[DE] L'air marin [Annabeth] (fini)

[Excuse moi de la médiocrité du post. Cela fait longtemps.]

Meliant n'était pas homme à regretter, allant bien volontiers de l'avant, dans l'espoir d'assouvir sa soif de grandeur. Pourtant, plus le temps passait et plus sa défaite lui semblait amère. Perdre contre Joris aux derniers jeux avait été un choc terrible et chaque jour, depuis quatre ans, n'avait été que torture. Lui, qui n'avait eu de cesse de regarder les gens de haut du fait de son statut, s'était vu relégué au second plan. Tribun ou comment envoyer quelqu'un loin, tout en le gardant sous le coude. C'est l'impression qu'avait l'homme, qu'on lui avait confié cette place pour l'écarter gentiment du pouvoir central, tout en cherchant à éviter qu'il ne fasse un scandale. Soit, il allait accomplir gentiment son rôle et incarner le « parfait » porte-parole de Storghien à Erathia. Soit, il serait exemplaire, irréprochable en extérieur, mais les choses n'allaient pas s'arrêter là.
Comment avait-on osé laisser l'ancien Capitaine devenir Consort. Cet homme n'était rien sans ses muscles. Il n'avait même pas été fichu de retrouver Kriisten lorsque celle-ci avait disparu – lui non plus, certes. C'est ce qui enrageait en fait le plus Meliant. Ce n'était pas tant la perte de sa place, c'était de la perdre face à lui. L'homme comptait bien fait descendre le Compagnon de son piédestal et reprendre la place qui était sienne. Ça prendra le temps que ça prendra... En attendant, il était sourire hypocrite et serviabilité incarnée. Demandez chère Oblat et j'accomplirais !

Le soleil était déjà bien bas dans le ciel lorsque Meliant atteignit les remparts de la cité des Neiges. La température à Storghein était bien plus fraiche et plus agréable qu'à Erathia. L'homme n'aimait pas le climat continental de la Lumineuse, il n'était pas Astorg pour rien. De ce fait, il abandonnait bien souvent ses quartiers aux Tribunat pour revenir dans la ville qui le vit naître, la ville où il avait été quelqu'un durant douze longues années. Non pas qu'aujourd'hui plus personne ne le connaissait, ni respectait, mais sa notoriété s'était amoindrie. Joris était populaire et présent, alors que lui, c'était l'ancien, le perdant.
Meliant fit arrêter le carrosse aux portes de la ville et descendit. Il n'avait guère envie de traverser la cité à tout allure pour s'enfermer dans ses appartements. La soirée promettait d'être belle et la plage extérieur déserte à cette heure-ci s'offrait à lui, l'invitant à une balade paisible au bord de l'eau. Cela ferait certainement rire quelques uns. L'ancien Consort s'adonnant à une paisible promenade le soir tombant, il y a de quoi faire sourire. D'autres se diront qu'il magouille quelque chose. Qui sait...

« Je vous confie mon cheval. Prenez-en soin. Cette bête vaut plus que votre salaire mensuel ! »

Meliant lança la phrase d'un ton suffisant, tout en confiant l'animal aux gardes qui se trouvaient aux portes. Il n'était plus Consort certes, mais son statut d'ancien et d'actuel Tribun lui permettait encore de jouir d'une certaine autorité. Il faut savoir que si tous les privilèges lui avaient été supprimés, jamais il n'aurais accepté de s'exiler à Erathia où il n'avait aucun pouvoir particulier. La consolation de sièger au Conseil des Cinq n'était pas grande, voir inexistante, mais bon. L'homme s'y soumettait pour le bien de ses projets futurs, tout en espérant voir un jour la Lumineuse tomber en de mains Astorgs. Si au début, la position lui avait semblé alléchante, le Tribun déchanta assez vite. Il avait pieds et poings liés et aucune marge de manœuvre pour faire pencher la balance vers Storghein. Sans compter qu'il en avait assez de faire semblant d'apprécier l'Amazone, s'il avait pu, il en aurait bien foutu une à ce prétentieux de Cydien -qui avait eu l'idée de lui accorder cette place -, Nalween, quant à elle, faisait office de plante verte et le comble de tout ça, c'est qu'on leur avait aussi foutu dans les pattes un gamin. Vous devez maintenant comprendre pourquoi Meliant avait tant besoin de souffler.

L'homme descendit à pas tranquille vers la plage, le vent marin lui caressant le visage et purifiant ses poumons. C'était autre chose que la poussière Erathienne. Qu'il était bon de rentrer chez soi.

[Bah tu sais, je fais pas souvent mieux, alors ^^ ]

« On est de retour de balade, ma belle ? »

Annabeth soupira bruyamment, tandis que les deux gardes poussaient un rire gras (et que leur bouche lançait ses relents de mauvais alcool). Pourquoi était-ce toujours elle qui tombait sur les bourrins de service ? Sur des imbeciles à l'humour douteux qui se croyaient sympathique, voir séducteur ? Déjà, à l'aller, c'était aussi eux qui montaient la garde, aux portes de la Cité des Neiges. La relève de la garde, c'était quand déjà ?

« Vous me laissez où vous attendez le déluge ?! »

Oui, c'était irrespectueux, oui, cette remarque ne réussirait peut-être qu'à lui attirer des ennuis. Mais ce genre de lourdauds ne lui inspiraient que du dégoût. Rien de plus. Au moins, ceux avec qui elle aimait passer son temps, avait des muscles, mais aussi quelque chose qui s'appelle un cerveau. En gros.

