[FA] De la douceur d'un ange à la poigne d'un guerrier (pv Ayane - event)

Ses visites à Silmarie se faisaient relativement rares mais elles avaient le mérite d'être en général suffisamment longues pour lui permettre de transmettre son savoir à la petite Eloween. Cette enfant grandissait à vue d’œil et plus encore depuis ces derniers mois. L'Elfe n'éprouvait aucune jalousie, au contraire, elle se sentait particulièrement fière de pouvoir apprendre ce qu'elle savait à la petite fille et elle appréciait sincèrement sa présence. La Grande Prêtresse était à peine plus âgée que ses fils si seulement ces derniers avaient pu vivre. C'était pour leur donner la vie qu'elle avait perdu son titre et la confiance de sa déesse comme celle de son peuple et finalement, ce que les dieux lui avaient accordé, ils le lui avaient repris aussitôt. Depuis ces dernières années, Nalween n'avait eu de cesse que de redorer son blason, tentant de faire oublier ses erreurs passées et ses choix qu'ils jugeaient à tord désastreux. La petite fille avait été la seule à lui tendre la main. Dénuée de haine et de sentiments négatifs envers elle, l'enfant lui avait offert son amour et sa confiance sans rien demander en retour. Séduite par la pureté de son âme, la jeune Tribun avait accepté de l'instruire sur le plan religieux. Cette décision avait sans doutes choqué beaucoup de monde mais, appuyée par Arwen en personne, sa vieille amie de toujours, sa seule amie d'enfance, Nalween avait eu une nouvelle chance au sein de son peuple.

Les années avaient passé depuis sa « trahison » et nombreux étaient encore les Elfes qui la jugeaient pour ce qu'ils estimaient être une erreur. Auraient-ils été plus avisés qu'elle dans les mêmes circonstances, auraient-ils fait d'autres choix ? Nalween en doutait mais pour autant, elle avait appris à vivre avec ces circonstances. La vie n'était pas un fleuve tranquille et paisible, elle était douloureuse et rude et peu importait son ascendance, seules comptaient les actions que l'on retiendraient. Que l'on ne retienne rien de bon d'elle ne la gênait plus tant que ça, tout ce qui comptait à ses yeux était le travail qu'elle accomplissait pour sa chère cité natale et celui qu'elle remplissait auprès de l'enfant qui avait pris sa place. Eloween était une enfant pure et, contrairement à toutes ses prédécesseurs, elle avait eu la chance de s'ouvrir au monde, de découvrir des races étrangères et des univers très différents. Par chance ou par défaut, la petite fille avait eut toute l'occasion de découvrir ce monde qu'elle affectionnait tant aujourd'hui. Son esprit était ouvert, altruiste et tourné vers les autres là où celui des Grandes Prêtresses de jadis avait été tourné uniquement vers la cité des brumes. L'enfant avait su affirmer son caractère et ses choix et l'Elfe trouvait cela remarquable.

C'était grâce à la Grande Prêtresse si elle pouvait rendre visite à ses fils disparus. Un seul corps avait été rendu à la patrie des Elfes et Nalween pleurait tout autant celui de son frère disparu. Talia, l'assassin de ses jumeaux, avait été punie disait-on mais sans doutes pas à la hauteur de ses crimes. Après tout, elle avait été assez cruelle pour ôter la vie à des bambins à peine en âge de marcher … Ce jour-là, la jeune femme s'était levée aux aurores pour se recueillir dans le cimetière de la cité. Elle ignorait quel corps lui avait été rendu ainsi la pierre tombale portait-elle le prénom de ses deux fils assassinés. Nalween pria pour le repos de leurs âmes et déposa devant la petite pierre de marbre un bouquet de fleur de lys. Immaculée, à l'image de leur innocence à jamais perdue. Elle récita une prière avec calme et laissa quelques larmes rouler à nouveau sur ses joues. Si le choc de leur mort avait fini par passer, la tristesse de ne plus les avoir à ses côtés l'assaillait toujours. A pas lents, elle retourna à l'Autel de la Grande Prêtresse, dans le bureau que cette dernière occuperait un jour, et devait occuper quelque fois même aussi jeune en son absence, pour préparer la leçon du jour. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la porte s'ouvrit sur deux gardes qui, étonnés de la voir là de si bon matin, lui demandaient audience. L'Elfe posa la question de savoir qui voulait s'entretenir avec la Grande Prêtresse avant de finalement accepter de la rencontrer, intriguée. C'est ainsi que la jeune fille entra dans le bureau, encadrée par les deux gardes qui quittèrent les lieux une fois l'adolescente dans la pièce en bonne compagnie.

