[DA] Autour d'un bon repas - pv Ewan (terminé !)

L'automne commençait déjà et Amiya regretta la baisse des températures. Elle aimait particulièrement le soleil et regrettait d'avoir quitté sa cité natale pour venir au temple à ce sujet. Par contre, elle adorait sa vie au temple sur pleins d'autres points, par exemple, elle aimait bien apprendre à maîtriser l'esprit même si elle n'était pas encore très douée à ce point. Elle avait parfois du mal à suivre les cours de Jacen et des fois, les autres élèves la charriaient mais gentiment ce qui ne manquait pas de lui tirer un sourire et de sortir des blagues pour rire avec eux. Amiya était comme ça, elle aimait bien rire et faire rire les autres, il n'était pas bien difficile de la cerner !

Avec un petit sourire taquin, elle avait demandé à Jacen si elle pouvait faire un tour pour s'aérer et s'il n'avait pas l'air opposé, elle lui promit de ne pas sortir du temple et d'être sage. En fait, elle avait juste envie d'un peu de paix, se sentant un peu seule en ce moment quand les souvenirs affluaient. Sa mère lui manquait énormément et elle se demandait si un jour, elle pourrait aller fleurir sa tombe. Elle avait appris sa mort après son départ de la ville et n'avait pas pu lui dire au revoir. Nouveau regret pour la jeune fille. Mais elle souriait, avec les autres, elle ne montrait rien de tout cela. D'ailleurs, pourquoi le ferait-elle ? Ce n'était pas de leur faute si elle était triste et ils ne pouvaient rien faire. L'apprentie se décida à sortir du Temple pour se rendre dans les jardins mais le froid eut vite fait de la faire rentrer tellement elle était gelée. La jeune fille regarda d'un air triste au dehors avant de se diriger vers la salle commune pour prendre un repas. Cette aventure avait creusé son appétit si bien qu'elle demanda à la cuisinière de lui préparer une tranche de brioche avec un grand sourire. La dame hésita mais lui tendit en remerciement de sa politesse et sa bonne humeur. Amiya prit un pot de confiture de fraises qui traînait et se mit à goûter sur une table adjacente. Elle trouvait relativement bon de se trouver entourée d'autant de personnes, comme si elle était enfin en sécurité.

« Ah zut ! » râla-t-elle après avoir fait tomber une goutte de confiture sur son haut crème. Heureusement, son pantalon n'avait rien pris ! De toute façon, de couleur rouge vif, cela ne se serait pas bien vu.

Avec son doigt, Amiya retira la confiture, l'étalant en fait un peu plus sur son haut, au niveau du ventre. Elle se mit à rire de sa maladresse, ne manquant pas de faire sourire la cuisinière un peu plus loin et les deux apprentis à une table de la sienne. Ajay aurait surement dit qu'elle n'était pas douée et il aurait eu raison ! Avec un soupir, elle chassa cette idée de sa tête et le portrait du Nua s'efface presque aussi vite qu'il était venu. Elle avait encore faim après la première tranche de brioche, de toute façon, depuis toute petite, elle avait toujours été gourmande ! Elle se leva donc pour demander un peu plus et fut servie. Prenant un verre de jus d'orange au passage, elle retourna s’asseoir. Pour éviter les problèmes, elle prit l'élastique à son poignet pour s'attacher les cheveux en une queue de cheval, ne laissant libre que sa tresse qui descendait sur l'avant de son buste. L'almer était tellement absorbée par son repas qu'il y aurait pu avoir une attaque qu'elle ne s'en serait pas rendue compte ! C'était peut-être pour ça qu'elle ne vit pas arriver Ewan, le frère de Auween, l'apprentie avec qui elle s'entraînait avec maître Jacen. Elle l'avait rencontré quelques fois en présence de l'Elfe et s'entendait plutôt bien avec lui...

[Désolé du retard ! Cela te dérange-t-il si ce RP ce déroule avant la promotion d'Auween au poste de Templier?]

