Azthia Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs... |
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| [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé | |
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Elly
Nombre de messages : 281 Âge : 33 Race et âge : Nùa - 32 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Officiellement : Saltimbanque - Officieusement : Assassin Feuille de personnageCompétences: Transformation animale en panthère ; Acrobatie ; TortureCompétences bonus: Discrétion ; Survie ; Dévouement (voir Profil)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé Dim 25 Mar - 9:11 | |
| Quand Elly Sora franchit les murailles de Cydonia, à la fin de cet hiver 154, le ciel avait mis sa robe de velours pêche et le soleil commençait à disparaître derrière un horizon flamboyant où les nuances pastelles se mêlaient aux étoiles naissantes. Il n'était pas vraiment tard, mais ce crépuscule précoce était habituel à cette période de l'année et les voyageurs occasionnels étaient souvent surpris par la tombée de la nuit. La température ambiante avoisinait les 4 ou 5°C, ce qui avait suffit à dissuader la plupart des êtres vivants à sortir de leur trou. La nature semblait figée et toute-puissante, la rue toute vide et silencieuse.
Elly n'était pas passé à Cydonia depuis la Bataille des Rois. En effet, même lorsqu'elle était partie de Tamawa pour se remettre en forme physique, la Nùa avait évité toutes les grandes villes, toutes les foules et autres rassemblements. Ce serait ici qu'elle retrouverait la Meneuse, et l'instant approchait. Elly Sora avait attendu cet instant des années durant et maintenant que l'échéance était là, à deux pas, l'envie de faire demi-tour commençait à la chatouiller. Jillian... Avait-elle changé? Elly se demandait à quoi ressemblait maintenant son amie, si elle avait quelques rides supplémentaires, ou si, au contraire, son visage était exactement le même qu'il y avait 4 ans, avec un teint toujours immaculé, un rire d'enfant, et une voix aussi... haut-perchée. Comment réagirait-elle, lorsqu'elle verrait à l'embrasure de sa porte la Nùa, après autant de temps? Est-ce que Jillian pensait à sa vieille amie de temps à autre? Commet lui annoncer la fin de Sfriedwick? Et, plus que tout, fallait-il lui dire pour Ithilion?
Sans s'en apercevoir, le regard d'Elly viré dans le vide, fixant un quelconque point imaginaire, la Nùa progressait dans la ville, en suivant un chemin qu'elle ne connaissait pas, mais qu'elle sentait être le bon. Son dévouement lui indiquait peut-être le chemin vers Jillian, comme le fil d'Ariane permit à Thésée de sortir du Labyrinthe. La fine silhouette d'Elly évoluait dans les ruelles à pas lent, et l'aura inquiétante qui l'entourait sans cesse dissuader les éventuels passants ou curieux susceptibles de l'intéresser à elle. Physiquement, les années qui étaient passées avaient changé un peu Elly Sora, qui affichait désormais un air plus mûr, un visage plus adulte, sans avoir perdu sa finesse d'antan. Son corps, après avoir connu l'atrophie musculaire, s'était élancé à nouveau, musclé en profondeur. On devinait la fermeté de chacune des parties de la Nùa, dont les cheveux mi-longs arboraient une couleur d'un noir profond, d'un noir ténébreux et sans espoir. Dans les yeux d'Elly, où avant on pouvait voir une froideur détachée et une maîtrise spectaculaire, les années avait donné à l'iris un éclat supplémentaire, un soupçon de chaleur et de liberté. Elly dégageait une aura mature et imposante, celle d'une femme vivante et terrible. Intérieurement, l'assassin était déchiré entre l'impression d'être plus forte, plus sûre d'elle-même et impitoyable, et le bouleversement causé par la rencontre avec Ithilion, et de l'amour qu'il avait fait naître chez elle. Elly avait passé de longs mois dans le désert de Ptot Tàh, entre les cactus et le sable aride, et cela lui avait comme asséché le coeur et l'esprit. Les tempêtes chaudes du désert l'avaient érodée de l'intérieur, presque polie. Une énorme faim grandissait en elle, une faim de femme, celle de posséder plus, d'aller plus loin, une faim de cruauté. Et cependant, malgré tout cet égocentrisme qui enflait en elle, son attachement à Ithilion contrebalançait et l'écartelait. L'idée d'un changement lui été apparue et ne la quittait plus, elle avait l'impression qu'une opportunité se présentait et qu'il fallait qu'elle la saisisse; un trop-plein, une révélation, qu'importe, Elly emprunterait ce chemin et dans deux mois, elle rejoindrait Ithilion dans La Campagne et ils ne se quitteraient plus.
