mon habitude j’avançais sans faire attention à ce qui m’entourait, évitant le regard des autres comme à mon habitude. Malgré tout je ne pouvais passer à côté de ce que j’entendais, la voix qui s’élevait non loin était difficile à ignorer, tout comme les sentiments qui en émanaient : Colère, frustration et une pointe d’amertume. J’approchais doucement et regardait la scène, deux femmes, la première était elfe et je pouvais voir son étonnement quant à la réaction de la demoiselle à côté d’elle, une cydienne qui devait avoir mon âge, ou pas loin. La jeune femme hurlait son mécontentement sur un homme, a priori un guide, d’après ce que j’avais cru comprendre. Ils semblaient en désaccord quant à leur itinéraire, ils parlaient de sud-ouest et de bandits. Bandits ? Ce mot tinta à mes oreilles et je sentais que mon escapade à Cydonia allait devoir être reportée. Je ne comprenais pas tout mais les deux femmes cherchaient à se rendre quelque part dans le sud, que l’homme, visiblement le guide, refusait d’y aller à cause de bandits et qu’au final il les plantait ici, leur laissant la carte que je pouvais apercevoir dans les mains de la cydienne.
Pour qu’un guide refuse d’aller à un endroit particulier, les bandits en question devaient être… Dangereux. Très dangereux, peut être même trop ? Mon instinct m’interdisait de faire comme si de rien n’était, les bandits causaient souvent des problèmes et il me semblait être une bonne occasion de m’enquérir de tout ça en proposant mon aide aux deux inconnues.

Cependant je me demandais comment aborder le sujet, après tout je n’étais normalement pas du genre à écouter ainsi une conversation. En même temps il m’aurait été dur de ne pas percevoir les émotions de la cydienne qui grommelait quelque chose, probablement maudissait elle le pleutre qui était censé lui servir de guide. J’aperçu l’elfe poser sa main sur l’épaule de son amie et lui dire quelque chose que je n’entendis cependant pas, mais toutes deux se mirent en route et je constatais même que les émotions qui émanaient de la cydienne étaient moins… Piquantes. Elles semblaient toutes deux décidées à poursuivre leur route, avec ou sans guide mais cette histoire de bandit m’avait intrigué et je ne pus m’empêcher d’aller à leur rencontre, interpellant la cydienne par télépathie :

** Excusez-moi ! **

J’avais pu les rattraper, marchant plus vite qu’elles avant de finalement m’exprimer en cydien, d’un ton qui se voulait agréable.

« - Excusez moi, je n’ai pas pu passer à côté de votre conversation un peu plus tôt, j’ai cru comprendre que vous alliez vers un danger certain avec tout ces bandits qui trainent dans la région alors je me demandais si, ma foi, vous accepteriez mon aide. Je ne suis certes pas un guide mais je connais un peu la région… »

Je m’arrêtais soudainement, m’insultant moi-même intérieurement pour avoir oublié toutes mes manières. Quel genre de guignol je pouvais être pour arriver comme une fleur et dire ça, alors que je ne m’étais même pas présenté ? Je me ravisais soudainement, après quelques secondes de silence pour finalement reprendre sur ce même ton :

« - Veuillez m’excuser, j’en oublie les bonnes manières, je me nomme Ethiann Tylmar. »

Pour les mêmes raisons qu’a l’accoutumée, je n’arrivais pas à prononcer cette appartenance au crépuscule qui me valait souvent le rejet assorti ou non d’insultes. Peut être trouveraient-elles ça bizarre de ma part, de toute manière j’aurais du mal à nier le fait que je maitrise l’esprit, après avoir interpellé la cydienne avec ma télépathie. Je tenais toujours fermement le manche de mon bâton, peut être un peu frénétiquement, j’étais un peu stressé et je n’arrivais pas à m’expliquer pourquoi. Après tout je ne faisais rien de mal en proposant mon aide, j’avais toujours été plus ou moins comme ça, en y repensant. Je ne savais pas ce qu’elles comptaient faire pour le moment, mais je crois que, malgré mon entrée plutôt inattendue, j’allais pouvoir leur apporter mon aide si elles me le permettaient.

Lorsque Lunielle lui posa la main sur l'épaule, Ahina se calma un peu, mais elle continuait à grommeler intérieurement. Elle savait pourtant qu'Attar n'était pas le Guide le plus fiable qui existait, mais Res faisait souvent appel à lui, et elle pensait que tout se passerait bien. Elle se laissa littéralement traîner jusqu'à la ville -elle n'avait décidément pas la possibilité de lutter contre la forgeronne- quand un appel lui fit tourner la tête:

** Excusez-moi ! **

Freinant des quatre fers (enfin deux), elle réussit par miracle à arrêter la jeune Elfe avant de promener son regard autour d'elle. Lunielle n'avait pas tourné la tête, donc elle supposa qu'elle avait été contactée par télépathie plutôt que verbalement. Et effectivement, peu de temps après, elle vit arriver un homme à peine plus grand qu'elle, visiblement Cydien, qui leur parla poliment.
Lorsqu'il dit qu'il n'avait pu manquer d'entendre leur conversation, Ahina releva le menton, les joues un peu rouges. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de s'énerver aussi vite ou de façon aussi virulente, et elle avait consciente d'avoir crié assez fort. Mais bon, c'était abuser que d'accepter le prix d'un voyage et de refuser ensuite d'emmener qui que ce soit. Après tout, n'avait-il aucune fierté en tant que Guide? Jamais son père n'aurait abandonné un client aussi lâchement!

Elle se rendit alors compte qu'elle n'avait pas vraiment écouté ce qu'il lui avait dit, enregistrant avec retard qu'il leur proposait de les accompagner parce qu'il connaissait la région. Il se présenta alors, ce à quoi Ahina ne put que répondre aussi gracieusement qu'on le lui avait appris, avant de répondre de sa chaude voix éraillée, le regardant curieusement de ses grands yeux aigue-marine:

"Je me nomme Ahina...Aïrise. Et voici Lunielle. Enchantée de vous rencontrer. Je dois avouer que nous avons été abandonnées par notre Guide, malgré le fait que j'ai déjà travaillé avec lui, et mon Maître avant moi... Il a toujours été lâche, mais je ne pensais pas que c'était à ce point! Enfin bref, tout cela pour dire que nous cherchions justement quelqu'un, mercenaire, porteur de paix ou simple guerrier, pour nous escorter. On a beau dire, mais l'archéologie n'attend pas..."

Elle termina sa petite tirade avec un grand sourire et un petit haussement d'épaules ironique alors que le vent se renforçait à l'extérieur, faisant voleter ses boucles brunes indisciplinées autour de son visage. Après un regard vers Lunielle, elle reprit:

"Nous pourrions peut-être continuer cette discussion à l'auberge où nous nous sommes installées, autour d'un bon thé?"

Lunielle s’efforçait d’emmener Ahina pour la clamer lorsqu’un murmure se fit dans sa tête. Elle se demandait bien d’où cela venait puis Ahina tourna la tête dans tous les sens. Elle haussa les sourcils et consentit à s’arrêter elle aussi. Visiblement quelqu’un l’avait interpelé et pas de la manière habituel. Ici il y avait peut être des personnes avec la même faculté qu’elle, cependant ils avaient l’air de mieux la maitriser. Elle se retourna alors elle aussi et vit un jeune homme. Plutôt grand, d’un autre côté, comparé à elle tout le monde paraissait grand. Il était aussi fin et bien sculpté. Son regard intercepta le bâton qu’il tenait dans une de ses mains. Une arme runique. Elle faillit lâcher quelque chose, mais s’abstient de tout commentaire, après tout elle ne le connaissait pas vraiment.

Il s’approcha d’elle tranquillement et commença par dire qu’il n’avait pu s’empêcher d’entendre Ahina. D’un autre côté avec le raffut qu’elle avait fait, qui ne l’aurait pas entendu. Elle tourna la tête vers la jeune fille et remarqua qu’elle avait légèrement rougit. Elle s’avança un peu et écouta tant bien que mal les paroles du jeune homme. Son mal de tête avait commencé en entrant dans cette ville et lorsqu’il s’était approché, il n’avait fait que croitre. Elle serra les dents et ne dit rien, mais c’était réellement une torture. Comment allait-elle pouvoir faire le voyage avec lui s’il déclenchait pareil mot de tête, mais elle était décidé à le faire ce voyage aussi se concentra t’elle sur ce que disait le jeune homme, puis sur la réplique d’Ahina. Ainsi, il était prêt à les aider. Moui, pourquoi pas.

Le vent commença alors à se leva, passant cours l’inspection qu’elle était entrain de faire du jeune homme. Elle sentit le regard d’Ahina et hocha subrepticement la tête. Elle avait laissé Ahina parler, non pas qu’elle avait peur, loin de là. Elle n’avait surtout pas envie qu’il la pense froide et totalement en désaccord avec la jeune fille, cependant si elle ne parlait pas ce serait bien pire. Aussi se décida-t-elle de répliquer.

« Une tasse de thé serait la bienvenue effectivement en espérant que tu ai emmené ce thé que tu m’as fait goûter la première fois. Sinon, j’ai aussi emmené quelques réserves ramenées de chez mon père. »

Ce thé avait l’étrange faculté de calmer ses mots de tête, dommage elle ne l’avait pas emmené avec elle. Elle espérant cependant qu’Ahina y avait pensé parce que sinon le voyage risquait d’être long et pénible. Elle s’avança alors sur le chemin, ne laissant pas vraiment le choix au jeune homme. Bientôt le vent forcirait encore, elle le sentait et se retrouver dehors n’était pas vraiment une bonne idée. Une fois dans l’auberge tout serait bien plus facile, de plus il n’était vraiment pas loin donc autant y aller sans attendre. Elle prit donc le chemin, conduisant tranquillement les autres vers la chambre de l’auberge.

Invité

Ma foi, les deux femmes étaient pour le moins sympathique, enfin c’était ma première impression. Moi qui pensais me faire rembarrer comme un vaurien, après tout j’avais beau avoir des manières, épier les gens et écouter une conversation, même malgré moi, était quelque chose que je n’aimais pas. La cydienne en rougit légèrement, visiblement embarrassée à présent du tapage qu’elle avait causé dans son élan de colère un peu plus tôt. J’en apprenais d’ailleurs plus sur ces fameuses voyageuses qui, il me semble du moins, je n’avais encore jamais croisé a Tamawa.

La cydienne répondait donc au nom d’Ahina et l’elfe au nom de Lunielle. Très vite je remarquais que Lunielle jetais plusieurs coups d’yeux plus ou moins furtifs sur mon bâton, peut être soupçonnais elle sa véritable nature. Si c’est le cas c’était fort dommage, moi qui prenais toujours le plus grand soin pour masquer la pierre runique de mon bâton en plaçant la main à sa hauteur, je venais peut être de me faire complètement découvrir par une inconnue. Pendant ce temps Ahina m’expliquait que le guide, celui qui les avait plus ou moins lâchement abandonnées ici était quelqu’un avec qui elle avait déjà travaillé avec elle et son maître encore avant. Maître ? Quel genre de métier pouvait-elle exercer ? J’osais espérer qu’elle n’était pas zélote. Enfin non, c’était même assez inconcevable, les zélotes étaient formés au combat et de simples bandits n’allaient surement pas les inquiéter. Je penchais plutôt sur un métier comme élémentaire ou érudit.

Quant à Lunielle, dur de le dire, mais pour porter autant d’attention sur un simple bâton, peut être était elle maître d’armes, forgeronne ou juste une fascinée… Enfin bref, je comprenais que j’avais bien fait de me proposer quand Ahina aborda le sujet du « mercenaire, porteur de paix ou simple guerrier ». C’était bien quelqu’un pour les escorter qu’il leur fallait et tout ça tombait à pic pour moi. De plus ce qu’elle me disait confirmait ma première impression sur elle, la cydienne était visiblement une érudit et/ou une archéologue.

« - Et bien je ne suis ni mercenaire, ni un simple guerrier mais porter la paix face à des bandits est ma foi bien difficile, je le crains. »

Le petit vent qui se levait n’annonçait généralement pas grand-chose de bon, il faisait déjà frais en cette saison le temps allait peut être se gâter. Je profitais de cette excuse qu’il m’offrait pour rabattre mon manteau en prenant soin de dissimuler un peu plus ce bâton qui semblait avoir attiré l’œil avisé de Lunielle. J’avais pris l’habitude de faire ce genre de machination pour masquer mon arme que je voulais conserver la plus secrète possible. De toute manière, je ne pense pas que le fait de connaitre mon arme leur apporterait la moindre satisfaction, d’autant qu’il ne s’agissait que d’un instrument, au final. Soit, je pensais également que discuter plus en détail de leur expédition n’était pas mal, de plus je me demandais depuis combien de temps je n’avais pas savouré de thé. Je remarquais cependant un caractère différent chez Lunielle, qui semblait bien au premier abord plus âgée qu’Ahina mais aussi plus réservée que la cydienne. D’autre part je devais avouer que je ne connaissais ni l’une ni l’autre, aussi me sentais-je un peu idiot de vouloir les juger si vite.
Je m’empressais alors de répondre avec calme :

« - Soit, si je dois assurer votre sécurité il me semble logique d’avoir un peu plus de détails quand à ce que vous comptez ou devez faire. Allons donc discuter au calme de tout cela. »

J’avais d’ailleurs pu noter juste avant de parler que Lunielle avait prononcé quelques mots, finalement je devais me tromper à son sujet, peut être était elle quelqu’un de vraiment sympathique, un peu méfiante peut être ?
Je crois que c’est un point sur lequel je ne pouvais lui en vouloir…

Le petit groupe suivit donc Lunielle vers l'auberge alors qu'Ahina se demandait qui pouvait bien être cet Ethiann Tylmar. Il n'était pas mercenaire, ni guerrier, et malgré le fait qu'elles l'ait trouvé à Tamawa, il n'avait pas relevé la référence aux Templiers. Une étrange énigme qui l'amusait car elle faisait bouillir son cerveau. De plus, Tylmar était un nom qu'elle avait déjà entendu dans la bouche de sa mère quand l'enfant qu'elle était passait quelques semaines d'affilées à Cydonia...

Mais peu de casse-têtes résistaient à Ahina, et lorsqu'elle avait décidé d'être curieuse, rien ne l'arrêtait. Cela dit, ils aurait une à deux semaines d'expédition pour essayer de tous se connaître un peu plus. Après tout, elle-même n'avait rien à cacher. A ces mots, elle ne pu s'empêcher de porter la main au petit disque d'obsidienne qui pendait à son cou. Peut-être qu'il lui porterait chance maintenant qu'elle repartait en expédition.