Il faisait plutôt froid aujourd'hui. Pas mauvais, mais les températures n'étaient pas au rendez-vous. L'été s'en était allé et nous approchions tout doucement de l'hiver, il était normal que le temps se fasse plus frais même si je préférais de loin le climat estival de Tamawa. Enfin, cela restait supportable et au final, je râlais pour pas grand chose. La pluie aurait pu s'inviter et jeter une ambiance un peu plus maussade sur le Temple, je pouvais m'estimer heureux qu'il fasse sec.
Je m'étais un peu entraîné ce matin, privilégiant le travail de mon Esprit plutôt que celui de mon corps. Je jugeais toujours utile de développer et d'entretenir mon sixième sens, c'était après tout la marque de fabrique des Templiers, n'était-ce pas normal de chercher à exceller dans ce domaine ? Lorsque ce fabuleux don s'était manifesté chez ma sœur et moi, je parvenais à mieux contrôler cet Esprit nouvellement découvert qu'Auween. Enfin, contrôler... c'était vite dit ! Disons que j'étais moins démuni que ma jumelle à l'époque, j'avais appris seul à plus ou moins me protéger des émotions et des sentiments qui m'entouraient tandis que ma sœur les subissait plus qu'autre chose. Cette avance ne fut que temporaire puisqu'elle me rattrapa une fois que nous fûmes accueillis par le Temple et que des cours appropriés nous furent dispensés. À présent, Auween et moi avions à peu près le même niveau, du moins le pensais-je. Nous avions tous les deux un Maître excellent et étions entourés par des gens tout aussi compétent ; le petit garçon peinant à tout juste fermer son Esprit était loin derrière, maintenant.

L'heure du déjeuner arriva et si j'avais planifié de travailler mes Illusions durant l'après-midi, je me sentais le besoin de bouger, de faire autre chose que de rester assis. J'étais incapable de me concentrer longtemps sur la même chose, davantage encore quand personne n'était là pour retenir mon attention car, grand distrait que j'étais, je me perdais bien souvent dans mes pensées. Je me connaissais bien et je savais que si je prenais place sur un siège pour m'entraîner à la magie des illusions, j'allais me dissiper en quelques minutes, tant et si bien que cet entraînement mériterait plutôt le nom de méditation. J'étais tête en l'air, je le savais et ne le niais pas mais je tenais toutefois à rester productif, c'est ainsi que je délaissait mes plans pour sortir au dehors. Peut-être le froid me donnerait-il un coup de fouet.
J'aurais pu m'exercer aux armes, certes, mais c'est déterminé que je prenais la direction des écuries d'Ankdor, laissant mon cimeterre – son manche runique en réalité – accroché à ma ceinture. J'y allais afin de m'occuper d’Ébène, mon cheval. J'aimais à participer aux soins de ma monture, à laquelle j'étais très attachée même si je ne la possédais que depuis quelques mois. C'était un animal on ne peut plus fiable et si j'avais parfois encore du mal à la contrôler, j'étais infiniment reconnaissant envers Maître Iréa de me l'avoir offert ainsi que des cours qu'elle m'avait donner pour apprendre à monter. J'adorais les chevaux depuis tout petit mais je n'avais jamais réellement appris à m'en servir, malgré le nombre de fois où je m'étais rendu aux écuries pour regarder les palefreniers œuvrer et, en vieillissant, pour leur donner un coup de main de temps à autre – j'adorais cela, c'était avec plaisir que je le faisais. Aujourd'hui encore, je n'avais pas pu m'en tenir qu'à l'entretien de ma monture et je cédai donc à la tentation d'aller voir les autres nobles bêtes présentes ici. C'est ainsi que je passais une bonne partie de l'après-midi à aider un jeune garçon d'écurie, qui accueillit mon soutien avec un plaisir qu'il ne cacha pas. Je venais souvent ici et à force de voir les gens faire et après leur avoir parlé de nombreuses fois, je savais m'occuper des chevaux mieux que je n'étais capable de les monter, bien que ce dernier point me viendrait à force de pratique. Après toutes ces années, j'avais la confiance des palefreniers et ceux-ci me laissaient approcher des chevaux sans la moindre crainte.

