Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé)

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Méchant, cruel...
MJ
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[DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé)
   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyJeu 23 Déc - 11:01

Dix-sept jours après leur départ de Ptot Tàh, la Troupe voyait les remparts de Storghein s’élever devant elle.
Le trajet avait été pénible. Il avait d’abord fallu traverser le désert qui s’étendait sur des lieues, et puis passer quelques plaines avant d’entamer une dernière et terrible ascension. Les escales avaient été rares et de courtes durées, car il fallait rejoindre la Cité Astorg avant que l’hiver ne s’installe durablement et ne bloque les principaux axes de circulation. Le groupe avançait lentement à cause des caravanes que tiraient des mules vieillies et chaque jour plus fatiguées.
Certains saltimbanques maronnaient, regrettant le manque de confort, la température de plus en plus fraîche, et l’acrimonie grandissante de Jillian.
Il n’y avait que Miki et Maya qui semblaient s’amuser pendant le voyage. Elles passaient leur temps à rire en inventant des jeux idiots, ou en embêtant les autres membres de la Troupe, déjà à cran, mais qui n’arrivaient pas à se fâcher vraiment en voyant la candeur qui éclatait dans les yeux de ces jeunes enfants. Mais leur passe-temps favori était d’emmouscailler Elly Sora qui avait pris sa forme féline pour le voyage. Les sœurs adoraient les chats, et poursuivre la queue jaune et oscillante de la Nùa provoquait chez elles des éclats de rire cristallins, qu’Elly Sora réprimait d’un grognement sourd.

L’irritation avait donc été maîtresse pendant une bonne partie de la route, et pourtant, si chacun avait daigné faire un effort, il se serait rendu compte que le paysage offrait mille et une merveilles qui aurait pu les distraire et les égayer.
Le jaune d’or du désert resplendissait sous le soleil et changeait incessamment avec l’heure qui passait, offrant toujours un spectacle différent et éblouissant. Après l’erg sablonneux, il y avait eu les plaines verdoyantes à l’Ouest de Tamawa. Soufflefroid s’y était déjà installé, ce qui inquiétait la Meneuse de la Troupe quant à l’état des voies de circulation vers Storghein, mais quoi qu’il en soit, les étendues infinies où les bêtes paissaient avant la transhumance offraient un panorama époustouflant de nuances et d’effets. Et puis, peu à peu, les routes avaient commencé à être plus pentues, aux prés s’étaient substitués les conifères, puis aux conifères les halliers, et enfin aux halliers les rochers et les mousses, habitants millénaires des pics montagneux.
La baisse de température avait été flagrante. La nuit, lorsque le groupe posait le campement, il fallait allumer un feu énorme pour se prémunir du froid mordant. Souvent, les saltimbanques se serraient les uns contre les autres pour conserver la chaleur de leurs corps endolori par le voyage, et lorsqu’ils allaient se coucher, ils s’embobelinaient dans des couvertures épaisses pour repousser la froideur envahissante.

Comme Jillian l’avait craint, l’hiver était arrivé un peu plus tôt que prévu. Chaque matin, en sortant de leurs tentes, les saltimbanques miraient le ciel avec espoir mais détournaient vite le regard et s’en allaient se couvrir lorsqu’ils voyaient qu’il était d’une blancheur épaisse, annonçant d’ors et déjà une journée neigeuse.
Chaque jour avait été plus difficile que le précédent. Il fallait que les hommes poussassent les caravanes tandis que les femmes les tiraient pour les dégager des trous de neiges dans lesquelles elles s’étaient embourbées. Sur la fin, même Miki et Maya se taisaient, grelottantes, et Jillian avait permis aux petits de dormir sous sa toile pour qu’elles puissent se blottir contre le poil chaud et odorant de Sam, sa lionne.

C’est donc éreintée que la Troupe arriva à Storghein.
Quelle ne fut pas leur joie lorsqu’ils entrèrent dans la jolie cité blanche. Les chutes de neige s’étaient interrompues pour un instant et le soleil avait même percé, faisant de la poudreuse immaculée comme un miroir étincelant.
C’était une ville étagée, comme la montagne sur laquelle elle était perchée. Il y avait, en bas, des habitations de pierre sombre, des places pavées, des fontaines gelées aux sculptures enchanteresses. Les commerces étaient ouverts, et une bonne odeur de feu de cheminée s’échappait des conduits noircis qui surmontaient des toits recouverts de neige.
Plus on portait le regard haut, plus on voyait les maisons s’élargir et s’orner. Et surplombant la ville de sa superbe il y avait le Palais Royal, grand, immense même. C’était non loin du palais, dans un amphithéâtre adéquat, que les membres de la Troupe allaient donner leur spectacle quelques jours plus tard.
Pour l’heure, les saltimbanques aspiraient tous au repos et ne désiraient qu’une chose : entrer dans une auberge traditionnelle et accueillante pour s’y repaître et se requinquer.