Alors qu'ils arrivaient à l'auberge, elle fit s'asseoir ses deux compagnons du moment avant d'aller voir le tenancier. C'était un homme très amical et assez âgé qu'elle connaissait depuis longtemps, et cela se voyait. Rapidement, elle lui demanda comment se portait Cruchon, et demanda qu'on serve à sa table des pichets d'eau bouillante et des tasses, ainsi que quelques douceurs locales. Elle remonta ensuite dans la petite chambre qu'elle partageait avec Lunielle pour fouiller dans un des sacs de bât. Après avoir sorti ses rations de voyage, une lampe et un flasque d'huile, un briquet, une couverture en laine, et divers autres accessoires, elle finit par tomber sur la petite boîte miraculeuse contenant le thé favori de la forgeronne. Elle espérait vraiment que ses maux de tête se calmeraient... Il faudrait un jour qu'elle retourne dans les Montagnes remercier cet ermite... s'il était encore vivant.

Elle redescendit alors prestement pour voir que l'aubergiste avait apporté ce qu'elle avait commandé sur une desserte. Cet homme avait vraiment l'habitude, il leur avait laissé la table pour étaler la carte qu'elle avait négligemment lancée sur sa chaise en arrivant. Elle s'approcha donc de la petite table roulante et y prépara le thé, un peu moins fort pour leur invité, et selon ses goûts pour Lunielle et elle. Elle s'apprêtait à servir, les tasses à la main, lorsqu'elle se figea à quelques centimètres de la table. Bien sûr! Elle avait enfin resitué cette famille Cydienne. Triste histoire... D'ailleurs, il lui semblait avoir déjà vu le père sortir de chez sa mère un soir très tard... Peut-être.

D'un haussement d'épaules qui faillit renverser le thé, elle chassa cette pensée avant de poser les tasses fumantes au lourds relents d'épices, avant de prendre la carte et de l'étaler sur la table face au jeune homme, puis de finalement s'asseoir. Puis, de sa longue main fine, elle commença à désigner plusieurs endroits bien spécifiques:

"Ici, vous avez Tamawa. C'est une très bonne carte, mais elle ne vaudra pas un Guide, les Plaines Arides sont traîtres et changent beaucoup. Cela dit, nous nous rendons ici, à environ quatre jours de marche vers le sud-sud-ouest. S'y trouvent des ruines qui devraient contenir des petits bijoux de l'histoire, en tout cas selon mon Maître... Il nous aurait bien accompagnées, Lunielle, mais il est parti pour les territoires Jinmen. Comme vous avez pu le deviner, Messire Tylmar, je suis archéologue de profession, même si ma boutique d'antiquités m'occupe une grande partie du temps à Cydonia. Et cette expédition est une façon de retourner à mes amours premières... Normalement... Attar, le Guide, nous a signalé des bandits dans cette zone..." Du doigt, elle désigna la zone entourant lesdites ruines. "C'est bien notre veine. Mais je ne pense pas que ce soit une trop grosse bande, sinon les Templiers en auraient entendu parler, n'est-ce pas?"

Comme toujours lorsqu'elle parlait de son métier, elle s'était un peu emballée, mais elle espérait qu'elle ne les avait pas noyés sous les détails. Et également que le jeune homme accepterait de les aider même après avoir eu plus d'informations...

Lunielle poursuivit son chemin jusqu’à l’auberge et lorsqu’elle arriva là bas, Ahina s’occupa du reste. Elle resta un instant seule avec le jeune homme, Ethiann si elle avait bien tout compris et se dit qu’il était bizarre qu’elle ai mal à la tête lorsqu’il était non loin. Lorsqu’elle avait prit la tête du convoi jusqu'à l’auberge, elle s’était un peu éloigné et avait remarqué que son mal de tête diminuait lorsqu’elle n’était pas près de lui. A quoi cela était du, elle se le demandait bien. Elle avait déjà remarqué que ses pouvoirs semblaient nettement améliorer lorsqu’elle se tenait près d’Ahina et même si elle pensait savoir pourquoi, elle n’en avait rien dit. Elle n’avait pas de mauvaises intentions de toute façon.

Elle sortit de ses pensées lorsqu’elle sentit la bonne odeur du thé. Elle prit alors sa tasse et alla s’assoir, cependant la présence d’Ethiann lui donnait vraiment trop mal à la tête. Elle écouta patiemment ce qui disait Ahina. Elle parla de son maître, de son métier et de ce qui les avait amener ici. Elle montra aussi sur la carte tout ce dont elle parlait. Lunielle repéra le coin qu’elle montrait du doigt. Humm… les bandits. Elle avait du se battre une ou deux fois, mais rien de méchant, elle espérait qu’elle pourrait combattre correctement ces bandits s’il voulait aller au bout, elle n’avait pas le choix. Heureusement pour elle, Ethiann était prêt à les accompagné. Cependant quelque chose lui trottait dans la tête. Pourquoi leur faisaient-elles confiance. Il ne le connaissait même pas et puis ce mal de tête insistant, elle se leva de la table finalement et croisa le regard du jeune homme. Ses yeux avait repris leur teinte gris glacial, ce n’était pas par méchanceté, mais ce mal de tête et son arme qu’elle avait remarqué tout à l’heure la poussa à lui demander.

« Qui êtes vous en réalité ? »

Ni animosité, ni méchanceté n’émanait de sa voix, cependant elle avait envie d’avoir des réponses.

« Depuis que vous êtes arrivé l’un de mes dons s’affolent et j’ai un mal de tête pas possible. J’ai aussi remarqué votre arme. Peut de gens savent se servir d’une tel arme, d’ailleurs peu son forger ces derniers temps. Il faut avoir une parfaite maitrise des techniques de combat pour en être digne. Je suis forgeronne, je sais de quoi je parle et pourquoi mon esprit réagit-il beaucoup plus lorsque vous êtes juste à côté de moi. »

Elle le regarda espérant des réponses, elle n’avait pas parlé fort, ne voulant pas ameuter toute l’auberge, de toute façon il y avait assez de bruit pour couvrir le son de sa voix, cependant elle était certaine qu’il devait avoir une bonne raison de les accompagné.

« Pourquoi vous proposer de nous accompagné alors que vous ne nous connaissez même pas ? S’il vous plait, j’aimerais bien avoir une réponse. »

Elle ne cessait de le fixer, elle voulait connaitre la vérité, il n’avait pas l’air méchant et d’après son comportement, elle était presque certaine qu’elles pouvaient lui faire confiance, mais elle voulait réellement savoir pourquoi son don se comportait ainsi. Elle ne savait pas très bien maitrise la télépathie, elle avait tenté d’apprendre, mais elle ne maitrisait toujours pas grand-chose et le reste n’en parlons pas. Elle voulait aussi savoir ce qui poussait un parfait étranger à aider quelqu’un. Tout le monde ne l’aurait pas fait alors pourquoi s’était-il proposer.

Invité

Nous arrivions à l’auberge en question, la dénommée Lunielle avait pris la tête pour nous y conduire, j’avais l’impression qu’un détail la troublait mais je ne savais dire quoi, peut être nous en ferait-elle part au moment opportun. Je me contentais de suivre sans le moindre mot tandis que nous pénétrions tous les trois dans le bâtiment, nous posant à la table. Je remarquais très bien le fait que Lunielle semblait assez mal à l’aise lorsqu’elle était près de moi, étrangement son comportement laissait penser qu’elle avait mal ou qu’elle se retenait de dire quelque chose. Ahina pris la parole rapidement, en étalant la carte sur la table après que le thé soit prêt. Je l’écoutais avec la plus grande attention.

« - Ici, vous avez Tamawa. C'est une très bonne carte, mais elle ne vaudra pas un Guide, les Plaines Arides sont traîtres et changent beaucoup. Cela dit, nous nous rendons ici, à environ quatre jours de marche vers le sud-sud-ouest. S'y trouvent des ruines qui devraient contenir des petits bijoux de l'histoire, en tout cas selon mon Maître... Il nous aurait bien accompagnées, Lunielle, mais il est parti pour les territoires Jinmen. Comme vous avez pu le deviner, Messire Tylmar, je suis archéologue de profession, même si ma boutique d'antiquités m'occupe une grande partie du temps à Cydonia. Et cette expédition est une façon de retourner à mes amours premières... Normalement... Attar, le Guide, nous a signalé des bandits dans cette zone... C'est bien notre veine. Mais je ne pense pas que ce soit une trop grosse bande, sinon les Templiers en auraient entendu parler, n'est-ce pas ? »

En regardant avec attention la carte, je comprenais enfin pourquoi le guide en question ne voulait pas vraiment s’aventurer dans ce coin des plaines. Compter quatre jours de marche plus la probabilité de tomber sur des bandits était assez… Déplaisant et il me semblait avoir entendu parler de ce coin à l’époque ou j’étais encore au temple. Je posais ma tête sur ma main, l’air songeur tout en regardant la carte. J’allais m’apprêter à répondre a Ahina lorsque Lunielle se leva assez brusquement et, en me fixant commençait alors ç me poser des questions, celles que j’imaginais bien entendre depuis le moment ou je les avais abordées.

«- Qui êtes vous en réalité ? Depuis que vous êtes arrivé l’un de mes dons s’affole et j’ai un mal de tête pas possible. J’ai aussi remarqué votre arme. Peu de gens savent se servir d’une telle arme, d’ailleurs peu sont forgées ces derniers temps. Il faut avoir une parfaite maitrise des techniques de combat pour en être digne. Je suis forgeronne, je sais de quoi je parle et pourquoi mon esprit réagit-il beaucoup plus lorsque vous êtes juste à côté de moi. Pourquoi vous proposer de nous accompagner alors que vous ne nous connaissez même pas ? S’il vous plait, j’aimerais bien avoir une réponse. »

Son ton n’avais rien de méchant, d’agressif ni même d’irritant, elle semblait juste curieuse. En l’écoutant je comprenais alors pourquoi elle semblait tracassée, elle parlait de l’Esprit et je comprenais en la regardant qu’elle n’y avait pas véritablement été formée. Je ne connaissais pas les conséquences que pouvait avoir sa capacité lorsqu’elle était prête de moi ou même trop près d’un grand nombre de personnes mais d’après ce qu’elle me disait, c’était l’origine de sa migraine. Etrange, je ne me souviens pas avoir entendu ça, ou peut être n’avais-je pas été extrêmement attentif. Je lui adressais un sourire sincère qui se voulait tout aussi rassurant avant de répondre calmement.

« - Je comprends que vous soyez curieuse à mon sujet, je vais donc vous ôter ce doute qui subsiste. Je suis une personne qui voyage beaucoup et comme vous l’avez surement remarqué, je sais utiliser l’esprit, c’est peut être pour cela que votre don s’affole de la sorte, bien que je ne me souvienne pas des possibles répercussions que peut avoir un Esprit entrainé face à une capacité laissé libre. Vous comprenez donc sans doute que je suis un Templier. Pour la raison qui me pousse à vous accompagner, je dirais simplement que j’aime aider les autres. De plus je connais un peu les environs que votre amie viens de me montrer, c’est un coin dangereux, n’importe qui ici pourra vous le dire.»

C’est alors doucement que je posais sur la table le manche de ma rapière, d’abord accrochée à ma ceinture et qui n’était pas non plus passée inaperçue lorsque je leur avais parlé.

« - Quant à mon arme, libre à vous de l’examiner autant que vous le voulez, faites à votre guise. »

Le silence se posait un instant, juste le temps de faire comprendre à mes deux interlocutrice que je n’étais en rien dangereux, j’en profitais pour siroter un peu du thé encore chaud avant de finalement répondre à Ahina.

« - Les templiers sont au courant de la présence des bandits là bas, malheureusement ils sont assez difficiles à trouver et connaissent bien les environs. Je me souviens avoir entendu parler de la possible existence d’un camp ici et là, mais ce ne sont que des rumeurs rien de concret et comme vous pouvez le constater, c’est plus ou moins autour du lieu que vous me décriviez… »

J’avais pris le soin de pointer deux endroits non loin du lieu de destination, il est vrai que les rumeurs sur cette zone étaient assez mauvaises, mais en même temps peu de gens passaient dans ce coin précis. Concrètement je pouvais estimer nos chances de tomber sur ces fameux bandits à environ 80%. Je me demandais si les dieux allaient nous être favorables, pour une fois. Voyant que mes quelques informations semblaient troubler les deux femmes, je rajoutais toujours aussi calmement et d’un ton cette fois ci un peu moqueur.

« - Enfin, il me semble aussi avoir entendu qu’ils n’étaient qu’un petit groupuscule, rien de bien méchant, ils sont probablement plus bêtes que méchants. Je pense d’ailleurs que la réputation de cette zone a été quelque peu exagérée à cause du climat qui n’est pas franchement agréable. Néanmoins il ne faut pas les sous estimer. »

Mon ton s’était un peu durci sur la fin, appuyant sur le fait que malgré tout ça, l’endroit était tout de même dangereux. Il n’y avait pas que des bandits mais aussi des bestioles plus ou moins vicieuses qui traînaient dans les plaines après tout. Je regardais alternativement les deux femmes avant de conclure avec mon éternelle intonation de voix douce et sympathique qui se couplait avec les quelques bribes de sérénité que je laissais transparaître de mon Esprit.

« - Qu’en dites-vous ? »

Lunielle regarda l’arme posé sur la table. Elle s’approcha doucement et la prit délicatement entre ses mains. Elle fit tourner encore et encore l’arme dans ses mains. De très très bonne facture, cette arme avait été forgée avec amour. On pouvait remarquer la finesse et la force du forgeron qui l’avait tenu dans ses mains et lui avait donné forme. Le visage de Lunielle s’éclaira au fur et mesure qu’elle regardait l’arme. C’était la plus belle qu’elle ai vu depuis un certains temps, elle-même en créer, mais jamais elle ne s’était essayer à créer une tel merveille. Elle se demandait si elle avait quelque chose d’exceptionnel, mais en réalité elle ne chercha pas. Elle ne voulait pas chercher. Elle reposa aussi doucement que possible l’arme, comme si celle-ci était un fabuleux trésor, puis elle se tourna vers le jeune homme, elle avait quelque chose à lui demander.

