25e jour de Souffleciel.


Guidant tes pas à travers la grande salle, la garde royale conduisit la petite procession à l'extérieur du palais. Les commerces de Ptot Tàh étaient déjà ouverts en cette heure matinale, comme s'ils n'avaient de toute manière jamais fermé.
Au bas des marches, le cortège soulevait de la poussière en organisant la formation. Plusieurs voitures servaient de leurres, et aucun moyen de savoir où se trouvait Tutnési. La prêtresse fut guidée dans le véhicule de tête tiré par deux chevaux, et le cortège se mit en mouvement.
Il faisait chaud. La voiture, recouverte de tissus depuis le toit, protégeait la peau et les yeux de la jeune Nalween. Se déplacer dans le sable comportait beaucoup d'inconvénients, et la lenteur du trajet couplée aux secousses qui balançaient l'engin de déplacement rendaient le voyage très pénible.

Plusieurs heures de voyage plus tard, tout s'arrêta subitement. Le silence faisait place nette à présent. Le rideau se leva brusquement, et une garde attendant l'Elfe brune.

« Notre Seigneur vous attend ».

Tutnési se trouvait en fait dans la voiture juste derrière toi. Stoïquement assis en face de Talia, toujours aussi silencieuse et suspicieuse, il t'invita à t'asseoir d'un signe de main. Il semblait de fort bonne humeur, comme à son habitude.

« Bonjour très chère, pardonnez cette séparation nécessaire à notre propre sécurité. Comment allez-vous ce matin? »

La marche repartit de plus belle dans le désert, cette fois-ci sous le regard du P'yra. Il était beaucoup plus pensif que la veille, et beaucoup moins volubile. Après un nouveau temps de déplacement, la procession s'arrêta pour de bon.

« Nous y sommes ».

Après que toute la garde se soit postée autour de la voiture, Talia se plaça derrière son Souverain et ils descendirent ensemble. La lumière du soleil était éblouissante, la chaleur suffocante à tel point qu'on avait déjà l'impression d'avoir perdu toute l'eau de son corps. Etrangement, les Almers ne semblaient pas tant en souffrir que cela.
Mais le plus étrange, c'était qu'il n'y avait rien.
Rien, à part du sable dehors. Des dunes, du vent et la chaleur. Même pas une once de ruine.

« Voici... Marjath. Notre salut. »

Tutnési arborait un sourire de contemplation devant le vide de sable. Alors tout ce chemin... Pour un fou?

« Je comprends votre surprise. Suivez-moi. ».

Le groupe contourna alors l'immense dune, qui dévoila à l'arrière une entrée soutenue par des pierres. Les soldats, puis les dirigeants s'y engouffrèrent. Il y faisait noir, étonnement frais, et le tunnel ne laissait que peu de place pour se déplacer à plusieurs. Puis ils arrivèrent tous sur une grande terrasse, semblait-il au dessus d'un volcan de bruits et de lumières.
Car en dessous s'étendait la Cité Occulte de Marjath. Depuis le bord de la terrasse de pierre, on ne voyait plus qu'or, constructions immenses, pyramides et Nuas déchargeant des caisses de contenus divers. Les torches se reflétaient sur les dorures et les miroirs, illuminant l'ensemble. De l'eau s'écoulait sur plusieurs bras de rivière souterraine, expliquant le rafraichissement naturel de la ville cachée sous terre.

« Bienvenue dans le futur, chère Nalween ».

A peine remit de sa nuit tumultueuse, la Prêtresse eut du mal a réprimer un bâillement lorsque les gardes lui firent traverser les multiples salles du palais, notant néanmoins le plus d’information possible quant a sa localisation, l’agencement des salles ou même le nombre de gardes. A l’extérieur, la chaleur matinale manqua de lui arracher une malédiction quelconque mais elle se retint de justesse en la présence des gardes, se contentant de refléter son rang de Reine. Le cortège qui l’attendait en bas des marches du Palais d’Or ne l’étonna nullement puisque son Capitaine de la Garde avait eut la même idée concernant ses déplacements mais elle trouva là bien étrange que le souverain se cache ainsi de son propre peuple. Pensivement, elle songea aux hypothétiques noces qui auraient lieux en se demandant comment le P’yra allait pouvoir faire pour se protéger des assassinats, à n’en pas douter la protection serait plus qu’augmenter : l’événement était le lieu rêver. Les gardes lui indiquèrent la voiture qui serait la sienne, mais avant d’y pénétrer l’Elfe fouilla du regard le ciel avant d’esquissait un sourire, qui s’estompa si vite que même les gardes ne purent qu’avoir eut l’illusion de l’apercevoir. Une fois dans la calèche accompagnée de James et de Nathanaël la procession se mit en route, pour un voyage qui parut durer l’Eternité pour la prêtresse. Elle perçut sensiblement la différence entre le dallage légèrement irrégulier de la Capitale Almer et le désert. Les cahots se firent aussi fréquents qu’assourdissant et incommodants. Jetant un regard sur les dunes en repoussant ce qui servait de rideau, l’Elfe aux cheveux d’ébènes s’aperçut grâce à la position du soleil écrasant que le voyage avait dû durer une bonne partie de la matinée.