« Que puis-je pour toi mon enfant ? » demanda Nalween d'une voix douce.

L'aube matinale se levait sur les douces collines brumeuses de la cité de Silmarie, une certaine pureté s'exhalait de la sainteté des lieux et ce n'était pas sans réjouir la jeune femme. Elle avait devant elle la capitale de ce qu'ils considéraient comme des dieux à Oyashima, une ancienne puissance qui rayonnait de part sa religion dans tout Azthia. La dernière guerre qui frappa Azthia avait achevé la puissance militaire elfique, ils n'avaient plus ou presque de soldats mais pourtant, ils étaient toujours là et persistaient de vivre dans une joie de vivre plutôt intrigante. C'était un paroxysme que de sourire alors que des centaines de soldats étaient morts, des familles furent décomposées et des enfants n'eurent plus de pères mais pourtant, ils faisaient honneur aux elfes morts pour la patrie et ils ne pouvaient sacrifier ce que tant de vies avaient sauvé. Pour la jeune fille, il semblait comme une nécessité de rencontrer la grande prêtresse afin de se faire connaître mais plus encore, connaître ce peuple sacré qui ne l'était pas au delà des frontières d'Oyashima. Elle avait toujours eu du mal à comprendre pourquoi les elfes d'Oyashima et ceux d'Azthia n'avaient pas les mêmes statuts, étaient-ils donc si différents ?

La princesse contemplait cette cité sainte, elle avait les yeux éblouis par tant de pureté et elle ne rêvait plus que de sa rencontre avec la jeune prêtresse dénommée Eloween. Ayane aurait aimé partager ce moment avec ses frères et soeurs, ils étaient tout autant admiratifs face au peuple elfique et à défaut de pouvoir rencontrer les elfes d'Isil, ils désiraient tous rencontrer ceux de Silmarie. La jeune fille au teint de porcelaine préférait profiter du moment présent plutôt que de se ronger de remords, une pensée envers sa famille était bien plus que suffisante mais elle se demandait tout de même ce qu'ils pouvaient faire depuis son départ. Ryo et Genji étaient ils toujours aussi souriants ? Elle espérait que Mère ne soit pas trop dure avec eux, elle attendait beaucoup de la part de ses enfants et aucuns d'entre eux ne désiraient la décevoir. Miho avait été durant toute sa jeunesse assez exigeante envers elle même et c'est en ce sens qu'elle attendait beaucoup de ses proches, elle avait été une excellente shugenja avant de devenir une impératrice mais ce mariage avec l'empereur lui avait apporté des capacités qu'elle ne soupçonnait même pas, elle avait ce charisme et cette expérience qu'il manquait à l'adolescente.

Vagabondant dans les ruelles étroites de la ville, elle atteignit le temple destiné à la déesse de la vie Silmaria et qui plus est, la demeure de la grande prêtresse. Dans sa tenue faite d'une superposition de tissus de couleurs violettes plus ou moins sombres, la princesse s'apprêtait à pénétrer dans le centre de la religion elfique afin de faire la rencontre d'une des plus grande femme de ce monde. Elle était peut être plus jeune que la princesse mais elle avait le mérite d'être talentueuse et d'être respectée de tous, à la grande différence d'Ayane qui du haut de ses 16 ans n'arrivait pas à grand chose. Cette pensée pour Mère qui revenait sans cesse, elle avait peur d'échouer dans sa quête et de perdre l'amour et les liens qu'elle possédait avec Miho Toyama, sa mère était tout ce qu'elle avait de plus cher en ce monde. Dans une vague envie de piété, elle s'avança auprès de l'autel de Silmarie afin de prononcer une prière, entourée d'elfes en tout genre prêts à montrer la ferveur qu'ils vouent à leur guide spirituel.

