[D-A] Araignée du soir, espoir (pv Isoca) (fini)

J'aurais certainement préféré revenir dans la cité en d'autres circonstances car malheureusement, ma présence n'avait été demandée que depuis la disparition de la petite princesse bis. En l'absence de sa fille ainée et après la perte de la petite cadette, Philéa s'était sentie plus vulnérable que jamais, de sorte qu'elle avait fait appel à moi, restée depuis la disparition de Kriisten dans le palais de la cité des neiges éternelles histoire de maintenir un semblant d'ordre là où il n'y en avait plus ou si peu. Quoi qu'il en soit, j'étais bel et bien là, après un voyage des plus fatiguant pour rejoindre la cité amazone. Toute la tension accumulée était venue à bout des nerfs fragiles de ma jument et de ce fait, cette dernière n'avait pas beaucoup mis du sien pour rentrer. J'avais eut beau tenter de la calmer, rien n'y faisait, elle souhaitait quitter la cité des glaces pour revenir dans sa cité natale. De ce fait, le voyage s'était déroulée au rythme du galop saccadé de l'animal ...
Enfin, au moins, nous étions rentrées, même si les heures étaient belles et bien troublées.
Le palais se remettait à peine de la nouvelle de la disparition de la petite demoiselle comme on l'appelait ici. Peu d'amazones côtoyaient Eléa et encore moins connaissaient Jelenna. En général, seules les Sentinelles du palais et les proches de la reine avait pu voir l'enfant, sans parler de ses professeurs et quelques camarades de classe lorsqu'elle avait le temps d'y aller. En d'autres termes, quand bien même la cité appréciait-elle la présence de la jeune fille pétillante qu'était Eléa, elle ne semblait pas vraiment affectée par la disparition de la petite de sept ans à peine que personne n'avait vraiment pu connaitre ... Sans doutes les amazones compatissaient-elles avec la douleur de Philéa, mère meurtrie à qui on avait osé voler son enfant. Il était certain que la Dame ferait tout pour la retrouver, quitte à remuer ciel et terre et c'était sans doutes là l'origine de mon retour, moi qui avait été la gardienne de la jeunette durant plusieurs mois. J'espérais simplement qu'elle n'aurait pas de mauvaise surprise ... C'était sans doutes pour chasser ces idées que mes pas m'avaient conduit directement dans la forêt. Enfant, je chassais régulièrement avec mon père et je crois d'ailleurs que c'était de là qu'était partie ma passion pour la chasse et plus précisément, pour le tir à l'arc. Peut-être que si un jour ma route recroisait la sienne, s'il était encore en vie, je le remercierais pour ce cadeau avant de le tuer. Peut-être, mais c'était une autre histoire.

J'avais laissé la jument à l'écurie car je la savais encore nerveuse. La tension de Storghein semblait s'être mûtée ici-même et était sans doutes pire. Habituée aux bons traitements des écuries de Muria, elle avait en plus subit le froid et le gel des derniers jours dans celle du palais de glace malgré tous les soins apportés par les palefreniers. En d'autres termes, elle était bien mieux ici, au chaud, dans sa couche, qu'avec moi sur le sol encore mouillé par la récente pluie, où se mêlait la boue et les feuilles mortes du début d'automne.

Depuis combien de temps étais-je en ces lieux ?
Je l'ignorais. J'avais bien décidé de ne pas partir trop longtemps et pourtant, il semblait évident que j'avais laissé les heures filer sans m'en rendre compte. Perdue dans mes pensées, j'avais parcouru pas mal de chemin et je m'étais bien éloignée des murailles rassurantes de ma cité natale. Ce n'était pas bien grave certes, en tant que Chef des Sentinelles, j'avais parcouru de long en large cette cité, sans parler que je m'y étais perdue plus d'une fois enfant, assez pour en connaitre aujourd'hui la plupart des chemins. Revenant sur mes pas, je reprenais donc doucement mais surement le chemin du retour, tout autant perdue dans mes pensées qu'à l'aller. Il fallait dire que pas mal de problèmes tombaient sur le monde en même temps, même si le notre semblait carrément plus touché que le reste d'Azthia. Un écureuil sauta sur une branche au dessus de moi, me faisant émerger, difficilement certes au vue de la volonté inconsciente que je mettais à me concentrer sur des sujets bien épineux, mais surement, de mes pensées.