Après avoir marché une dizaine de minutes les mains enfouies dans les poches de son manteau en fourrure noire, Elly s'arrêta brusquement, au devant d'un croisement. Elle était arrivée, elle le sentait. L'appréhension lui plomba l'estomac, la Nùa eut l'esprit embrouillé quelques instants. Elle avait attendu ce moment tellement de temps... Elle était tellement sûre d'elle-même quand elle était partie du Désert pour retrouver La Troupe... Pourquoi le hasard avait placé Ithilion sur le chemin d'Elly? Tout aurait été si différent à présent.
Le ciel arborait maintenant un manteau dégradé, allant du bleu pâle au rougeâtre, dans lequel de fondait un soleil presque liquide. Un vol d'oiseau noir passa au-dessus d'Elly, qui n'y vit pas le mauvais présage annoncé. La Nùa se redressa, recouvrant sa chevelure d'une en capuche en fourrure, et elle s'avança à pas de loup, découvrant une prairie herbeuse, dont le vert sombre pleurait la perte de l'astre solaire. Des boeufs et de nombreuses mules paissaient là, et l'on apercevait non loin des tentes et des roulottes bariolées, plus nombreuses que dans le souvenir d'Elly. Cette dernière, furtivement, traversa la distance qui la séparait encore du campement puis, quand elle en était à une dizaine de mètres, elle tendit l'oreille et entendit avec étonnement des voix familières, et d'autres nouvelles aussi. Les saltimbanques fumaient autour d'un âtre vif, et parlaient de nature, et de beauté, ils semblaient paisibles. Mais où était Jillian? Elly renifla doucement, essayant de percevoir à travers son instinct de félin la présence de Sam, la lionne. Par chance, la ruse fonctionna, et Elly approcha d'une tente un peu en retrait, en avançant doucement entre les ombres des tentes qui abritaient les artistes endormis. Son flair mena Elly jusqu'à une roulotte, la même qu'auparavant, celle de Jillian, où Elly n'avait pas souvent pénétré. Elly avait l'impression d'entendre son amie chantonner, mais son état d'esprit la mettait dans une impression de rêve. Elly s'approche, avec discrétion jusqu'à la roulotte, et s'aperçut effectivement que Jillian s'y trouvait, et qu'elle chansonnait effectivement une petite mélodie. Un frisson lui traversa le corps... Elle était si proche. Elly avait un peu chaud, et son coeur cognait dans sa poitrine.
C'est à cet instant que Jillian, pressentant quelque chose peut-être, interrompit sa rengaine, et demanda haut: Qui est là? Elly s'immobilisa alors, le pouls en chamade... Fallait-elle qu'elle réponde? ou attendre que Jillian ne sorte? Indécise, Elly déglutit en silence et attendit une seconde, avant de répondre: C'est moi. Le temps était suspendu, plus rien ne bougeait au-dehors et seul le crépitement d'un feu lointain leur parvenait. C'était à qui allait prendre la parole en premier...
Dernière édition par Elly le Lun 11 Juin - 14:24, édité 2 fois |
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Jillian
Nombre de messages : 291 Race et âge : Cydienne, 28 ans Cité : La Troupe Métier : Saltimbanque Feuille de personnageCompétences: Dressage d'une bête ♣ Représentation ♠ Manipulation du vent Compétences bonus: Charisme ♦ Manipulation du feuRéputation : (9/10) | |
| Sujet: Re: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé Sam 12 Mai - 2:30 | |
| « C’est moi. »
Ces mots ne voulaient en soi pas dire grand chose. Qui ça « moi » ? « Moi » ça pouvait être n’importe qui. N’importe qui.