Puis les voitures s’arrêtèrent et un rapide coup d’œil à l’extérieur indiqua à la Dame qu’il était au milieu de nul part. Fronçant ses fins sourcils, la prêtresse mit une main sur la garde de son épée lorsqu’elle entendit des pas se rapprocher de la voiture et manqua de peu de dégainer sa lame lorsque le rideau s’ouvrit brusquement bientôt suivit par la déclaration du soldat Almer. Déclaration qui fit plisser à la Prêtresse les yeux sous l’effet de la colère. Il l’attendait ? Elle n’était pas à cheval sur l’étiquette et avait même tendance à souvent rassurer les gens lorsque sa présence les intimider trop, trouvant les excès de respect inutile. Mais là, ils faisaient forts. Pas de titre, pas de protocole, rien. Cela valait bien la peine que la Dame Elfe fasse son possible pour sauver un peuple qui n’était pas le sien. Se redressant dignement elle sortit de la voiture, ignorant royalement les soldats Almers qui commençaient à lui taper sur les nerfs en faisant signe à ses deux gardes du corps de rester dans la voiture. Et sur qui elle tomba en rentrant dans celle du P’yra ? N’était ce pas cette chère Talia ? Quel plaisir de voir ce visage avenant, enchanteur. Décidément la compagnie de ces gens étaient on ne peut plus désirable.

Etrangement, la Prêtresse trouva un semblant de réconfort chez le P’yra qui l’invita à s’asseoir ce qu’elle fit silencieusement. Quelques soient ses motivations, son euphorie permanente était assez rassurante même si tout indiquer à Nalween en vue des comportements des autres protagonistes qu’elle était quelque peu suspecte. En réponse, aux paroles du P’yra la Dame Elfe sourit de la façon la plus naturelle possible, dissimulant théâtralement la moindre émotion qui aurait pu la traverser en cet instant. Quitte à avoir un allié dans ce pays aux mœurs si étrange, autant que ce soit le Roi de ce dernier.

- L’éloignement envers ma contrée me blesse, P’yra comme tout être mais je ne peux me plaindre de votre hospitalité.

Voilà qui était fait. Le Roi Almer ne décrocha plus un mot du voyage ce qui permit à la prêtresse de s’enfoncer dans ses pensées et… de se rendre compte qu’elle était ou du moins son estomac tiraillé par la fin. Jetant un regard au lande désertique, elle abandonna l’espoir de remplir son estomac et décida de se laisser submerger par la beauté du désert se plongeant dans sa contemplation silencieuse avant d’arriver à destination. Le trajet fut heureusement plus court et bientôt la voix du P’yra retentit en leur annonçant qu’ils étaient arrivés faisant presque sursauter la Reine Elfe, ce qui déclencha un début de réflexe à Talia qui braqua ses yeux froids sur l’elfe. Mais elle n’eut pas le temps de s’étendre, car déjà le P’yra descendait ce qui obligea l’Almer à rentrer dans son rang. Et étrangement Nalween se promit de ne jamais disparaître dans l’ombre de Tutnesi, aussi imposante soit elle.

Un coup d’œil sur le désert lui apprit qu’ils étaient cernés âr le sable et les dunes immenses. Puis la voix de son –cher- futur époux raisonna encore sous le soleil de feu, leur indiquant qu’il était arrivé et que c’était cela, Marjath. Ce qui valut au P’yra un arquage de sourcil en angle droit et un regard suspicieux. Sans doute une insolation, pauvre homme. Mais la phrase suivante fit comprendre à la prêtresse qu’il s’amusait encore une fois à lui dévoiler au compte goutte les informations qu’il détenait, son sourire encore plus que ses paroles. Arrivés devant l’arche en pierre, la prêtresse sembla revivre en pénétrant dans le défilé étonnement frais alors que les gardes Almers réprimèrent un frisson, ce qui étira les lèvres de la prêtresse en un sourire carnassier.