Je m'étais laissé absorber par mon activité, à tel point que des heures passèrent en ce qui me sembla être quelques minutes. J'aimais tellement ça que je n'avais pas vu le temps passer... j'imagine que j'étais un cas désespéré. J'avais de la paille dans les cheveux, mes vêtement sentaient un peu le cheval mais j'avais passé une excellente après-midi, aussi décidais-je de rentrer au Temple proprement dit. Les cuisines furent ma destination, comme le travail aux écuries m'avait un peu creusé l'appétit. J'entrais donc dans la pièce où quelques gens vaquaient à leurs occupations. Ce fut une cuisinière que je connaissais fort bien qui m'interpella en premier :

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Ewan ? »

Je croisais son regard. Elle me connaissait depuis mon arrivée au Temple il y a des années de cela et au fond de moi, je suspectais qu'elle sache déjà ce que j'étais venu faire ici. Ce n'est pas comme si j'allais venir aux cuisines pour me balader après tout.

« J'avais un peu faim » répondis-je, laconique, « Donc je me demandais si... »

« Mais quand vas-tu grandir, Ewan ? Tu n'es plus un enfant, patiente jusqu'au dîner ! »

Ce n'était pas un reproche à en juger par le sourire discret qui prit place sur le visage de la cuisinière, enfin pas tout à fait. Sa réponse m'embêtait un petit peu, moi qui espérait avoir quelque chose pour me caler jusqu'au soir, voilà qu'elle me disait juste de prendre mon mal en patience. Je parcourus la salle du regard jusqu'à ce que mes yeux se posent sur une jeune demoiselle mangeant à une table non loin. Je la désignais d'un mouvement de tête à la cuisinière.

« Ce n'est plus une enfant non plus »

Elle se retourna, regarda l'Almer et soupira profondément. Puis, elle se saisit d'une brioche et me la tendit, un air faussement sévère sur le visage. Elle ne pouvait pas me dire non, et cela m'amusait. Sans doute faisait-elle preuve de tant de gentillesse à mon égard parce que je n'abusais pas, sans quoi elle m'aurait ordonné de quitter la cuisine sur le champ.

« Allez file, chenapan ! »

Je remerciais dans un murmure et me dirigeais vers la jeune femme à qui je devais ce goûter. Cette demoiselle, je la connaissais bien : c'était une Almer répondant au doux nom d'Amiya, plutôt mignonne d'ailleurs. Auween me l'avait présentée il y a quelques temps, elles partageaient toutes les deux Jacen en temps que Maître Templier. Je ne savais pas ce que ma sœur cherchait en nous faisant nous rencontrer mais je ne regrettais pas sa décision. Moi qui craignait d'avoir à faire avec une fille superficielle, à en juger par la manière dont elle prenait soin d'elle, j'eus l'agréable surprise de découvrir quelqu'un de sympathique si bien qu'au final, je m'entendais plutôt bien avec Amiya. J'appréciais nos conversations même si je n'était pas vraiment du genre bavard – j'osais espérer que mon goût pour le silence ne l'ait jamais mise mal à l'aise.

« Salut » lâchais-je pour toute salutation, « Tu n'es pas avec Jacen et ma sœur ? »

J'accompagnais mes dires d'une petite tape sur l'épaule, comme elle me tournait le dos et ne m'avait probablement pas vu jusque là, avant de m'asseoir face à elle et de lui chiper le pot de confiture afin de garnir ma brioche.

« Comment vas-tu sinon ? »

Je n'attendis même pas sa réponse que je mordis à pleine dans mon goûter, content de pouvoir manger quelque chose. Je n'appréciais pas spécialement la confiture mais quand on a faim, tout nous convient. Et puis, je n'allais pas abuser de la gentillesse de la cuisinière en aller quémander quelque chose d'autre...

[ Ok ! J'ai essayé de rester fidèle au mp d'Auween et à vos fiches !]