« C’est moi. »
Ils eurent pourtant un écho percutant qui ébranla Jillian. Avertie d’une présence par le grondement sourd de Sam, elle s’était tue. Pas vraiment inquiète, il y avait beaucoup de Saltimbanques que la tigresse n’appréciait pas et il n’était pas rare que le passage de l’un d’entre eux devant la roulotte de sa maîtresse la mette en rogne. Voyant cependant que Sam n’en démordait pas et que son grognement allait crescendo, Jillian fronça les sourcils. Qui donc s’éternisait devant sa fenêtre ?
« C’est moi. »
Des mois, des années qu’elle espérait entendre à nouveau cette voix. Elle ferma les yeux, la gorge nouée par l’émotion. Un poids énorme venait de quitter le creux de son ventre, cette appréhension sourde avec laquelle elle vivait depuis des mois. Pour être remplacé par une boule dans la gorge.
« C’est moi. - Je sais que c’est toi. »
Un murmure inaudible en guise de réponse. Les yeux baissés, elle cherchait désespérément à reprendre contenance. A chasser l’émotion qui l’étouffait. La colère qui la faisait trembler. Pourquoi cette absence interminable ? Pourquoi ce silence insupportable ? Pourquoi ce vide insondable ? Un autre sentiment combattait cette rage. Une larme coula longuement sur sa joue, traçant un sillage poignant sur sa peau blanche.
Un silence pesant s’installa. Silence que Jillian eut toutes les peines à ne pas rompre pour hurler. Hurler quoi, elle l’ignorait. Sa hargne, sa rancœur. Sa soulagement, sa joie.
Elle inspira profondément, refoulant la vague de troubles qui menaçait de la submerger. Sam lâcha un feulement éloquent : elle avait elle aussi reconnue la panthère de l’autre côté du battant.
« Entre. »
L’invitation était un ordre. L’ordre d’une Meneuse asséné à un Saltimbanque. Pas l’invitation d’une amie à partager un moment d’intimité. Elle y mit la force impassible du chef qui estime son injonction comme déjà accomplie.
L’invitée obtempéra et pénétra dans la roulotte. Elly. Elly…
Jillian ne se leva pas pour l’accueillir. Confortablement installée dans un fauteuil d’osier, tout semblait indiquer qu’elle s’apprêtait à se coucher. Malgré le froid de l’hiver qui sévissait à l'extérieur, une nuisette de soie orangée laissait ses bras, ses jambes et la moitié de sa poitrine nus. Ses longs cheveux prune étaient remontés en un chignon complexe duquel de nombreuses mèches s’échappaient. Le feu crépitait dans l’âtre de la cheminée. L’ambiance aurait pu être chaleureuse.
Sam poussa un nouveau feulement, et oreilles baissées, menaçait Elly de ses crocs monumentaux. Jillian ne la rappela pas à l’ordre. D’une voix aussi dénuée d’émotion que s’il s’était agi d’une parfaite inconnue, elle lança, sarcastique :
« Que me vaut l’honneur de ta visite ? »
Elle aurait voulu se montrer bien plus désobligeante, lui demander si elle se souvenait de son existence, si elle s’était perdu en chemin pour se retrouver ici… Elle n’en eut pas le courage.
Jillian n’était que froide impassibilité. En fait, non, pas seulement. Son regard vert brûlait. Il brûlait de joie. Et quoi d’autre… ?
[Navrée du retard, j’ai fait de mon mieux pour faire au plus vite ! Je sens que ce RP va me plaire =D] |
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Elly
Nombre de messages : 281 Âge : 33 Race et âge : Nùa - 32 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Officiellement : Saltimbanque - Officieusement : Assassin Feuille de personnageCompétences: Transformation animale en panthère ; Acrobatie ; TortureCompétences bonus: Discrétion ; Survie ; Dévouement (voir Profil)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé Lun 11 Juin - 16:16 | |
| Elly fut parcourue d'un frisson profond lorsqu'elle entendit la voix de Jillian traverser l'obscurité. La jeune femme, si sûre d'elle à son départ, doutait à présent et osait à peine faire un pas supplémentaire. Cependant, "Entre." avait dit Jillian, et Elly ne pouvait que se plier à la volonté de cette fantastique femme de fer qu'était la Meneuse de la Troupe. Silencieuse, Elly avança, monta sans aucun bruit les quelques marches qui la séparaient de la porte d'entrée de la caravane. Tendue, elle déglutit avant de déverrouiller le loquet et pénétrer dans l'antre, anxieuse mais brûlante d'une excitation inexprimable. Une fois qu'elle eût franchi le pas, la pièce bariolée, où les tentures toutes superbes ornaient les murs, baignait d'une lumière douce dont la source était inconnue. Dans un coin, confortablement assise les jambes croisées, Jillian.