La nuit fut bonne et longue, tous se levèrent bien après que les coqs n’aient chanté, revivifiés. Les cernes qui s’étaient accumulés sous leurs yeux fatigués s’étaient résorbés, et l’ambiance au déjeuner n’avait pas été aussi bonne depuis bien des jours. Même Jillian, stressée par le spectacle à venir, s’était laissé aller à quelques plaisanteries fines.
Le spectacle allait avoir lieu dans trois jours. Le thème serait La Couleur. Chacun avait eu le temps d’échafauder son intervention depuis le départ de Ptot Tàh.
La Meneuse, avant la fin du repas, s’était levée et avait réclamé d’une voix sonore le silence.
Après s’être éclairci la gorge, droite comme un i, les mains croisées sur sa poitrine et le sourcil froncé, elle avait dit à ses amis et collègues qu’elle attendait beaucoup d’eux. Que cette fois, leur scène serait un amphithéâtre, un vrai, et pas un praticable de fortune, comme à Ptot Tàh, avec des gradins de bois vieux et poncé.
Et puis, durcissant le ton mais abaissant la voix, après avoir jeté un regard rapide dans la pièce vide à cette heure, elle avait expliqué devant tous les problèmes internes à la Cité. Succinctement, elle avait expliqué la situation de l’Oblat, celle du Prince Consort Meliant et des Compagnons. Elle ne précisa pas comment elle avait été tenue au courant, mais on remarqua aux poches qu’elle avait encore sous les yeux qu’elle avait dû moins dormir que les autres.
En somme, elle leur fit passer ce message : la population n’avait pas vraiment l’esprit à la fête, et elle attendait de la Troupe un effort tout particulier pour faire oublier l’espace d’une soirée les soucis aux Astorgs, et pour les éblouir de leurs plus beaux tours.

*****

Les trois jours avaient fusé à une vitesse phénoménale.
Les artistes avaient occupé leur temps chacun de leur côté, à leur manière. Certains répétaient leur numéro dans leur coin, d'autres moins préoccupés avaient exploré la jolie ville qu'était Storghein.

Mais désormais que le grand jour était arrivé, c'est ébahi que le groupe de saltimbanques avait découvert le lieu où se passerait le spectacle : le grand amphithéâtre de Storghein.

Il paraissait plus grand encore vu de la fosse. Les gradins blancs, dégagés de la neige pour l'occasion, resplendissaient sous le soleil qui avait daigné se montrer. Il y avait des centaines de places assises, et les Astorgs arrivaient par petits groupes de quatre ou cinq, vêtus de gros manteaux qui les faisaient ressembler à des ours.
La fosse était circulaire, on y avait laissé la neige car certains artistes, paraît-il, allaient se servir de cette étendue immobile pour jouer de leur art.
Les saltimbanques entraient par de grosses portes lourdes, blanches, finement gravées d'animaux et d'hommes combattant vaillamment. Juste en face de l'entrée, était aménagé un balcon royal, sur lequel deux trônes massifs siégeaient.
Ils étaient vides, et le resteraient, malheureusement pour le peuple Astorg.

Le thème du spectacle était la Couleur.

Les Astrogs le savaient, et peut-être s'attendaient-ils à voir leur amphithéâtre orné de milliers de guirlandes aux couleurs vives et agressives, qui auraient magnifiquement contrasté avec le blanc neutre qu'on voyait partout. Pourtant, tout était resté étrangement sobre, nu, immaculé. On n'avait pas l'impression que le monument serait bientôt lieu d'effervescence.
Pourtant, quelque chose semblait avoir changé. Il paraissait... opalescent, irisé, piquant presque. En fait, on l'avait lustré, on l'avait nettoyé, on l'avait poli, pour qu'il ressemble à une place faite de lumière, un piège à soleil duquel s'échappait une clarté violente, qui, sans blesser les yeux, les obligeait à se rétracter.

Pour l'instant, la Troupe était encore dans les coulisses, trépignante. Aucun son ne traversait encore l'air, tout semblait gelé.

