Sous ses pieds, un vaste paysage chaotique composé de montagnes recouvertes de leur manteau blanc et de forêts. De là ou il se tenait, la vue était saisissante, enivrante, résultat de ce tableau époustouflant et de la hauteur à laquelle il se trouvait par rapport au sol. Ithilion n'avait qu'a tendre le bras pour être au-dessus de ce vide vertigineux.
Ses poumons profitaient pleinement de l'air pure et frais de la haute altitude. Après une nuit d'efforts à escalader les parois, parfois glissantes, le cydien avait enfin réussit à en gagner le sommet. Le spectacle splendide qui s'offrait à lui ne lui fit pas regretter son choix. Derrière lui, le soleil débutait son cycle infini dans un ciel épuré de tout nuage. Les rayons de l'aube se reflétaient sur les couches de neiges présentes presque partout autour de lui. Une légère brise fraiche se leva. Dans la vallée, peu à peu gagnée par la lumière, l'écho du cri d'un rapace se répercuta. La vie s'éveillait pour reprendre son cours.
Ses muscles criant grâce, ithilion décida de se poser quelques instants, laissant ses idées vagabonder au milieu de ces monts enneigés. Il avait l'impression d'être plongé dans l'une de ses illusions tellement que ce décors lui paraissait irréel. Dans ces moments la, le maître illusionniste comprenait que jamais l'une de ses œuvres ne pourraient dépasser la réalité. Trop de détails qui détachés paraissent insignifiant, mais qui ensemble formaient un tout rendant la vision de l'image unique.
C'était justement la raison de la présence d'Ithilion en ces lieux, à la recherche d'une source d'inspiration fiable : la nature elle même. Partant du principe que l'imagination n'était que le fruit de notre expérience du monde; que si une personne n'avait jamais vu une montagne de sa vie, il lui serait très difficile de la faire apparaitre dans son esprit, l’illusionniste parcourait parfois azthya à la recherche de scène magnifique, comme celle-ci, afin de pouvoir comprendre les mécanismes du réel. Ensuite, il se réservait de ce qu'il arrivait à analyser et à assimiler dans ses illusions. C'était l'un des secrets du réalisme de ses illusions.
Ne souhaitant pas souiller cette beauté à l'état pure, Ithilion se retint d' y rajouter un bout de son imagination. Parfois la simplicité suffisait à remplir nos âme de bonheur. Cette leçon, celui qui avait été son maître en la matière le lui avait souvent rappelé. Et comme bien souvent, l'écouter, c'était suivre la voix de la raison. La grande estime qu'il portait à l'égard de cet homme le poussait souvent à des louanges aussi excessive, mais il s'en moquait car sans lui, jamais il ne serait devenu le Ithilion actuel. Jamais il n'aurait autant repoussé les limites du réel et de l'imaginaire. Il lui devait beaucoup, et comme il ne pourrait sans doute plus rembourser sa dette, il essayait de se rattraper en portant la mémoire de son mentor. En devenant son égale. La route restait longue, tout de fois sa détermination inflexible lui permettrait de parcourir le chemin manquant.
-Bon ! se motiva le randonneur en frappant des mains.
Avec précaution pour éviter de chuter dans la vallée, il se releva et réajusta sa cape de randonnée pour se protéger des températures matinales encore un peu glacial à son goût. La montagne qu'il avait gravit n'était pas la plus grande de la chaine. Néanmoins, il lui faudra un bon bout de temps pour en redescendre. Mais qu'importe le temps, il profitait de ces périodes de libertés, loin des affaires sinistres et glauques de l'Ordre, loin du bruit incessant des cités, loin des hommes.
Reprenant une marche tranquille pour profiter du panorama, il décida de descendre l'autre pente pour ne pas rencontrer ce qu'il avait déjà vu.