Elle ne parla pas tout de suite, laissant Elly la regarder quelques instants. La Nùa ne put s'empêcher de constater la beauté de cette femme, qui revêtait un déshabillé audacieux qui lui seyait à merveille. Elle en eut le souffle coupé, l'émotion la submergea presque. Enfin... enfin elle retrouvait Jillian! Combien de saisons avaient passé depuis la dernière de leur rencontre? Combien de fois Elly avait rêvé de revoir ce visage qu'elle aimait tant, cette personne qui lui avait tant donné. Maintenant qu'Elly avait face à Elly sa Meneuse, elle était impressionnée de tant de charisme, et son dévouement lui soufflait de retrouver sa vie d'antan, d'oublier son coup de folie et de reprendre sa place aux côtés de la demoiselle. Néanmoins, la larme qu'Elly portait maintenant sous l'oeil était là pour lui rappeler son engagement, la force de sa décision, et la plaque incrustée entre ses omoplates, la nécessité d'affronter ce moment avec courage et cran, pour Sfriedwick, qui lui avait tant donné. Et la partie ne semblait pas jouer d'avance! En effet, nulle étreinte, nul sourire ne vint accueillir Elly. Seuls les feulements trop insistants de cette satanée Sam, qui cherchait à l'impressionner, à la chasser loin de sa maîtresse qu'elle avait lâchement abandonnée. Jillian quant à elle, immobile et terrible, arborait un visage fermé et des yeux noirs, qui traduisaient le tourbillon qui traversait à l'instant la jeune femme. Le pouls d'Elly s'accéléra un peu plus lorsque sa Meneuse jeta dans le silence: "Que me vaut l'honneur de ta visite?" Le ton qu'avait employé le jeune femme ne présageait rien qui vaille, et Elly ne pouvait que subir les foudres de son amie, qu'elle savait avoir blessé profondément.
Pourquoi Elly était partie si longtemps? Pourquoi n'avait-elle pas rejoins son groupe, lorsqu'elle était sortie de son "rêve"? Cela aurait été si difficile à expliquer à Jillian... Comment aurait-elle pu comprendre qu'Elly, après le décès de Sfriedwick, ait ressenti une tristesse et une culpabilité insondable et qu'elle était partie -ou plutôt qu'elle avait fui- dans les déserts brûlants, en quête de réponses. Mis à part Sfriedwick, personne n'avait vu la décadence de la panthère. Personne ne l'avait vue maigrissime, hurlant de douleur dans les affres du coma toutes les nuits, dégoulinante de transpiration et tremblante de fièvre. Elly avait conscience des sacrifices qu'avaient faits le Clown pour elle, elle savait qu'il avait donné de sa vie pour la sauver. Et elle n'avait même pas su le remercier, elle n'avait pas su voir les difficultés de Sfriedwick, elle avait tout gâché... Au fond d'elle, Elly avait l'impression d'avoir tué le Clown astrog. Comment aurait-elle pu revenir auprès de Jillian? Alors qu'elle était faible, aussi faible qu'une fillette, et coupable, rongée par le remord? La Meneuse avait toujours compté sur Elly, elle était un pilier solide, stable, indestructible. Jamais l'assassin n'aurait pu supporter l'humiliation d'être à charge, d'être faible, de susciter la pitié et l'horreur. C'est pour cela que la Nùa avait couru dans le désert, soucieuse d'y faire le vide, de faire son deuil, et de retrouver la santé. Ces dernières années, Elly s'était entraînée des heures durant, retrouvant toute sa tonicité d'auparavant, et aiguisant ses sens et sa précision. Le désert l'avait endurcie, l'avait éprouvée et, lorsqu'enfin Elly s'était réveillée et qu'elle s'était sentie prête, ce jour-là seulement elle avait compris qu'elle pouvait retourner retrouver les Saltimbanques, sûre de ses choix et prête à accepter les reproches de Jillian avant de réintégrer le groupe. Et dire que tant de conviction et de persévérance s'étaient vus mettre à mal par un simple homme...
