[FA - fuite du Temple] Ce qui sonnait comme une trahison [ Evenor, Jacen, Jelenna, Aerin ]

Dans la nuit du 15 Tombepluie au 16.
La nuit était bien entamée lorsque la nouvelle était tombée.
Les ondes meurtrières, agressives et en proie à la violence avaient envahi peu à peu le Temple et tous les avaient ressenties, au creux de leur lit, réveillés en sursaut par les affres de l'Esprit. Nombreux s'étaient demandé ce qu'il se passait mais ce don précieux que la nature leur avait confié venait sans doutes de leur sauver la vie. Si les jeunes apprentis se demandaient ce qu'il se passait, pour ceux qui avaient eu la chance de se réveiller, les plus entraînés avaient rapidement pris les choses en main. Jiven et Jacen s'étaient réunis en urgence tandis que les maîtres commençaient à réveiller les plus jeunes et à les rassembler dans le réfectoire dans l'urgence. La tension parmi eux était palpable même s'ils affichaient un calme relatif pour ne pas effrayer les apprentis. Le directeur du Temple et le co-directeur ne mirent que peu de temps à décider de l'évacuation du Temple, il valait mieux qu'il en soit ainsi pour éviter un bain de sang inutile. Les présences au delà des murs étaient trop nombreuses et ils étaient trop peu préparés à une attaque de cette envergure pour parvenir à les repousser sans perte. Jiven ordonna à son vieil ami de le laisser servir d'appât et c'est ainsi que tout commença... Les ordres avaient été rapidement relayés pour éviter de perdre trop de temps. Jacen avait pris la décision seul de mener l'ensemble de l'Ordre à Silmarie pour y trouver refuge. La jeune Grande Prêtresse ne verrait certainement aucun problème à ce qu'ils trouvent refuge dans la cité des brumes et s'il faudrait certainement convaincre sa préceptrice, cela valait mieux que Muria ou Storghein politiquement parlant. Erathia était trop loin pour être envisageable.

Le Temple avait été évacué le plus rapidement possible, dans un ordre relatif lorsque la nouvelle s'était répandue. On quittait le Temple pour fuir un danger, un imminent danger qu'ils ne pouvaient pas surmonter, de quoi faire peur aux plus jeunes et de quoi angoisser les plus aguerris. Dans la panique, Jacen tenta de distribuer et relayer ses ordres. Le point de chute était la cité des brumes et chaque groupe devait comprendre au moins un Templier pour être sur que tous y parviennent et que personne ne soit laissé derrière. Ils étaient libres de choisir le chemin pour s'y rendre, le tout était d'éviter de partir en groupe trop volumineux car si leurs assaillants les poursuivaient, mieux valait être par petits groupes pour les semer.

Evenor était resté aux côtés de Jacen durant toute l'opération jusqu'à ce que ce dernier ne l'envoie chercher sa fille et le fils de son vieil ami. Les deux jeunes gens s'étaient réfugiés ensemble dans le fond du réfectoire, attendant visiblement de voir un visage suffisamment familier pour accepter de le suivre. Dans la panique, ils suivirent Evenor sans un mot et c'est ensemble qu'ils quittèrent le Temple. C'est également ensemble qu'ils attendirent Jacen dans les collines brumeuses, à quelques heures de marche du Temple, alors que la journée était bien entamée.