« Si vous savez utiliser l’esprit pourriez vous m’en apprendre un peu plus sur ce pouvoir et les bases rudimentaire de son utilisation s’il vous plait ? »

Sa voix avait perdu toute froideur, elle voulait comprendre enfin ce pouvoir, mais elle se devait d’expliquer ce qui se passait avec son don, après tout si elle demandait de l’aide, il fallait qu’elle donne quelque matière en retour et s’il ne pouvait rien tant pis, elle essaierait tout au long du voyage de se concentré pour apprendre.

« Enfaite j’ai toujours comment dire… refouler mon don. Lorsque j’étais petite, je recevais énormément d’émotion de la part des gens m’entourant, je ne comprenais pas grand chose et lorsque j’ai tenté de l’expliquer à mon père, il m’a dit qu’il s’agissait surement de l’esprit. Il a essayé de m’apprendre à canaliser l’esprit comme ma magie de feu, mais cela n’a pas eu réellement d’effet et je me retrouvais sans cesse avec des migraines atroces. Il s’avère qu’effectivement, lorsque je suis en présence de plein de personne, mon don me renvoie tout ce qu’il peut sous forme de boomerang et c’est très désagréable et ça me fait la même chose lorsque je suis près de vous. Pas que ce soit de votre faute, mais si jamais vous pouviez m’aider cela m’arrangerais. »

Elle le regarda, ne sachant trop quoi dire, elle ne parlait que peu au gens et ne montrait que peur d’expression. Son père disait toujours qu’elle ne s’exprimait pas par le visage, mais par le reflet de ses œuvres. Il avait peut être raison, les seuls fois ou elle avait montré ouvertement son vrai visage c’était au moment de forger une arme, il n’y avait que là qu’elle se laissait complètement aller. Elle réfléchit ensuite au reste des paroles du jeune homme. Il avait l’air totalement sincère alors pourquoi ne pas essayer de lui faire confiance après tout, elles n’avaient rien à perdre réellement. Elles étaient venues pour explorer, autant explorer en bonne compagnie. Elle regarda une nouvelle fois l’arme posé sur la table, puis regarda le jeune homme devant elle et finit par répondre.

« J’en dis que ça peut surement le faire. Vous avez là une superbe arme. »

Elle continua alors de boire son thé attendant qu’Ahina ou Ethiann prenne la parole.

Ahina avait suivi avec beaucoup d'intérêt les échanges entre Lunielle et Ethiann, tous perdus qu'ils étaient dans leurs explications sur l'Esprit et les armes. Certes, cette capacité à la fois empathique et télépathique était absolument fascinante, même pour qui ne savait pas l'utiliser, mais elle était aussi très souvent apprise et exploitée par les Templiers. Peut-être était-ce effectivement bien leur veine d'être tombées sur l'un d'entre eux...

Cependant, les deux protagonistes de cette explication qui aurait pu extérieurement paraître comme une altercation finirent par atteindre un consensus, ce dont elle se réjouit. Elle avait une bonne impression de ce jeune Templier et elle aurait trouvé cela dommage de devoir changer ses plans. D'autant plus qu'il n'avait pas l'air inquiet par les bandits, malgré le fait qu'il les ai mises en garde. Non, cela se passerait bien, elle en était persuadée. D'autant qu'elle comprenait maintenant un peu mieux les fréquentes migraines de la forgeronne et qu'elle se trouvait bien satisfaite d'avoir choisi cette destination.

Les laissant conclure leur échange, elle finit par prendre la parole, un sourire aux lèvres, la voix plutôt enjouée:

"Très bien! Donc je pense que nous sommes d'accord sur les détails, et que Messire Tylmar se fera un plaisir de ne pas laisser quelqu'un souffrir inutilement à cause d'un don non maîtrisé. Cela dit, je pense que nous devrions nous donner la journée pour rassembler ce dont nous allons avoir besoin pendant ce séjour en termes de vivres et d'eau notamment. D'ailleurs je m'occuperai de cela pour les fournitures générales, vous n'avez pas à vous en inquiéter. Si vous avez des exigences particulières, je vous demanderai d'acheter cela de votre côté, par contre. Et notez bien que les nuits sont froides, donc il faut pouvoir faire avec cela. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, nous nous retrouverons demain matin aux premières lueurs du jour pour partir vers le sud-ouest, en espérant que ces quatre jours se passeront pour le mieux..."

Avec un dernier sourire, elle se leva avant d'aller à nouveau discuter avec l'aubergiste, pour lui acheter des vivres de voyage pour quatre pour une durée de trois semaines, plus du fourrage pour le mulet, et de l'eau pour tous. Elle avait conscience de prévoir une quantité plus importante que nécessaire, mais prudence était mère de sûreté, surtout dans des zones arides et dangereuses...

Elle finit donc la journée en rassemblant quelques fournitures avant de vérifier sa tente et les sangles de son havresac. Lorsque tout fut dûment empaqueté, elle alla profiter des bains et se coucha directement, sans même attendre Lunielle, pour être fraîche et dispose le lendemain. Elle resta cependant quelques temps à contempler le plafond, comptant les craquelures dans la peinture, repensant à la dernière expédition qu'elle avait faite dans les Plaines Arides, avant de finalement se tourner sur le côté, se rouler en chien de fusil, et s'endormir comme une souche.

Le lendemain matin, comme un réveil interne, elle ouvrit les yeux dans la nuit maintenant grise et rose de Tamawa avant de s'habiller en silence (enfin, en ne renversant qu'une chaise avec son sac) et de descendre prendre un dernier repas dans la salle commune. L'aubergiste l'accueillit avec joie, lui confirmant que la nourriture était prête. Tout en sirotant son thé, elle rejoua des dizaines d'itinéraires possibles dans sa tête puis, lorsqu'elle entendit les pas de Lunielle dans l'escalier, lui sourit joyeusement. Dès que la forgeronne fut installée pour son propre repas, elle se dirigea vers les écuries et équipa Cruchon, toujours aussi enthousiaste, avant de charger les lourds sacs contenant leur pitance. Quelques minutes plus tard, leur sac sur le dos et le mulet prêt, elle regardèrent le soleil parer la ville de mille couleurs chatoyantes en attendant l'arrivée d'Ethiann et leur départ vers les Plaines Arides à proprement parler.

Celui-ci se montra très rapidement et ils partirent, enthousiastes (tout du moins pour sa part) vers le sud-ouest. Aidée du soleil, de sa carte et de la boussole, Ahina les guida d'un pas rapide mais pas insoutenable qu'ils pourraient tenir pendant une bonne partie de la matinée. Mais les Plaines n'avaient jamais été un endroit facile. Le soleil tapait sur leurs crânes, rendant toute pensée difficile, le vent soufflait en rafales, les noyant sous le sable, les cailloux présents à chaque pas menaçaient de les faire tomber ou de leur tordre les chevilles, faisant que la marche était plus pénible encore, les forçant à se concentrer sur chaque pas, leur interdisant de tenir une conversation plus longue que quelques onomatopées.

Fréquemment, Ahina faisait de petits arrêts d'une ou deux minutes, les obligeant à boire l'eau tiède de leurs gourdes. Puis, au bout de ce qui sembla être des jours, ils s'arrêtèrent alors que le soleil était au plus haut dans le ciel. Rapidement, la jeune femme déchargea le mulet, accrochant un écran aux sangles ventrales de l'animal et plantant deux piquets, leur créant un auvent à l'abri de l'astre du jour qui les agressait de ses vagues brûlantes. Elle sortit quelques rations de voyages assez riches et peu salées, vérifiant que chacun portait bien un couvre-chef et s'hydratait, avant de finalement s'asseoir en s'appuyant contre son sac et de soupirer en s'étirant, les laissant commencer la conversation alors qu'elle s'efforçait de se repérer dans la géographie locale et de les mener vers le puits auprès duquel ils camperaient pour la nuit.

Lunielle avait écouté avec intérêt ce que disais Ahina, puis tranquillement s’était rendu dansa sa chambre. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle savait qu’elle trouverait ce pourquoi elle était venu et en prime elle avait fait une connaissance en plus. Elle aimait bien le jeune homme, Ethiann. Même si elle ne le montrait pas, le faite qu’il ait décidé par pur bonté de les accompagner la laissait penser qu’il ne pouvait pas être mauvais, après, on pouvait se tromper pour tout et pour rien, cependant elle était certaine de ne pas se tromper.

Elle se dirigea vers la fenêtre non loin de là et regarda dehors. Pourquoi s’enfermer alors qu’explorer l’extérieur était tellement tentant. Elle se doutait qu’Ahina était entrain d’empaqueter des affaires. Ethiann, elle ne savait pas ce qu’il faisait, mais il était assez grand pour faire ce qu’il avait à faire. Elle se dirigea alors vers la sortie et pendant qu’Ahina se douchait tranquillement et prenait un repos bien mérité, elle se promena à droite et à gauche. Elle se posa dans un coin de la ville particulière éclairé, elle s’installa et commença à regarder le ciel. Ce qu’elle aimait le plus dans le ciel, c’était les nuages et les orages, en particulier les éclairs. Elle avait l’impression d’être moins envahit de pensées et de sentiments lors des orages, comme si sa tête était protégé en quelque sorte.

D’ailleurs en pensant à cela, elle avait demandé au jeune homme de l’aider, mais elle n’était pas sur d’être capable de maitriser quoi que ce soit. L’esprit était un don étrange qui demandait beaucoup de rigueur et d’entrainement. Lui devait avoir appris depuis des années, surement dés qu’il l’avait découvert. Elle n’avait fait que le refouler jusqu’à présent et n’essayait pas du tout de s’en servir. A chaque fois qu’elle avait tenté quelque chose, elle s’était retrouvé avec la tête à l’envers pendant une bonne journée, depuis elle avait cesser de se prendre la tête et laissait venir.

Elle se décida alors à rentrer et prendre une bonne douche. Elle devait être en forme dés le lendemain et cela ne serait pas possible si elle n’avait pas une bonne nuit de sommeil derrière elle. De plus, elle se doutait que le reste du voyage n’allait surement pas être de tout repos, donc autant bien se préparer. Après une bonne douche, elle fila au lit et le lendemain, elle empaqueta tout ce dont elle avait besoin et descendit prendre son petit déjeuner. Ahina venait tout juste de finir lorsqu’elle s’installa. Elle prit tranquillement son petit déjeuner et rejoignit Ahina, puis elles regardèrent le soleil se lever près a embellir Tamawa.

Ethiann ne fut pas long à arriver et c’est avec une Ahina très enthousiaste qu’ils commencèrent à avancer dans leur voyage. Lunielle ne s’était pas trompé, le soleil tapait énormément dans cette région, elle avait du mal à supporter ses constante incursion sur sa peau. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas la chaleur, être forgeron ne laissait pas réellement de place à ce genre de fantaisie, mais le soleil la brulait réellement et lorsqu’ils firent une courte pause, elle bénit Ahina pour sa clairvoyance. Bien qu’elle n’ait pas de soucis d’endurance, le soleil semblait saper toute ses forces et elle détestait cela. Elle s’assit tranquillement et prit la ration qu’Ahina leur tendait. Elle la remercia et commença à mâchonner distraitement, puis sentant le silence s’installer, elle se tourna vers Ethiann et Ahina et commença à parler.

« L’un de vous ne nous raconterais pas une aventure de son cru ? Je l’aurais fait moi-même, mais je ne suis jamais sortit à part pour aller de Silmarie à Cydonia et il ne s’est rien passé d’assez percutant pour en faire une histoire. L’un de vous doit bien en avoir une non ? »

Elle les regardait tour à tour, pour savoir qui allait raconter quelque chose. Elle était pressée d’en apprendre plus sur Ethiann, mais aussi sur Ahina car elles n’avaient encore jamais parlé de ses autres aventures.

Invité

Fort heureusement pour moi, la rapière suffit à calmer les interrogations de la forgeronne vis-à-vis de mon armement. J’étais rassuré d’un sens, une arme comme ma faux soulevait souvent de lourdes interrogations plus ou moins déplacées ou étranges et j’avais horreur de devoir m’expliquer à son sujet. Finalement elle se retourna vers moi après l’avoir observée sous toutes ces coutures pour changer de sujet et s’orienter sur l’Esprit. Au fond de moi je n’étais pas un pédagogue mais puisque j’étais en mesure d’aider, je pense que je le ferais.
Le fait que Lunielle ait des problèmes telle que des migraines était très probablement lié au fait qu’elle avait justement refoulé ce pouvoir pendant trop longtemps. Apprendre à réduire son influence et les désagréments que cela causait lui demanderait du temps et beaucoup de patience. Fort heureusement quand on exerce le métier de forgeron, je pense que la patience fait partie des attributions, enfin je l’espérais.

« - Malheureusement je ne pourrais vous aider aussi bien qu’un maître templier mais, si je peux vous aider, je ferais de mon mieux. Cependant, si vous avez passé un long moment à refouler votre don il n’est pas impossible que le maîtriser au minimum requiert un long moment de patience et je sais très bien que lorsque nous souffrons, la patience n’est pas notre qualité la plus en éveil… »

Quoi qu’en y repensant, si elle s’attelait à la tâche, peut être qu’en quelques mois d’entrainement quotidien, elle parviendrait à supprimer ces maux de tête. Cependant il semblait peu probable qu’elle puisse s’essayer à des utilisations plus poussées de l’Esprit avant longtemps. Finalement je repris ma rapière pour la refixer à ma ceinture tandis qu’Ahina prenais la parole.

« -Très bien ! Donc je pense que nous sommes d'accord sur les détails, et que Messire Tylmar se fera un plaisir de ne pas laisser quelqu'un souffrir inutilement à cause d'un don non maîtrisé. Cela dit, je pense que nous devrions nous donner la journée pour rassembler ce dont nous allons avoir besoin pendant ce séjour en termes de vivres et d'eau notamment. D'ailleurs je m'occuperai de cela pour les fournitures générales, vous n'avez pas à vous en inquiéter. Si vous avez des exigences particulières, je vous demanderai d'acheter cela de votre côté, par contre. Et notez bien que les nuits sont froides, donc il faut pouvoir faire avec cela. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, nous nous retrouverons demain matin aux premières lueurs du jour pour partir vers le sud-ouest, en espérant que ces quatre jours se passeront pour le mieux... »

Il n’y avait donc pas de temps à perdre. J’avais déjà quasiment l’intégralité de ce qu’il me fallait sur moi, le peu manquant se trouvant encore dans la chambre que j’avais louée. Je n’avais donc pas grand-chose à ajouter, du moins il me semble. Nous nous quittions avec la promesse d’arriver aux premières lueurs le lendemain et tandis que je regagnais ma chambre, je prenais également le temps de prévenir mon aimée de mon absence imprévue par télépathie. Auween allait probablement être inquiète de me savoir parti vers une région habitée par les bandits mais je savais aussi qu’elle me faisait confiance et me savait particulièrement prudent à ce sujet. Je m’allongeais sur le lit situé au centre de la pièce, prenant le temps de poser mon équipement prêt pour le lendemain sur la chaise non loin. C’est après un court échange avec Auween par télépathie que je tombais finalement de sommeil.