Désormais, les gradins étaient bien remplis, sans être surpeuplés. Les voix curieuses ne s'entendaient pas d'en bas. Les portes allaient s'ouvrir, et laisser s'échapper les artistes, qui feraient éclater leur savoir-faire à leur manière.
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Chef soleil noir
Elly
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   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyJeu 6 Jan - 14:46

Elly Sora avait clôturé le spectacle de Ptot Tàh et cette fois, c'était à elle d'inaugurer.
Il n'y avait pas eu de discours d'ouverture, et personne dans les gradins ne se doutait encore que dans une poignée de secondes, la représentation commencerait.

La Nùa se tenait droite derrière les lourdes portes de l'amphithéâtre, qui s'apparentait presque à une arène antique. Et en fait, c'était presque un combat qu'elle allait mener; un combat contre elle-même, opposant son corps à son mental. Il faudrait qu'elle repousse ses limites, qu'elle donne le meilleur d'elle-même devant ces gens, non pas pour eux, et le plaisir de leurs sens, mais pour elle-même, Elly Sora, Nùa, orpheline, et meurtrière surtout.

Malgré qu'elle sût que plusieurs centaines de personnes allaient la regarder, elle n'était aucunement angoissée. Méthodiquement, elle répétait chaque pas dans son esprit, et il faudrait qu'elle n'en manque aucun.
Mais bientôt déjà, dans un grondement sourd, les deux battants de pierre s'entrouvrirent, et un rai lumière aveuglant passa subrepticement sur son visage, qu'elle couvrit.
De nulle part, des tambours se mirent à scander le même rythme guerrier. Ai-je dit de nulle part? En fait, on eût dit que les battements naissaient des entrailles de la terre, tel un chant belliqueux et intestin.

Elly ne prit pas le temps d'expirer. Les yeux dans le vide, dans une expression de tension, elle s'élança sur la piste immaculée.
Elle entreprit une série de roues vrillées pour rejoindre le centre de la scène. Elle en fit sept, et s'immobilisa, ainsi que le battement des percussions.

Depuis les gradins, Elly n'était qu'un point violet, un violet sombre, un violet poupre, de ceux qui vous troublent et vous angoissent, qui vous mettent mal à l'aise et qui provoquent.
Elle en était recouverte de haut en bas, et il n'y avait que ses pieds et ses mains, nus, qui paraissaient. Son visage même était masqué d'un tissu, et seule une queue de cheval noir de jais qui virevoltait avec la saltimbanque permettait de dire qu'il s'agissait d'une femme.
La Nùa donc, ne pouvait rien voir de ce qui l'entourait. La neige autour d'elle était lisse, chacun de ses mouvements laissait une trace indélébile sur l'étendue vierge. Un faux mouvement, et l'harmonie qu'elle voulait créer serait brisée.

Et puis... et puis la représentation de la silhouette zinzoline débuta, et le chant des tambours reprit.
Tout n'était qu'acrobatie pure. Le corps d'Elly semblait malléable et flexible, et se courbait avec une facilité telle qu'on eût dit tout cela très simple.

En réalité, il fallait une tension et une concentration extrêmes.
Elly marquait la neige de ses mains, de ses pieds, qui bleuissaient sous la froideur, mais elle ne faiblissait pas.

La représentation dura cinq minutes. cinq minutes d'attention curieuse de la part des spectateurs, qui miraient avec curiosité cette silhouette féline se mouvoir dans le froid.
Il y eut une série de souplesses avant, réalisée avec minutie. L'enveloppe charnelle d'Elly Sora ondoyait dans l'atmosphère, léger comme l'air, aérien et volubile à la fois. Parfois, pour une ou deux secondes suspendues dans le temps, la Nùa s'immobilisait, les pieds en l'air et les bras tendus, en appui tendu, la poitrine doucement soulevée par son souffle maîtrisé. Et puis, il y eu aussi - et le public retenu sa respiration - des vrilles, des rondades, et même des saltos arrière... On en oubliait presque qu'elle avait les yeux bandés.

Et tout n'était que puissance et maîtrise. La queue de cheval noire ballottait vigoureusement, la neige se parsemait de traces de mains et de pieds qui ne s'entrecoupaient jamais, et... et une forme naissait de la neige.

Un arbre.
Ou du moins... cela y ressemblait. Un bel arbre majestueux, peut-être un pommier, peut-être pas. Symbole de sagesse, d'immuabilité, de force. Il se détachait de l'ensemble blanc, et brillait d'un éclat surnaturel, piquant les yeux des Astrogs emmitouflés.

