En six jours de randonnée forcée, le soleil n'avait fait que de faibles percées à travers la masse nuageuse. La neige était si épaisse qu'elle ralentissait dangereusement l'Assassin et sa monture, en pénible progression dans ces hauteurs rocheuses, abandonnées à ces rudes contrées éloignées. Le vent sifflait sournoisement, froid et cinglant, mordant la peau de la jeune femme en dépit de ses efforts pour se protéger. Loki, le majestueux étalon, avançait bravement au pas, s'appliquant de son mieux pour suivre sa jeune maîtresse, dont les yeux étaient bandés. Pourtant, toute aveugle qu'elle soit, Alydaëlle ne semblait pas craindre d'avancer. Le pied sûr en dépit du danger, elle poursuivait sa route dans l'obscurité de son handicap, seulement guidée par le murmure rassurant d'Asgaliath, l'épée du dieu Vassago qui ne la quittait pour ainsi dire jamais.

*Dirige-toi sur ta droite. Il y a une caverne. Tu pourras y faire une halte en attendant que le temps se montre plus coopératif...*

Mais dans ces lieux, c'était peine perdue que d'attendre tel miracle. Toutefois, Alydaëlle ne rechigna pas à l'idée d'une halte. Se reposer un peu, allumer un feu, et se réchauffer. Il ne lui manquerait plus que quelque chose à se mettre sous la dent, histoire de se caler l'estomac. Ses provisions s'amenuisaient et la chasse serait bientôt son seul moyen de subvenir à ses propres besoins. Dans la fatigue du voyage, la jeune aveugle en avait même oublié son objectif : elle était sur les traces de Séraphin Mordaigle, un puissant Zélote dont on avait mis la tête à prix. Alydaëlle n'avait pas connaissance du pourquoi, mais seule l'intéressait la prime conséquente qui découlait de sa mort... Bien sûr, elle n'était pas sans ignorer que le Zélote en question avait une maîtrise exceptionnelle de l'Eau autant que du sabre, et que cela pouvait accessoirement poser problème à l'exécution dudit contrat. Mais la jeune femme ne manquait pas de ressources et elle saurait bien trouver un moyen de le tuer sans se faire prendre au piège.

*L'Eau est bien plus redoutable que la lame de ton épée lorsqu'elle est bien maîtrisée...* fit remarquer Asgaliath.

Tout en se dirigeant vers la caverne, les rênes de Loki dans une main, l'autre posée sur le pommeau de son épée, Alydaëlle dodelina de la tête. Elle n'était pas stupide. Elle savait combien les Zélotes expert dans leur art pouvaient se révéler dangereux et redoutables, même pour un Assassin expérimenté comme elle. A quelques pas de la grotte, la jeune femme s'arrêta, tous ses sens aux aguets. Il lui semblait percevoir une présence non loin d'elle. Une présence inconnue, dont elle ne pouvait pas dire grand chose. Ami, ennemi... Animal ou humain... Guerrier ou magicien... La jeune aveugle s'étonnait elle-même de son incapacité à juger la chose.

*Méfiance, méfiance...* lui conseilla Asgaliath, apparemment livrée à la même impuissance, ce qui n'était pas pour rassurer sa compagne de route.

Quelqu'un approchait et ses intentions étaient aussi sombres que les profondeurs d'un lac en plein coeur de la nuit. Que ce fut ou non un animal en chasse, ou un simple inconnu de passage, il valait mieux rester sur ses gardes...

Alydaëlle sentit son sang se glacer dans ses veines. Lentement, elle se redressa, restant dos à l'entrée de la caverne. Les battements de son cœur se firent plus lourds et plus rapides. Un frisson glacé la parcourut et elle fronça les sourcils sous son bandeau. Autant de réactions physiques dont elle était peu coutumière. Cela l'inquiétait. Et que dire du silence aussi soudain qu'inhabituel d'Asgaliath ? Quelle que fut l'intrus qui approchait, la jeune femme l'assimilait à une âme damnée, égarée dans ces lointaines contrées. Si son bras était armé et son aspiration mauvaise, aucun doute qu'Alydaëlle allait au devant de graves ennuis. Même si elle n'était pas sans défense, elle n'en demeurait pas moins une humaine, aveugle de surcroit. Vassago soit loué, elle avait encore Asgaliath à ses côtés.