La nuit fut courte, le soleil se levait bien vite et c’était alors impatiemment que je me levais pour me mettre en route et retrouver mes deux partenaires de voyage. Je ne m’attendais alors pas à surprendre Ahina et Lunielle toutes deux prêtes pour le départ. En réalité j’étais même légèrement en retard, j’avais pris le temps de m’assurer du trajet et des m’enquérir des dernières rumeurs sur la région, sait-on jamais.
J’avais toujours ma veste noire, mon bâton et mon sac de voyage qui contenait l’intégralité du nécessaire de voyage. Rapière à la ceinture et avec un grand sourire qui se voulait rassurant, nous prenions alors la route du sud-ouest. Le voyage était d’abord calme, j’échangeais à Lunielle quelques conseils sur l’Esprit et nous faisons tous un peu plus connaissance tandis que nous arrivions dans une zone désertique bien moins agréable.
J’étais habitué au voyage depuis le temps, le soleil avait beau taper durement, la capuche de ma veste m’évitait l’insolation très simplement, les rafales soufflaient mais n’apportaient généralement qu’une vague sensation de fraicheur sous la chaleur accablante du désert. Le seul vrai problème que j’avais dans le désert n’était pas non plus les cailloux qui parsemaient le chemin, mais bien le sabre qui se glissait entre les plaques d’armure de mes bottes. C’était assez désagréable et malgré toutes les fois ou je suis passé par un endroit ensablé, je n’aimais toujours pas cette sensation. Après avoir marché déjà une très bonne distance, nous nous arrêtions un instant à l’abri du soleil grâce au auvent qu’Ahina avait dressé. Cette jeune femme avait de la ressource, c’était indéniable. Tandis que nous savourions un plat riche et en profitions pour reposer nos jambes un instant, je sortais machinalement ma carte de mon sac. C’est un réflexe que j’avais, je regardais très souvent ou j’étais et surtout où je risquais quelque chose, en effet, avec le temps et les divers commérages, ma carte était passablement gribouillée en de nombreux endroits. Je posai le doigt sur l’endroit ou je supposais que nous étions, et nous étions non loin d’une source d’eau, ce qu’Ahina devait visiblement savoir elle aussi étant donné qu’elle-même regardait sa carte de son côté pour savoir vers où nous allions nous diriger.

J’abaissais un instant ma capuche, étant donné que nous étions à l’ombre pour le moment, je comptais en profiter pour ne pas littéralement cuire sous le tissu qui recouvrais mon visage. Je me souvins alors que Lunielle, située juste à ma gauche était probablement encore sujette à ces fameuses migraines, d’autant qu’elle était proche de moi. Je m’en inquiétais assez pour avoir plus ou moins ignoré ce que Lunielle avait dit juste avant, je crois même que mon inquiétude devait se sentir à la façon dont je m’adressais à elle.

« - J’imagine que vos maux ne se passent pas ? Vous savez, l’Esprit marche comme une corde reliée à une poulie, en essayant de tirer sur cette corde pour éviter de faire tomber ce qui est à l’autre bout, vous avez l’impression que sa masse s’alourdit et au final, c’est vos bras qui vous font souffrir.
Ce que je veux dire, c’est que si vous cherchez sans cesse à bloquer l’Esprit, au final la violence avec laquelle vous ressentirez les émotions sera amplifiée, tandis que si vous cherchez à les capter par vous-même, elles arriveront par petites effluves plus facilement contrôlables. Cependant, une règle essentielle, vous ne devez jamais céder à la panique. En effet, si vous paniquez, le flux émotionnel qui circule autour de nous en sera perturbé, un peu comme si tout se chamboulais brusquement et au final vous aurez tout fait pour rien.

J’imagine que ces exemples ma foi un peu abstraits ne font pas très évocateurs au premier abord, mais pour résumer simplement : Ouvre votre esprit et restez calme, votre souffrance s’estompera. Prenez un instant pour essayer, si vous voulez. »

Je me tournais ensuite vers Ahina, toujours en train de cogiter sur sa carte pour savoir où elle allait nous conduire. D’un geste simple je tendais ma carte à la demoiselle avant d’ajouter :

« - Je n’ai pas le lieu de destination prévu sur cette carte, mais comme vous pouvez le constater, les différentes marques sur la mienne indiquent l’emplacement de points d’eaux et d’éventuelles présences hostiles. J’ai récolté ces quelques informations ce matin avant d’arriver il se trouve que la zone ici, qui se dresse entre notre objectif et la supposée zone des bandits pourrait éventuellement être une zone peuplée par des créatures du désert. Dans tout les cas, pour parvenir à l’objectif, nous devrons passer dans un terrain dangereux, espérons que les divinités ne se jouent pas de nous. »

J’avais utilisé cet habituelle intonation de voix douce et rassurante, mon but n’était pas de l’inquiéter, elle le savait mais il était important qu’elle soit au courant, une partie du voyage était risquée, elle le savait déjà.

« - Concrètement, nous avons deux choix, prendre le risque de tomber sur des créatures sauvages ici, ou risquer de tomber sur les bandits ici. Personnellement, je n’ai encore jamais croisé de créatures du désert et je ne connais personne qui en ait déjà croisée, si vous voyez ce que je veux dire. De plus les bandits sont peut être violents et dangereux, ils ne sont pas idiots. Cependant, aller à l’avant des bandits nous ferait perdre quelques heures pour le détour. Mais bon, ce ne sont que des rumeurs, du moment que je ne l’aurais pas constaté de mes propres yeux, je n’en croirai rien. »

Ahina avait bien compris où je voulais en venir, les rumeurs étaient ce qu’elles étaient, nous avions cinquante pourcents de chance de tomber sur des difficultés et cinquante pourcents de chance de ne rien croiser. Si nous tombions ensuite sur du danger, nous avions ces même probabilités de tomber sur des créatures sauvages plus ou moins sanguinaires ou sur des bandits plus ou moins idiots. J’accordais d’ailleurs un instant pour demander à Callista de veiller sur nous, je ne saurai supporter une autre tragédie dans laquelle je serai encore une fois totalement impuissant. Mon devoir était de protéger Lunielle et Ahina, mon autre devoir était de revenir vers Auween comme je lui avais promis, sain et sauf. Il était hors de question que je néglige l’une de ces deux responsabilités pour en privilégier l’autre.

Subitement, je renchéris sur ce que Lunielle avait demandé, au sujet de nos aventures.

« - Mes aventures n’ont hélas rien de bien romanesque, j’en ai peur… »

La vérité était peut être que je n’aimais pas trop raconter ma vie, je ne l’avais fait qu’une fois, à une personne exceptionnelle pour moi…

Alors qu'ils se restauraient sous l'auvent, Ahina écouta avec attention ce qu'Ethiann disait sur l'Esprit. En effet, bien que ne le maîtrisant pas, elle avait une bonne connaissance de ses principes de base, et surtout une insatiable curiosité pour tout ce qui pouvait toucher à ces sujets. Elle le laissa donc expliquer, tout en continuant à regarder distraitement sa carte. Ell faisait travailler sa mémoire, recherchant dans les différents voyages qu'elle avait faits ce qu'elle avait pu apprendre sur la zone des Plaines Arides.

Et elle en arrivait à une conclusion certaine lorsqu'Ethiann se pencha vers elle pour lui tendre sa propre carte:

« - Je n’ai pas le lieu de destination prévu sur cette carte, mais comme vous pouvez le constater, les différentes marques sur la mienne indiquent l’emplacement de points d’eaux et d’éventuelles présences hostiles. J’ai récolté ces quelques informations ce matin avant d’arriver il se trouve que la zone ici, qui se dresse entre notre objectif et la supposée zone des bandits pourrait éventuellement être une zone peuplée par des créatures du désert. Dans tout les cas, pour parvenir à l’objectif, nous devrons passer dans un terrain dangereux, espérons que les divinités ne se jouent pas de nous. »

Il surenchérit ensuite en soulignant qu'ils n'avaient que deux choix, celui de faire un détour qui leur ferait perdre une demi-journée, ou celui de risquer rencontrer des créatures sauvages. En pleine réflexion, Ahina laissa son regard errer devant elle, se fixant quelque part au-dessus de l'épaule d'Ethiann, repensant à son dernier voyage dans les Plaines avec Res. Avec un frisson, elle finit par prendre la parole, ne faisant même pas l'effort de rendre sa voix rassurante:

" Je pense que nous prendrons le risque de faire un détour. Ce que nous pouvons rencontrer si nous continuons droit devant vaut que nous fassions l'effort. Et ne vous inquiétez pas pour les vivres, j'ai prévu un peu plus large, après tout, on ne sait jamais... Et... Elle se pencha sur la carte que lui tendait le jeune homme et désigna un endroit vide sur sa carte par lequel ils pouvaient contourner la zone. J'ai connaissance d'un puits qui ne se situe que sur très peu de cartes, et de toute évidence pas sur la vôtre, où nous pourrons faire un arrêt."

Cela dit, elle se laissa aller contre les jambes de Cruchon, lui présentant un petit sac de graines qu'il attaqua avec enthousiasme. Elle regarda ensuite Lunielle en souriant après qu'Ethiann eut signalé que ses aventures ne valaient pas la peine d'être racontées. Elle n'était pas dupe mais ne dit rien. Il paraissait logique qu'il ne veuille pas parler de son histoire, il ne les connaissait pas, après tout. Se raclant la gorge, elle prit une gorgée d'eau avant de reprendre la parole:

"Je ne sais pas si mes aventures sont romanesques ou non, mais j'ai en tous cas beaucoup voyagé, et avec un grand nombre de personnes différentes. Cela peut paraître étrange pour un érudit, même un archéologue, de passer son temps sur les routes, mais ce serait méconnaître une éducation un peu particulière... Mon père, pour vous donner une idée, était un Guide reconnu ,qui voyageait par monts et par vaux en traînant l'enfant que j'étais alors. Un jour, si mes souvenirs sont bons, il nous emmena dans les Montagnes qui sont maintenant ouvertes et mènent au Royaume Jinmen. Nous y accompagnions un Templier Crépusculaire qui souhaitait y faire retraite pour y réfléchir aux choses du monde.

C'était un homme froid, qui n'aimait pas vraiment les enfants et considéraient que je n'étais pas assez intelligente pour comprendre de quoi il parlait. Bien mal lui en prit, car il expliqua à mon père, aussi curieux que je le suis aujourd'hui, comment fonctionnait l'Esprit, même si ce don n'a jamais coulé dans notre famille. C'est d'ailleurs grâce à cela que je comprends bien ce dont vous parlez. Mais là n'est pas le sel de cette histoire... Nous avons un jour campé avec des habitants locaux qui emmenaient leur troupeau de yak en transhumance.

Ils nous ont préparé une boisson typique, un thé très fort, agrémenté de beurre. Transi comme nous l'étions tous, nous aurions dû être revigorés par la chaleur de ce breuvage... Mais je me souviens bien de l'expression qu'avait arborée cet homme, assez proche de la mienne, après l'avoir finalement goûté! Imaginez un beurre rance et une pellicule de graisse sur n'importe quelle boisson, et vous n'aurez encore qu'une vague idée de ce que nous avons dû boire... Je me souviens encore que celui que nous guidions a recraché le liquide et que j'aurais fait de même si mon père ne m'avait pas regardé de ses grands yeux bleus, me mettant au défi d'avaler ma gorgée. Ce que j'ai fini par faire, et j'ai même fini ma tasse, mais nous avons eu d mal à les calmer après l'affront et nous avons dû partir très tôt le lendemain...

Bien entendu, nous avons mené notre mission à terme, mais cette histoire peut vous faire comprendre pourquoi les gens aiment et redoutent les voyages. Cela veut effectivement dire que vous allez découvrir de nouvelles coutumes, de nouvelles langues, de nouvelles personnes, mais il faut toujours se dire que tout ne sera pas plaisant. Cependant, il ne faut pas le craindre car cela fait partie du jeu et de ce qui est véritablement excitant dans un voyage... Finalement, cela demande surtout de s'adapter, car conserver sa pudibonderie ou ses petites habitudes dans un endroit où tout cela est inconnu et vous fait vous démarquer plus que vous ne le faites déjà, peut créer de réelles difficultés et vous mettre à dos les populations locales..."

Après quelques secondes de silence, Ahina éclata de rire avant de reprendre:

"Je ne sais pas si c'est véritablement le genre d'histoire que tu attendais, Lunielle, mais c'est un véritable aspect du voyage... Mais je pense que nous devrions repartir pour maintenant. Si vous ressentez trop la chaleur, n'hésitez pas à mouiller votre couvre-chef pour vous rafraîchir, c'est très efficace. En continuant à ce rythme, nous devrions atteindre un puits avant la nuit. Nous bifurquerons demain matin pour contourner en douceur la zone la plus sauvage. Si jamais vous avez du sable dans les chaussures, enlevez-le maintenant, cela évitera une partie des abrasions, et si jamais vous sentez que vous avez du mal à marcher, n'hésitez pas à le dire, nous transférerons une partie des vivre dans des havresacs et vous passerez quelques heures sur le dos de Cruchon. Cela vaut mieux qu'aggraver la blessure et nous immobiliser dans un désert de roches pour un temps indéterminé..."

Sur ces mots, Ahina rempocha sa carte et se releva, rechargeant le mulet qui essaya subrepticement d'appuyer sa masse sur elle jusqu'à ce qu'elle le remette dans le droit chemin, rangeant l'auvent qui reprit sa place sur le côté des paquetages, avant de remettre son havresac, laissant les autres faire de même. Lorsqu'ils furent prêts, ils reprirent leur chemin, suivant toujours le même cap, dans les mêmes conditions. La fatigue se cumulant, les petites pauses se firent plus fréquentes mais, alors que le soleil couchant teintait les roches omniprésentes de roses et d'or, ils atteignirent un petit havre où quelques palmiers épars entouraient un puits couvert.