Elly Sora termina sur une équerre horizontale, qu'elle conserva quelques secondes. Et puis elle s'engouffra derrière les portes lourdes, dans la noirceur, qui s'opposait au blanc de l'amphithéâtre, laissant le champ libre à ceux qui la suivraient.
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Iréa
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   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyJeu 17 Fév - 12:41

Kalan se passa une main sur le visage, attendant que la grande porte blanche devant lui s’ouvre pour le laisser faire son entrée. Il n’était pas stressé ; orphelin élevé par des saltimbanques, il avait connu la scène dès son plus jeune âge et ne connaissait pas le trac, du moins pas le trac qui vous fait perdre vos moyens. Une pointe d’angoisse familière lui vrillait l’estomac, mais rien de plus. Il jouait machinalement avec la fine tresse qui lui descendait dans le cou. Lorsqu’il s’en aperçut, cela le fit sourire : c’était une de ses manies avant de monter sur scène.
La porte s’entrebâilla, et il sentit Elly le frôler en retournant en coulisses. Le jeune homme posa un pied dans la fosse blanche de neige et grimaça en sentant le froid. Habituellement, lors des représentations, il exerçait son art avec pour seule tenue un ample pantalon blanc. Mais le climat de Storghein l’avait obligé à enfiler un haut à manches longues bleu pâle, qu’il avait rehaussé d’un gilet sans manches bleu foncé, ainsi qu’à porter des chaussures pour se déplacer dans l’arène.
De l’entrée opposée émergea un jeune homme en tout point identique à Kalan – même cheveux blonds ébouriffés, même yeux d’un bleu limpide – à deux détails près : l’un était vêtu de bleu, l’autre de rouge, et ils ne portaient pas la tresse du même côté.
Kael, son frère jumeau, était la seule personne de sa connaissance à laquelle il était lié par le sang. Ils avaient grandi ensemble et maintenant travaillaient ensemble.
En marchant vers le centre de la piste, Kalan vit son frère lui sourire d’un air rassurant ; il lui rendit son sourire et, l’espace d’un instant, ce fut exactement comme si l’un était le reflet de l’autre dans un miroir.
Le dispositif au centre de l’amphithéâtre avait été monté spécialement pour eux. Un assemblage de piliers de bois auquel étaient accrochés deux trapèzes et conçu de telle façon que l’on puisse se balancer sans risque. Kalan s’accorda une seconde pour chasser de son esprit tout ce qui ne concernait pas le numéro, saisit la corde rêche et entreprit de se hisser jusqu’à la plateforme aménagée en hauteur. Ses mouvements étaient déjà puissants et gracieux à la fois ; pour les jumeaux, la représentation commençait dès qu’ils posaient un pied sur la piste.
Après avoir échangé un bref regard avec son frère, il attrapa le trapèze et se lança. Il décrivit une large parabole, et le vent froid qui fouetta son visage l’apaisa. Il adorait sa discipline qui lui permettait d’évoluer en hauteur, en équilibre. Le premier saut était toujours le meilleur ; on croyait presque s’envoler.
A la surprise des spectateurs, une traînée de lumière bleue éphémère suivit le mouvement de Kalan. Les deux jumeaux possédaient le don de l’illusion et ils avaient appris à le mêler à leurs numéros.
Sans cesser de se balancer, Kael se suspendit par les genoux. Kalan se jeta dans le vide sans l’ombre d’une hésitation. Des centaines d’heures d’entraînement avaient poli leurs gestes, leur permettant à présent de discerner l’instant précis où il fallait lâcher prise ; jumeaux abandonnés ensemble, ils se vouaient une confiance impressionnante. Il n’avait jamais peur de se laisser ainsi tomber puisqu’il savait que Kael le rattraperait toujours.
Son corps cambré tournoya une fois puis, alors qu’il tombait, ses mains raccrochèrent celles de son frère. Un balancement et Kalan retrouva son trapèze auquel il se suspendit à son tour par les genoux.
Il se passa encore près de vingt minutes d’acrobaties aériennes de plus en plus risquées et osées. Les deux trapézistes doublaient, triplaient leurs sauts, ne retrouvaient leur trapèze que quelques secondes avant de s’envoler à nouveau. Ils se retrouvaient parfois suspendus côte à côte au même trapèze, telles d’insolites chauves-souris. Le public suivait des yeux le mouvement hypnotique des trapèzes et le ballet élégant des artistes. Tout cela semblait d’une facilité déconcertante ; ils paraissaient si légers, leurs mouvements étaient si gracieux ! Et les arabesques de lumière rouge et bleue semblaient tellement naturelles !
En réalité, les deux frères commençaient à fatiguer. Selon les ordres de Jillian, ils avaient entrepris de donner le meilleur d’eux-mêmes à Storghein, alliant des acrobaties particulièrement complexes et éprouvantes à une illusion permanente sur toute la durée du numéro.
Ils avaient beau aimer leur art, ils furent soulagés d’entamer la dernière partie de leur numéro.
Kalan se suspendit par les genoux à son trapèze, se cambra et saisit le trapèze d’une main, de sorte que son corps forma un demi-cercle fermé. L’une de ses jambes quitta la barre de bois et se tendit, bien droite, vers l’extérieur. De son côté, Kael réalisa la même figure avec une synchronisation parfaite.
Ils enchaînèrent ainsi les acrobaties et le public eut l’étrange impression qu’une personne s’était dédoublée sous ses yeux.
Enfin, Kael se suspendit à nouveaux par les genoux et Kalan exécuta un triple salto avant de se raccrocher aux mains de son frère. Une vrille lui fit regagner son trapèze. Les jumeaux se permirent encore quelques mouvements de balancier et un saut légèrement sophistiqué pour regagner leurs plateformes respectives.
Alors, comme si la boucle était enfin bouclée, toutes les traînées lumineuses qu’ils avaient laissées derrière eux réapparurent, formant une figure complexe tout en arabesques, bleu, rouge et violette.
Le public applaudit à tout rompre tandis que les deux jeunes hommes se laissaient glisser le long des cordes. Ils se rejoignirent au centre, juste sous le dessin lumineux qu’ils avaient créé, et saluèrent plusieurs fois leur public.
En dépit du froid mordant de Storghein, Kalan comme Kael était à présent couvert de sueur. Ils quittèrent la scène par la même porte, celle qu’avait empruntée Elly pour regagner les coulisses et les arabesques colorées s’estompèrent comme un rêve dès qu’ils l’eurent franchie.
Dès qu’ils furent hors de vue, Kael ébouriffa avec une tendresse bourrue les cheveux de son frère.