*Fuis... Va-t-en et ne te retourne pas....* lui ordonna soudain l'épée en question.

Fuir ? Non... Alydaëlle tourna la tête en direction de Loki, dont le piaffement venait renforcer ses inquiétudes. L'animal était agité. Nerveux. C'était de mauvaise augure mais malgré tout, l'Assassin refusa de bouger. La peur s'était peut-être tapie au fond de son ventre, elle ne pouvait lâchement fuir. Elle avait sa fierté et préfèrerait mourir que de déshonorer l'ancestrale lignée dont elle était issue. Une lignée de tueurs. Les élus de Vassago. Comment pourrait-elle décemment abandonner les principes de sa famille et trahir ses ancêtres ?

*Cet homme est dangereux. Il peut me sentir...*

- Quoi ? souffla Alydaëlle, perplexe.

*Il pense que tu as un compagnon qui se cache par ici. Il perçoit ta présence autant que la mienne, même s'il ne semble pas capable de m'identifier.*

- Et pour cause... répondit la jeune femme avec un brin d'ironie.

Elle prit une profonde inspiration et, tranquillement, pivota sur ses talons pour faire face à l'inconnu. Elle releva bravement le menton, prête à affronter celui qui venait perturber sa retraite du moment. Elle ne le voyait pas, ne l'entendait pas - avait-il donc perdu sa langue ? - mais percevait assurément sa présence, tout comme lui percevait celle d'Asgaliath, l'esprit malin emprisonné dans la lame de son épée.

- Personne ne se cache ici, lâcha-t-elle d'une voix qu'elle espérait assurée. J'ai trouvé refuge ici pour la nuit en attendant de reprendre ma route pour accomplir ma mission, et je ne vous ai pas invité !

Le ton, quoique agressif, était surtout un réflexe défensif. Alydaëlle était tel le félin crachant pour défendre son territoire. Consciente du trouble qui s'installait en elle face à cette présence non identifiée, elle ne craignait cependant pas d'affronter la mort, dut-elle empoigner Asgaliath pour combattre ce potentiel ennemi s'il se révélait hostile.

*Je suis navrée, je ne puis rien te révéler à son sujet.... * s'excusa Asgaliath. *Je n'arrive pas à lire en lui et il se comporte si étrangement que je crains pour ta vie. Sois prudente...*

- Qui êtes-vous ? murmura finalement Alydaëlle, incapable de juger la situation dans laquelle elle mettait les pieds.

Une ambiance étrange se déposa en ces lieux. Alydaëlle ferma les yeux sous son bandeau et se laissa aller à une quiétude profonde dans laquelle son esprit se débattit contre les émotions trop perceptibles qu'elle avait eu le tort de laisser transparaître. Cela ne lui ressemblait pas. C'était bien la preuve qu'elle avait conscience d'être face à quelqu'un de peu ordinaire. Son instinct était puissant et ne la trompait jamais. Et puis les réactions d'Asgaliath ne faisaient que confirmer ses inquiétudes. Livrée aux éternelles ténèbres de sa cécité, la jeune femme se concentra et se laissa doucement envahir par la présence de l'homme, écoutant ses mots, pesant ses paroles, jugeant ses intonations. Maléfique, il semblait l'être. Hostile, elle ne le ressentait pas. Du moins, pas encore. Elle entendit Asgaliath ricaner et cela la fit sourire. Apparemment, l'épée ne semblait plus aussi inquiète qu'un instant plus tôt, comme si quelque chose dans les mots ou l'attitude du personnage avait chassé toute crainte. Alydaëlle regretta simplement que la confiance d'Asgaliath ne se soit pas étendue à sa propre personne.