« Sors pas tes griffes minette ! » s'esclaffa le deuxième garde.

Espoir, renâcla, impatient d'avancer, et surtout, de pouvoir enfin manger et se reposer après cette épuisante chevauchée que lui avait imposée sa maîtresse. Quant à Flink, perché comme à son habitude sur les épaules de l'Elfe, il poussa un petit cri. Le lien spécial qui unissait la blonde au rapace était très sensible, et l'oiseau sentait parfaitement la tension monter.

« Bon, allez, tu peux y aller, poupée. »

« Merci. »

Les lèvres pincées, Annabeth se pencha légèrement sur l'encolure d'Espoir, qui se remit à avancer au pas, tout en soufflant bruyamment. La bonne humeur de l'Elfe revint bien vite, quand elle eut laissé derrière elle ces abrutis de gardes. Elle avait passé l'après-midi à chevaucher à bride abattue sur Espoir, et avait même retrouvé Cristal, pour galoper ensemble. Le beau cheval blanc et la tigresse avaient pu se défouler, Flink voler autant qu'il le souhaitait, Annabeth être seule. Tout simplement. La cité grouillante était certes, magnifique, mais la forêt glacée était plutôt pas mal quand on voulait faire un break. Et c'était ce que recherchait exactement l'Elfe. Après l'éprouvant entraînement que Keziah leur avait infligé le matin même, avoir les cuisses en feu et les joues rouges était un excellent stimulant.

Après avoir laissé Espoir à l'écurie, Flink toujours sur l'épaule, l'Elfe dirigea ses pas vers la plage, avec un sourire. C'était tout elle. Elle venait de passer une journée crevante et bien remplie, le soir s'installait, et l'énergique jeune femme voulait se promener à pied, avec sa chouette. Voir papoter avec quelqu'un (pas des abrutis, évidemment). Allez savoir. Ce qui constituait le cerveau de la demoiselle était bien trop confus pour le commun des mortels. Même pour Annabeth elle-même.
La plage. Quel lieu fascinant. Tandis que les vagues venaient lécher lentement le rivage, grignotant quelque peu, le soleil couchant teintaient de ses rayons rougeoyants les flots abyssales. Annabeth n'était pas une fana de la solitude, loin de là. Et pourtant, elle était profondément heureuse d'être ici.
Qu'elle ne fut pas sa surprise en voyant qu'elle n'était pas la seule à avoir eu envie d'une promenade ! Un homme, qui lui tournait le dos. Un sourire taquin se forma sur les fines lèvres de l'Elfe tandis qu'elle le héla, ne le reconnaissant pas au premier coup d'oeil :

« Hey, vous vous sentez pas un peu seule ? »

Une gamine. Une simple, une imbécile gamine.

[Tu vois c'est pas bien mieux ^^ J'ai pas trop d'inspiration ni de temps ce soir, j'essaierais de faire mieux.]

[En espérant que ça t'inspire un peu plus =)]

La fraicheur du vent, le parfum de la mer. La belle Storghein ne pouvait offrir plus beau cadeau de retour. L'endroit lui avait manqué, d'une certaine manière. Meliant, n'était pas homme à se laisser aller à la nostalgie et pourtant... Il fut un temps où la cité était totalement sienne ; où il n'avait pas à faire un long voyage pour apprécier ce qu'elle avait à offrir. Aujourd'hui, il ne s'y rendait que pour des affaires urgentes, pour des choses dont on ne pouvait lui faire part par courrier. Quelques entretiens avec l'Oblat, un quelconque rapport à faire sur les affaires qui se tramaient à Erathia. Un exile qu'il avait choisi plus ou moins. Ce soir, cependant, il était Maître. Oui, Maître incontesté de ce lieu désert. L'idée lui plaisait et flattait son égo. Il avait besoin de dominer quelque chose pour sentir qu'il avait encore un pouvoir quelconque, que sa vie de brillance n'était pas devenue néant à cause de sa perte. Aujourd'hui et maintenant, il allait diriger cette mer, ordonner et savourer pleinement sa toute puissance. Finis la comédie et les sourires forcés. Meliant rangeait dans un coin son hypocrisie. Ici, il n'y avait personne à qui plaire, il n'avait d'ordre à recevoir de personne. Un simple jeu que lui offrait sa tête et qu'il savourait pleinement, fier de son ambition.

L'homme s'arrêta au bord de l'eau, les vagues venant se jeter sur le sable à quelques centimètres de ses pieds. Jamais elle ne pourraient l'éclabousser, comme tout le reste. On pouvait bien le juger, cracher derrière son dos, ça ne l'atteignait pas, parce que Meliant était grand. Parce que rien ne pourrait ébranler sa soif de grandeur. De part son charisme, il imposait le respect, même au plus récalcitrants. C'était l'une de ses victoires, cette aura qu'il avait réussi à créer autour de lui. On pouvait bien penser de lui ce qu'on voulait, mais il était impossible de nier ce fait. Tout n'était pas terminé, le Tribun l'assurait. Il était tombé, une fois, certes, mais son retour sera grandiose. Attendez et voyez ! Joris avait gagné une bataille, mais pas la guerre.
Le vent vint doucement caresser son visage, effaçant pour quelques minutes le souvenir douloureux de la défaite. Meliant ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Si d'habitude, l'homme gardait l'évènement humiliant d'il y a quatre ans bien en tête pour ne pas oublier ce qu'on lui avait prit et définir ses objectifs premiers, ce soir, la peine dont souffrait son orgueil devait disparaître. Souvenez-vous, aujourd'hui il était Maître !