Jacen avait tenté les démons jusqu'au bout, attendant d'être certain de sentir l'Esprit de sa fille s'éloigner progressivement des lieux, il quitta le Temple bien après les principaux contingents menés par les divers maîtres de l'institution en péril. Pendant de longues minutes, il hésita même à braver les décisions de son ami et de rester là, auprès de lui pour faire front ensemble comme ils l'avaient toujours fait. Savoir Jiven seul avec ces fous sanguinaires le révoltait tout autant que cela l'inquiétait. Mais il devait être réaliste et pragmatique : ces brutes n'avaient pas besoin de deux otages. Jacen n'avait aucune valeur à leurs yeux, il n'était pas l'âme représentante du temple ni même un descendant d'une grande famille pour une rançon. Il était l’acolyte qu'on sacrifiait dans les romans pour montrer qu'on était sérieux ! Et il allait être déjà très difficile de regrouper les templiers éparpillés sur les différentes terres, de les rassurer, d'organiser une résistance et de perpétuer leurs traditions sans leur directeur, alors Jacen ne pouvait pas se défiler à nouveau sous prétexte que ses sentiments personnels entraient en compte. D'autant qu'une fois Jelenna en sécurité, Philea allait lui tomber dessus à bras raccourcis et qu'il allait devoir batailler ferme pour qu'elle puisse continuer à s’épanouir auprès d'eux... Même si, malgré son optimisme, Jacen ne savait pas s'ils pourraient reformer un ordre cohérent après cela. Ils avaient pourtant survécu à tant de guerre ! Pourquoi, et qui pourrait leur en vouloir encore aujourd'hui ?
Jacen profita lui aussi de l'obscurité pour s'échapper, utilisant tout son art pour localiser les esprits vivants afin de regagner sa cachette et le passage secret d'évacuation d'urgence. Heureusement, il était encore vide et inviolé, même si Jacen aurait préféré que quelques templiers y trainent encore pour faire le chemin d'exil avec lui. Un Sensible n'était jamais seul vraiment, mais une présence physique était un réconfort tout autre qu'une voix dans la tête.
Une fois le long tunnel derrière lui, le cydien se risqua à contacter sa fille pour s'assurer de sa santé. Elle avait, avec Aerin et son maître, beaucoup d'avance sur lui car ils avaient récupéré leurs chevaux, ce qui n'était pas le cas de Jacen. Il allait donc lui falloir regagner Arcera comme première destination, acheter une nouvelle monture et rallier Silmarie par la suite. Il avait emporté avec lui, depuis le bureau de Jiven, toutes les économies templières qu'il avait pu. Il avait plus qu'assez pour acheter un cheval, mais Jacen était un avare qui ne se refaisait pas. A Arcera, il se résolue pourtant afin de gagner quelques heures de voyage et arriva, bien après sa fille, au village brumeux des elfes. Il était attendu, pour sûr, Jelenna ayant déjà prévenu sa jeune amie dirigeante. S'il avait hâte de s'entretenir avec Eloween, Jacen avait surtout envie de tenir sa fille sans ses bras.

Les événements avaient fait en sorte que rien ne se passe comme prévu.
A l'heure où le sang et les hurlements raisonnaient dans les rues de Tamawa, la petite fille n'aurait jamais du se retrouver là. Au contraire, elle aurait du être à des lieues de l'ancienne cité neutre, dans la cité forestière où sa mère régnait en maître. Cependant, rien ni personne n'aurait pu prévoir qu'elle se retrouverait nez à nez avec Azael en personne, ni même encore qu'elle devrait retourner au Temple pour tenter de calmer ses émotions et de faire part à son père de ses inquiétudes. En réalité, elle aurait tout simplement du se rendre au bal de la cité nordique, en profiter, s'amuser et danser toute la nuit avant de retrouver le chemin de la maison … Sauf que bien entendu, rien de tout cela n'avait eu lieu. La rose de saphir, la bague de Silmaria, Glace et Ankha, la Clé, s'étaient retrouvées au même endroit et nul n'aurait pu se douter que cela suffirait à ramener « à la vie » le plus ancien et le plus craint des dieux d'Azthia. Sans parler du fait qu'il avait l'air totalement shooté et totalement « aware ». Les sentiments, les émotions et les vieilles peurs du passé s'étaient réveillées chez la demoiselle qui n'avait pas pu faire autrement que de se retrouver au Temple pour tenter de comprendre ce qu'il se passait. Rien de tout cela n'aurait du arriver.