"Silmaria, je suis contente d'enfin pouvoir te rencontrer. Je suis Ayane Toyame, je suis une princesse d'une autre nation et bien que je ne devrai pas te prêter vocation, j'éprouve le besoin de faire ta rencontre. Je ne sais pas si les kamis ont du pouvoirs ici et c'est pourquoi je quémande la force des dieux de cette nation, j'ai besoin de votre aide. Ô Silmaria ! Prêtez moi de votre force et de votre courage, prêtez moi du charisme et de la prestance, je vous en prie, je ne suis rien ce monde."

La fillette était agenouillée devant la divine statue, les larmes perlaient le long de ses joues blanches et candides, le désespoir hantait son coeur face à tant d'échecs et elle ne savait plus quoi faire pour faire honneur à sa tendre mère bien aimée. Son fardeau n'était pas si simple à porter, elle pourrait s'enfuir face à l'impossible qui se dressait sur son chemin mais le désir de retrouver les bras de sa maman était plus fort que tout. L'impossible n'était possible que si l'on y croyait, c'est pourquoi elle n'abandonnait jamais malgré les quelques moments de déboires qui croisèrent sa route sur ce long périple. Prenant son courage à deux mains, la jeune princesse s'avança en direction des appartements de la prêtresse et y réclama une rencontre avec celle-ci. Malheureusement, le sort s'acharnait sur elle et l'enfant n'était pas présente pour le moment, seule sa préceptrice était présente et elle ne manqua pas d'accorder l'audience à l'adolescente. Bien qu'elle désirait rencontrer Eloween, Nalween n'était pas plus mal tout compte fait, elle avait elle aussi été grande prêtresse et son histoire s’inscrivait dans la plupart des livres d'Histoire, c'était une femme respectée et réputée.

"Bonjour Nalween-Senpai, je me présente Ayane Toyama, princesse de l'Empire Jinmen et je suis ravie de vous rencontrer. Je suis venue d'Oyashima afin de rencontrer la jeune prêtresse mais je suis toute aussi réjouie de vous rencontrer ! C'est un honneur pour moi que de me trouver en face d'une personnalité telle que vous."

Ayane était éblouie par la beauté qui se dégageait de la préceptrice, était-ce donc cela que le pouvoir de Silmaria ? Il était dit que ses prêtresses étaient tout aussi belles, ce n'était pas sans un soupçon de vérité et puis après tout, la plupart des elfes étaient jolies. La princesse avait retrouvé ce sourire qui lui allait si bien, elle était bien plus belle heureuse et souriante que la mine déprimée et désespérée, c'était grâce à Silmaria qu'elle se trouvait là en compagnie d'une femme si expérimentée, c'était en tout cas ce qu'elle pensait.

*Merci beaucoup Silmaria, je ne vous en serai jamais assez reconnaissante.*

Nalween avait offert son existence toute entière à la sainte déesse de sa cité natale, elle avait grandi toute sa vie durant dans les œuvres pour la gloire de Silmaria et ne regrettait en rien cette expérience. Certes sa vie aurait pu être différente si la déesse n'avait pas choisi son être pour dernier refuge mais si l'Elfe regrettait parfois de ne pas avoir pu vivre une vie « normale », elle savait en revanche que peu de vies étaient aussi palpitantes. Elle avait eu l'occasion de rencontrer les plus grands de ce monde, elle avait eu l'occasion d'être confrontée aux dieux les plus terribles qui hantaient les cauchemars des vivants ici-bas, elle avait ensuite un rôle important à jouer dans la Lumineuse. Il était évident qu'elle n'aurait jamais pu vivre tout cela si Silmaria ne l'avait pas élue. Certes pouvait-elle avoir des regrets, de ne jamais avoir connu ses parents ou encore, ses enfants, pris trop tôt par les méandres de la politique, mais la jeune femme pouvait s'estimer chanceuse d'avoir au moins eu l'occasion de goûter pleinement à une vie que beaucoup ne pouvaient qu'envier.