Le sort semblait, cependant, s'acharner contre lui. Pour une fois que je Tribun décidait de faire tomber tous ses masques, pour une fois qu'il acceptait de mettre ses affaires de côté. Mieux ! Pour une fois qu'il oubliait sa fierté blessée, celle-ci se rappelait à lui sous la forme d'une voix féminine.
Le charme de l'instant s'était brisé en même temps que le silence. La douce rêverie n'était plus qu'un lointain souvenir tandis que Meliant remettait son masque d'arrogance. Était-ce à lui qu'on venait de parler ? Certainement. Après tout, cette plage n'avait, jusqu'alors, eu pour seuls compagne que lui. L'homme se retourna avec lenteur pour faire face à l'impertinente.

« Qui êtes-vous, pour vous adresser à moi de la sorte ? »

Le ton était glacial, et l'expression du Tribun tout autant. Il était Consort il n'y a pourtant pas si longtemps. La population ne pouvait avoir déjà oublié à quoi il ressemblait, si ? Ce serait un coup dur pour le fier Meliant. Lui qui s'était efforcé de marquer les esprit, peut être pas de la bonne façon, ne pouvait avoir été mit aux oubliettes en si peu de temps. C'était lui qui avait découvert le traitre lorsque Kriisten avait été enlevée. C'était lui qui avait maintenu la cité debout pendant six mois, alors que l'Oblat manquait. C'est lui, maintenant, qui représentait la Race Astorg à Erathia. Il n'était pas n'importe quel pécnau qu'on pouvait effacer d'un claquement de doigt ! Le regard sombre de l'homme brillait d'une rage contenue.

« Sachez, jeune fille, que je n'ai nul besoin de compagnie. La solitude n'est crainte que par les faibles. Essayez-vous d'insinuer que je suis faible, mademoiselle ? »

En vérité, Meliant était un homme très seul. Il connaissait beaucoup de monde, avait des relations, mais personne de réellement proche pour se tenir à ses côté. Ce fut son choix, dès le départ. Il voulait créer une distance entre lui et les autres. Il voulait montrer qu'il leur était supérieur, qu'il était quelqu'un, lui. Oui, cet homme était seul, mais cela avait-il une quelconque importance quand le pouvoir était à porté de ses doigts ? A quoi bon les sentiments inutiles ?

Annabeth eut un sourire en voyant l'inconnu s'avancer vers l'eau. Il avait l'air si calme... L'Elfe regard autour d'elle, cet endroit désert si beau, si loin et près de tout. Elle n'avait pas une âme de poète, ni un « coeur pur », ou ce genre d'âneries. Les phrases bien tournées, les longs discours, les monologues qui duraient des plombes, et ce genre de conneries, qui l'ennuyaient à mourir. Comme sa rencontre avec ce trèèès lent Eybor... Il l'avait assez gonflée en y repensant. Deux heures pour lui dire qu'il était druide. Il lui a sorti tout pleins de trucs qui avaient rien à voir, alors qu'un simple « J'suis druide », c'était bien aussi.
Et pourtant, elle n'était pas bourrine non plus et, sans dire qu'elle y passerait tout son temps, cette plage et son calme lui plaisait. Et Flink semblait de son avis...

L'Elfe vit l'inconnu se retourner face à sa remarque. Le coeur de la belle rata un battement : Meliant ! L'arrogant ennemi diplomatique de Joris ! Elle ne l'avait pas reconnu de dos, mais tandis qu'il tournait son visage peu amène vers elle, le doute n'était plus possible. Merde. C'était pas le genre de personne avec qui on peut blaguer. L'ancien Consort n'aimait pas vraiment les Compagnons. Les Compagnons n'aimaient pas vraiment l'ancien Consort. Bref, c'était pas la joie entre eux. Après leurs coups d'états, leurs relations s'étaient déjà assez tendues (non sans blague...), mais depuis que Joris était Consort, ça avait atteint un tout autre niveau. Par loyauté, la plupart des Compagnons détestaient Meliant à cause de leur ancien Capitaine. Annabeth faisait partie de ceux-là. Joris était certes grognon et avait un drôle de caractère quand il s'y mettait, quant à ses colères, n'en parlons pas, mais elle le préférait encore que cet abruti de Meliant...

« Qui êtes-vous, pour vous adresser à moi de la sorte ? »

Annabeth haussa un sourcil, vaguement amusée. Pas le moins du monde vexée. Elle connaissait bien le caractère... Légendaire du Consort déchu, et elle se doutait que sa défaite face à Joris n'avait rien arrangé. A tout autre personne, elle aurait sûrement répliquer vertement. Mais Meliant n'était pas « toute autre personne ». Elle savait que le Tribun avait réellement un sale caractère, et si elle se mettait à l'insulter, la discussion allait mal finir. Elle avait presque pitié de lui. Avec son air hautain, il se raccrochait au pouvoir tant qu'il le pouvait.

« Je m'appelle Annabeth. Et moi aussi je suis heureuse de te voir, Meliant. »

Annabeth savait parfaitement qu'elle jouait à un jeu dangereux. Se montrer aussi familière avec un Tribun, surtout celui-ci, n'était pas un risque à prendre, normalement. Mais la manière dont il lui avait répondu lui avait moyennement plus. Pour une fois, elle avait décidé de faire preuve de finesse. Par ce simple « te », elle lui avait d'abord montré qu'elle ne l'appréciait pas vraiment et ensuite, que son air hautain et suffisant ne l'atteignait pas. D'une pierre deux coups.