Sam et Jillian ne détachaient pas du regard la Nùa, qui se sentait scrutée, examinée, dépouillée par leurs yeux inquisiteurs. Elly respirait profondément, sa poitrine se soulevait en rythme, en faisant onduler les poils du manteau de fourrure de l'assassin. Sans qu'elles eussent besoin de parler, les deux femmes communiquaient par un canal invisible, insaisissable. Elly ressentait presque comme si c'était la sienne la colère qui bouillait au creux de la poitrine de Jillian, sous la soie de son déshabillé orange. Elle se sentait enveloppée par une aura puissante et folle, brûlante et mouvante, et elle devinait que mille pensées cherchaient à l'instant à s'exprimer par la bouche de la Meneuse. Pour Elly, c'était un mélange inédit de bonheur infini, celui de retrouver une figure irremplaçable, de sentir ce parfum si délicat, et de remord.
Il fallait qu'elle réponde, elle le savait, mais les mots lui manquaient. Elly, presque immobile, entreprit alors de déboutonner son manteau qui, il est vrai, n'était pas nécessaire à l'intérieur. Elle laissa découvrir une nouvelle tenue taillée d'une pièce dans un cuir noir aux reflets cuivre, qui lui faisait une combinaison sur-mesure qui soulignait sa ligne sans tache. Après l'avoir posé sur un tas de tissus colorés, elle fit quelques pas vers Jillian. Cela n'eut pas l'air de plaire à Sam, qui se montra plus agressive encore en laissant échapper un râle inquiétant. Jillian. Je suis venue ce soir parce que... Elly marqua une pause, sa gorge lui paraissait sèche, elle peinait à parler. Jillian... Si tu savais comme j'ai attendu ce moment! Voilà, le plus dur était fait: Elly avait commencé à parler. Elle avait de nombreuses choses à dire, mais ignorait pas où commencer. Aussi, l'assassin cessa de réfléchir, et se laissa emporter par l'instant, laissant sa pensée sortir comme elle lui venait. C'était prendre des risques, mais Elly savait que la fin était inéluctable, et qu'il fallait qu'elle soit honnête avec cette femme qui représentait tant pour elle.
Avant toute chose Jillian, s'il te plaît, entends-moi, entends ce que j'ai à te dire et sache que je suis désolée pour ce qui est arrivé. Je sais que cela fait longtemps que tu t'attendais à me revoir parmi vous. Je sais que mon absence a été longue, beaucoup plus qu'il ne l'aurait fallu, et que j'aurais dû venir te rendre compte, que j'aurais dû revenir auprès du groupe, de vous, de toi, qui avez tant donné pour moi. Je... j'ai fait ce que j'ai jugé bon de faire, et tu sauras juger de par toi-même de la qualité de mes actes et de mon histoire.[/i] La machine était lancée, ce n'était plus qu'une question de temps. Elly Sora avait commencé à raconter son histoire à sa Meneuse, sans artifice. Cela dura longtemps, et pourtant Jillian ne décrocha pas du regard sa saltimbanque, les lèvres closes. Elly, quant à elle, resta debout, les yeux rivés sur les tapis qui étaient par terre, n'osant pas affronter le regard de sa Meneuse avant d'avoir terminé de raconter. Elle lui retraça toute l'histoire, sans omettre le moindre détail d'importance. Elle raconta comment c'était, son "rêve", que c'était sombre et noir. Elle lui dit la surprise que ç'avait été de découvrir Sfriedwick, dans cette pièce qu'elle ne connaissait pas, dans un corps qu'elle ne contrôlait plus. Elle ne lui cacha pas les crises qu'elle eut avec le Clown ensuite, elle avoua la bêtise, l'égoïsme et l'aveuglement dont elle avait fait preuve, elle lui avoua qu'elle n'avait pas supporté d'être impotente et dépendante, qu'elle refusait de reconnaître le dévouement de Sfriedwick pour elle. La voix d'Elly Sora s'éteignait parfois, se réduisant à un filet ténu que Jillian captait clairement cependant. Un jour, je suis partie, je l'ai laissé dans cette chambre. Je ne le supportais plus, je n'y arrivais plus. C'était... La voix d'Elly se cassa, son nez la piquait et ses yeux s'emplissaient de larmes qui perlaient directement sur le sol. C'était la première fois qu'elle évoquait de vive voix la manière dont elle avait laissé Sfriedwick à son propre sort. Tu vois, Jillian, je l'ai laissé là-bas, je suis partie, sans aucune reconnaissance. