La caravane se formait aux portes de la ville. Son meneur, un grand elf au visage calme et posé que rien ne semblait atteindre nommé Aegnor effectuait des aller-retour entre la tête et la queue de la caravane pour s'assurer que son convoi partirait dans l'heure. Je m'étais réveillé une heure avant l'aube pour pouvoir être présent à l'heure. Je portais un sac de voyage léger contenant juste une cape de voyage, quelques silex, sa bourse et ses affaires de rechange. J'avais trouvé Aegnor des jours plus tot pour s'engager comme escorte. Une dizaine de chariots s'alignaient et il y avait en plus quelques personnes voyageant à cheval. En tout près de cinquante ames faisaient le voyage vers Cydonia, la plupart pour le commerce ou leur profession, mais je m'aperçus une famille elfe rassemblée dans un chariot usé et me demandai ce qui pouvait les pousser à quitter la ville.

A son arrivée je commençai par saluer Aegnor puis entreprit de rencontrer chaque conducteur d'attelage pour proposer son aide dans le chargement des véhicules. En passant je ne vis que trois autres soldats elfes, tous montés. Je fus quelque peu jaloux puisque moi même n'avais pas de monture et devais voyager dans le chariot de tête, mais je dissipai cette mauvaise réaction pour me concentrer sur le vrai problème. Quatre soldats pour cinquante personnes c'était peu. Je fis part de mon inquiétude au chef du convoi.

Ne t'inquiète donc pas jeune elfe.Me répondit-il en souriant, et dans ce sourire je vis la certitude que tout irait bienTu t'apercevras que nous risquons plus de petits larcins en ville, à Tamawa ou Varath, qu'une attaque. Et puis j'ai engagé deux guerriers de Storghein, ils devraient arriver bientot, ces gens là ont quelques rituels avant une mission. Je peux te dire que ça a pas été une mince affaire de les convaincre de venir avec moi, vois tu ils refusent d'approcher de Cydonia et...

Aegnor continua ainsi assez longuement, tout en marchant et en donnant ses indications par gestes comme un chef d'orchestre. Il m'apprit qu'il avait vu dans le groupe quelques cydiens qui avaient l'air de savoir se défendre et aussi que les guerriers astorgs nous quitteraient à Varath. Je fus rassuré. Même si je savais qu'on ne tiendrait pas contre une vingtaine d'hommes. C'était mon premier voyage et j'étais concentré sur tous les problèmes qu'en tant que soldat j'aurais peut être à régler. Machinalement je saisis la garde de mon épée accrochée dans le dos.


[Edit Jacen= Attention, c'est Tamawa et Storghein, ainsi "cydiens" ! Je crois aussi que tu t'es trompé dans ton premier paragraphe, tu sembles vouloir rédiger à la première personne mais tu décris ton personnage et les événements d'un point de vue extérieur.]
[Edit me: clear ]

Les caisses s'entrechoquèrent en tombant dans le chariot de Julian tandis que ce dernier s'activait pour charger son véhicule le plus vite possible. L'homme s'affairait en tous sens, ramassant à la va-vite sacs et boîtes, fioles et toiles, tentures et vêtements et les jetant pèle-mêle dans sa charrette en pestant aux quatre vents contre le retard qu'il avait pris. Sa robe se prenait dans ses jambes et les babioles qui traînaient, rendant la tâche moins pratique encore. Alors qu'il jetait la dernière caisse dans le véhicule de bois, il entendit un bruit de verre brisé dans le coffre. Il grimpa précautionneusement sur le marchepied et jeta un regard craintif sur la fiole qui venait d'éclater.

"Oh c'est pas vrai..." laissa-t-il échapper, avant de poursuivre en soufflant longuement. "Bon, tant pis" se reprit-il.

Sans attendre, il ramassa les quelques morceaux de verre qui s'étaient répandus dans l'accident et les jeta "par-dessus bord", avant de se placer aux rênes de la charrette. D'un coup sur les lanières de cuir, il fit avancer le cheval, qui entraîna avec lui le véhicule. Alors qu'il commençait à s'engager dans la rue qui l'amènerait au lieu de rendez-vous, il tira un grand coup sur la bride du cheval, qui hennit sur le coup. Julian descendit de son siège en vitesse comme s'il avait oublié un truc, tapota sur le fessier de son canasson en murmurant un "désolé" sans vrai destinataire et courût jusqu'à sa maison. Une fois à l'intérieur, il hurla:

"Jack! Dépêche-toi, on est en retard!"

Le jeune homme déboula les escaliers quelques instants plus tard en enfilant à la va-vite une chemise.

"Pourquoi vous ne m'avez pas réveillé avant?" demanda-t-il, encore en demi-sommeil.
"Je... Enfin... J'allais le faire et..."
"Vous alliez encore partir sans moi? Quoi, vous allez encore m'oublier combien de fois avant de réaliser que je suis obligé de vous suivre où que vous alliez?"

Il finit d'enfiler sa chemise, bien qu'il fut légèrement irrité, en prenant bien soin de couvrir la totalité de la marque dans son dos. Une fois que son vêtement fut boutonné, les deux hommes sortirent dans la rue, et tandis que Julian verrouillait la porte, Jack préparait le chariot à partir.

Quelques minutes plus tard, l'attelage arrivait aux portes de la ville. Les quelques dizaines de personnes présentes semblaient venir pour la plupart dans le but de commercer avec les autres villes, bien que plusieurs membres du voyage ne voyageaient qu'à cheval, donc vraisemblablement sans marchandises. Julian fit avancer son cheval vers les autres marchands, en regardant autour de lui s'il reconnaissait l'un d'entre eux. En vain.

Sans vraiment y penser, il leva les yeux, en imaginant les paysages par lesquels il allait passer pour rejoindre sa destination, et se prit à une douce rêverie. Il resta un moment les yeux dans le vague à attendre un quelconque mouvement du groupe quand un elfe de grande taille l'accosta avec un courtois:

"Est-ce que vous êtes avec nous, monsieur?"

Julian baissa lentement les yeux vers lui, le regard vide. Il réalisa soudain que c'était à lui que s'adressait l'inconnu. De surprise, il écarquilla les yeux et se redressa sur son siège:

"Euh, je... Oui, oui oui, c'est ça, je suppose, en fait. Enfin, je crois. Est-ce que..."

Jack sortit la tête de la charrette et lança un:

"Oui, c'est ça, on voyage avec vous. je me présente: Jack Whiteclaw et mon tuteur Julian Hellmoon."
"Voilà, c'est ce que j'allais dire." termina Julian.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le doux soleil qui réchauffait ce monde laissera place aux brunes couleurs de l'automne. La vie flétrira et s'endormira petit à petit et doucement, la nature entamera son répit, bien lovée dans son cocon de sommeil. Dans ce décor que le temps semble vouloir figer, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagés : Nalec, Julian HM ]