« Sachez, jeune fille, que je n'ai nul besoin de compagnie. La solitude n'est crainte que par les faibles. Essayez-vous d'insinuer que je suis faible, mademoiselle ? »

Annabeth eut un sourire amusée, avant de répondre :

« Je n'insinue rien, mon cher, vous pouvez me croire. »

Le tutoiement c'était bien, mais il ne fallait pas en abuser. Et l'Elfe ne se rendait même pas compte qu'elle était illogique et assez désarmante...

« Avouez que c'est peu commun de voir un Tribun seul sur la plage. »

Meliant fronça les sourcils. C'est bien la première fois que quelqu'un se permettait de lui parler ainsi, si l'on excluait Joris, qui, dans un excès de colère, l'avait tutoyé un jour. L'homme n'avait pas l'habitude qu'on lui manque à ce point de respect. Il n'était certes plus Consort, mais sa fonction de Tribun lui assurait une position assez importante. Il faisait partie des nobles de Storghein et à ce titre, il avait le droit à certains égards. Cette fille, Annabeth, avait employé la seconde personne délibérément, sachant qu'elle l'avait très bien reconnu. La colère aurait pu pointer le bout de son nez, mais Meliant n'était pas du genre à se laisser aller à des sentiments excessifs. Selon lui, les gens n'en valaient pas la peine. Ce serait une perte inutile d'énergie. Il se contenta donc d'un masque d'agacement et d'un regard méprisant à l'égard de la jeune femme. Son nom ne lui était d'ailleurs pas inconnu. Il lui semblait avoir entendu parler d'une elfe devenue Compagnon de la Reine, bien qu'il ne l'ait jamais vu. Le comportement de la jeune femme était, à ce titre, d'autant plus impardonnable.

A l'époque de la la disparition de Kriisten et suite à la trahison de Chris et la fuite de Joris, l'ancien Consort aurait pu dissoudre les Compagnons, mais n'en avait rien fait. De ce fait, la garde rapprochée de l'Oblat lui était redevable, ce que la demoiselle semblait oublier. Meliant avait beau être méprisant et hautin au possible, ce n'était pas un monstre pour autant. Tout ce qu'il avait accomplit durant plus de douze ans n'avait jamais porté préjudice à Storghein. Il avait toujours agit pour le bien de la cité – et son ambition personnelle, mais tant que ça ne portait atteinte à personne où était le mal ?
La jeune femme avait le droit de ne pas l'apprécier, Meliant n'en avait strictement rien à faire, mais elle ne devait pas oublier à qui elle s'adressait. C'est d'un ton glacial que l'homme la rappela à l'ordre.

« Je pense que vous oubliez la place qui est votre, Mademoiselle. Vous me devez le respect qui est dû à une personne de mon rang. Être Compagnon de vous donne pas le droit de vous laisser aller à de telles familiarités. Je vous prierais donc à partir de maintenant d'éviter le tutoiement, l'emploi de mon prénom, ainsi que le « très cher ». Pensez-vous en être capable ou est-ce que la politesse est proscrite chez les Compagnons ? »

La dernière phrase fut dite sur une ton moqueur. Légitime retour de bâton. Cette fille n'était encore qu'une gamine. Comprenait-elle seulement ce qu'elle faisait ? Savait-elle qu'elle s'exposait à des sanctions en agissant de la sorte ? Meliant était, certes, peu apprécié à la Cour de la Reine, du fait de son caractère, mais les règles étaient les règles. Il y avait une hiérarchie et elle n'était pas là pour rien. Enfin passons. La petite impertinente ne valait pas la peine que le Tribun perde son temps dans la rédaction d'un rapport. Il ferait peut être parvenir une note à Joris, lui faisant remarquer le manque d'éducation de ses subordonnés, juste pour le plaisir de l'énerver légèrement. Oui, il ferait ça certainement, pensa-t-il un sourire aux lèvres, oubliant un instant la demoiselle.

« En quoi est-ce peu commun ? Je suis certes Tribun, mais je suis Astorg et homme avant tout. Cessez donc de voir des complots partout, Mademoiselle. J'ai parfaitement le droit de venir ici pour apprécier le calme de ce lieu. De plus, je ne pense pas avoir de comptes à vous rendre. »

Annabeth devait déjà s'estimer heureuse que l'homme accepte de lui répondre. Il aurait pu tourner les talons après l'avoir remise à l'ordre sans autre forme de procès. Il fallait croire que ce soir Meliant était d'humeur clémente, même si cela ne se voyait pas tant que ça – voir pas du tout. Et puis, la suspicion de la jeune femme l'amusait. On ne pouvait s'offusquer de tout, n'est-ce pas ? On le soupçonnait de beaucoup de choses. Pourquoi tout le monde semblait croire que le Tribun préparait un mauvais coup ? Il n'était pas foncièrement mauvais, juste un peu trop ambitieux et imbu de sa personne, cela ne faisait pas de lui un criminel.