- Vos paroles ne m'atteignent pas, tant elles sont dénuées de sens, répliqua-t-elle d'un ton froid. Gardez vos réflexions puériles et votre jugement du genre humain pour ceux qui ont du temps à perdre. Moi au moins, je lui libre de ressentir ce que bon me semble. Quant à la mort, il n'y a que les faibles et les lâches pour la craindre. Je ne suis ni l'un, ni l'autre.

Alydaëlle reconnaissait en son for intérieur qu'elle avait parfois du mal à tempérer ses ardeurs. Mais son caractère était une force qu'elle avait développée pour compenser son handicap. Elle avait appris à tirer avantage de sa cécité, et trompait de fait fort bien son monde. Que cet illustre inconnu daigne la juger l'irritait, mais elle ne lui en portait pas rigueur. Il était comme tous les autres. Juger les apparences, sans jamais lire les tréfonds de l'âme pour en déduire la valeur véritable d'un être. Elue de Vassago, héritière d'Asgaliath, la jeune femme mettait un point d'honneur à prouver aux siens que le dieu de l'avait pas choisie au hasard.

*Cesse là tes beaux discours. Ta fierté ne te sera d'aucun secours ici...* aboya sèchement l'épée.

Alydaëlle se mordit la joue, apaisant sa respiration pour forcer son cœur à reprendre un rythme normal. Peu à peu, elle se calma et reprit la maîtrise totale de ses sens. Cet homme ne parviendrait jamais à la jeter plus bas que terre. Il pouvait être le diable en personne ou un vulgaire mendiant que cela ne changerait rien. A nouveau, il reprit la parole et elle but ses paroles sans broncher. Finalement, la jeune femme eut un sourire. Elle désigna le bandeau qui couvrait ses yeux et fit un pas en avant, en direction de l'inconnu.

- Craindre les ténèbres ? Etes-vous idiot ou tout aussi aveugle que moi ? Je suis née dans les ténèbres et j'y ai passé ma vie ! Je ne connais rien d'autres que les ténèbres alors dites-moi pourquoi je devrais les craindre ?

Curieusement, au lieu de ressentir de la colère, Alydaëlle se sentit envahie par l'amertume. Ses derniers mots se terminèrent dans un chuchotement attristé et elle serra les dents. Elle préférait de loin être en colère car la rage était sa meilleure arme pour donner la mort et abattre les cartes de sa profession. Elle haïssait la faiblesse et exécrait la lâcheté. Elle releva le nez, ses lèvres rouges pincées d'un air sévère. La main sur le pommeau d'Asgaliath, sagement rangée à son côté, elle poursuivit :

- Quant à votre nom... Disons que je serais curieuse de savoir quel être a la faculté de percevoir la présence d'Asg...

Elle s'interrompit, gênée.

- De mon... compagnon, se reprit-elle d'une voix plus basse.

*Idiote ! Je ne t'avais encore jamais vue aussi maladroite !* cracha Asgaliath, furieuse.

Il y eut un moment de silence, puis l'épée reprit d'une voix plus posée, comme si elle souhaitait effacer les traces de sa brusque colère.

*Il est forcément profondément lié à un dieu pour pouvoir deviner mon existence. Mais c'est la seule chose que je puisse affirmer. Aussi maléfique que soit mon origine, ça ne me permet pas d'en apprendre plus à son sujet...*

Maléfique... L'était-il donc vraiment ? Alydaëlle sentit un courant d'air glacé l'envelopper, étreinte hivernale dont elle se serait volontiers passée. Elle croisa les bras, réprimant ses tremblements, et porta son regard aveugle sur l'inconnu, pleine de méfiance. Elle mourait d'envie de lui demander ce qu'il voulait, qui il était, mais les questions restèrent obstinément bloquées au bord de ses lèvres...