Les échos du passé étaient venus la hanter à nouveau cette nuit-là mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, la petite fille comprit que le passé n'avait rien à voir avec son cauchemar et encore moins avec la réalité. Elle était reliée en permanence au monde extérieur et, comme durant la bataille du Point du Jour, la petite Amazone sentait ce qu'il allait se passer. Ainsi, elle avait certainement été parmi l'une des premières à ressentir les ondes meurtrières et le mouvement inhabituel qui saisissait les rues de l'ancienne cité neutre. Jelenna s'était alors redressé sur sa couche avant que l'un des maîtres n'entre en trombe dans la chambre pour leur dire d'évacuer le plus vite et le plus calmement possible et de se rassembler dans le réfectoire. Aussitôt, la petite obéit, « sentant » pertinemment que le danger n'était pas feint. Elle avait senti la mort du Templier aux portes de leur bâtiment et elle sentait désormais l'agitation générale, la peur, la mort, la violence, la haine. Il y avait tant de sentiments étrangers et violents qu'elle tenta de répéter les enseignements de son père. Le plus rapidement possible, elle construisit la carapace qui la protégeait des autres et ferma son Esprit. Une fois dans le réfectoire, elle retrouva Aerin, niché dans le fond avec sa louve à ses pieds. Nyméria était dressé, sur le qui-vive tandis que le métisse était tout simplement assis, attendant que quelqu'un qu'il connaissait lui tende la main.

« Aerin » appela son amie pour qu'il la voit.

Elle le rejoignit en deux foulées et s'installa à ses côtés, résolue à ne pas quitter le Temple sans son père malgré son cœur battant la chamade et sa propre peur. Aux côtés du garçon, elle se sentait quelque peu apaisé mais sans pour autant faire la maligne. Lorsqu'Evenor vint à leur rencontre, elle se leva, attrapant la main qu'il lui tendait et précipita les choses :

« Où es mon père ? »
« Il nous rejoindra »
« Et le mien ? » demanda Aerin.
« Ne t'inquiète pas, il nous rejoindra également »

Jelenna sentit le mensonge chez l'Elfe mais elle n'eut pas le temps de s'attarder plus encore sur cette sensation car le maître les menaient par les couloirs souterrains. La petite Amazone prit la main de l'Almer dans la sienne comme pour se donner du courage. Ils empruntèrent en silence les souterrains jusqu'à se retrouver tous les trois près de la porte Est. Evenor avait volontairement pris le parti de ne pas suivre le gros des troupes pour éviter de se faire prendre ou de tomber dans une embuscade ainsi, le point de rendez vous était donné à Silmarie et il fallait s'en tenir là. Alors qu'ils allaient s'aventurer vers la porte pour sortir de la cité en douce, Aerin refusa d'avancer.

« Les chevaux ! » s'exclama-t-il, « On ne peut pas les laisser ! »
« Ce n'est pas le moment de penser à cela » le rabroua son maître
« Évidemment que si, je ne laisserais pas le mien ici et ils auront un avantage sur nous si tu leur laisses l'occasion de les prendre ! »

Il marquait un point, il fallait le reconnaître et l'écurie n'était vraiment pas loin, à deux rues à peine. Ils parcoururent la distance sans bruit, le cœur battant à tout rompre. Bien entendu, deux gardes étaient posté devant la porte. Evenor leur fit signe de ne pas bouger mais les deux enfants l'ignorèrent, ils étaient archers, il était temps de faire leur preuve et cela éviterait d'alerter les autres. Aerin invoqua péniblement le fil de son arc et tira la première flèche et le temps que le second garde réagisse, il avait tiré la deuxième. Evenor fut quelque peu étonné par le comportement du garçon mais il s'abstint de commentaires, le temps pressait. Ils pénétrèrent dans l'écurie et ouvrirent tous les box pour laisser s'échapper les chevaux, si certains étaient affolés, la plupart trouveraient sans doutes les portes de la cité facilement par habitude. Quelqu'un pénétra par la porte et fort heureusement pour eux, ce furent des Templiers qui avaient eu la même idée. Ils prirent les chevaux en main et les trois compères filèrent, Jelenna montant derrière Aerin.

L'esprit vide, la demoiselle avait laissé faire Evenor qui les avait guidé vers la cité brumeuse.
Ce ne fut qu'une fois arrivée que Jelenna reprit conscience du monde extérieur. Elle devait voir Eloween, c'était plus que nécessaire car la Grande Prêtresse allait se demander ce qu'il se passait. Elle fut étonnée de voir que l'Almer avait déjà pensé à le faire … Ouvrant à son tour son Esprit, elle chercha désespérément son père. Lorsqu'il arriva enfin dans la cité des brumes, elle sortit le rejoindre sous le regard compatissant de la jeune Elfe.