Quelques mètres plus bas, il tomba devant une source de laquelle s'échappait un large filet d'eau. La petite cascade chutait jusqu’à un lac si clair que le cydien parvenait à distinguer nettement le fond malgré la profondeur. La surface d'eau situé à cinq au six mètres en dessous se trouvait à l'intérieur d'une faille très espacée. Cette fois-ci, la tentation fut plus forte. Il se déshabilla en vitesse et faisant fi du froid environnant, se jeta de son promontoire. L'air siffla une ou deux secondes dans ses oreilles, puis soudain, une explosion intense irradia son corps lorsqu'il traversa la surface liquide. La température de l'eau rependit sur sa peau une onde de chaleur agréable.Malheureusement pour lui, l'effet ne dura qu'un court instant et le froid revint de plus belle pour se saisir à nouveau de tout le corps du cydien. Celui-ci toucha du bout des doigts le fond granuleux dépourvu de gravillon ou autre dépôt du genre, puis émergea à la surface.
Ses poumons étaient en feu, l'air qu'il respirait lui donnait l'impression d'un liquide bouillant qui coulait dans sa trachée. Si il restait trop longtemps dans l'eau, il attraperait mal. Il sortie donc rapidement et retourna au près de ses affaires. Frigorifié, il s’emmitoufla à l'intérieur de sa cape en laine tandis que ses dents jouaient des claquettes. Peu à peu, son corps se réchauffa grâce au tissus qui retenait la chaleur, réelle pour le coup, et les tremblements cessèrent quelques poignées de secondes après. Ithilion s'apprêtait à se rhabiller pour repartir lorsque son regard plongea de nouveau en direction du petit lac. Un grand sourire barra son visage. A peine la cape s'était totalement étalée sur le sol, qu'un bruit de plongeon résonna dans l'enceinte de roches.
Sur l'adret, les températures avaient augmentés sensiblement au fur et à mesure que la matinée passa. De plus, la marche
lui avait permit plus ou moins de repousser le froid. Sur son chemin, il avait pu observer un couple de bouquetins sauvages vagabonder tels des voltigeurs sur ce terrain rocailleux. Avec la neige, le moindre faux pas, c'était la fracture assuré et donc la mort. Ces deux animaux ne semblaient se soucier des dangers de la montagne, murent par leur instinct infaillible, ils passèrent devant le cydien en un éclair avant de disparaitre tout aussi subitement.
Bizarrement cela lui rappela une certaine Elly. Cette saltimbanque mystérieuse attaché à la Troupe qui pouvait se révéler aussi dangereuse qu'une lame aiguisée. Cette femme aux capacités remarquables s'était trouvé à maintes reprises sur son chemin, et en avait disparut aussi rapidement que les deux bouquetins, sans même qu'il ne s'en rende compte.
Cette organisation d'artiste lui avait toujours parut étrange. Des rumeurs louches planaient à leur encontre dans les sphères inférieurs. Cependant, jusqu'à aujourd'hui, jamais Ithilion n'avait réussi à se mettre sur une piste valable. Ils devaient posséder un formidable réseau d'informateurs pour cacher avec une telle efficacité toutes leurs traces sales. Cette pensée suffit à Ithilion pour lâcher un soupire d'exaspération.