Amiya n'avait pas osé lui parler, à vrai dire, elle n'était en général pas bien douée pour entamer la discussion, elle préférait laisser les autres commencer et suivre ensuite, quitte à ajouter sa petite blague pour aider à détendre l'atmosphère. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle avait choisi d'être dans les diplomates parce qu'elle trouvait que c'était bien son style d'arriver à détendre les gens ! En plus, elle n'aimait pas les conflits et du coup, elle faisait toujours tout pour en venir à bout. Et puis elle n'avait pas la langue dans la poche, maître Jacen le disait tout le temps et elle était plutôt bonne observatrice. Bref, quand le templier qui était venue la chercher après l'accident lui avait indiqué toutes les possibilités de métier offerte, elle avait décidé que la diplomatie serait son fort. Au nom de ses frères, juste pour ça au moins ! Après, elle verrait. Mais là on s'éloignait du sujet présent, à savoir l'Elfe qu'elle n'osait pas aborder. Ewan était le frère jumeau d'Auween, et au début, Amiya avait cru bon de ne pas s'approcher de trop près de lui vu comment la jumelle la détestait. Cette dernière ne lui avait pas du tout parlé à son arrivée et c'était l'autre apprentie de Jacen qui l'avait intégrée et avait parlé avec elle mais elle était devenue templier depuis longtemps maintenant et du coup, l'almer avait eu peur de se sentir seule vu la différence d'âge. Auween s'était montrée froide et super distante mais au bout d'un certain temps, la jeune fille en était venue à lui parler presque normalement et, tout bêtement, elles s'étaient trouvées des points communs. Amusées par cette découverte, elles avaient commencé à discuter, à apprendre l'une de l'autre, à chercher à réellement se connaître au lieu de jouer les rebelles. Et finalement, Amiya avait vu dans la présentation d'Ewan un signe de réelle amitié avec la jeune fille. Savait-elle qu'elle le trouvait extrêmement mignon ? Des fois, l'apprentie avait l'impression que l'Elfe voulait les caser ensemble mais elle préférait ignorer cette impression, de peur d'avoir de faux espoirs. Quoi qu'il en soit, elle aimait bien le frère de sa copine et trouvait d'autant plus mignon son manque de conversation. A bien l'observer, on avait toujours l'impression qu'Ewan était ailleurs et qu'il rêvait à d'autres horizons en permanence mais aux yeux de l'adolescente, il était surtout le parfait Templier !

« Coucou » répondit-elle timidement, les joues légèrement rosées tant elle se sentait stupide avec sa confiture sur les doigts et son air gourmand mais aussi parce qu'elle avait été surprise de la tape dans le dos. Sure qu'elle ne serait pas jugée, elle espérait quand même que son interlocuteur ne prendrait pas mal son manque de politesse comme sa goinfrerie manifeste.

La question suivante ne l'étonna pas vraiment, enfin si quelque part parce qu'elle avait l'impression que les deux jumeaux étaient tout le temps sur la même longueur d'onde mais bon, elle ne dit rien, au contraire, elle réfléchit à ce qu'avait dit Auween le matin même. Jacen leur avait laissé un petit temps libre car il devait régler des papiers ou quelque chose comme ça alors Amiya en avait profité pour se glisser ici et venir manger ! Elle se focalisa sur leur conversation mais fut incapable de se rappeler où pouvait bien être la jeune Elfe.

« Jacen avait des papiers à remplir du coup, il nous a laissé quartier libre jusqu'à ce soir ! Il a dit qu'on ferait l'exercice de méditation un peu avant la tombée de la nuit … même si la dernière fois j'ai été incapable de me concentrer … j'ai peur du noir. Auween n'avait pas faim, du coup, elle est partie de son côté ! Tu n'es pas avec Iréa toi ? »

Amiya n'avait pas trop rencontré Iréa mais il paraissait qu'elle était gentille. Ce fut à cet instant qu'elle remarqua la brioche et sourit, amusée de voir qu'il était aussi gourmand qu'elle mais bon peut être pas aussi goinfre quand même ! Quoi que vu comment il garnissait la chose de confiture …

« Hé, c'est ma confiture ! » râlais-je, amusée, faisant mine de vouloir la lui reprendre avant d'ajouter, le sourire aux lèvres, « Bon je te la prête mais c'est bien parce que c'est toi ! Fais gaffe à ne pas te salir ! » ajouta-t-elle un peu rougissante, voyant son haut tâché. « Moi ça ne compte pas, je suis tête en l'air ! » lâcha-t-elle les yeux rieurs.