« Papa ! »

Sans plus attendre, elle se blottit dans ses bras, rassurée de le savoir en vie même si elle ne l'avait pas quitté un seul instant depuis leur départ par la pensée.

« Papa, où est Maître Jiven ? » demanda-t-elle, soudainement consciente qu'il ne l'accompagnait pas.

[ Désolée, j'en suis venue au fait tout de suite ç___ç ]

[ Je relance ^^ ]

Il y avait des choses que le cœur ne pouvait pas soigner seul, que le temps lui-même ne pourrait pas apaiser.

Aerin le savait, si son père venait à disparaître, jamais il ne pourrait s'en relever. Il était tellement triste à cette simple pensée qu'il ne se sentait pas capable de s'en relever si par malheur il apprenait la perte de l'être aimé. Jiven était le dernier membre encore en vie de sa triste famille et personne ne pourrait le faire revenir à la raison si jamais il n'était plus. Pétrifié d'angoisse, le jeune Almer avait laissé la cité neutre pour celle de son enfance, suivant Evenor, son maître, comme dans un rêve, la tête embrumée de toutes ces mauvaises pensées. Pour lui, le Directeur semblait perdu et une nouvelle fois, un de ses parents l'abandonnait pour une cause qu'il ne parvenait pas à comprendre. La « paix » était-elle donc plus importante que lui à tout moment ? N'avait-il aucune chance qu'un jour Jiven ou Celyween ne le choisisse, lui, leur fils unique, plutôt que cet idéal sans fond ?

Le cœur du métisse avait appris à vivre sans l'amour maternel de la Crépusculaire et le temps lui avait permis de comprendre, d'apaiser sa souffrance et de pardonner. Il avait su pardonner tant sa propre ignorance à l'époque que l'acte courageux et pourtant si égoïste de sa mère. Celyween n'avait pas seulement voulu protéger sa cité natale, elle avait également souhaité du plus profond de son être sauver ce qui lui était cher : son petit bonhomme de huit ans à peine. Cet acte généreux et maternel, Aerin ne l'avait compris que tard, il ne l'avait accepté que bien plus tard encore. Il était persuadé cependant aujourd'hui que sa mère était une noble dame et qu'il se devait de la rendre fière, où qu'elle fusse. Aujourd'hui, l'histoire semblait se répéter à nouveau, quelqu'un était décidé à lui voler celui qu'il aimait de tout son être, le dernier membre encore vivant et viable de sa misérable famille … La colère, la haine, tout se mélangeait dans sa tête vis à vis de la personne qui avait forcé son père à agir de la sorte, à se sacrifier pour leur offrir le temps nécessaire à leur fuite. Jiven était un Directeur hors pair, c'était évident, mais pour autant, cela passait-il toujours par le sacrifice ?

Fallait-il vraiment que quelqu'un meure pour que les autres survivent ?

L'enfant était dans un état tellement pitoyable que même Nyméria n'osait pas le rabrouer comme à son habitude. Elle se contentait au contraire de poser son museau sur ses jambes pour le réconforter de son mieux. La louve aurait bien volontiers croqué la folle qui avait détruit l'univers de son jeune compagnon mais on lui avait demandé de suivre le mouvement et elle avait obéi, de peur que son petit protégé ne se blesse. Il était désormais tout pour elle et même si elle conservait un esprit sauvage indomptable Nym' ne voulait pas perdre ce petit humain. Après tout, elle ne serait rien sans lui. Maranwë quant à elle dormait sur l'épaule du jeune homme, roulée en boule tandis que Namarië guettait le retour tant espéré pour le gamin du haut du ciel. C'était d'ailleurs le faucon qui avait prévenu Aerin de l'arrivée d'un cavalier et le cœur du gamin s'était emporté en comprenant d'une part qu'il était seul et d'autre part, qu'il s'agissait de Jacen. Il prit cela pour une telle trahison qu'il regarda Jelenna sortir d'un air mauvais.

La question de la petite princesse, il l'entendit à peine mais cela suffit à lui tordre l'estomac et à briser son cœur à nouveau. Jiven n'était pas là. La colère, le désespoir, la peur, peu importait ce qui le motivait à présent mais tout transperçait dans sa voix lorsqu'il s'adressa à Jacen.