Déchargeant à nouveau le mulet, Ahina l'attacha lâchement à un arbre, rassembla quelques cailloux pour entourer une zone dans laquelle ils allumèrent le feu, faisant bouillir de l'eau pour le thé et un bouillon, puis monta une tente faite principalement de toile fine huilée. Elle profita de l'eau du puits, bien que très froide, pour faire une rapide toilette avant que la nuit ne soit trop glaciale, puis s'installa à côté du feu pour surveiller le repas, en espérant que personne n'avait trop mal aux pieds où ailleurs...

Après sa question, Lunielle s’était plongé dans ses pensées jusqu'à ce qu’elle entende les paroles d’Ethiann. Il était réellement très prévenant. Evidemment, elle avait mal à la tête, mais bon elle pouvait largement le supporter, puis elle écouta ce qu’il avait à dire. Ouvrir son esprit. Oui facile à dire, mais pour elle qui avait passé la majeure partie du temps à le fermer, l’ouvrir et rester calme n’était pas quelque chose dont elle avait l’habitude. Pourtant, elle se concentra et calma au maximum sa respiration et doucement, elle cessa de lutter contre tous les sentiments qui tournait autour d’elle. Au fur et à mesure qu’avançait l’ouverture de son esprit, elle ressentait de plus en plus de chose, se sentait un peu perdu, mais avait largement moins mal à la tête.

Elle se doutait bien que tout n’irait pas pour le mieux dé la première fois, cependant elle se sentit un peu mieux et elle remercia Ethiann en silence. Même si elle avait encore un peu mal à la tête, la douleur s’était un peu estomper et puis pour être tout à fait honnête, elle n’avait pas envie d’ouvrir complètement son esprit à ce qui l’entourait, c’était en réalité assez compliqué comme cela pour l’instant. Entre le voyage, le soleil et l’esprit cela faisait beaucoup de chose à géré. De petit peu en petit peu, elle arriverait surement à en faire quelque chose de cet esprit. Heureusement pour elle, elle avait de ma patience à revendre.

Elle écouta ensuite ce qu’Ahina était entrain de raconter. Oui, elle lui avait déjà parlé de cette boisson. Rien qu’a la description que faisait Ahina, Lunielle sentit son estomac se révulser et elle ne peut empêcher une grimace de dégout de venir s’afficher sur son visage. Elle était bien consciente que les personnes en question n’avait pas envie de dégouter les voyageurs, cependant, elle était certaine que jamais elle n’aurait pu boire cette mixture, c’était fortement impossible. Ahina remballa alors ses affaires et ils repartirent jusqu'à atteindre le puit dont elle parlait tout à l'heure. Tout le monde posa ses affaires et Lunielle repensa à ce qu'Ahina avait dit tout à l'heure. Elle se plongea un temps dans ses pensées et parla en même temps.

« Même si ce n’est pas une histoire de voyage romanesque, je trouve que pouvoir ce souvenirs de ce genre de chose est incroyable. J’aimerais me souvenir moi aussi de quand j’étais petite, cependant je n’y arrive toujours pas. »

Elle sortit instantanément de ses pensées.

« Euh… excuse moi, ne faites pas attention à ce que j’ai dis. »

Puis elle disparut dans les bosquets jusqu'à côté. Elle savait bien que ce n’était pas prudent, mais elle le devait. Elle n’avait pas réellement l’habitude de rester autant avec des personnes et entendre le récit d’Ahina lui avait fait prendre conscience qu’il lui manquait quinze années de sa vie. Quinze années dont elle ne se souvenait pas. Elle avait tant cherché à retrouver cette mémoire et jamais elle n’avait retrouvé une seule bribe. Elle s’assit en tailleur dans un des bosquets et recommença les exercices sur l’esprit. Si elle devait retrouver sa mémoire, autant commencé à apprendre à utiliser un don dont elle n’avait pas l’habitude.

Invité

Je savais bien qu’Ahina ne se laisserai tromper par mon excuse plus ou moins bidon trouvée pour ne pas dévoiler une partie de ma vie. Si elle était érudite c’est qu’elle était loin d’être sotte après tout. Mais elle ne dit rien, j’avais à peine pu capter ce petit sourire qu’elle avait laissé paraitre tandis que je me dérobais de raconter mes aventures. A vrai dire j’appréciais ces deux femmes, très aimables et pleines de vie et pourtant je ne jugeais pas utile de les enquiquiner en leur dévoilant mon sombre passé. Il était vrai que ma vie était remplie d’aventures mais combien de ses aventures se terminaient bien ? Combien d’entres elles étaient joyeuses, amusantes ou prêtais même à sourire ?

Aucune, en dehors peut être de cette rencontre mythique avec Minatsuki, m’enfin. Ahina m’épargnais bien de la peine en décidant de se lancer dans son récit. J’écoutais d’une oreille son discours, et bien que cela n’en donnais pas l'impression pas, j’étais attentif. J’avais une attitude plutôt passive et donnait souvent l’impression de n’avoir rien à cirer de ce qui se tramais autour de moi, généralement cela me permettait justement d’écouter sans que l’on soupçonne cette oreille tendue que j’avais, d’autres fois mon comportement pouvait paraître désobligeant. Enfin j’étais accoté à mon sac, levant la tête au ciel en fermant les yeux un instant, les bras croisés. C’est alors que je comprenais également comment Ahina avait pu atteindre un tel degré de connaissance, voyager enseignait beaucoup et si son père était guide, dieu seul sait combien de paysages et de pays elle avait pu connaitre. Idéal pour s’instruire, idéal pour apprendre à connaitre tout ce qui nous entoure. D’un sens je ne pouvais que l’envier, moi qui n’avais connu que la demeure familiale et mes parents tortionnaires envers ma sœur, puis le temple qui m’avait séparé d’elle et ce monastère qui me l’avait enlevée.
D’autre part je la plaignais un peu, elle n’avait probablement pas souvent pu s’enraciner quelque part, apprendre à vivre dans une communauté plus fermée. Voyager permettait certes d’apprendre, mais on n’apprenait pas à s’entendre avec les autres, c’était naturel ou pas. Je tressaillais légèrement à l’entente du mot « Crépuscule », elle m’avait intrigué, cet homme parti pour l’empire Jinmen, qui pouvait il être ? Je doutais fortement qu’un templier du crépuscule puisse s’aventurer si loin de sa terre natale sous prétexte de se mettre à la retraite. J’avais du mal à y croire mais après tout, pourquoi pas, j’avais souvent entendu parler de ces terres qui m’étaient encore inconnues, la culture et les gens qui y résidaient. Quelque part, Oyashima m’attirait également. Je me demandais comment on y vivait, comment on se comportait, ce qu’on y mangeait, comment étaient les gens qui y vivaient… Etait-ils accueillants, méfiants, xénophobes ?

Ahina arrivait à la fin de son récit, je comprenais alors que ma réflexion sur ce qu’elle avait vécu n’avait pas forcément lieu d’être. Elle avait voyagé encore et encore depuis qu’elle était haute comme trois pommes et c’est probablement à cela que nous devions son caractère maintenant. Cela ne pouvait donc pas être un mal, elle avait cette étincelle dans les yeux qui montrait que ce qu’elle faisait la fascinait. Une étincelle de dévouement que j’avais perdu depuis longtemps…

Lunielle avait quant à elle un air autre, elle semblait perdue dans ses pensées. C’est la première fois que je la voyais ainsi depuis notre départ, bien que celui-ci soit encore tout récent. En réalité elle était en train d’essayer ce que je venais de lui conseiller de faire. Appliquée et visiblement patiente, à terme elle arriverait à supprimer ces fichues migraines qui la torturaient depuis un moment.

Je me décidais alors à sortir de ma pseudo-torpeur qui m’avait caractérisé pendant le récit d’Ahina avant de finalement griffonner l’endroit qu’elle m’avait indiqué sur ma carte. Après tout, les bonnes adresses étaient toutes bonnes à prendre. Finalement je me décidai à prendre la parole, cette histoire m’avait fortement intrigué.

« - Étrange qu’un templier crépusculaire s’en aille pour les terres Jinmen, la plupart d’entre eux ne jurent que par la vengeance et le combat envers les zélotes… »

Puis d’un coup, je me taisais, prenant en compte le fait que cet homme avait peut être décidé de se rendre à l’évidence, la plaie qu’étaient les zélotes dans Cydonia allait être terriblement difficile à supprimer. Je me demandais qui était ce type, mais en même temps je n’avais pas franchement envie de le savoir, je lui trouvais ensuite des excuses pour avoir décidé de se ranger définitivement : L’âge, la sagesse, une profonde réflexion, une femme aimée à retrouver…
Toutes ces mêmes excuses que je pouvais employer pour faire de même et pourtant je n’en faisais rien, ma soif de vengeance était tout autre et pas prioritairement dirigée vers les zélotes. Je ne les aimais pas, je les haïssais même, mais je n’étais pas non plus idiot, seul, ils me feraient la peau avant même que je n’atteigne les portes du monastère. Après tout je n’étais pas un crépusculaire standard, je n’étais pas parti du temps pour les mêmes raisons que beaucoup de mes semblables, j’avais juste choisi d’enquêter en solo, laisser ma propre justice s’exprimer et faire payer le prix du fer à celui qui m’avait enlevé celle qui m’aimait plus que sa propre vie. Après cela, je savais désormais quoi faire, j’avais Auween qui m’attendait, probablement avec ce même nœud au ventre que celui que j’avais en m’imaginant apprendre qu’elle se serait fait tuer par un détraqué.

Nous nous préparions à nous remettre en route, après que j’ai chassé le sable qui s’était incrusté dans mes bottes et que nous ayons tous repris un peu de force, d’eau et plié bagages. J’avais remis cette fameuse capuche noire et large qui masquais quasiment mon visage au point de se demander si devant vous se tenait un être vivant ou un spectre. Je me souvenais d’ailleurs la réaction d’un enfant qui à l’époque avait été traumatisé par ma dégaine, un homme encapuchonné et tout vêtu de noir, tenant une arme fauchant littéralement la vie des gens. Une incarnation même de la mort, c’est ainsi qu’il m’avait perçu. A l’époque j’en avais ri et blagué avec mes camarades et maintenant, avec le recul, je me demandais si ce n’était pas un coup du destin que d’être suivi par la mort à chaque instant et de voir mes proches périr tandis que moi, je vivais et ressemblait alors à cette entité que je n’affectionnais pas le moins du monde.

Nous reprenions donc la route, la reprise semblait plus pénible que le départ, les pauses se faisaient de plus en plus fréquentes. La fatigue nous guettait et nous fûmes alors tous heureux d’arriver à notre destination. Et pourtant le pire allait venir, le désert était dangereux de jour, de nuit il frissonnait de ce sentiment glaçant le sang. Les nuits étaient particulièrement froides et il était parfois difficile de trouver le sommeil entre deux frissons. Je ne savais pas quelle était l’expérience de mes deux compagnons en matière de camping au milieu du désert mais pour ma part j’avais toujours un peu de mal à m’y faire. Fort heureusement je supportais bien la fatigue et dormir peu ne m’affectais pas, à condition que l’opération ne se répète pas pendant des jours.

Tandis que nous plantions alors le campement près de ce puits, aidant Ahina à décharger le mulet et préparant le feu afin que nous ne commencions pas à mourir de froid au fur et à mesure que le soleil déclinait. Nous en arrivions au moment de la journée que j’appréciais de par sa beauté bien qu’il fut horriblement fidèle à ce que j’étais : le crépuscule.
Lunielle s’était quelque peu éloignée un temps après avoir prononcé quelque chose qui m’avait également frappé, je ne pouvais cependant pas lui poser ce genre de questions pour satisfaire ma curiosité, j’étais bien placé pour savoir que certains souvenirs n’avaient pas besoin d’être attisés. 2tant donné que le repas n’était pas prêt et que malgré cette journée de marche sous le soleil écrasant, j’avais toujours des forces, j’en profitais pour m’atteler à quelques exercices physiques afin de garder une certaine force physique satisfaisante. J’avais d’ailleurs décidé de parfaire le peu de connaissance que j’avais de la rapière, depuis le temps que je n’en avais vu une. La lame violacée virevoltait dans l’air, pourfendant un ennemi inconnu de ses mouvements gracieux. Le peu que j’avais retenu m’étais venu à force d’observation et ma mémoire photographique n’était pas mauvaise alors j’arrivais sans mal à faire ces exercices de base qui demandaient beaucoup de vitesse et de précision. Un style de combat qui ne me ressemblait cependant pas, la faux était bien plus sauvage, barbare, brutale. En somme c’était quelque chose pour le moins dégoutant à mes yeux, mais cruellement efficace et dissuasif. Tant que c’était décourageant, ça m’allait après tout, me battre n’était pas une priorité dans la vie, loin de là. Mon énergie s’essoufflait, je le sentais tandis que maintenir la lame invoquée se faisait plus dur chaque secondes, je la rangeais finalement avant de regagner le coin du feu et prendre la parole après avoir pris une gorgée d’eau.

« - Une première journée s’achève déjà et pourtant j’ai l’impression que nous venons à peine de partir. Le temps est quelque chose d’assez fascinant, il s’écoule si vite mais aussi si lentement, se courbant à l’inverse de notre volonté, laissant penser que nos pires moments vécus sont les plus longs et les meilleurs, les plus courts… »

Ce n’est pas sans une autre pensée pour Auween que je m’exprimais, repensant à notre ballade dans les bois qui avait semblé être une poignée de minutes tandis que le soleil se couchait déjà. Le repas allait être prêt et Lunielle ne semblait pas revenir encore, cela faisait un moment déjà qu’elle s’était éclipsée et, min de rien, je commençais à me demander ce qu’elle avait. Mes doutes se dissipèrent bien vite lorsqu’elle revint vers nous. L’accueillant d’un léger sourire amusé, je pouvais voir à sa tête qu’elle avait du passer pas mal de temps à se concentrer sur ce que je lui avais dit. Nous avions tous un air épuisé après avoir été mis à l’épreuve par le désert, cette soirée était une sorte de réconfort pour avoir réussi l’épreuve, la première d’une longue série et vraisemblablement la moins dangereuse. Ce petit bivouac m’emplissait de nostalgie, une intensité que j’avais peine à cacher, Lunielle l’avait probablement sentie. En y repensant bien, la dernière fois que je m’étais aventuré dans le désert, j’étais accompagné de trois camarades templiers… Une histoire qui, ma foi, avait complètement été zappée par mon envie de garder le silence un peu plus tôt.