Visiblement, la jeune femme n’avait pas saisit l’allusion aux montagnes et aux éventuels esprits…Ce n’était pas une mystique, il en avait désormais la quasi-certitude. Mais d’où venait cette autre voix venant s’ajouter au chapitre ? En tout cas, ces quelques mots avaient suffit a son interlocutrice pour reprendre ces esprits. Peut être avait il fait une erreur…Il connaissait les trois règles pour terrifier une personne :

Ne pas être identifiable

Ne pas parler

Et la plus importante…Ne pas mourir.

Mais ce n’était pas ce qu’il cherchait. Cette conversation l’amusait…Du moins pour le moment. Même cette façade de fierté ne faisait que renforcer sa conviction que l’humanité était resté tel qu’elle était durant son absence. Toujours aussi certaine de ces certitudes…Toujours aussi avide de reconnaissance et de puissance. D’ordinaire, cela le lassait mais peut être était il de bonne humeur car fraîchement reposé ?

Vint la tirade sur les ténèbres…Et cette vague d’amertume qui s’en suivit. Le templier eut du mal à se retenir et ce qui devait ressembler à un rire fini par ressortir de sa gorge sous une forme grotesque qui aurait pu se confondre avec le râle d’un animal à l’agonie. Sa voix éraillée commençait cependant à reprendre une forme plus appréciable tandis qu’il se massait la gorge. Ce qui ne l’empêchait pas de continuer a user de l’esprit

* J’aurais du remarquer plus tôt que ta vision des choses restait…Limitée.*

[i ]Pourquoi faisait il autant d’effort pour une inconnue qu’il turait certainement un jour ou l’autre ? Peut être n’était ce que…De l’arrogance ? Peut être désirait il vraiment partager son enseignement ? Le temps était le même pour tous…Rien n’avait d’importance. Il devait simplement se satisfaire un désir égoïste avec cette femme. Rien de plus…Une lubie.[/i]

*Effectivement, des ténèbres, il en existe de toutes sortes…Chacun porte en lui son propre enfer à ses…Yeux…Cependant, tu ne devrais pas en être incommodée. Tu n’es pas seule. Tu as encore des choses en lesquelles tu peux croire. Et puis…Il y a plusieurs manières de voir les choses.*

Le templier prit une respiration…Il devrait mieux arrêter de ce comporter comme un ancien professeur…

* Quand à mon nom…Il n’y a que deux catégories de personne pouvant prononcer ces mots : Les morts et ceux qui vont bientôt mourir. Je peux toujours te faire entrer dans l’une ou l’autre de ces classes si tu y tiens tellement…*

Ce qui ressemblait de très loin à un rire fit sourire la jeune femme. Lorsqu'il reprit la parole - même si ce n'était pas de vive voix - Alydaëlle l'écouta avec attention. Elle ne ressentait plus la moindre peur, ce qui n'empêcha pas Asgaliath de lui transmettre un avertissement, une mise en garde face à cet individu si étrange... A mesure que les mots prenaient leur sens dans l'esprit de l'Assassin, elle eut de plus en plus de peine à cerner l'homme. Maléfique, il en avait tout l'air. Mais quelque chose, dans sa façon de raisonner et de répliquer, attirait l'attention de la jeune aveugle et elle sentit sa colère fondre en même temps que ses premières angoisses, légitimes face à pareille apparition.

*Ne t'avise pas de lui faire confiance, ni même de t'approcher de lui !* avertit Asgaliath, la voix vibrante de colère.

Mais pour cette fois, Alydaëlle l'ignora. La dernière tirade de l'inconnu avait suscité un élan d'ironie et elle faillit lui lancer une réplique cinglante, ne se retenant que de justesse. Il n'était pas utile de tenter le diable... Elle se contenta donc de hausser les épaules et tourna de nouveau le dos à l'homme pour aller s'occuper de Loki, toujours sellé.

- Donner votre nom ne signifie pas que je le prononcerai un jour ou l'autre, lança-t-elle, acerbe. Par ailleurs, je ne vous oblige à rien. J'ignore votre nom tout comme vous ignorez le mien ou celui de... mon compagnon...