« Je pense que vous oubliez la place qui est votre, Mademoiselle. Vous me devez le respect qui est dû à une personne de mon rang. Être Compagnon de vous donne pas le droit de vous laisser aller à de telles familiarités. Je vous prierais donc à partir de maintenant d'éviter le tutoiement, l'emploi de mon prénom, ainsi que le « très cher ». Pensez-vous en être capable ou est-ce que la politesse est proscrite chez les Compagnons ? »

Annabeth n'avait pas vraiment réalisé à quel point Meliant pourrait le prendre mal. Elle ne savait qu'une chose : elle ne l'aimait pas. Et le lui faire savoir ne lui faisait absolument rien. Sauf de la satisfaction. Et elle aurait très bien bien continuer à le titiller pendant longtemps. Mais en effet, il était d'un rang bien plus élevé que l'Elfe, et elle pouvait avoir beaucoup d'ennuis. Elle en avait déjà assez avec les gardes et les imbéciles qui lui faisaient des avances, pas besoin d'en rajouter avec cet abruti. Autant faire profil bas.

« Vous avez raison, Meliant, j'en oublie les bonnes manières envers mes aînés. J'en suis parfaitement capable. Je ne voudrais pas donner une mauvaise image des compagnons... »

Elle lui lança un sourire rayonnant. Pas vraiment provoquant. Mais pas non plus docile. Bref, impossible à cerner. Juste souriante, la belle avait un petit air farceur, en cet instant (ce qu'elle pouvait très bien être). Pour cause. Elle commençait à songer à utiliser son Illusion. Juste pour pas grand chose, hein, par exemple, lui montrer une horrible créature qui le ferait fuir... Un truc dans ce goût-là. C'était exactement à cela qu'elle avait pensé lorsque ce Cydien, un inconnu, l'avait utilisée comme tremplin, à Silmarie. Elle avait été si furieuse sur le coup... Elle avait alors utilisé une horrible illusion contre lui. Sauf qu'avec la chance qu'elle avait, elle était tombée sur le seul qui avait le pouvoir de contrer les illusions ! Evidemment ! Finalement, il avait plutôt été sympathique.
Mais Meliant, c'était autre chose. Quoi qu'elle fasse, ça finirait mal, et elle s'attirerait des ennuis. Avec le Cydien, elle ne risquait rien. Lui, au moins l'avait pas si mal pris. Meliant...

« En quoi est-ce peu commun ? Je suis certes Tribun, mais je suis Astorg et homme avant tout. Cessez donc de voir des complots partout, Mademoiselle. J'ai parfaitement le droit de venir ici pour apprécier le calme de ce lieu. De plus, je ne pense pas avoir de comptes à vous rendre. »

Annabth perdit un instant son sourire, fronçant les sourcils. Complots ? Elle n'avait vu un complot nul part ? Qu'est-ce qu'il racontait le Meliant ? Il était pas un peu paranoïaque dans son genre ?

« Vous faîtes erreur, je ne vois de complot nul part, et vous prenez le droit que vous voulez, je n'ai jamais dit le contraire ! »

Il était presque amusant de voir Meliant se défendre ainsi, alors qu'elle ne l'avait pas attaqué...

« Je ne vous aies pas souvent vu sur la plage, d'où mon étonnement. Quoique que je ne prétende pas vous connaître assez bien pour affirmer quoique que se soit. »

Annabeth secoua la tête, et s'assit dans le sable. Elle plongea ses mains dans le sol, en prit une poignée, laissa les grains tomber, recommença. Flink descendit de son épaule pour se poser sur ses cuisses, et sa maîtresse le caressa avec lenteur, continuant de sourire.
Puis, elle se retourna vers Meliant, une lueur de curiosité dans le regard.

« Au fait, vous n'étiez pas à Erathia ? Vous revenez pour longtemps ? »

Elle ne savait pas si Meliant allait encore prendre mal ses questions, ou lui demander de se mêler de ses affaires, mais elle s'en fichait.

[Je suis désolé, je ne savais pas du tout comment rebondir et faire avancer les choses. Si cela ne te convient pas, n'hésite pas à me le dire. J'essayerais de modifier.]

Meliant poussa un soupir. Il lui fallait se résoudre. La gamine ne connaissait absolument pas les règles de bienséance et de politesse. Il n'obtiendrait pas d'excuses de la part de l'impertinente. C'était à se demander où la Reine allait chercher ses Compagnons ? Chez les bouseux à coup sûr ! Et puis, peu importait. L'homme était trop fatigué pour essayer de parlementer avec la jeune fille. Il n'avait aucune envie de lui donner un cours sur comment bien se comporter en haute société. Il avait, de toute façon, la vague impression que cela ne servirait à rien. Le Tribun lisait clairement sur le visage de la demoiselle qu'elle ne le portait pas dans le cœur. Quoiqu'il pourrait dire ne changerais certainement en rien son comportement. Autant ne pas perdre son énergie en de discours inutiles. Annabeth avait d'autant plus la chance. La colère ne faisait pas partie des grands défauts de Meliant. Il n'y cédait que rarement. Hausser le ton c'était montrer qu'on était en difficulté et l'homme ne montrait ses faiblesses à personne. Il se contenta donc d'un froncement de sourcils, ignorant superbement le sourire impertinent qu'affichait la jeune femme.
Pour ce qui était de la mauvaise image des Compagnons, ils avaient pas besoin d'elle. C'était un fait. Meliant ne portait pas la garde rapprochée dans son cœur et cela, tout le monde le savait. Pour lui, c'était un ramassis de bons à rien qui ne servaient à pas grand chose. Après, c'était une opinion personnelle, mais tout le monde sait que le Tribun considérait ses opinions comme des vérités absolues.