Qui sait, peut être prendrais-je la peine de la raconter après le dîner, si tenté que ça les intéresse et puisse rythmer un peu cette petite soirée paisible et un peu fraîche d’automne.

Ahina avait regardé Lunielle s'échapper sitôt qu'ils furent arrivés à l'oasis après avoir murmuré une phrase concernant son amnésie. Apparemment, son expédition en Silmarie n'avait pas eu l'effet escompté... Du coin de l’œil, elle observa l'entraînement auquel se soumettait le jeune homme, intriguée par le fait qu'il ne semble pas entièrement à l'aise avec l'arme, malgré le fait qu'il l'ait revendiquée comme sienne. Elle avait le sentiment d'avoir déjà vu de meilleures prestations. Surveillant toujours le repas, elle pensait à ce qu'avait dit Ethiann sur le Templier Crépusculaire qu'ils avaient accompagnés longtemps auparavant, et elle s'apprêtait à lui répondre lorsqu'il parla à nouveau, son entraînement achevé:

« - Une première journée s’achève déjà et pourtant j’ai l’impression que nous venons à peine de partir. Le temps est quelque chose d’assez fascinant, il s’écoule si vite mais aussi si lentement, se courbant à l’inverse de notre volonté, laissant penser que nos pires moments vécus sont les plus longs et les meilleurs, les plus courts… »

Elle y songea quelques instants avant de répondre, toujours songeuse:

"Et pourtant souvent, lorsque nous vivons certains moments, nous avons envie qu'ils finissent au plus vite, et quand les personnes avec lesquelles vous avez vécus ces moments ne sont plus, vous auriez envie qu'ils aient duré plus longtemps. J'ai repensé à ce que vous avez dit sur ce Templier que nous avions escorté. C'était un de ces moments que j'ai souhaité voir s'achever rapidement, et maintenant que mon père n'est plus... Enfin, vous avez compris l'idée. Je pense qu'une façon de rallonger le temps et faire revivre ces moments est de pouvoir les partager, et c'est quand vous ne pouvez les revivre avec personne que le temps vous paraît véritablement s'échapper trop vite...

Cet homme, ce Templier, n'est jamais allé jusqu'aux territoires Jinmens. Il ne voulait pas découvrir une nouvelle culture mais comprendre la sienne. Il n'abandonnait pas les armes mais voulait perfectionner un de ses dons pour pouvoir retourner les armes des Zélotes contre eux. J'ignore s'il a réussi, cela dit... "

Haussant les épaules pour conclure son discours, elle attrapa les bols de ses compagnons et servit un brouet riche qui leur permettrait de se tenir chaud pendant la nuit, de même que le thé. Dégustant son repas, elle anticipa sur le lendemain en réfléchissant sérieusement au détour qu'ils prévoyaient de faire et le chemin qu'il leur faudrait emprunter pour rejoindre le puits enterré qu'ils avaient découverts avec Res grâce à un Guide local, un ancien bandit lui-même qui leur avait permis d'échapper à ses congénères. Elle laissa Lunielle, qui venait de revenir, ou encore Ethiann entretenir la conversation et éventuellement rebondir sur la réflexion qu'elle avait exprimée...

Lunielle était bien calé dans son coin, essayant de faire fi de ce qui se passait alentour pour se concentrer sur son esprit. Elle ressentit un étrange sentiment de … arf, elle ne savait pas comment le décrire et celui se dissipa aussi vite qu’il était arrivé. Elle n’avait toujours pas ouvert complètement son esprit, cependant elle pouvait se projeter et sentir les sentiments qui l’entouraient. Elle ne faisait que passer et repasser devant ses sentiments, comme un voyage, ne les laissant pas la toucher. Elle était certaine que bientôt elle pourrait laisser ses sentiments la traverser. Bientôt, elle serait capable de se concentrer assez pour ressentir l’environnement qui l’entourait. Elle écouta ensuite distraitement ce qu’il se disait là bas.

Il était vrai que c’était leur première journée dans ce désert et si Lunielle craignait le soleil, elle ne craignait ni le froid, ni la nuit bien au contraire. Elle ressassa dans sa tête les différents moments de la journée. Heureusement pour elle qu’elle était forgeronne, elle avait pu supporter assez bien la chaleur. Pour ce qui était de l’endurance, cela allait aussi même si elle ressentait un peu de fatigue en cette fraîche soirée, cependant elle était certaine que tout irait bien pour la suite. Puis, elle repensa à son intervention. Depuis qu’elle leur avait demandé de raconter un souvenir de voyage, elle ne se sentait plus dans son assiette, comme si la perte de sa mémoire affectait son comportement avec les autres. Elle ressemblait nettement plus à une coquille vide que ce qu’elle pensait finalement.

En entendant les dernières phrases d’Ahina, elle se décida à revenir vers le groupe. Ethiann lui adressa un sourire amusé. Il devait avoir remarqué qu’elle faisait des exercices sur l’esprit autant de fois qu’elle pouvait. Elle espérait juste que cela porterait bien ses fruits à terme. Elle se rappela alors la phrase d’Ahina. Rallonger le temps, elle ne savait pas vraiment si elle voulait le faire. Elle aimait bien passer du temps avec son père, cependant elle pensait aussi qu’il fallait qu’elle le laisse un peu en paix. Avait-elle envie de rallonger les moments qu’elle avait passés avec lui ? Elle ne le savait même pas, cependant, comme tout à l’heure, elle ne pu s’empêcher d’échapper ses phrases.

« Parfois, on aurait plutôt envie de repartir dans le passé pour se concentrer sur ce qu’on a fait, pour revivre des parties de sa vie qu’on pensait avoir perdu ou que l’on a perdu. On se demande souvent comme ça se serait passé si l’on avait procédé d’une autre manière et si les choses seraient différentes si on n’avait pas oublié ce que l’on devait oublier. Je me demande souvent comment serait ma vie à l’heure actuelle si tout ce n’était pas passé ainsi. »

Elle s’arrêta un instant, réalisant ce qu’elle disait et finalement, elle reprit son air habituel. Ses yeux reprirent leur teinte glacial et son visage ne montra plus de réelle émotion.

« Je pense que l’on regrette tous de ne pas avoir passé plus de temps avec ceux qu’on aime ou qu’on chérit. Qui sais de quoi sera fait demain. Je pense que si on vit chaque jour à fond comme on le ressent, on n’aura que peu de regret quand le moment viendra. Il ne faut pas regretter de ne pas avoir passer assez de temps avec ces personnes. Il faut se dire qu’on a justement eu assez de chance pour passer des moments magique avec eux. »

Elle les regarda tour à tour, ne montrant pas la moindre émotion, comme un masque et pourtant tout se chamboulait dans sa tête. Des images se succédèrent les unes derrière les autres. Elle attendit trente seconde et reprit.

« La plus grande chance que l’on possède c’est celle de ne pas oublier. Ne pas oublier les choses qui nous ont marqué, les aventures vécues, les personnes aimé. La mémoire, c’est ce qui est le plus important dans la vie selon moi, et une fois qu’on à perdu cela ou une partie de cela, on se retrouve vite vide et perdu. C’est pour cela que se souvenir est la chose la plus merveilleuse en ce monde. »

Elle se sentait totalement hors sujet. Elle n’avait rebondit que sur la phrase d’Ahina qui parlait de revivre d’ancien moment et de les partager à nouveau pour faire durer le plaisir de les avoir partagé justement. Elle leur sourit vaguement, puis commença à manger avec une réflexion des plus sincères qu’elle ne s’était faite depuis. Et si quelqu’un avait oublié une partie de sa vie, avait-elle le droit de se rappeler de ce qu’elle avait partager par la suite alors qu’elle avait tout oublié de sa vie précédente ? Avait-elle le droit de revivre des moments passé dans une autre vie ? Serait-elle un jour délivré de cette emprise du passé, c’était cela en réalité la véritable question.

Invité

Après moult réflexions, je pensais que donner nos avis sur ce que nous aurions aimé ou ne pas faire par la passé me filait un peu le cafard. Cependant j’avais bien compris que Je n’étais pas le seul à avoir eu un passé douloureux qui me hantais. Lunielle avait une expression froide et semblait cachée derrière un masque de neutralité qui ne lui allait guère. Ahina regrettais son père et c’était bien normal. Mais moi, que pouvais-je regretter ? Avec le recul je comprenais que je n’avais plus de famille à proprement parler, ma mère ne méritait pas ce titre, mon père était décédé, mon oncle ne me donnait aucune nouvelles. Ferris était morte et Elenwë, bien qu’elle n’était pas de ma famille avait toujours été comme une sœur pour moi mais elle était elle aussi partie pour l’autre monde. Ma seule famille, si tenté que je puisse me permettre de l’appeler ainsi alors que notre relation n’était encore qu’a l’aube de sa vie, c’était Auween.
Finalement je me demandais ce que je ferais si un beau jour, une divinité me proposais de remonter le temps et réécrire mon histoire. Si je n’avais pas été envoyé au temple je n’aurai jamais connu Elenwë, je ne serais jamais devenu templier et n’aurai alors jamais connu Auween. D’autre part je connaissais déjà le scénario si j’allais bien au temple pour ma formation, perdant ainsi ma sœur, tuée par un apprenti zélote.
D’autre part j’aurai encore eu une chance de sauver Elenwë, je connaissais la date de l’incident par cœur tellement il m’était insupportable de respirer ce jour. Au final le destin était cruel, je ne pouvais réécrire mon histoire et arriver à sauver à la fois ma sœur et mon amie.

Et pourtant je n’approuvais pas la totalité de l’exposé de Lunielle, certes je ne pouvais me focaliser sur des faits passés, il fallait aller de l’avant et vivre, se souvenir pour ne pas oublier mais aussi avancer pour ne pas sombrer. Cependant je ne pouvais me convaincre que j’avais passé tout le temps que j’aurais souhaité auprès de ces personnes, pour moi il était clair que je les avais lâchement abandonnées. Je m’accablais peut être un peu trop, c’était un fait mais cette pénitence était bien peu en comparaison aux douleurs et aux tourments que je leur avais causées à toutes les deux. Après tout, si je n’étais pas venu au monde, Ferris n’aurait peut être jamais été traitée comme une moins que rien toute son enfance, Elenwë ne se serait jamais laissée troubler par son amour pour moi au point de se faire blesser mortellement. Ma pensée dépassais sans doutes les limites du raisonnable et pourtant c’est la sensation que j’en avais, je me sentais pitoyable et impuissant.

Etrangement cette pensée c’était atténuée depuis que j’avais rencontré Auween, peut être était-ce lié au fait que j’étais moi-même tombé amoureux, peut être était-ce en lien avec le fait qu’elle avait un caractère bien plus fort et extraverti qu’Elenwë et Ferris. Ou peut être avais-je tout juste commencé à entrevoir l’évidence : Tout ceci m’affectait bien au delà d’un simple sentiment de culpabilité. Cette haine que j’avais éprouvée et que j’éprouve toujours envers les zélotes et les assassins d’Elenwë, cette envie insatiable que j’ai d’appliquer la justice sur ces ordures qui avaient brisés ma vie… Peut être était-ce ce que j’étais depuis toujours, un esprit forgé de haine et de vengeance, l’apôtre sombre du dieu de la mort. Plus le temps passait et plus je doutais de ma capacité à être templier, gardien de la paix en Azthia. J’étais moi-même perdu dans mes pensées, si bien que je n’écoutais plus du tout ce qui se tramais autour de moi. Tandis que j’étais occupé à débattre sur ma santé mentale, Ahina me rappela à la réalité en me tendant un bol de brouet.

Le prenant délicatement en la remerciant, je ne pouvais cependant pas m’extraire de cette longue réflexion qui m’avait pris si soudainement. Une petite bouchée de la pitance marquais une pause dans ma pensée qui, de toute manière, n’allait surement pas passer inaperçu auprès des deux femmes.
C’était à la fois un défaut et un avantage d’avoir un visage aussi expressif que le mien, les bons sentiments passaient bien mais les mauvais également et ici en l’occurrence, je devais faire de la peine à voir. J’étais le premier à connaitre cette sensation qu’était de voir un interlocuteur en proie à l’inquiétude, et je n’aimais pas ça personnellement. Quand je broyais du noir ainsi, c’était généralement à cause de mon passé ou d’un tracas qui avait fait du tort à quelqu’un que j’aimais et généralement, la chose qui me tracassais le plus était justement de faire du mal à quelqu’un que j’aimais. Un cercle de sentiment parfaitement vicieux dont il est difficile de sortir, même quand on à été formé à ressentir et contenir des émotions comme je l’ai été. Mon trouble avait sans doute percuté l’Esprit de Lunielle et pourtant, je crois que pour une fois, j’aurai aimé qu’on me pose les bonnes questions qui permettraient de soulager mon âme…

Je continuais à manger, sans un mot, profitant de chaque seconde de ce petit silence pour me triturer encore un peu la tête et essayer de me raisonner encore une fois, de me dire que ce n’était pas ma faute mais que par respect pour ces deux personnes qui m’étaient chères, je devais continuer ma quête.

Lunielle regardait toujours dans le vide et se rendit enfin compte des paroles qu’elle avait prononcés. Une fois de plus, elle s’était laissé emporter par cette perte de mémoire qui l’obsédait depuis tellement d’année qu’elle se demandait encore si cela valait le coup qu’elle la récupère. Elle regarda autour d’elle et se rendit compte que tout le monde avait l’air perdu dans ses pensées. Qu’avait-elle encore fait. Cela se produisait constamment. Elle devait arrêter de parler en réfléchissant, cela n’amenait que des soucis, de plus elle ne voulait plus causer de peine, à qui que ce soit. Une fois avait été largement suffisante.

Elle mangea doucement et se demanda comment ramener Ahina et Ethiann dans le moment présent. Le jeune homme semblait fortement perturbé par son passé, elle se doutait bien qu’il n’avait pas vécu des choses faciles. Elle se tourna vers lui et violemment reçu toutes les émotions qu’il émettait. Haine, vengeance, peine mais aussi et surtout de l’amour. Elle se dit que rien n’était réellement perdu. Elle devait faire quelque chose. Instinctivement, elle se leva et se dirigea vers Ethiann. Elle posa sa main sur son épaule et commença à parler, guider par les sentiments qu’elle avait éprouvés quelques secondes plus tôt.