Elle eut un rire froid et moqueur, puis donna une tape sur la croupe de son étalon. L'animal s'éloigna, agité, et Alydaëlle revint à pas lents vers l'homme, une main tendue en avant pour s'assurer qu'aucun obstacle ne se dressait sur son chemin.

- Je ne sais pas qui vous êtes, encore moins ce que vous faites ici ou ce que vous comptez faire, mais je ne crois pas que mon destin soit de mourir de votre main. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais...

Alydaëlle s'immobilisa à quelques pas de l'individu. Elle avait parlé d'une voix calme, presque douce, accentuant ainsi tout le sérieux de sa déclaration. Elle croyait fermement que la main du destin ne se refermait qu'une seule fois, lorsque le dernier coup était à jouer. La vie était une partie d'échec. De ce principe, la jeune femme ne démordait pas. Or, en tant qu'héritière d'Asgaliath, elle était intimement convaincue que son heure n'était pas venue et qu'il lui restait quelque chose d'important à accomplir.

*Ne perds pas ton temps avec ce ressuscité des temps obscurs. Il n'a rien à t'apporter, ni rien à t'offrir. Il n'est que la figure oubliée du Mal, le témoin effacé des vies d'antan, et ses noirs desseins t'échappent. Inutile de t'en faire un ennemi.* gronda Asgaliath.

Alydaëlle n'avait jamais eu dans l'intention de s'en faire un ennemi, pas plus que de s'en faire un allié ou un ami. Même si elle avait le sentiment que, contrairement à ce que prétendait l'épée, il pouvait lui enseigner certaines choses. Mais le danger qu'il représentait suffisait à mettre la sagesse d'Alydaëlle à l'ordre du jour. Elle ne tenait pas à le provoquer, pour obtenir Vassago sait quoi...

- Alors quoi ? ajouta-t-elle finalement. Vous comptez me tuer ou allez-vous passer votre chemin ? Je ne tiens pas à ce que vous me fassiez échouer dans mon entreprise. J'en serais fort contrariée...

Et à cette réflexion, Alydaëlle songea à son client : Séraphin Mordaigle allait-il percevoir sa présence avant qu'elle n'ait pu l'atteindre ? Allait-il la battre quand elle n'avait encore jamais été défaite par qui que ce soit ? Elle, l'un des meilleurs Assassins d'Azthia de par son sang ? Ridicule. La jeune aveugle secoua la tête pour chasser ces pensées pessimistes et s'activa pour allumer un feu, tout en grommelant. Elle avait occulté, un bref instant, la présence de cet homme mystérieux à l'aura si noire...

[Hj : Dsl de la qualité du poste et de mon temps de réponse, j'ai un peu galéré ><]

Etrange…Le templier semblait renouer avec une sensation pour le moins…Déroutante. Quel nom portait déjà cette impression. Celle mélangeant une certaine forme de frustration et d’énervement…De légèreté mêlé à une pointe d’inconscience…Ah oui…Il se souvenait…C’était la même qu’il avait ressentit sur le champ de bataille mais avec moins d’intensité. Etre sous estimé. Autrefois, cela l’aurait agacé mais aujourd’hui, ce n’était plus la même chose. Non maintenant, il n’avait plus rien a prouver. S’en était presque…Amusant de voir à quoi point cette jeune femme semblait vouloir l’ignorer…Ignorer la nature de cette chose derrière elle.

Cela lui rappelait la fable qu’il avait entendu enfant et que sa mère lui racontait. Celle du scorpion et de la grenouille. Un jour, un scorpion voulait traverser une rivière et demanda à l’une des grenouilles voisines de bien vouloir l’aider. La grenouille protesta : « Et qu’est ce qui me prouvera que tu ne me piquera pas ? ». Ce à quoi le scorpion répondit qu’il faudrait être idiot pour tuer son moyen de transport…Après tout, lui aussi mourrait dans la rivière. La grenouille rassurée, accepta de convoyer notre ami. Mais au beau milieu de la rivière, le scorpion frappa la grenouille qui au bord de la mort lui demanda le pourquoi de son geste.