Ils aboutirent enfin, et la Reine Elfe s’approcha de la barrière de la terrasse assistant à un spectacle qui la laissa bouche bée. L’architecture était parfaite, adaptée dans les moindres détails pour l’emplacement. L’absence de lumière avait été résolu par un adroit jeu de miroir et d’or qui accordait à la Cité souterraine une lumière presque naturelle. A la réflexion de Tutnesi, elle accorda dans un murmure.

- C’est impressionnant.

Si on passait la présence des Nuas. Puis une brise forte se fit sentir, et une ombre à d’envergure étonnement large passa au dessus d’eux, accompagné d’un bruissement de plumes. Les soldats eurent à peine le temps de régir alors que la Reine Elfe faisait volt face, leur intimant le calme d’un regard foudroyant quand l’un d’eux voulut encocher une flèche à son arc.

- Les aigles blanc royaux abritent sous leur ailes les âmes de nos ancêtres, soldat. Baissez votre arc.

Et il fallait dire que l’oiseau était superbe. Son envergure était d’environ deux mètres et ses griffes étaient aussi longue que celle d’un ours mais il ne se préoccupa nullement du cortège, se contentant de fondre vers les rivières souterraines. Bon ce n’était pas tout a fait vrai, la croyance était celle des elfes sylvains et cela valait pour tout animal albinos, mais elle se doutait bien que ce n’était pas un garde qui allait la contredire. L’oiseau avait en fait été contacté par Fëanaro afin que ce dernier puisse en cas de danger se joindre à l’oiseau. Eloignant l’attention du P’yra sur l’aigle, elle se retourna vers ce dernier.

- Je ne comprends pas. Cette Cité est en effet dissimulée aux yeux de tous, mais ne craignez-vous pas que ce ne soit qu’une question de temps pour que les Erathiens la trouvent ?

Rétablir le voile. Ils voulaient donc la dissimuler de façon mystique. Pour l’elfe cela ne lui indiquait rien qui vaille car les Erathiens ne pourraient se laisser berner aussi facilement. La réponse face aux hordes d’Azael ne pouvait être ainsi.

En tout cas, la diversion était fort bien réussie!
Tutnési prenait un plaisir évident à te voir contempler impressionnée ce lieu bouillonnant d'activité, rebattit avec l'Or Almer et les bras des Nuas. Assurément, on pourrait largement y vivre sans avoir besoin de sortir, l'autarcie complète. Enfin, c'est ce qu'il paraissait... Difficile de savoir d'un coup d'œil si tout avait été prévu, et en assez grandes quantités. Mais force était de constater que le groupe était face à une ville immense, qui portaient tous les espoirs du peuple du Désert.

« Encore une fois, vous avez parfaitement raison. Il est vrai que la position géographique mystérieuse, enfouie dans le sable, ne suffirait pas à nous cacher des Erathiens. Voilà où vous entrez en jeu. »

Il te regarda alors intensément, baissant ensuite les yeux vers ta main. Il la contempla un moment, avant que tu ne te rendes compte qu'il lorgnait en réalité sur ta bague:

« Votre bague appartenait jadis à Marjath: elle a été offerte à la Déesse Silmaria qui lui a conféré son pouvoir: tant que la bague tient au doigt de la Prêtresse et qu'elle réside en ce lieu, l'illusion opère et toutes les entrées sont cachées, aux yeux et aux sens même des Dieux. Voilà pourquoi la Cité est restée introuvable si longtemps. Il est étonnant d'ailleurs de constater que l'apparition des premières Prêtresses à Silmarie coïncide avec la première destruction de ce site... »

Il regarda tour à tour la cité reconstruite, puis chuchota à ton attention:

« Vous voyez, Nalween... Les Prêtresses vivaient ici auparavant, reine d'un peuple sage et avancé mêlant Elfes et anciens Almers. Peut-être même que les deux anciennes races sont les mêmes. Voilà pourquoi je disais que notre Union était prévue depuis longue date: ce n'est que le retour de l'Impératrice dans son royaume. Mais ne vous affolez pas: rentrez chez vous, réunissez vos affaires et vos Hommes d'états pour en discuter. Je vous attendrai, avec une certaine impatience je dois dire....»


[Tu peux prendre congé dès le post suivant si tu le souhaites. Si tu as d'autres questions, j'y répondrai après toi . Toujours pas totalement séduite par le P'yra? Pourtant j'y mets le paquet!]

Je pense pouvoir dire que le topic est clos.
Désengagement : Nalween.