« Tu sais, il ne faut pas toujours écouter ce que je dis. J’ai tendance à me perdre dans des réflexions qui n’apporte jamais rien de bon. Je sais qu’on ne se connait pas, pourtant j’aimerais réellement faire quelque chose pour toi. »

Elle s’arrêter quelques seconde et repris finalement.

« Il y a toujours des choses qu’on ne peut pas changer, des choix qu’on a fait qu’on regrette, mais changer le passé ne résoudrait rien. Au contraire, ce sont les actes passé qui ont forgé la personne que nous sommes actuellement. Je pense que tu dois arrêter de t’en vouloir pour tout ce qu’il s’est passé dans ton passé. Si j’ai bien compris, tu as quelqu’un à chérir dans le présent, non ? »

Elle s’arrêta une nouvelle fois, ce qu’elle s’apprêtait à dire était … irrespectueux selon elle, sachant qu’il ne se connaissait pas, mais elle se devait de le dire.

« Tu devrais arrêter de courir après le passé. Souviens-toi de ceux que tu as perdus, de ceux que tu as chéri. Souviens d’eux et laisse retomber ta haine. Haïr n’apporte jamais rien de bon surtout que tu dois construire quelque chose de nouveau. Construire un avenir. Quelqu’un t’attends, ne te laisse pas entraver par le passé au risque de tout perdre dans le présent. »

Elle le regarda une dernière fois et finalement repartit s’assoir. Son esprit, elle sentait qu’elle le contrôlait mieux. Pas d’énorme migraine alors qu’elle avait reçu ses sentiments de plein fouet. Elle avait pu parler correctement à quelqu’un sans cet air glacial qui était d’habitude le sien, comme si maitriser une partie infime de c don lui permettait de mieux cerner les gens. Elle savait qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. D’une certaine manière, elle aussi était piégé par le passé après tout. Sauf qu’elle n’était pas piégé par un passé sombre, mais un passé vide. Elle se tourna vers Ahina et dit finalement aussi.

« Je pense que ton père ressentait ce que tu viens de décrire. Retrouver les moments passé qu’on avait envie de voir vite finir alors que lorsqu’on perdait l’être cher associé à ces moments, on espère pouvoir les revivre. Cependant nous savons que cela est impossible, mais ton père ta céder beaucoup plus qu’une mémoire si on regarde bien. Il ta cédé une science, un caractère, une détermination et surtout un métier. Il a fait de toi ce que tu es actuellement et je pense que c’est en faisant ce que tu fait actuellement que tu sera capable de passé des moments avec lui, même s’il n’est plus là. »

Une fois sa phrase terminé, elle se demanda si Ahina l’avait comprise. Elle avait tendance à s’embrouiller lorsqu’elle parlait de chose de ce genre, cependant elle était certaine que tout le monde ressortirais grandit de cette conversation. Parfois se plonger dans le passé permettait de mieux apprécier ce que l’on avait dans le présent. Parfois vivre dans le présent permettait d’honorer la mémoire de ceux du passé. C’était un juste milieu en réalité. Elle finit par lâcher avec un grand sourire, un sourire qu’elle n’avait encore jamais eu, comme si pour la première fois elle ressentait le sentiment de joie.

« Le présent et le futur découle du passé; il est ce que l'on est, ce qui nous a forger. Nous devrions en tenir compte et apprendre des erreurs passé pour forger un avenir dont nous pourront être fiers. »

Elle les regarda tour à tour, toujours souriante. Elle ne voulait plus les voir à moitié déprimé, sinon son mal de tête se réveillerait une fois de plus. Elle se rendit compte que pour la première fois depuis qu’elle voulait récupérer cette mémoire, elle se sentait libre. Libre d’exprimer ce qu’elle ressentait, libre de se rendre compte de ses erreurs passées. Elle avait trouvé en Ahina une amie, et en regardant Ethiann, elle espérait qu’il puisse le devenir un jour. Forger leur présent et leur futur, c’était ce qu’il devait faire. Le passé était le passé et s’il était passé alors on devait le laisser derrière en se souvenant, non en l’oubliant, mais surtout en continuant d’avancer.

Ahina avait écouté Lunielle parlé. Elle avait senti, vaguement, la mélancolie s'installer sur le camp après leur discussion sur le temps et la mémoire. Cependant, cette sortie sur son père ne lui avait pas plu. Certes, elle comprenait bien pourquoi elle disait cela... Oui, elle le comprenait vraiment.

D'ailleurs, ce qu'elle disait à Ethiann, sur la vengeance, sur la haine, sur le pardon, sur le souvenir... Finalement, ça n'avait peut-être pas été sa plus brillante idée de l'amener à Tamawa pour qu'elle y développe l'Esprit. Cela promettait de faire des vagues par la suite, d'autant que les Zélotes avaient toujours été tatillons sur ce don qui était bien souvent réservé aux Templiers... Et dans la mesure où les Templiers Crépusculaires étaient des adversaires farouches des protecteurs de Cydonia... Non qu'elle ne le comprît pas, d'ailleurs, mais Ahina avait toujours eu du mal à globaliser, à se dire que telle personne était mauvaise parce qu'elle appartenait à tel groupe, ou parce qu'elle avait suivi les mauvais ordres.

Haussant les sourcils, la jeune Cydienne sortit de sa réflexion. Certes elle comprenait d'où venait Lunielle avec ce commentaire, et si elle avait la chance d'avoir conservé la mémoire des jours passés avec son père, les évènements ayant rayé cette existence aimée de la carte lui restaient obscurs, la rongeant de l'intérieur même lorsqu'elle s'efforçait de ne pas y penser. Et les émotions ressenties par la forgeronne chez le Templier faisaient naître des interrogations dans son esprit...

Si elle avait connaissance de qui avait tué son père, chercherait-elle à le venger? Remercierait-elle celui qui l'avait sauvée en laissant ce corps chéri pourrir au soleil? Le maudirait-elle? Autant de questions auxquelles elle pensait ne jamais avoir de réponse. Se laissant aller contre le tronc de l'arbre lui servant de dossier, elle caressa distraitement le petit disque de pierre qu'elle portait autour du cou.

Se reprenant, elle inspira profondément, accueillant dans ses poumons l'air sec et maintenant froid des Plaines Arides charriant encore un peu de sable malgré le calme plat qui s'était abattu autour d'eux. Dans le lointain, la lune commençait à montrer sa pâle face brillante alors que les derniers échos d'un cri animal résonnait. Elle sentait cet air la purifier, entraînant avec lui tous ses sentiments négatifs, les enfouissant quelque part où ils ne seraient pas perçus et analysés, pas maintenant alors que quelqu'un d'autre avait beaucoup plus besoin de soutien. Elle se savait trop distraite pour véritablement pouvoir aider quelqu'un aussi se contenta-t-elle de se rapprocher du Templier et de poser un de ses longues mains fines sur l'autre épaule du jeune homme, lui apportant une présence silencieuse rassurante.

Invité

Je restais stoïque face à tout ce que Lunielle me disait. J’avais deviné que mes émotions n’allaient pas passer inaperçues pour elle qui avait aussi ce mystérieux pouvoir qu’était l’Esprit. J’étais presque à découvert, ma haine qu’elle avait du ressentir, elle n’avait beau pas savoir envers qui je pouvais la tourner en particulier, ça trahissais plus ou moins cette appartenance aux templiers du crépuscule. Après tout peu de templiers étaient voués à une haine pareille, le peu qui y était, c’étaient les crépusculaires. Bien que nous ayons tous une raison plus ou moins bonne pour nous détacher du temple, les zélotes étaient un point que nous partagions tous sur notre tableau de chasse. Pour ma part ce n’était que de la haine et jusqu'à ce que j’en ai un en face de moi, je n’avais aucune raison d’affirmer que je lui ferais du mal.
Mes actes ou plutôt mes échecs m’avaient forgé, certes, j’étais devenu tout ce que je n’aurais jamais voulu être et pourtant j’apprenais à vivre avec depuis déjà quelques années, et depuis que j’avais rencontré Auween, j’avais même retrouvé un sens à ma vie et pourtant je vivais toujours dans cette peur qu’elle me soit retirée par la force des choses. Lunielle avait raison et tort à la fois, je comprenais ce qu’elle voulait dire et pourtant nous interprétions ces propos différemment. Je me souvenais de tout ceux que j’avais perdu, et c’est justement parce que je me souvenais d’eux que j’étais devenu ainsi, peut être était-ce en bien, peut être en mal, je partais du principe que les gens me voyaient comme ils le désiraient, je n’avais en aucun cas dans l’idée de leur imposer une image de moi.

« - Tu as raison, mais c’est justement parce que je me souviens de tout ceux que j’ai perdu que je suis devenu l’homme que je suis, j’ère dans le but de trouver ceux qui ont assassiné ma sœur et ma meilleure amie et les trainer devant la justice pour qu’ils y répondent de leurs crimes. De plus, tant qu’ils seront en liberté, la paix en Azthia ne sera jamais assurée parfaitement. »

J’avais dit ça avec un ton teinté de froideur et pourtant je n’y voulais aucune forme d’agression pour Lunielle. Ahina avait également posé sa main sur mon épaule, elle qui n’avait pourtant pas l’Esprit avait très bien compris que je n’étais pas dans mon assiette, de toute manière ça se voyait physiquement, inutile d’être extra-lucide pour le deviner. L’attention qu’elles me portaient me faisait cependant du bien, Ahina et Lunielle ne me connaissaient pas et pourtant elles faisaient preuve de bienveillance, une qualité qui devenait de plus en plus rare maintenant. Je me calmais, laissant un long soupir briser le silence avant de finalement lâcher un léger sourire sincère et d’ajouter.

« - Il m’arrive souvent de me demander ce que je ferais si, d’un coup, je me retrouvais en face de ceux que je recherche, bien souvent je me suis dit que ma première réaction serait de laisser exploser toute cette haine qui brûle au fond de moi depuis tant d’années, mais avec le recul je me dis que ce n’est pas le meilleur moyen de rendre hommage à ceux que j’ai perdu. Mon destin est tout tracé, je trouverais ces hommes et les mettraient hors d’état de nuire, ainsi je pourrais vivre ma vie avec le cœur libérer d’un poids que je traine non pas parce que je m’en sens obligé, mais parce que je l’ai voulu. Je serais ensuite libre de retourner auprès de celle que j’aime et prendre soin d’elle comme j’aurais du le faire en tant que frère et ami pour ces deux femmes qui, elles, ont toujours tout sacrifié pour moi. »

Une réflexion assez paradoxale sur le principe, j’en avais conscience. Et pourtant je trouvais que c’était la moindre des choses à faire, pour Ferris, pour Elenwë mais surtout parce que j’avais peur de perdre Auween. Cette sensation que j’avais eue en tenant Elenwë mourante dans mes bras tandis que la vie s’évaporait de son corps élagué par la barbarie de je-ne-sais-qui m’avait littéralement détruit émotionnellement. Je ne voulais imaginer quel seraient les répercussions si la même scène devait se reproduire avec Auween, dans un sens comme dans l’autre, je ne voulais pas qu’elle souffre, aussi je me voulais prudent. J’avais beau me dire que la mort ne me ferait rien, je songeais parfois à l’impact qu’elle pourrait avoir sur Auween mais aussi lorsque je me disais que je pourrais jamais la revoir. Mourir ne représentait rien pour moi mais ce n’était pas le cas pour tout le monde, certaines personnes pensaient à moi et pour cela, je ne pouvais me permettre de mourir d’une manière si égoïste.

Cependant, le temps que mes deux partenaires de voyage venait de m’accorder m’avait fait du bien, je me sentais tout de même plus léger, il était toujours plus réconfortant d’avoir une oreille attentive en cas de soucis. Ma mission actuelle était de les aider à franchir ce fichu désert et c’est bien ce que je comptais faire. On ne se connaissait pas tout à fait et pourtant, je les aimais bien.

« - Allons bon ! Actuellement ma mission c’est de vous accompagner jusqu'à destination et vu que la journée de demain s’annonce assez chargée, je pense que nous ferrions mieux de nous reposer pour le moment. »

Sur ce, je prenais même la peine de claquer mes mains entre elles pour donner plus d’impact à ce changement de sujet…
La nuit allait être longue et je n’allais surement dormir que d’un œil.

Lunielle écouta très attentivement ce que disait Ethiann, pour la première fois de sa vie, elle avait envie de comprendre quelqu’un, de pouvoir réellement lui venir en aide avec ce pouvoir qui était le sien. Certes, elle en avait d’autre qui pouvait être utile, mais cet esprit était quelque chose d’extraordinaire. Elle se demandait aussi comment se passerait son retour a Cydonia ou vivait le zélote qui avait en horreur ce genre de pouvoir. C’était aussi pour cela qu’elle avait besoin de le contrôler, parce qu’elle sentait qu’il échappait à son rejet et ce n’était pas bon du tout. Elle se rappela les dernières paroles d’Ethiann, oui la journée allait surement être longue surtout qu’il leur était possible de tomber sur des bandits. Heureusement pour elle, elle n’avait pas réellement besoin de beaucoup de sommeil pour récupérer de cette journée. Elle se demandait bien d’ailleurs comment cela se faisait, c’était ainsi depuis toute petite.

Lorsqu’Ethiann, elle enleva sa main de son épaule non sans lui ébouriffé les cheveux. Comme un petit frère, oui elle le voyait ainsi. Il pouvait très bien être templier et avoir besoin d’aide. Finalement il était comme Ahina et elle. Toujours plonger dans son passé, torturer parce qu’il s’était passé ou qui ne s’était pas passé. Le passé était quelque chose de tellement pesant dans la présent et le future car c’était lui réellement qui forgeait ce que nous allions devenir. Elle soupira tranquillement et s’assit le dos contre l’arbre à côté d’elle. Elle regarda les étoiles présentes dans le ciel. Depuis quand n’avait-elle plus fait cela. Depuis quand se contentait-elle de forger et de rien d’autre, elle se posait tant de question et si peu de réponse lui parvenait.

Elle regarda un instant ses compagnons et sourit, elle n’avait jamais espéré pouvoir trouver des amis, des compagnons de voyage. Lorsqu’elle s’était éloignée de Silmarie c’était pour laisser vivre son père adoptif. Elle ne connaissait rien au monde en dehors de ce qu’il lui avait appris et elle était totalement glaciale envers tous ceux qui l’entouraient. Elle n’avait jamais pu se faire d’ami ou quelque chose qui pourrait ressembler à de l’amitié, elle ne savait même pas ce que cela voulait dire. Depuis qu’elle s’était un peu ouvert à l’esprit, elle comprenait mieux et elle commençait à laisser un peu tomber ce côté glacial, elle ne serait jamais réellement quelqu’un de chaleureux, ses yeux serait toujours teinté d’un gris qui ne laissait rien paraitre et elle était trop habituer à garder un masque impassible pour le laisser tomber, oui il lui restait encore du chemin à faire.