« Parce que c’est dans ma nature »

Somptueuse ironie. Le templier sourit en repensant à la véritable nature de sa mère…A la sienne, cachée par les rites des templiers mais révélé par la haine et la colère envers tous ceux qui l’ont trahit un jour. Et cet étrange compagnon qui semblait partager son avis sur la question…Mais la jeune femme semblait vouloir faire la sourde oreille…Assurément voilà qui était pour le moins ironique aussi. Il n’avait pas tant sourit depuis…Une éternité. Voilà qui aurait pu le décider a la laisser en vie si…

Ce n’était ce bref instant

…Une ouverture. Son bras avait agit bien avant qu’il ne comprenne ce qui pouvait ce produire. Silencieusement son corps c’était mu d’une passion avide de sang et de combat qui venait de le pousser en avant, se préparant à frapper la jeune femme. C’était beaucoup trop tentant…Peut être trop pour un corps qui ne demandait qu’a s’exercer après tant d’année d’inaction…

Impossible d'échapper à la terrible situation que venait d'engendrer l'engrenage diabolique d'une simple force d'opposition entre deux personnages au caractère sombre et belliqueux. Asgaliath l'avait compris à la seconde même où la jeune aveugle avait choisi de faire front. Des tréfonds de son âme maudite, l'esprit ancestral tenu captif dans la lame lança l'écho de sa colère comme un appel de détresse à quiconque saurait l'entendre. Car Alydaëlle, toute Assassin qu'elle soit, restait une jeune femme aveugle dont les talents hérités de Vassago n 'étaient pas encore entièrement maîtrisés. Cela signifiait l'échec si l'affrontement avait bel et bien lieu et de cela, Asgaliath en avait la certitude. Si l'épée avait largement la puissance pour vaincre le Mal auquel elle s'opposait, encore fallait-il le bras qui saurait la brandir dans ce but...

*Pauvre effrontée que tu es...* soupira-t-elle à l'adresse de la jeune guerrière.

Au coeur de l'acier, la flamme démoniaque d'Asgaliath brûlait en silence, animée d'une rage sourde dans l'écrin de sa douleur. Il y avait si longtemps qu'elle n'avait pas humé le parfum du Mal d'aussi près. Cela ravivait bien des souvenirs... Cela déclenchait des envies de chaos où la violence était la seule réponse possible envers la provocation de celui qui se faisait porteur des messages du dieu de la mort Azaël. Alydaëlle n'eut pas un mot à l'égard de ce nouvel ennemi qu'elle n'avait pourtant pas voulu. Les pensées d'Asgaliath se heurtèrent aux siennes avec une force qui l'ébranla d'une façon incontrôlable et elle se contenta de dégainer sa dernière arme, l'engeance du Mal que les héritiers de Vassago avaient su dompter à travers sa prison d'acier.

- Ainsi soit-il... souffla finalement la jeune femme, consciente que la mort lui souriait depuis les profondeurs obscures de la caverne.

*Si tu parviens à le transpercer au cœur, je lui arracherai la vie avec toute la violence et la douleur qui provoquera mon poison...* l'encouragea Asgaliath.

Naturellement... Et c'était si aisé à dire. Sans compter que chaque vie ôtée par l'épée la rendait plus forte et plus indépendante. De cela, Alydaëlle était consciente et connaissait le prix à payer pour garder le contrôle sur sa compagne de bien des années. Or, il n'était pas question de libérer Asgaliath, même pas pour sauver sa propre vie. Alydaëlle avait assez de fierté et de courage pour affronter son destin et se prêter au sacrifice afin de protéger les mortels...