« Vous l'avez trahi »

Il ne parvint pas à articuler quoi que ce soit d'autres mais des larmes de colère mêlée à la tristesse de savoir son père entre les mains de quelqu'un de si vile qu'il n'avait pas hésité à attaquer la seule cité neutre et en paix de tout Azthia roulèrent sur ses joues d'enfant.

Ce n'est qu'une fois la cité brumeuse en vue que Jacen sentit à quel point il était fatigué: la première partie du cauchemar prenait fin, sans réellement connaitre les réponses, les solutions, une quelconque piste. Et pourtant, ce n'était pas en arrivant à Silmarie que Jacen allait pouvoir se reposer un peu: demander un statut de réfugiés à Eloween, recenser les personnes présentes, soigner les blessés et organiser un premier camp à l'extérieur de la cité pour ne pas s'imposer à la communauté très repliée des elfes.
Le maître templier n'était pas le premier a être arrivé: il reconnaissait facilement des élèves, des professeurs, des partenaires et des amis. Même s'il avait quitté le temple dans les derniers instants, Jacen n'était pas pour autant le dernier arrivé: peut-être la circulation de l'information de retrait n'était pas idéale, que beaucoup était encore sur la longue route ou avait préféré se retirer dans un village sur le chemin. Le templier voulait croire en cela, plutôt que dans l'éventualité que la moitié du Temple était capturé ou tué. Ce qui, entre les mains de ces envahisseurs, revenait certainement au même. Ce qui n'était pas pour le rassurer sur le sort de son ami Jiven. Il était toujours en vie, c'était une certitude, il le sentait. Mais Jacen résistait à l'envie de le contacter tant qu'il n'avait rien de concret à lui donner et au risque que quelque chose les intercepte. Et, d'une certaine manière, Jacen appréhendait le fait de se heurter à un mur pour une raison ou une autre.

Pendant un instant, le templier se surprit à penser à se reposer quelque part, chez des alliés, avant de reprendre les choses en main. Mais il y avait bien longtemps que le devoir surpassait les envies dans la voie qu'il avait emprunté: lui, qui avait enfin une famille comme il l'avait rêvé, avait été obligé de s'exiler un long moment du côté d'Oyashima. Puis, au-delà de la fatigue, il sentit l'Esprit de sa jeune fille tout près, dans les environs de l'entrée embrumée de la cité. Cela lui redonna une énergie nouvelle pour terminer le périple et se rapprocher d'elle enfin. Elle avait fait le chemin avec Evenor et Aerin, presque de la famille en fait. Elle était saine et sauve, il l'avait senti bien avant, mais le voir offrait une émotion bien différente. Il prit Jelenna dans ses bras, presque affaissé sur elle tellement son dos le faisait souffrir après les voyages, les combats, la fatigue. Il se sentait si vieux avec sa fille contre lui ! Elle venait encore d'échapper à l'enfer, une fois de plus dans sa courte vie. Jamais n'arriverait-il à la protéger ?
Par les dieux, Philea allait être furieuse.

Jelenna venait de relever la tête, soulignant l'absence de Jiven avec lui. Bien sûr, les enfants devaient s'attendre à ce qu'il soit venu avec lui comme toujours. Mais il avait des obligations dûes à son rang que les petits ne pouvaient pas saisir. C'était dur, très dur pour lui. Et la remarque d'Aerin lui fit extrêmement mal.

"Surveille tes paroles mon garçon, tu ne connais rien de la responsabilité qui pèse sur les épaules de ton Père. Être le directeur du temple n'est pas qu'un rôle privilégié, c'est aussi une sacrifice. Jiven veillera à nos intérêts car il est un otage trop précieux pour être... blessé. Nous n'aurons pas de repos tant que nous ne serons pas chez nous, avec ton père."

Jacen caressa les cheveux de sa fille et finit par conclure:

"Je vais faire le tour des recrues pour compter nos effectifs, puis j'irai rencontrer la Grande Prêtresse et ses conseillers pour lui exposer notre situation. Comment avez-vous réussir à fuir et avez-vous rencontré quelqu'un ?"

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