« Parfait, frérot ! Comme toujours…
-Je ne peux pas en dire autant de toi, répliqua Kalan en lui envoyant un coup de coude amical dans les côtes. Tu as failli rater ta double vrille, je t’ai vu ! Mais tu as toujours eu du mal avec la double vrille…»

Les deux frères remontèrent le couloir en se chamaillant. Du trapèze, son frère et la Troupe. Il ne fallait rien de plus à Kalan pour être heureux.
Dehors, un silence intense régnait. Le public attendait impatiemment le numéro suivant.



Dernière édition par Iréa le Jeu 17 Mar - 15:36, édité 1 fois
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Uhlan
Uhlan
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   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyVen 18 Fév - 8:58

Lorsque le silence se fit dans l'ampithéâtre et que vint le tour d'Uhlan, celui ci déglutit. Ce n'était pas la première fois qu'il effectuait une représentation, loin de là, mais jamais il n'avait fait son numéro devant une foule de cette ampleur, et dans une salle si grande, de surcroît.

Il avait rejoint la Troupe le soir précédent. Ayant entendu parler de la présence de celle ci au spectacle de Storghein, le cracheur de feu s'était dirigé vers la cité astorg afin de faire partie de cette organisation de saltimbanques renommée. Il ne voulait en aucun cas les décevoir, eux qui, sans hésiter, l'avaient accueilli si chaleureusement.

Il inspira un bon coup tandis que les lumières de la salle s'éteignaient. Plongés dans la pénombre, les spectateurs eurent des exclamations étouffées lorsqu'une longue flamme sinueuse éclaira le centre de la salle et le cydien qui faisait onduler cette langue de feu avec ses paumes tendues vers le plafond. Une longue note résonna dans la salle.
Uhlan était à présent serein et sûr de lui. Il l'avait déja fait tant de fois ; il était dans son élément, et le feu était un ami qu'il avait su apprivoiser. Prudemment ; car le feu ne se laissait pas aisément dompter, et la longue brûlure blanchâtre qui courait le long de son avant bras gauche témoignait, malgré les années qui l'avaient estompée, que personne n'était insensible à la morsure du feu.

