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Iréa
Nombre de messages : 449 Âge : 30 Race et âge : Almer - 36 ans Cité : Temple d'Ankdor Métier : Templière de l'Aube Feuille de personnageCompétences: Maîtrise de l'épée-Esprit-Combat jinmenCompétences bonus: InvocationRéputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151-DP] Le Fort de Djebel (mission Iréa, Volesprit, Ithilion, Agranos) [Terminé] Dim 16 Sep - 11:06 | |
| Iréa se retourna une dernière fois. Au loin, la silhouette de Ptot Tàh, rapetissée par la distance, lui adressa un dernier salut, avant que le soleil brûlant du désert ne l’oblige à détourner les yeux et à regarder à nouveau devant elle. Vers Tamawa. Le seul endroit, désormais, où elle serait chez elle. Vers la petite colonne qui progressait difficilement dans le sable, titubant sous la chaleur, le poids de leurs bagages pourtant maigres et celui des horreurs qu’ils avaient traversées. Tout ce qu’ils avaient pu sauver.*** Les négociations avec les Hamalites s’étaient déroulées sans accroc. Loin des barbares, mi-hommes mi-bêtes, décrits par le lieutenant Dizen, ils lui avaient paru des gens tout à fait sensés. Des gens avec qui elle aurait volontiers passé un peu plus de temps, malgré leur volonté de s’approprier sa cité natale, n’eut été la dernière phrase qu’on lui avait glissée à l’oreille.« Vous savez ma demoiselle, nous sommes les hamalites : nous faisons et défaisons les malédictions. » Le sourire de Sahal Houdîn avait beau se vouloir rassurant, la façon dont elle avait compris cette phrase l’avait fait frissonner.*** Préparer le voyage avait été éprouvant. Ils étaient quatre seulement pour organiser au mieux la population abattue. Certains avaient choisi de rester, dont Johannus et Yeux-de-Lune. La Templière aurait aimé pouvoir redonner le goût de vivre à la jeune voyante, mais après tout ce qu’elle avait subi, ce n’était pas une mince affaire, et elle-même était trop éprouvée par son séjour dans le Fort. Elle se résigna donc à la laisser disparaître, engloutie par le temps et le sable, comme sa ville, comme son père, comme son âme.*** En regardant pour la dernière fois le soleil se coucher sur Ptot Tàh, sublimant les dorures de la ville et nimbant d’or le sable du désert qui l’entourait, la jeune femme se souvint de sa première rencontre avec Yeux-de-Lune. Se souvint des phrases énigmatiques qu’elle avait prononcées. La prédiction qu’elle avait faite à Agranos s’était réalisée… Et pour elle…« Vous devez y aller. Pas ce soir. Prenez une fleur du désert, c'est ça. Ils n'ont pas trouvé le nom, ils ne l'ont pas mis sur la terre. Mais vous la reconnaitrait, il y a dessus la même fleur que celle que vous amènerez. » Elle avait cru, alors, que la jeune fille parlait de sa mère, mais…Et si… ? Sa mère, presque sans aucun doute, avait pu bénéficier d’une place au cimetière du Bénu. D’une véritable tombe portant son nom. Mais il y avait quelqu’un…Une personne qui, si elle avait succombé à la maladie, n’aurait probablement pas droit à tant d’honneurs. Iréa quitta les remparts au pas de course et s’engouffra dans les rues mortes, feu follet incongru en ces lieux. Devant elle se dressèrent soudain des dizaines de tombes grossières, cimetière de fortune à la mémoire de ceux qui avaient péri mais dont on s’était souvenu – tous n’avaient pas eu cette chance. La jeune femme cueillit délicatement l’une des petites fleurs blanches qui, à force de persévérance, avaient poussé là. Il y avait quelqu’un… Quelqu’un qui avait pris soin d’elle. Quelqu’un sans qui elle ne serait jamais devenue celle qu’elle était aujourd’hui. Quelqu’un dont elle avait été séparé contre son gré à l’âge de onze ans. Quelqu’un qui avait l’habitude de porter cette fleur piquée dans ses cheveux. Et dont la tombe, à défaut d’un nom, portait cette même fleur. La Templière s’agenouilla dans la poussière, la déposa à terre et l’espace d’un instant, redevint une enfant. « …Dans l’ancienne langue des Almers, ton prénom signifie « arc-en-ciel ».- Et le tien, il veut dire quoi ?- Il signifie « petite fleur », répondit-elle avec un joli rire perlé. » De retour au présent, elle saisit son épée et, du bout de sa lame turquoise, sous le dessin de fleur, grava les lettres une à une.Nélia Djilel Elle quitta le cimetière sans remarquer la tombe, un peu plus loin, qui portait l’inscription Elio Hâdy. Sans doute préféra-t-elle ne pas la voir…*** Au moins, elle avait convaincu son père de partir avec elle, et gardait l’espoir qu’il puisse recommencer une autre vie, ailleurs. Etonnant de s’apercevoir qu’elle était prête à prendre soin de lui, à lui faire oublier le Fort et ce qu’ils avaient vécu, quand on savait le peu de contacts qu’ils avaient eus depuis qu’elle avait rejoint le Temple. Mais après tout, c’était peut-être là l’occasion de resserrer leurs liens distendus. Etonnant aussi de s’apercevoir à quel point tout cela lui faisait mal, à quel point elle était plus attachée à sa cité natale qu’elle ne le croyait. Dommage qu’il faille perdre les choses pour comprendre qu’on y tenait…*** Iréa se retourna une dernière fois. Derrière elle, elle laissait son enfance. La maison où elle avait grandi. Les rues ensoleillées dans lesquelles elle avait joué. Les gens qui avaient pris soin d’elle, l’avaient élevée. Les gens qu’elle avait aimés. Sur un geste d’Azael, tout avait volé en éclats. Il paierait pour cela, grondait sa combativité retrouvée. Au loin, la silhouette de Ptot Tàh, rapetissée par la distance, lui adressa un dernier salut. Avant de s’abîmer dans le sable et l’oubli… |
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