« Hé bien, j'attends d'en avoir la preuve, mademoiselle. Jusqu'à maintenant, on ne peut vraiment affirmer que votre comportement ait été exemplaire... »

Annabeth ne le connaissait pas du tout, en fait. Le « assez bien » n'avait rien à faire dans sa phrase. A dire vrai, personne ne le connaissait réellement. L'homme ne montrait que ce qu'il voulait bien, tapis sous des tonnes de masques, se rendant presque inhumain. Il n'était pas là pour attirer la sympathie des autres, même si ça l'aurait certainement aidé, mais voilà... Meliant était trop fier pour jouer les gentils, trop fier pour montrer ses bons côtés s'il en avait. Il ne voulait pas passer pour un faible. Il ne voulait plus qu'on le regarde de haut, comme ce fut le cas dans sa jeunesse. Maintenant, c'était à son tour. Le reste n'avait pas d'importance. Il voulait une place au pouvoir, il voulait satisfaire ses ambitions, pas se faire aimer du peuple. Les choses qu'il faisait étaient justes, la manière de procéder importait peu. Qu'il souri ou non n'allait rien changer au reste.
Pour ce qui est de l'étonnement qu'il suscitait, c'était pas comme s'il s'était attendu à ce qu'on le surprenne ici ce soir. Que c'était compliqué et un peu énervant. Il n'aimait pas être vu lors de ses rares moments d'humanité. Même pour lui, c'était pas naturel, tellement habitué qu'il était à jouer la comédie, trop arrogant pour admettre que parfois il avait juste besoin de souffler.

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis humain, jeune fille. Et comme tout être humain, j'apprécie certaines choses. »

Meliant aurait dû simplement lancer un regard méprisant à la demoiselle et partir sans répondre aux questions qui avaient suivi. C'est ce qu'il faisait d'habitude. Mais ce soir, peut être à cause de l'ambiance paisible que leur offrait le cadre, il se sentait d'humeur clémente. Peut être aussi qu'il voulait lui montrer qu'il n'était pas un monstre dénué de cœur et de savoir vivre, contrairement à ce que l'on pouvait penser. Il fit même abstraction du fait qu'elle ignorait totalement le protocole. S'asseoir ainsi devant l'homme, lui sourire avec impertinence... En d'autres circonstances, Annabeth aurait subit la remontrance de sa vie. Peu de gens s'en étaient sortit avec des simples remarques après de tels affronts.

« Comme mon statut de Tribun le stipule, j'étais en effet à Erathia, mais comme vous pouvez le constater je suis revenu et je resterais à Storghien le temps qu'il faudra. Ma présence dans la cité vous dérange-t-elle ? ajouta-t-il légèrement moqueur. »

« Hé bien, j'attends d'en avoir la preuve, mademoiselle. Jusqu'à maintenant, on ne peut vraiment affirmer que votre comportement ait été exemplaire... »

Annabeth fit une grimace docile. Si elle avait voulu être sympathique, elle l'aurait été. Et ce n'était pas un snob comme lui, un abruti, qui allait lui faire changer d'aptitude. Si elle ne s'était pas déjà détournée avec un air insolent, c'était uniquement car Meliant était un homme politique important qui pouvait la faire baver, ou faire un rapport à Joris. Elle ne tenait pas à briller aux yeux du Consort, et son avis comme celui du reste de la population l'importait peu. Mais elle ne voulait en aucun cas que ses propres agissements ternissent la réputation des Compagnons de la Reine. Et elle était certaine que le Tribun ne cherchait qu'une occasion pour pourrir ses ennemis de toujours, et surtout leur ancien Capitaine. Pas question de la lui donner. Il serait trop heureux.

« C'est sûr, mais ne vous inquiétez pas. Je sais quand même me tenir, même si je n'en n'ai pas l'air ! »

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis humain, jeune fille. Et comme tout être humain, j'apprécie certaines choses. »

Il avait vraiment un problème. Soit, il était vraiment coincé du cul, soit il était parano, soit il la provoquait. Ou alors les trois réunis. Annabeth n'avait jamais sous-entendu qu'il était inhumain ! Juste qu'elle ne l'aimait pas, voir le détestait. Rien de plus. Rien de moins. Elle avait envie de lui jeter une remarque acerbe à la gueule, pour lui faire ravaler son petit air suffisant.

« Oh, mais je n'en doute pas, Meliant. Parfois, on peut quitter son masque... »

Pour une fois, son ton était sincère, et elle n'avait aucune arrière-pensée. Elle n'avait jamais pensé Meliant inhumain, juste complétement taré, ça peut-être. Et arrogant. Oh ouiiii, très arrogant.

« Comme mon statut de Tribun le stipule, j'étais en effet à Erathia, mais comme vous pouvez le constater je suis revenu et je resterais à Storghien le temps qu'il faudra. Ma présence dans la cité vous dérange-t-elle ? »

Si ça n'avait tenu qu'à elle, Annabeth lui aurait craché un truc du genre « Tant que je te croise pas » ou « Si mais j'ai pas envie de te vexer ». Sérieusement, toutes ses paroles étaient-elles donc mal interprétées ? Devait-elle sans cesse utiliser des pincettes ? N'importe quel témoin pouvait avouer que pour une fois, elle avait tenu sa langue ! Mince, pourquoi ne faisait-il que prendre mal ses paroles ?