Il baissa les bras, et la flamme disparut dans l'obscurité, tandis qu'une musique envoûtante s'élevait, accompagnée de tambours qui résonnaient profondément dans l'ampithéâtre.
Des lanières de feu, semblables à de petits serpents, naquirent des paumes d'Uhlan et se mirent à frétiller autour de lui, léchant presque les jambes et les bras du cracheur de feu. Elles virevoltaient avant de s'éteindre, puis d'autres les remplacaient, avant de disparaître à leur tour. Puis Uhlan saisit d'un geste rapide une petite fiole et la porta à ses lèvres ; il souffla ensuite une longue bourrasque de feu en direction des cieux.

Uhlan était à présent concentré, presque en transe. Il carressait le feu, le taquinait, jouait avec lui ; rien n'aurait pu le détourner de sa représentation à présent. Il n'avait plus concience du public qui admirait ses prouesses : seule la musique et le feu, cet élément fascinant, comptaient.

Les tambours accélérèrent. Uhlan décrocha son bâton, et l'alluma au deux extrémités. Il le fit tournoyer, de deux mains, d'une seule main ; il réalisa des acrobaties hasardeuses alors que les tambours battaient tels de gigantesques coeurs, battant la cadence à l'unisson avec le coeur d'Uhlan.

Au terme de cinq minutes fascinantes et envoûtantes, alors que la musique atteignait son paroxysme, Uhlan éteignit son bâton, alluma une fine torche et souffla dessus le liquide inflammable d'une de ses fioles ; une langue de flamme partit de la torche vers le public.
Le cydien prit la torche, la leva, puis la porta à sa bouche. Elle s'éteignit, à cause du manque d'oxygène, et les spectateurs poussèrent des cris étonnés. On aurait cru qu'il venait d'avaler le feu.
Les tambours résonnèrent une dernière fois, puis s'arrêtèrent totalement, et la dernière et longue note de musique se fondit dans la pénombre.
Uhlan salua devant les applaudissements, puis quitta la scène vers les coulisses, en complète harmonie avec lui même, et laissa la place à un autre artiste. Le silence se fit de nouveau.
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Ithilion
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   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyVen 18 Fév - 14:55

Malgré le magnifique soleil qui surplombait l'arène de Storghein, la température n 'était pas au plus haut. L 'amas de neige scintillante présente dans l'immense fosse circulaire en témoignait. Heureusement, les gradins se remplissaient petit à petit. et cette concentration de personne, pour la plupart excité par le spectacle qui allait être donné, réchaufferait la température environnante.
Ithilion fixait le centre de l'arène encore vide, laissant ses pensées vagabonder librement dans cette magnifique et imposante structure Astorg.

Soudain un rythme de guerre retentit dans l'arène, réduisant instantanément au silence tout le brouhaha de la foule. Tout le monde attendait impatiemment le premier numéro de cette après midi particulier. Le cydien lui était venu spécialement pour en voir un en particulier. Il ne connaissait pas l'ordre de passage mais il espérait qu'elle apparaitrait bientôt car son temps ici était limité.
Entra alors en scène d'une manière spectaculaire, une fine silhouette sombre. Un large sourire fleurit sur le visage d'Ithilion. Au moins, il n'aurait attendu trop longtemps ! La saltimbanque s'était immobilisé au centre de la piste sous le regard impressionnée de centaines d'individus pour s'élancer de nouveau dans de nombreuses enchainements acrobatiques calculés au millimètre près. Le moindre faux pas, la moindre hésitation et toute l'harmonie créée par cette danse endiablée se briserait impitoyablement.

Une pointe d'admiration pouvait se lire dans les yeux pétillants d'Ithilion, qui ne ratait pas une seule miette de la représentation de son "amie". Dire qu'hier soir elle avait du mal à marcher droit, et voila que maintenant elle réalisait des pirouettes avec une précision monstre. Lui même qui se livrait couramment à se genre d'activité, non pas pour épater un publique mais pour s'échapper ou poursuivre une cible dans des environnements variés, se trouvait bluffer par l'agilité d'Elly. Un détail attira rapidement l'oeil aiguisé du cydien. Les tracés qui se formaient sur le passage de l'acrobate se rejoignaient et commençaient à prendre forme. Un arbre ! Majesteux ! Puissant ! Le dessin resplendissait dans la neige d'une façon étrange, captivant tout les regards.
Puis, à la suite d'une ultime acrobatie, Elly termina son numéro sur une équerre horizontale. Et ne bougea plus pendant quelques secondes. Laissant le silence remplir l'arène, pour parachever la magie de son numéro. Elle disparut ensuite derrière les lourdes portes d'où elle était apparut cinq minutes plus tôt.