Tant d'effort fournit, et encore tant de réseaux illicites à fonctionner, tant de malades à assouvir leurs désirs meurtriers. Et à chaque fois que l'on réussissait à en immobilisé un, un autre problème venait prendre la place vacante. Quelle vie pourrie ! Un cailloux subit le saut d'humeur du détective et fut envoyer à perpètre après avoir reçu un coup de pied magistral. Heureusement qu'a coté de cela, il y avait des bons côtés. Comme Elionne, toujours à côté de lui pour le soutenir et lui transférer sa bonne humeur. Volesprit, malgré son caractère un doigt volcanique, elle pouvait aussi être attachante et de très bonne compagnie. Cela faisait toujours plaisir de se lancer dans un débat ou une discussion avec elle. Et puis il y avait ces rencontres, parfois incongrus, que le hasard déposait sur sa route, et qui au final révélaient de fabuleuses surprises. La plus marquante de tous, et sans doute aussi la plus fraiche dans son esprit, c'était celle avec cette chanteuse Astorg. Non par sa beauté, ni son caractère, mais par la sensibilité dont elle avait fait preuve lors cette illusion commun qu'ils avaient dessinés dans le paysage. Comme quoi, même les êtres que l'on pense les plus rudes et les plus grossiers peuvent de temps en temps faire naitre une rose. Oui, une rose sur un fumier. La métaphore plut beaucoup à Ithilion qui se permit de ricaner . Bien qu'il se trouva stupide de rire tout seul. Et puis, tout était affaire d'éducation, on a l'image de ce que l'on a apprit. Peut être que les astorgs n'étaient pas ce que, eux, cydiens, s’entêtaient à croire. Et puis on pouvait dire, mais chez les cydiens aussi, il existait des êtres pénibles, brusques et autres défauts. Celui dont il se souvenait le mieux était une cydienne pour être exact. Il s'agissait de cette apprentie zelote violente et arrogante à la couleur de peau plutôt inhabituelle. Et jusqu'au dernier moment, elle lui aura causé des soucies. Ithilion revoyait encore cette horde de citoyens en furie, dont il en était l'auteur, lui courir après . Il avait du ruser et passer à travers des dizaines de ruelles étroites pour essayer de les distancer. Grâce à son agilité, ses dons d'acrobates et beaucoup de patience, il avait finalement réussit à les semer en passant par les toits.
Et puis quand il y repensait, Gabrielle,car telle était le nom de cette source de problèmes, à côté d'une autre personne qu'il avait rencontré, passait pour une simple partie de rigolade. Le pire dans le genre devait surement être ce satané Yuuhi. Ajouté à sa poisse légendaire, ce duo se transformait en un nid à calamité. Si Ithilion rencontrait un jour, par miracle, un génie, l'un des vœux qu'il formulerait serait de ne plus recroiser la route de ce démon. Des soucies, il en croisait assez pour pas qu'on lui en rajoute sur les bras.
*Enfin bon. Même de ces rencontres, j'ai pu en retirer quelque chose.* pensa le cydien pour lui même.
Même cette brève rencontre avec une certaine irea lors de sa mission à Djebel. Une charmante demoiselle qui fut la cible de son humour douteux. D'ailleurs, dans cette aventure, il y avait aussi ce gars bizarre. Agranos. Un type peu fréquentable selon lui. Plutôt taciturne. Enfin bon, malgré son tempérament un peu belliqueux, il n'avait pas trop attiré d'ennuis. Ou encore, il se souvint de cette pauvre soldat cydienne, qu'il avait du traité comme une criminelle à cause de Volesprit. Ce souvenir tira un nouveau souvenir à Ithilion. Mais un souvenir en enchainant un autre, l'image de Lika s'immisça tristement en lui. Il n'avait eut le temps de bien la connaitre, mais cette femme l'avait bien aidé. Et c'était sacrifié lors de leur combat contre Maladie a Ptot Tah ce qui leur permit d'en finir avec le chevalier.
Lorsqu'il repensait à toutes ces personnes, Ithilion se disait que le monde était vraiment fait de tout. Les limites de l'impossible pouvaient difficilement se voir. C'était justement cela qui donnait envie de rester vivant, et de continuer à tout explorer. Au plus profond de lui même, il savait que son exploration ne se terminerait que par sa mort. Des rencontres, il en ferait encore pleins. Des aventures, des dizaines l'attendaient encore. Il y était préparé. Prêt à se donner à fond et à profiter de chaque instant.
Le promeneur sortie de ses pensées et se rendit compte qu'il se trouvait à quelques mètres à peine du pied de la montagne. Le soleil se trouvait dejà à la moitié de son parcours. Ithilion, lui, n'en était qu'au début. Il réajusta son sac de voyage au dessus de son épaule, puis se remit en route pour rentrer chez lui. Traversant la vallée baignée par une lueur éclatante. Quelle vie magnifique !
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