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne saurais pas dire ce que je ressentais à ce moment-là. Tu vois, il était malade, je le savais, et je crois... Je crois que je n'ai pas supporté l'idée qu'il puisse être mal en point. Je savais au fond de moi que ses crises de toux étaient de mauvais augure, je savais ce qu'il allait arriver et,... et, je n'ai pas supporté. Je suis partie, dans le désert, longtemps. Quand je suis revenue ensuite, j'étais prête, physiquement, mentalement, je me sentais redevenue capable d'assumer mes fonctions. Je suis retournée à Tamawa, je voulais savoir ce qu'il était advenu de Sfriedwick, je pensais qu'il aurait avoué sa flamme à la dénommée Suzie, une pharmacienne dont il était épris... qu'il serait retourné avec vous, qu'il aurait guéri pendant l'été... Et non. Tu vois, non. Je me suis trompée Jillian, Elly se tut. Elle n'arriverait pas à en dire plus, à évoquer l'agonie de son ami, de son médecin, de son coéquipier. Elle n'arriverait pas à parler des longs mois où c'était elle qui, tant bien que mal, et avec l'aide de Suzie, avait essayé de soigner le Clown. Elle ne put dire qu'il s'était éteint, une nuit comme toutes les autres, en ayant vu une dernière fois la jeune fille qu'il aimait. C'était trop difficile d'évoquer la manière dont, en un instant, tous les efforts qu'elle avait faits pour retrouver une sérénité toute relative avaient été anéantis, vraiment trop difficile.
Dans la roulotte, le silence avait repris ses droits, Elly gardait la tête baissée, incapable d'affronter le regard de la Meneuse. La mort de Sfriedwick devait être pour elle une nouvelle étonnante, et Elly savait quel attachement elle portait au mystérieux comique astrog. Que penserait-elle d'Elly maintenant qu'elle savait à quel point elle avait été lâche? Elly craignait qu'elle ne lui ordonnât de quitter immédiatement les lieux et de déguerpir, oiseau de mauvais augure qu'elle était. Au moins, se disait la Nùa, si elle me hait il lui sera plus facile de me voir partir... Car c'était aussi l'annonce de son départ qui préoccupait la Nùa, et elle ignorait vraiment comment la suite allait se dérouler. Les larmes avaient cessé de couler des yeux de la Nùa, et celle-ci attendait, silencieuse, la sentence de la Meneuse.
[J'ai écrit un pavé, excuse... J'espère au moins que c'est clair :S]
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Jillian
Nombre de messages : 291 Race et âge : Cydienne, 28 ans Cité : La Troupe Métier : Saltimbanque Feuille de personnageCompétences: Dressage d'une bête ♣ Représentation ♠ Manipulation du vent Compétences bonus: Charisme ♦ Manipulation du feuRéputation : (9/10) | |
| Sujet: Re: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé Mer 27 Juin - 7:39 | |
| Jillian n’eut pas droit à croiser le regard de l’assassin. Comme prise en faute, Elly s’avançait, tête baissée. Elle prit le temps de se dévêtir avant de fixer à nouveau les motifs du tapis. Qu’avaient-ils de si extraordinaire ?! Ne pouvait-elle pas soutenir le regard de la Meneuse ? Assumer, prendre ses responsabilités ? Un regard en disant tant sur ses pensées… Il aurait été bien plus facile de savoir ce qu’elle ressentait réellement en croisant juste un instant ses prunelles sombres. Rien à faire, Elly restait hypnotisée par la carpette et pas même les grondements de Sam ne lui fit relever la tête. Elle pria la Meneuse de la laisser s’expliquer. Jillian l’avait laissée entrer, elle pouvait bien la laisser parler. Trop bouleversée pour prononcer la moindre syllabe, la Saltimbanque hocha la tête pour montrer son accord. Inutile, son geste n’allait pas être vu. Ce qui n’empêcha pas Elly de commencer son histoire.