Ithilion aurait voulut attendre la fin et rejoindre Elly pour la féliciter. Malheureusement, il ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps. Il espérait seulement qu'elly ne lui en voudrait pas et surtout qu'elle ne douterait pas de sa présence dans les gradins, comme il l'avait promit. Lentement, il se fraya un chemin parmi la foule tandis que sur la scène débutait une nouvelle représentation.

En se dirigeant vers les portes de la ville, il ne rencontra presque personne. La renommée de la Troupe faisait que la majeur partie de la population s'était entassé dans l'arène pour assister au spectacle. Un dernier regard en direction de l'immense structure ou s'échappait une vague de crie et d'applaudissement puis il se remit en route vers son destin. Le coeur gonflé de joie et de bonne humeur.

[ Edit Eléa : Attention aux règles d'écriture Ithi ! ]
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Consort
Joris
Joris
Féminin Nombre de messages : 1176
Âge : 32
Race et âge : Astorg, 29 ans
Cité : Storghein
Métier : Consort, Compagnon de la reine

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Compétences: Spécialisation épée, Acrobaties, Charisme
Compétences bonus: Dévouement, Ambidextrie
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   [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) EmptyDim 8 Mai - 9:48

[DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) Aveugl10
Elessar, Elfe 32 ans, conteur (violoniste). Compétence : Chant.
[DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé) Meg10
Meg, Almer 18 ans, danseuse, espionne. Compétences : Acrobatie, discrétion.

[Si vous voulez lire ce post avec la musique que mon personnage est sensé jouer... Il s'agit du III° mouvement de Scheherazade de Korsakov. Youtube > Scheherazade III Young Prince and Princess > 1° lien. J'ai mis entre crochet les passages correspondant à la musique, en minutes.]

Au milieu de la scène, une chaise trônait. Un homme de haute stature y accordait son instrument sans que personne dans le public ne vienne interrompre le silence religieux qui avait envahi l'Arêne aussi sûrement que le froid en cette saison glaciale. La djellaba pourpre qu'il portait lui donnait des airs d'Almer malgré ses longs cheveux blonds et ses oreilles pointues, propres à sa race. Un bandeau tout aussi rouge recouvrait ses yeux morts. Elessar avait perdu la vue étant enfant et s'était réfugié depuis dans un monde où les couleurs sont des notes chaudes et les formes des arpèges harmonieux. Le monde des sons, qui, mis bout à bout, devenaient une mélodie, une pièce. Un chef d'oeuvre.
La perfection.

Le violon accordé, le Saltimbanque le coinça entre son menton et son épaule. Avec douceur et fermeté. Sans aucune hésitation, il porta sa main gauche au manche d'ébène aux cordes argentées tandis que la droite soutenait l'archet de carbone. Inspiration. Et... Si, Do, Ré, Mi-Ré, Si, La-Sol, Siii. Le morceau commençait. Léger, suave. Tout comme la jeune femme qui se levait aux côtés du violoniste, là où la neige avait été déblayée.

Personne ne l'avait vue entrer sur scène et certains sursautèrent en voyant son corps se mettre en mouvement. Et le regard de beaucoup d'hommes dans le public s'éclaira à la vue de ce corps, si peu vêtu, qui ondulait avec grâce et sensualité, en parfaite harmonie avec le morceau, aux sons chauds et colorés. A l'image d'un palais Almer dans lequel violoniste et danseuse transportaient les spectateurs sous le charme. Dans lequel Meg était la Princesse. Un tissu bordeaux, presque transparent, recouvrait sa poitrine et ses bras de ses manches bouffantes, laissant nu son ventre où des bijoux en or entouraient son nombril, collés sur sa peau dorée. Son pantalon, fait de la même soie rouge, était retenu par une ceinture de cordelettes d'ambre se resserrant aux chevilles, comme il était coutume de s'habiller dans les soirées almers.

Un voile vermeil accompagnait ses mouvements fluides et élégants, tournoyant avec elle plein de grâce, retombant après une envolée époustouflante dans un bruissement de tissus, tandis que le violon réchauffait la scène de ses notes appuyées. Et en effet, une véritable chaleur semblait se dégager de l'Arêne... Le désert de Ptot-Tàh arrivait aux portes de Storghein et sa Princesse continuait de danser dans les bras d'un cavalier, son Prince, invisible et pourtant omniprésent, dans son regard, ses mouvements à elle. Il accompagnait ses gestes, la retenait même lorsqu'elle se laissait tomber dans ses bras, la réceptionnait après une envolée magnifique. Pendant un instant tous se demandèrent si Meg était réellement seule à danser sur scène.