Je regardais l'animal aller et venir, surement en train de fournir son nid à provisions, lorsque mon regard fut attiré dans le lointain par une ombre.
Ennemi ou ami ?
C'était toujours la première question, presque inconsciente, que je me posais à la rencontre non prévue avec quelqu'un. Remarquez, même avec les rencontres prévues je me méfiais ... rares étaient les personnes qui avaient ma confiance et encore, me semblait-il qu'elle n'était jamais complètement donnée. Quoi qu'il en soit, il fallait que je me décide quant à l'attitude à adopter envers l'inconnue que je ne voyais pas encore de là où je me trouvais. Techniquement parlant, j'étais sur l'un des rares chemins qui conduisaient directement à Muria, autant dire donc qu'il était peu probable que quelqu'un d'étranger à la cité ait pu échapper aux patrouilles amazone répétées et renforcées ces temps-ci ou encore qu'un individu ait pu se perdre aussi profondément dans la foret. Non, ce n'était pas quelqu'un là par hasard et comme la personne ne semblait pas vouloir se cacher, cela écartait la possibilité que ce soit un ennemi ou quelqu'un d'hostile. Du moins, c'était la conclusion la plus logique qui me venait à l'esprit. De ce fait, je ne cherchais pas à atteindre mon arc, bien ancré sur mon dos, mais je m'avançais plutôt pour m'approcher de notre chère inconnue.

La moindre des choses que l'on puisse dire c'est que j'avais bien fait de ne pas tirer ou de ne pas la mettre en joue. En tant que Sentinelles et surtout vu le grade que Philéa m'avait donné, il valait mieux pour moi que je connaisse mes troupes comme la plupart des femmes de notre cité et celle-là, même si je ne me souvenais pas de l'avoir vu souvent au palais et même si j'étais incapable de mettre un nom sur son visage, me disait quelque chose. Vaguement mais surement. Elle était amazone.

" Tu es perdue ? " demandais-je pour engager la conversation.

Étrangement, je craignais presque qu'elle m'annonce une autre catastrophe et j'espérais donc qu'elle me dise "oui", tout simplement.

Cela fessait maintenant un long moment heures qu’Isoca avançait sans but entourai d’arbres majestueux. Le toit vert au-dessus de sa tête formait naturellement de leurs longues branches l’empêché de se prononcer sur une quelconque heure. Mais cela l’importuné peu, elle avais décidé de ne pas quitter cet endroit avant d’avoir pris une décision. La qu’elle ? Celle de son avenir. Qu’allait elle faire à présent? Elle ne pouvait pas continuer à se noyer dans cet océan de tristesse. Elle devait réagir. Oui , mais comment? Des milliers de questions se bousculaient dans sa tête mais qu’une seule réponse lui venait a chaque interrogation: VENGEANCE. Ce que d’ailleurs sa jambe aussi proclamé. L’elfe savait que cela était stupide ,que cela ne ramènerai pas isalyelle à la vie , pourtant elle n’arrivait pas à chasser cette idée , et la vision de cette elfe aux yeux rouge, identique au sien hanter chacune de ses nuits à un point quelle en faisait des insomnies . Et comment allait elle faire pour le retrouver? Elle savait au plus profond d’elle quelle en était incapable. Elle s’arrêta net ; devant elle se trouvait un arbre centenaire quelle reconnu tout de suite. Un tronc imposant, des feuilles magnifiques, et de longue branche pareille à des bras tendu vers elle qui l’invitai à trouvait refuge en eux. Étant plus jeune elle avait passé tellement de temps à l’escalader qu’elle pourrait en dessiner la réplique exacte.

« attend moi ici, je reviens vite. » dit elle a Ombre qui lui avait tenu compagnie depuis le début. La jeune fille donna une légère caresse à la jument avant de commencer sa lente progression vers le sommet. Au fur et à mesure qu’elle prenait de la hauteur elle prenait de la vitesse. Cinq minutes plus tard elle était assise sur une branche juste assai grosse pour soutenir son poids qui trônait fièrement au sommet. Le ciel était déjà sombre et la lune haute. La jeune elfe se dit qu’elle devrait peut-être penser à rentrer ,mais elle en n’avait pas envie. Ici ,au-dessus de tout , elle se sentait bien. Un brusque coup de vent fit tomber son capuchon et danser ses doux cheveux lui chatouillèrent le nez. Le visage d’Isoca s’illumina d’un somptueux sourit : elle venait de prendre sa décision. Elle allait essayerai de vivre heureuse et de faire son possible pour aider les autres,mais sans oublier son envie de vengeance qui de toute façon même si elle l’aurait voulu n’aurait pas disparu.