La jeune fille qui entra dans le bureau était plutôt richement vêtue. Sans que sa tenue soit particulièrement travaillée, les tissus et matériaux utilisés étaient de riche facture, c'était visible au premier coup d’œil pour celui qui y faisait attention. Ses yeux bridés et ses manières laissaient à penser à la Tribun qu'elle venait de l'autre côté du monde, de ces terres inconnues jusqu'à il y a peu. A la première phrase qu'elle prononça, la jeune Elfe comprit que ses premières impressions étaient fondées pour autant, elle fut surprise de constater que son nom pouvait être connu au delà des montagnes. Sans doutes les gardes avaient-ils laissé entendre qui elle était, il ne pouvait en être autrement. Volesprit, l'ambassadrice de la cité des brumes, ne la portait pas dans son cœur, aussi était-il surprenant que cette jeune princesse la connaisse. Quoi qu'il en soit, elle écouta sans un mot ce qu'elle avait à dire, intriguée par la présence d'une jeune princesse Jinmen de ce côté du monde, dans leur cité.

« Je suis enchantée de faire votre connaissance princesse Ayane, je me nomme Nalween, treizième Prêtresse de Silmarie. »

Les présentations permettaient toujours aux gens de savoir à qui ils parlaient et, en l'occurrence, cela permettait à la jeune fille de se représenter le schéma complexe de la cité des brumes. Si Eloween était devenue officiellement la quatorzième Grande Prêtresse, elle n'en restait pas moins la treizième, jusqu'à ce que la mort en décide autrement. Première femme à demeurer en vie bien que Silmaria l'ai quittée, Nalween était en quelque sorte une bizzarerie pour son peuple et plus encore, une traîtresse. D'aucun n'avait compris qu'elle s'était sacrifiée pour eux, offrant son nom, sa personne et son innocence au P'yra, comme le lui avait suggéré ses rêves, pour sauver sa précieuse cité. Tandis qu'elle prospérait aujourd'hui en grande partie grâce à elle, peu de membres de son fier peuple reconnaissait ses sacrifices. Tous la voyaient encore aujourd'hui comme celle qui avait trahi et ouvert leur peuple à l'ennemi de la veille. Seule la petite Eloween était venue à sa rencontre, lui tendant une main innocente. La pureté de l'enfant l'avait convaincue de rester à ses côtés et d'en oublier le passé.

« J'ignorais que mon nom fusse connu de l'autre côté des montagnes et j'en suis honorée. » ajouta-t-elle avec simplicité et humilité, « La Grande Prêtresse est en effet absente pour le moment, de nombreuses affaires importantes retiennent son attention » ajouta-t-elle pensive.

Eloween n'était encore une enfant et pourtant, Arwen jugeait bon de l'associer à toutes les réunions, de l'embrigader dans ce monde politique où faux semblants et mensonges étaient de mise. Si Nalween n'éprouvait pas le besoin de corrompre une si jeune âme, elle comprenait néanmoins que la Tutrice n'ai d'autre choix que de convier l'enfant à tout cela. En tant que Grande Prêtresse, elle était un guide spirituel mais également une future pièce de l'échiquier de ce monde. Tout ce que pouvait faire la jeune femme était de la préparer de son mieux, avec l'aide de la préceptrice qu'elle était elle-même, à affronter le monde et Nalween ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était beaucoup plus à même de le faire qu'elle au même âge. Reportant son attention sur la jeune princesse en face d'elle, elle lui sourit avec calme et demanda :

« Une personnalité telle que moi ? Je n'ai pas la prétention d'être aussi importante, qu'ai-je bien pu faire pour mériter ce titre à vos yeux ma chère princesse ? »

Nalween avait parlé d'un ton taquin mais extrêmement doux, comme une mère parlant à son enfant, intriguée par ce qu'il pouvait bien lui dire. Elle détailla quelque peu la demoiselle se demandant de plus en plus ce que cette jeune princesse pouvait faire si loin de chez elle, seule.

« Dites moi ma chère Ayane, que faites-vous si loin de chez vous, seule ? »

A nouveau ce ton maternel, ce ton qu'elle ne pourrait jamais plus employer que pour les autres …

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