« Je suis contente de t’avoir rencontré Ahi. Je suis heureuse de pouvoir faire ce voyage avec vous et j’espère Ethiann qu’on pourra devenir ami. J’en demande peut être beaucoup, mais c’est bien la première fois que j’ai envie de tisser des liens avec des gens. Ne me demandait pas pourquoi je serais incapable de vous répondre. »

Elle les regarda tour et à tour sans rien dire d’avantage puis comme si c’était normal, elle se remit à parler.

« Je ne dors généralement que deux à trois heures, c’est pour ça que je finis toujours mes commande à temps dit-elle en regardant Ahina. Si cela ne vous dérange pas j’aimerais dormir en premier, je suis plus du matin que du soir. D’un autre côté, je ne dors toujours que d’un seul œil et je pense que je ne suis pas la seule. Comme vous le sentez, je vous suis sur ce coup là. »

Elle leur sourit sincèrement. Depuis un certains temps, elle avait appris beaucoup de chose et elle le devait à ces deux personnes près d’elle. Elle leur en serait toujours reconnaissante. Elle ferma les yeux sans s’endormir pour autant et repensa aux motivations d’Ethiann. Si en retrouvant la mémoire elle se rendait compte que ses véritable parents s’était fait assassiner, comment le prendrait-elle ? Chercherait-elle aussi à se venger ? Elle n’en savait rien, tout ce qu’elle voulait pour l’instant c’était ne pas pensé à ce trou béant dans sa mémoire qui ne faisait que la rendre amère lorsque l’on parlait de souvenirs. Elle voulait juste profiter de l’instant avec les deux personnes qui l’accompagnait.

Ahina avait écouté avec beaucoup d'attention et de compassion les révélations d'Ethiann. Elle n'en avait pas pour autant l'impression de le comprendre et n'irait certainement jamais le juger pour ses actes ou son ressenti, car elle pensait bien qu'elle aurait pu avoir la même démarche si elle avait seulement su à qui ou à quoi s'en prendre. Cela dit, elle n'avait personne qui l'attendait véritablement, et c'était bien cette impression qui rendait la vengeance dangereuse, parce que rien ne vous oblige à en revenir.

Une autre question se posait, celle du ressenti. Une fois la vengeance accomplie, restait-il vraiment autre chose qu'un grand vide, comme elle avait pu le lire dans un exemplaire très secret d'un journal de Templier longtemps auparavant...?

Puis Lunielle prit la parole en lui affirmant être heureuse qu'elles soient devenues amies, ce qui fit sourire la jeune Cydienne. Cela la satisfaisait également d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui l'acceptait dans sa ville d'origine, sans même en savoir tant que cela sur elle...

Lorsque vint la question de la nuit et d'éventuels tours de garde, elle finit malgré tout par reprendre la parole, un petit demi-sourire toujours accroché aux lèvres:

"Bien évidemment, il est nécessaire d'instaurer des tours de garde et de rester attentif, d'autant que nous ne sommes pas loin de l'habitat naturel de créatures des Plaines, et que des attaques de bandits peuvent toujours arriver même aussi proche de Tamawa. Je pense donc qu'Ethiann pourrait commencer si cela ne le dérange pas, puis il réveillera Lunielle, qui me réveillera moi-même... Je questionne en ce moment précis la pertinence de ma propre surveillance, mais je ne peux tout de même pas vous laisser faire tout le travail... Bien, si cela vous convient, nous devrions essayer de nous reposer désormais."

Sans même faire exprès, Ahina fit l'exemple de ses doutes en se prenant les pieds dans une des cordes tenant sa tente, envoyant voler son bol de thé.... directement dans le feu, l'éteignant presque. Avec un haussement d'épaules, elle secoua la tête avant de sortir le bol des braises avec un bâton. Heureusement, elle avait l'habitude et tout ce qu'elle possédait pour le voyage était particulièrement résistant.

Elle leur sourit ensuite en secouant la main avant de rentrer dans sa tente, qui avait également tenu le choc. En y réfléchissant, elle doutait être réveillée par qui que ce soit avant l'aube et leur départ... En souriant largement maintenant, elle se déshabilla avant de se glisser dans une moustiquaire. Pendant un certain temps, elle écouta les autres évoluer dans le campement, essayant de ne pas ressasser ce dont ils avaient parlé dans la soirée.

Comme prévu, elle se réveilla d'elle-même avant l'aube, s'étirant en retirant le caillou qui s'était enfoncé dans son flanc tout la nuit. Sortant de la moustiquaire, elle se rhabilla avant de sortir et de saluer Lunielle, de toute évidence éveillée depuis longtemps. La jeune femme profita du puits pour refaire une rapide toilette à l'eau véritablement glacée, puis pour remplir la bouilloire et préparer une nouvelle tournée de thé.

Petit à petit, chacun se leva, petit-déjeuna et se prépara, rangeant son paquetage. Ahina rechargea donc Cruchon, fier comme un coq de sa nuit dans les Plaines. Cet animal aimait les voyages autant, voire même plus qu'elle, c'en était édifiant... Secouant la tête, elle lui sourit en le brossant pour chasser le sable qui l'alourdissait.

Le chaud soleil dardait à peine ses premiers rayons rouges lorsqu'ils quittèrent l'oasis. Se repérant à sa boussole et à ses souvenirs, Ahina les conduisit sur une large boucle qui éviterait les terres des basilics et les mènerait au puits enterré. La même routine que la veille se mit en place, les arrêts fréquents, le peu de parole, la chaleur, le sable, les pierres...

Le soir venus, ils campèrent en plein désert, n'étant proches d'aucun point d'eau, et ils durent se rationner sur le liquide. Il ne purent pas non plus allumer de feu, parant les dunes et les pierres d'ombres inquiétantes, faisant du moindre bruit une sujet de peur. Ils ne parlèrent pas cette nuit-là et se serrèrent pour dormir, peu rassurés par la lumière de l'astre nocturne.

Le lendemain fut encore plus dur, car la véritable fatigue commençait à se faire sentir, et ils avaient très mal dormi. Le manque d'eau commençait à inquiéter Ahina, qui se rassura en apercevant les premiers repères qui les conduiraient à cet endroit secret où des bandits les avaient menés Res et elle, et les avaient accueillis assez chaleureusement, leur révélant quelques secrets des Plaines.

D'ailleurs, plus ils approchaient, plus elle avait l'impression que quelqu'un devait camper à proximité. Circonspecte, car elle n'était pas forcément pisteur dans l'âme, elle força l'arrêt et prit la parole d'une voix calme mais légèrement tendue, et rendue encore plus rauque par la sécheresse de sa gorge:

"Il est possible qu'il y ait déjà des gens autour du puits. Je ne saurais pas dire pourquoi j'ai cette impression, alors ne demandez pas... Mais ce sont peut-être, je dis bien peut-être des gens que je connais, ceux qui nous ont montré ce puits la première fois. Il faut que vous compreniez que nous devons absolument que nous puissions atteindre ce puits. Nos réserves d'eau sont dangereusement basses et nous avons encore un jour de voyage avant d'atteindre les ruines où nous nous installerons et où il peut y avoir des bandits. Très bien, vous êtes le stratège ici, Ethiann, que conseillez-vous? Tout en prenant en compte qu'ils ne nous sont pas forcément hostiles..."

Elle les regarda ensuite tour à tour avant de fixer ses grandes prunelles d'un bleu troublant sur le Templier...

[hrp] Bon, je sais, il est midi passé... Si Lunielle propose de faire un repérage vu du ciel, je t'enverrai les détails de l'endroit par MP =) [/hrp]

La nuit s’était plutôt bien passé et comme à son habitude, Lunielle n’avait dormit que très peu et avait veillé le reste du temps. Elle regarda Ahina faire le petit déjeuner. Elle se rappela alors la scène d’hier et Ahina butant contre la corde de sa tente et faisant voler son bol de thé. Elle savait qu’elle n’était pas très équilibrée sur ses pieds, elle butait souvent dans pas mal de chose. Heureusement pour elle, elle se faisait rarement mal. Après quelques minutes, tout le monde était levé et une fois la mule rechargée, ils partirent vers leur prochaine destination.

Ce jour là, elle se dit que visiblement, le désert détestait les gens comme elle. Le soleil tapait sur leur corps avec une assiduité croissante. Si cela continuait, ils finiraient griller sous cette étouffante chaleur. Elle se concentra pour ne pas perdre le contrôle de ses facultés. Elle n’avait jamais eu de mal à tenir la chaleur, mais entre la forge et le désert, la définition de chaleur paraissait bien différente.

La nuit lui parut encore pire que la journée. Heureusement, grâce à son pouvoir elle pouvait distribuer de la chaleur aux personnes présente à côté d’elle. Ce qu’elle tenta de faire toute la nuit, le seul souci c’est qu’elle ne put dormir et en reprenant la route le lendemain, elle se sentait totalement lasse et privée de force. S’ils n’arrivaient pas bientôt, ils ne tiendraient plus très longtemps, heureusement pour eux, Ahina semblait avoir repéré l’endroit ou ils pourraient enfin s’arrêter de se poser tranquillement. Cependant, le soulagement de Lunielle fut de courte durée. Il semblait y avoir déjà quelqu’un là ou ils devaient se poser et c’est lorsqu’Ahina parla qu’elle se rendit compte de ce qu’elle devait faire.

Lunielle tourna la tête vers Ethiann, cependant elle se demandait bien ce qu’il pourrait faire ç une distance pareil. Pour pouvoir émettre un quelconque plan, il fallait pouvoir repérer un peu les lieux et cela, elle pouvait le faire pour eux. Avant que l’un d’entre eux ne puisse dire quelque chose, elle posa une main sur chacune de leurs épaules.

« Bien il est temps pour moi de faire quelque chose pour vous. Je ne vous garantis rien, mais je vais faire de mon mieux. »

Sans plus de cérémonie, elle commença à se déshabiller, se retrouvant en sous-vêtement et avec une petite pensée, elle sentit son corps se rétrécir, ses os se soudèrent d’une autre façon et sa peau commença à la picoter, la ou des plumes commencèrent à pousser. A la place de l’elfe, se tenait maintenant un faucon.

Il ne lui fallut que deux petites minutes pour changer de forme, plus ça allait et moins c’était douloureux ou alors elle s’habituait à la douleur. Elle n’avait encore parlé à personne de cette compétence qu’elle avait acquis lors de son récent voyage à Silmarie. Elle allait surement devoir expliquer cela à Ahina une fois qu’il serait arrêté, mais tant pis. Elle prit alors rapidement son envol, profitant d’un des courants d’air non loin de là. Elle ne maitrisait pas encore totalement ses formes animales, cependant elle se familiarisait petit à petit avec elle et même si elle ne savait pas exactement comment utiliser à bonne escient ses forces et autres, elle se débrouillait assez pour faire une petite mission de reconnaissance.

Comme un rapace qu’elle était, elle décida de faire plusieurs allers-retours, comme si elle chassait quelque chose non loin de là. Elle passa une première fois au dessus de la zone qu’Ahina avait montré, elle ne vit pas grand-chose à part quelques roche posées selon un ordre particulier qui prouvait que des gens passait par ici. Elle repassa une seconde fois, descendant légèrement et utilisant la vision lointaine du rapace pour voir s’il n’y avait pas plus. Elle remarqua une certaine forme de vie dans se paysage sableux et rocheux. Elle put aussi voir des animaux, au nombre de deux lui semblait-il. Elle regarda un peu mieux et découvrit qu’en plus de vêtements de bonne qualité, l’un des deux hommes portait une dague à sa ceinture. Une dague qu’elle avait déjà remarqué mais ou… Elle se mit en vol stationnaire et réfléchit ; Cela ne pouvait pas être dans sa forge, elle connaissait par cœur ce qu’elle avait en arme et cette dague n’en faisait pas partie. Comme un fouet, elle se rappela ou elle avait déjà vu cette dague, aux plaisirs d’antan bien sur. Il ne faudrait pas qu’elle oublie d’en parler à Ahina. Elle repassa une dernière fois, si elle faisait trop d’allers-retours, les hommes pourraient avoir des soupçons, seulement elle devait savoir s’il n’y avait pas plus. Elle inspecta un peu plus la scène et remarqua des détails pour le moins intéressant. Elle sentit des crampes venir dans ses ailes. Elle n’avait pas utilisé de forme animal depuis qu’ils étaient partit. Elle épuisait trop vite son énergie, elle devait revenir auprès des autres le plus rapidement possible. Elle vola alors le plus rapidement possible jusqu’au autre et tenta d’atterrir convenablement. Seulement si le décollage paraissait simple, l’atterrissage l’était beaucoup moins et la fatiguer n’arrangeais en rien la chose. Elle espérait avoir encore un peu de force pour se retransformer.

Elle s’écrasa tout bonnement au sol, une aile plier sous aile. Elle allait surement avoir mal au bras pendant un petit moment. Elle se concentra pour reprendre sa forme initiale et mis quelques minutes pour y arriver. Ce voyage avait été éprouvant, il fallait vraiment qu’elle s’entraine pour éviter de genre de désagrément ; Elle réussit néanmoins à se retransformer et poussa un petit cri de douleur lorsqu’elle tenta de se servir de son bras. Elle avait du se froisser un muscle ou quelque chose dans ce genre là. Elle se rhabilla aussi vite qu’elle le pu et finalement raconta ce qu’elle avait vu.

« Deux hommes au teint buriné avec des chevaux qui ont tout le matériel nécessaire pour survivre dans le désert. Elle s’arrêta un instant, se massant doucement le bras. L’un des deux porte la même dague que j’ai pu voir dans ton magasin et il y en un qui a les yeux vairons. Ils ne semblent pas hostiles, mais je suis certaine qu’ils savent très bien se défendre. Voilà c’est tout ce que j’ai pu voir. »

Elle se tourna vers sa gourde et prit de grande gorgée. Ce vol l’avait littéralement mise à plat et il lui faudrait quelques heures pour que la douleur de son bras se calme. Elle regarda alors tour à tour Ethiann et Ahina pour savoir de la suite à adopter.

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