[Hj : Dsl du temps que je met à répondre et surtout de la pauvreté de ma réponse mais j’arrive pas a trouver un bon angle d’attaque :s]

Simple réflexe…Des années…Des dizaines d’années d’entrainement, de guerre et de meurtre l’avait façonné son bras à réagir bien avant sa pensée. Il n’y avait plus à hésiter désormais, sans quoi il en viendrait à mourir sous les coups d’une enfant. Dommage pour elle, il ne lui laisserait aucun quartier…Il serra un peu plus sa main tirant désormais un peu plus sous le bleu glacial de son sang gelant dans ses veines…Et pourtant si désireux de rendre la justice des morts…Seul les plus fort survive…Et les plus forts ne prononçaient aucune paroles aussi inutile que cette femme.

Ce n’était donc que justice de lui ôter sa vie pour que la sienne en soit renforcé.

En vérité il n’y croyait pas vraiment. Mais il devait donner un sens à un combat sans quoi il n’était qu’un animal animé par l’instinct. Ce qu’il était peut être quelque part…Après tout, sa dignité n’était plus…Son honneur aussi…Sans l’une de ces deux valeurs que lui restait il vraiment. Il décida de mettre tout cela de côté, serrant jusqu’à blanchir ses jointures contre sa poignée…Son bras décrivit un arc de cercle alors que la lame n’existait pas encore…Puis au dernier moment la fit obliquer vers une nouvelle direction, la lumière écarlate semblant jaillir de nulle part, prêt à fendre la chair qu’elle cherchait avidement…


Edit Eléa : Grivious, attention aux règles d'écriture !

L'antre obscur du Mal. La gorge de ténèbres qui happait la vie, là où le souffle du chaos se répandait comme une vague de terreur alentour. Smyrgoll l'aurait humé en arrivant au pied des premières montagnes s'il n'avait pas été aussi accaparé par ses nouveaux compagnons. Sa distraction le laissait d'humeur sombre, mais il fut satisfait de constater qu'il arrivait à temps pour sauver un potentiel client. Et même mieux que cela : une potentielle cliente, très belle femme de surcroit. Oh bien sûr, il y avait ce petit élément curieux : un bandeau sur ses yeux. Serait-elle donc aveugle ? Smyrgoll eut une grimace puis haussa les épaules. Après tout, cela ne nuisait pas réellement au tableau. En fait, cela la rendait un brin plus mystérieuse et attirante. Arzhel aurait de la concurrence dans les prochains jours si la jeune inconnue s'en sortait vivante. Mais ça, Smyrgoll en faisait son affaire.

Faisant soudain fi de son âge avancé et des rhumatismes qui s'en suivaient, le vieux bonhomme bondit en avant tout en brandissant sa canne mystérieuse, dont il abattit l'extrémité sur le sol de la caverne. Aussitôt, une formidable onde de choc s'en suivit, vrombissant dans l'air, avant de se décupler, tel un bouclier d'énergie à peine visible. L'épée du démoniaque personnage se heurta avec une violence inouïe contre le bouclier, un tel choc que l'acier menaça de se briser sous l'impact. Pourtant, l'arme demeura intacte. Smyrgoll, du haut de son mètre trente, vint s'interposer sans la moindre crainte entre la jeune femme et son agresseur. Toute trace de plaisanterie avait disparu de son visage, que seule une expression grave venait crisper. Son regard s'illumina d'une lueur étrange, qu'on n'aurait su à quoi ou à qui attribuer. D'un geste sec, il pointa sa canne vers l'homme et sa voix résonna, timbre indescriptible et rendue caverneuse par les parois de la grotte.

- Arrière, fils du chaos ! Va donc retrouver ton maître car ce soir, tu n'emporteras aucune vie. Je te déconseille fortement de te mesurer à quoi car s'il y a une chose que la vie devrait vous enseigner, à tous, c'est que les apparences sont souvent trompeuses.

Et dans le lourd silence, Smyrgoll le Bobbit soutint sans faiblir le regard de cet adversaire qu'il savait hors du commun, mais qu'il ne craignait cependant pas d'affronter. Après tout, il avait forgé lui-même son destin et il en assumait les conséquences, dut-il être damné pour ses choix...

Désengagés : Alydäelle, Grivious, Smyrgoll.