« Meliant, je tiens à vous préciser que depuis toute à l'heure, je n'ai usé d'aucun sous-entendu désagréable à votre encontre... Je n'ai amais dit que votre présence ou quoi que se sot d'autre me gêne ! J'ai plutôt l'impression que c'est moi qui vous gêne depuis toute à l'heure... »

Comme Annabeth venait de le dire si bien, elle n'en avait pas l'air. La moindre des choses aurait déjà été de rester debout, puisque le Tribun était dans cette position. Mais au risque de se répéter, la demoiselle ne semblait pas connaître les bonnes manières. Enfin, passons. Meliant n'était pas à une cérémonie quelconque et ce n'est pas comme si cette gamine avait la moindre importance. Ça l'agaçait, certes, le comportement de l'elfe, mais s'énerver aurait certainement été une perte de temps. C'est du plomb que les Compagnons de la Reine avaient dans la tête. Il serait presque plus simple d'aller à Cydonia à la nage que de leur apprendre à bien se tenir en société et en présence d'une personne de haut rang. De toute façon, Meliant n'était pas d'humeur à donner des cours de bienséance. C'est pas comme si cela servirait à quelque chose et il n'avait pas la malchance de tomber sur eux tous les jours. Heureusement ! C'était juste un mauvais moment à passer, rien de plus. Demain, l'homme aurait tout oublié de leur entrevue et de la jeune femme elle-même.
L'homme se contenta donc de simplement hocher la tête, même si l'expression de son visage montrait clairement qu'il était loin d'être convaincu. Enfin, il pouvait bien laisser le bénéfice du doute à la jeune femme. Il était vraiment trop clément, ce soir.

Et on en revenait une fois de plus aux masques. Les quitter, hein ? Meliant ne le faisait que peu. Son air de suffisance était devenu comme sa seconde peau, qui lui cillait bien mieux que la première. Il avait un statut, une position importante, il ne pouvait se permettre de présenter un visage austère à chaque coup. L'hypocrisie et les sourires mielleux étaient nécessaires, on ne pouvait manipuler les gens sans. Chaque visage, chaque expression nouvelle que l'homme peignait sur ses traits lui assurait une nouvelle victoire – pas grande, certes, mais tout de même. Sans cela, jamais il n'aurait fait des efforts pareils, et se serait contenté d'arboré son arrogance coutumière.
Ce qui énervait légèrement le Tribun, ce que la jeune femme ait vu dans son jeu. Pour lui dire qu'il était parfois bon de quitter le masque, elle devait savoir que Meliant était bien souvent faux. Un sourire est si facile à faire. Y insérer de la sincérité, c'était autre chose.

« Il m'en coûte de l'admettre, mais vous n'avez pas tord, jeune fille. Familière du sujet ? Vous en portez souvent ? »

Curiosité feinte. Cette gamine était trop naïve pour savoir ce que cela faisait. Elle ne pouvait réellement comprendre à quel point cela pouvait peser à la longue, tous ces masques. Elle ne pouvait comprendre pourquoi le Tribun était là ce soir, sur cette plage déserte ; pourquoi il avait tant besoin d'en être Maître des lieux. Annabeth n'aimait pas Meliant, il en était certain. Elle ne savait qui il était vraiment, ne se basant que sur les apparences. Elle ne savait pas à quel point il avait travaillé pour en arriver à là où il était aujourd'hui. Il les avait mérités, ces moments d'arrogance. Il avait le droit de se croire au dessus des autres. C'était sa récompense pour le travail fourni, voilà tout.

Il serait certainement mal-poli de dire à l'impertinente qu'en effet, elle le gênait, pour ne pas se montrer vulgaire. Il n'en fit cependant rien, pourtant, c'aurait été bien son genre. L'homme se contenta de lever les yeux aux ciels. Voilà que la demoiselle jouait aux victimes... Une réplique acide lui brula les lèvres, mais Meliant la ravala en un effort surhumain. Que c'était désagréable, ce genre de situations. Tout ce qui touchait aux relations humaines en dehors du carde strictement professionnel était le point faible de l'ancien Consort. Ils pouvait jouer bien des rôles, mais le sien, il en était incapable sans se montrer trop désobligeant.

« Hé bien, disons que nous sommes tout deux en faute dans ce malentendu. Vous du fait de votre manque de bonnes manières et moi, du fait de mon manque de patience. Vous ne m'appréciez guère – ce que je peux comprendre – ne vous étonnez donc pas que je reste méfiant. De plus, je n'ai pas cherché de sous-entendus dans vos paroles. Je vous ai posé une question, rien de plus, à laquelle vous avez superbement évité de répondre. »

« Il m'en coûte de l'admettre, mais vous n'avez pas tord, jeune fille. Familière du sujet ? Vous en portez souvent ? »

Annabeth ? Un masque ?ELLE ?! Oulà, il était loin du compte ! Annabeth ne portait des masques que par rapport aux personnes haut placées, et encore ! Même devant Meliant, elle avait montré sa vraie personnalité. Porter un masque ? Quelle idée saugrenue. La vérité était bien plus simple, ; elle aimait trop être elle-même. Pourquoi porter un masque ? Certes, elle était gamine, parfois inconsciente, revêche, irrespectueuse. Mais cela ne servait à rien d'essayer de la cacher. Après tout, un caractère était un caractère, le refaire ne servait à rien. Si ça ne faisait pas naturellement, ça ne se faisait pas du tout. Rien de plus simple aux yeux de la blonde. Le fait que Meliant, lui, apparemment, aimait bien, ne la concernait pas, et elle se fichait de connaître les couleurs du Tribun.
Par contre, que Meliant l'appelle « Jeune fille » lui plaisait moins. Elle n'avait plus quinze, elle méritait un minimum de politesse ! Certes, ses réactions n'étaient pas celle d'une femme mûre, mais son physique, ses formes, eux, l'étaient ! Pourquoi « Petite débile » aussi ? Ca revenait au même aux yeux de la blonde. Après tout, elle ne l'appelait pas « Gros bourrin qui fait chier ». Elle lui avait donné son nom, et pas une seule fois il l'avait utilisé ! Elle commençait à en avoir ras le bol. Il quémandait du respect, pourquoi ne lui en donnait-il pas ?!