Et quelle histoire ! Son comas, son dur retour à la réalité, son corps en vrac, ses crises d’angoisse. Sa détermination, son courage, son voyage, son rétablissement. Sa fuite, son retour, ses remords. Et tout le reste, tout ce qu’elle ne dit pas. Sa souffrance de voir son ami se consumer à petit feu, son impuissance face au mal qui le rongeait. Sa perte, son chagrin, sa culpabilité. Les larmes de Jillian se joignirent aux siennes. Silencieuses. Poignantes.
Que convenait-il de faire ? Elle brûlait d’envie de serrer son amie, la consoler, pleurer avec elle. Pleurer la perte du vieux clown, pleurer la joie de la sentir à nouveau près d’elle, pleurer son soulagement de la savoir en vie. Pleurer longtemps. Et reprendre comme avant.
Mais Elly n’esquissa pas un geste, s’entêtant à fixer le sol. Elle attendait la sentence de Jillian. Comme une enfant qui vient d’avouer à sa mère qu’elle vient de faire une bêtise et qui accepte dignement la punition qui va s’en suivre. Que croit-elle ? Que Jillian va la mettre la porte ? Pouvait-elle seulement lui reprocher d’avoir laissé Sfriedwick et sa toux de mauvais augure ? Comment aurait-elle pu se permettre de la juger ainsi ? Alors la rabrouer, cela était hors de question !
Cependant elle avait cette boule au creux de l’estomac qui ne la quittait. Cet étrange pressentiment qu’elle ne saurait expliquer. Elle connaissait son amie par cœur et son récit semblait inachevé. Devait-elle craindre l’épilogue de cette triste histoire ? La gorge nouée par l’émotion et l’appréhension, Jillian répondit à la question muette d’Elly :
« Je… Tu… C’est… c’est une bien triste nouvelle que tu… tu m’apprends là. J’appréciais vraiment ce vieux clown de Sfriedwick. »
L’éloquente Meneuse de la Troupe bégayait. De quoi en étonner plus d’un. Même Elly qui la connaissait si bien. Elle se racla la gorge et reprit :
« T’as pas à te reprocher quoi que ce soit. Tu t’es préservée en quittant Sfriedwick. Ne regrette pas ton choix, c’est certainement grâce à ça que tu sembles avoir récupéré tes facultés. D’après ce que je comprends, c’est pas un acte égoïste mais ça a été vital pour toi. C’est de ce voyage que dépendait ta survie. Ne t’en veux pas. Surtout pas. »
Ses mots, bien que sincères, ne sonneraient peut-être pas assez juste aux oreilles de l’assassin que ce que Jillian le voudrait. Elle espérait tout de même apaiser la vague de remords qui menaçait d’engloutir son amie. Elle n’avait pas bougé non plus, renonçant à serrer la Nua contre elle, ou même lever seulement la main en guise de soutien. Elle ne s’en sentait pas capable. Pas encore.
Jillian laissa quelques instants à Elly pour digérer ses paroles pendant un long silence réparateur. Et comme cette appréhension irréaliste, cette angoisse sourde ne la quittait pas, elle ne put s’empêcher de lâcher…
« Et… ? »
L’anxiété donna à son ton une note un peu trop aiguë. Dis-lui tout, Elly… |
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MJ
Nombre de messages : 1208 Race et âge : Dominateur immortel Métier : Enquiquineur Feuille de personnageCompétences: Compétences bonus: Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé Dim 26 Aoû - 15:34 | |
| Le temps passe et jamais ne s'arrête.
Le changement de saison s'annonce et bientôt, le doux soleil qui réchauffait ce monde laissera place aux brunes couleurs de l'automne. La vie flétrira et s'endormira petit à petit et doucement, la nature entamera son répit, bien lovée dans son cocon de sommeil. Dans ce décor que le temps semble vouloir figer, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.
[ Désengagées : Elly, Jillian ] |
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| Sujet: Re: [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé | |
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| | | | [Flashback 154 F-H] Retrouvailles au crépuscule [Elly & Jillian] terminé | |
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