[3:25]
Elessar délaissa ses notes langoureuses pour changer de décor. Les voilà partis dans le marché de Ptot-Tàh, avec des sons plus courts, plus rythmés, secondés par un tambour caché quelque part dans le fond de la scène. Les notes piquées, sautées reflétaient sans peine l'animation de la place aux tentures colorées, de ses marchands, ses enfants, ses femmes aux bras trop chargés... Les gestes de la danseuse se font aussi plus nets, plus précis, mais toujours aussi élégants et sensuels. Les spectateurs se laissent porter, sans broncher, avec une admiration certaine, dans les rues encombrées de la capitale du désert, ses couleurs et sa chaleur. D'ailleurs pas besoin de ce rouge vif pour se représenter les couleurs. Le violon parle de lui même. Qui a dit qu'on ne pouvait pas trouver dans les sons et la mélodie, quelque chose de visuel, de palpable même. Palpable comme est palpable l'émotion dans les gradins astorgs.

Nul n'aurait su dire si c'était la danseuse, ses courbes hypnotiques et ses mouvements langoureux, ou le violoniste et ses notes, parfois frappées, souvent développées sur toute la longueur de son archet, et les motifs mélodiques qu'il faisait défiler devant les yeux émerveillés des spectateurs, qui rendaient la scène si réelle, si chaleureuse. Les deux, voilà ce que je leur répondrais...

[5:22]
Le thème du début repris. Il avait cependant perdu sa légèreté et semblait plus prononcé, plus appuyé que le précédent. Mélancolique. Les pas de Meg accélérèrent avec les nombreuses notes qui s'était ajoutées en arpèges. Une danse désespérée et éphémère. Sa dernière danse.

Et alors que les sons se firent plus longs, plus graves, l'archet arrêta un instant sa course, laissant la foule suspendue sur la dernière note qui résonna étrangement sur scène. Un silence de mort qui ne dura pourtant qu'une seconde envahit l'Arêne.

[6:14]
La mélodie revint, dans les aigus cette fois-ci. Mais pas la danseuse. Allongée de tout son long sur le sol, elle ne bougeait plus et la musique, tenue, prenante, chargée de tant de tristesse qu'elle en devenait insupportable, relatait sans peine ce qui lui était arrivé...

[6:45]
S'ensuivit alors des arpèges, sautées à l'aide d'un staccato parfait. Un hautbois rejoignit le violon et ses accords désespérés pour reprendre le thème principal, mais les arpèges d'Elessar, en mineur, salissaient la mélodie, la rendant si grave, si triste, que lorsqu'il la reprit à son tour, elle avait perdu toute la légèreté qu'elle avait eue quelques minutes auparavant. [7:35] Un orchestre quelque part dans les coulisses lança vainement de nouveau le thème, lui donnant une puissance que le violon seul n'avait sut qu'esquisser, aidé certainement par la nostalgie de ce royaume, si fort, magistral, et pourtant perdu.

La Capitale Almer, rayée du jour au lendemain de la carte d'Azthia, ravagée par la maladie et la souffrance.

[8:38]
A nouveau, Elessar reprit le thème, et cette fois-ci Meg se releva d'entre les morts dans une ultime danse mortuaire. Elle avait remisé le rouge de ses vêtements par du noir. Et si la mélodie était joyeuse, c'est parce qu'avec la Saltimbanque, c'est tout Ptot-Tàh qui était miraculeusement sortie de sa tombe. Mais cette joie sonnait faux, comme certains accords, trop festifs, trop heureux. Une mise en garde, voilà ce que Meg disait. Car cette même joie de vivre qui animait autrefois les rues almers s'était tue en même temps qu'était morte sa cité, ses enfants, son peuple. Cette même joie de vivre résonnait dans Storghein, malgré le froid, les temps durs et incertains, car chacun gardait l'espoir et le sourire, personne n'étant capable d'imaginer vraiment le danger qui les guettait. Et lorsque la musique se tut, finissant sur des notes hypocritement festives, un froid glacial s'abattit sur l'Arêne astorg.

Car les couleurs chaudes de la scène, du palais almer, s'était éteintes. A l'image de sa cité.
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