« Non. Je n'aime pas les masques. Je trouve que cacher ses sentiments est inutile. Je peux mentir, mais de là à dire que je mets un masque, il y a une marge. Mais je me fiche que certains aiment le faire, chacun fait ce qu'il veut. »

« Hé bien, disons que nous sommes tout deux en faute dans ce malentendu. Vous du fait de votre manque de bonnes manières et moi, du fait de mon manque de patience. Vous ne m'appréciez guère – ce que je peux comprendre – ne vous étonnez donc pas que je reste méfiant. De plus, je n'ai pas cherché de sous-entendus dans vos paroles. Je vous ai posé une question, rien de plus, à laquelle vous avez superbement évité de répondre. »

Comment un homme pouvait-il être aussi chiant ? Elle avait répondu ! Etait-il bouché ?! Tous deux en faute ? Elle n'était certes pas un exemple de maintien en société ou de respect, mais il n'avait pas cherché à être sympa non plus ! Ou elle avait raté un épisode, ou il profitait de sa position pour se foutre de sa gueule. Et Annabeth n'aimait pas qu'on se foute de sa gueule.

« Nous sommes peut-être tous deux en faute, mais avouez que vous ne faîtes aucun effort ! Que vous n'ayez pas envie d'en faire, d'accord, mais ne dîtes pas que c'est la faute du manque de bonnes manières ! Quant à votre question, je vous aies répondus : votre présence ne me dérange aucunement. De toutes façons, il n'y a que très peu de chance qu'on se croise dans la cité.
Et je vous serais immensément reconnaissante de ne pas m'appeler jeune fille. Je n'a plus 15 ans et même si je ne suis pas une grande dame, j'apprécierais. »

Il était imprudent de s'énerver contre un homme comme Meliant, ou de demander quoique se soit. Mais il l'avait cherché.

En fin de compte, de tout cela, Meliant s'en fichait pas mal. Cette discussion ne menait à rien. Il avait pourtant fait des efforts. C'était bien la première fois que l'homme n'envoyait pas paitre une personne aussi insignifiante qu'Annabeth. Il valait mieux que ces discussions creuses ou l'on se lançait des piques comme des gamins de cinq ans. Il n'était pas venu sur cette plage pour faire la conversation à une gamine insolente sans aucune manière de savoir vivre et commençait à perdre patience. Qu'avait-il cru ? Qu'il pourrait avoir une discussion civilisée et philosophique avec elle ? Belle illusion. Les Compagnons – il aurait dû s'en douter – utilisaient bien plus souvent leurs muscles que leur tête.
Certes, Meliant ne s'était pas montré spécialement avenant avec la jeune elfe, mais il était comme ça. Sa sympathie n'allait qu'à ceux qui en valaient la peine. De toute façon, l'un comme l'autre avaient des idées toutes faites. La demoiselle devait penser que le Tribun n'était qu'un con arrogant et imbu de lui même. Peut être ou peut être pas. On ne peut jamais prétendre connaître une personne, surtout quand on la rencontre pour la première fois. L'Asorg n'était pas spécialement le mieux placé pour lui reprocher ça, ayant agit de la même manière. Petite idiote, qui se croit être une grande !

« Par rapport à moi, vous n'êtes encore qu'une enfant. On en reparlera quand vous aurez quelques années de plus, jeune fille. »

Le ton était sec, brutal. Pour qui se prenait-elle pour lui dire ce qu'il devait faire, hein ? Comme elle le disait si bien, elle n'était pas une grande Dame, mais elle n'avait pas non plus la maturité de se prétendre Femme ! Annabeth en avait le physique, certes, avec ses courbes voluptueuses et un visage de porcelaine, mais dans sa façon d'être, elle ne restait qu'une enfant aux yeux de Meliant. Il n'avait pas envie de la voir autrement qu'ainsi. Ce serait lui accorder trop d'importance et l'homme était bien trop fier pour en arriver à une telle extrémité.
Le Tribun n'vait plus grand chose à ajouter, ayant assez de cette discussion creuse qui ne menait nul part. Papoter tranquillement avec une gamine n'avait pas été son projet de départ. Il voulait juste souffler un peu, sortir du moule et réfléchir en paix. Oublier un peu qu'on l'avait écarté de Storghein comme un nuisible, qu'il avait perdu contre Joris, ce gars qui aurait dû finir sa vie derrière les barreaux !Il était las. Tellement las de tout cela.

« Je pense que la discussion est close. Mes salutations à Joris. »

Le ton était sans appel. Il ne tolérerait aucune réplique de la part de la jeune elfe. Il inclina légèrement la tête pour montrer à Annabeth que contrairement à elle, des bonnes manières, il en avait, et tourna les talons.
Les mains dans le dos, il remonta d'un pas tranquille la plage pour aller rejoindre la cité.

[Merci pour le Rp !
Désangagés Meliant et Annabeth]

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