En entendent hennir sa jument elle se décida enfin à rentrer chez elle. La descente fut rapide et elle ressemblait plus à une chute libre qu’autre chose. Une fois arrivé parterre Ombre s’avança joyeusement vers sa propriétaire. L’elfe avançait calmement admirant la beauté du lieu, lorsqu’elle se surpris à avoir hâte d’arriver dans la maison qui l’avait vu grandir alor que le matin même la trouvant vide fessait tout pour la fuir. Elle réfléchissait à cette étrange chose lorsque quelqu’un l’interpella
" Tu es perdue ? "
Derrière elle se trouvait une grande blonde aux bleus. Dans son regard en pouvait lire de l’inquiétude. Elle la connaissait mais eu du mal a la reconnaitre; c’était kiera la chef des sentinelles. Cela faisait un moment quelle ne l’avait pas vu.
« Ho! Non! J’étais simplement entrain de me promener .il y a-t-il un problème? »

Je me demandais toujours pourquoi le destin s'acharnait sur certaines personnes sans doutes parce que j'estimais faire partie de ces personnes en question. Mais pour une fois, ma question, même si teintais d'inquiétude, n'étais qu'une simple question de routine. Certes je craignais que la jeune femme, dont je ne me souvenais vraiment pas du nom même si j'étais persuadée de l'avoir déjà rencontrée quelque part, ne m'annonce une mauvaise nouvelle mais à part de me dire que la cité était en feu en fait ... je ne voyais pas ce qui pouvais être pire que ma situation actuelle. A bien y réfléchir, c'était ce qui avait traversé mon esprit au moment où mes lèvres avaient formulées la question.
Mais voilà que j'en étais quand même venue à attendre la réponse de mon interlocutrice avec impatience comme si au fond, cela m'intéressait de savoir si quelque chose n'allait pas. C'était idiot, comme si la terre allait s'arrêtait de tourner !

Et non, la terre ne s'arrêterait pas de tourner avant longtemps, et c'était peut-être là le problème mais là n'était pas la question. Remarquant la jument derrière l'elfe au moment même où elle me répondait, je trouvais ma réaction quelque peu idiote envers elle. C'était limite si elle s'excusait de m'avoir inquiétée alors qu'en réalité, il m'aurait suffit d'observer un peu plus le paysage pour remarquer qu'elle ne faisait que se balader. Je riais intérieurement de ma bêtise. Un cheval, ou peut-être plus une jument, enfin en tout cas une magnifique bête, et une demoiselle en forêt, en d'autres termes, le cheval mis à part, elle n'avait rien de différent de moi. Surtout qu'elle ne paraissait pas du tout affolée par quoi que ce soit si ce n'était ma question. Franchement, je manquais d'observation. Rassurée tout de même, je lui répondais d'un ton calme :

" Non aucun. "

Devant le formalisme de ma réponse, je riais encore une fois intérieurement. J'étais tellement habituée ces derniers temps à courir, à faire la belle devant les plus grands chefs d'état, à faire des rapports et tout ce qui allait avec qu'au final, je ne pensais même plus à mes Sentinelles ou à moi-même. Je parlais au plus simple, au plus rapide, sans me soucier des autres et ce, par nécessité. C'était absurde. Reprenant plus gentiment, je répondais alors :

" Excuse-moi, je suis fatiguée. Il n'y a pas de problèmes non, comme toi, je faisais un tour. Une sorte de promenade pour évacuer le stress accumulé ces derniers jours. "

Je souriais.
Le premier sourire depuis ... longtemps. Je ne savais même plus quand. Peut-être que la dernière fois que j'avais souris remontait à la réflexion que la petite princesse bis m'avait fait un jour sur sa sœur ainée, comme quoi elle était plus douce et plus patiente que bon nombre d'amazones. Sans doutes que l'enfant n'avait pas vu beaucoup d'autres femmes ou personnes en général en dehors de Philéa, Eléa ou moi-même. Quoi qu'il en soit, je m'éloignais du sujet mais en réalité, j'étais juste étonnée de savoir encore ce que sourire voulait dire, d'en être encore capable.
Jetant un coup d'œil à l'animal derrière elle et certainement aussi parce que j'avais envie de tronquer un peu ma solitude, je précisais :

" Quelle bête magnifique ... "

Puis, gênée, j'ajoutais :

" Excuse-moi, je ne me souviens plus de ton nom même si je suis persuadée de t'avoir déjà vu. "

La moindre des choses que l'on puisse dire c'était que mon entrée en matière était pitoyable.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, un blanc manteau recouvrira le monde, le chant joyeux des oiseaux cédera sa place au silence et le monde s'endormira petit à petit. Dans ce décor figé par le temps, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

Désengagées : Kiera, Isoca

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