Elle aimait bien Ewan, il ne parlait pas beaucoup mais elle l'appréciait. Il était tout le contraire d'Auween qui, comme elle, était une vraie pipelette ! Lui était calme alors que les deux ensembles étaient une vraie tempête !

« Dis … il paraît que ta sœur sera bientôt nommée templier … tu crois que c'est vrai ? »

Amiya était un peu triste de savoir que bientôt, elle serait la dernière apprentie de Jacen, toute seule, comme au début de son aventure ici. Elle espérait que ce soit faux du coup et que la rumeur se trompe même si elle était sure que non car Auween était quelqu'un de douée, beaucoup plus qu'elle d'ailleurs ! En même temps, elle était plus âgée aussi...

« Auween est douée, elle sera un bon templier pas vrai ? » hasarda-t-elle tranquillement, mordant dans son goûter à pleines dents, « Je euh je vais bien, et toi ? Je ... » Amiya sembla soudain hésiter avant d'ajouter, « Tu étais à l'écurie je gage pas vrai ? » pure spéculation mais la rumeur disait qu'il adorait les chevaux !

Ma question était un peu idiote, je devais bien l'avouer. Si Amiya était seule ici, c'est forcément qu'elle n'était pas avec ma sœur et Jacen. De plus, je pouvais très bien les trouver grâce à l'Esprit et ce, sans grande difficulté. J'avais demandé cela car je voulais engager la conversation et ne pas laisser un silence gênant s'installer juste après que je l'aie saluée. Débuter une conversation et la meubler n'était pas mon fort, loin de là, je préférais même me taire plutôt que de parler pour ne rien dire. Il aurait été impoli d'ignorer l'Almer sous prétexte que je ne savais pas quoi lui dire, aussi étais-je venu lui dire bonjour. Enfin, je n'avais pas agi à contrecœur non plus, j'appréciais la demoiselle et si nous ne discutions pas souvent, c'était avec plaisir que j'échangeais quelques mots avec elle.
Certes, Amiya et moi ne nous connaissions pas autant que je l'aurais voulu mais elle m'avait fait bonne impression quand ma jumelle me l'avait présentée, tout autant qu'elle avait fait taire les préjugés que j'avais pu avoir sur elle. Elfe et Almer n'étaient pas censé s'entendre ou du moins, leur éducation ne leur permettait pas se s'apprécier. Ceci dit, j'étais au Temple depuis déjà de nombreuses années et j'avais très bien assimilé tout ce qu'Ankdor m'avait appris. Je tolérais toute personne, quelque soit sa race, ses origines ou ses convictions religieuses et à mes yeux, le monde serait bien plus facile à vivre si tout le monde raisonnait ainsi.

« Non, elle avait aussi des choses à faire » répondis-je simplement à se question.

C'est pour cette raison que j'avais pu à peu de choses près faire ce que je voulais de ma journée. Je ne pensais toutefois pas qu'il aurait été très bien vu que je n'en profite pas pour au moins m'entraîner un peu, ce que j'avais fait au matin avant de me laisser tenter par les écuries. M'exercer aux maniement des armes voir à la magie du Mysticisme ne me posait pas de réels problèmes dans le sens où cela demandait une concentration totale et continue. Par contre, j'avais tendance à divaguer lorsque j'entraînais mon Esprit ou mes Illusions sans Iréa ; seul, je me perdais vite dans mes pensées...
Je souris doucement à ses paroles à près que je lui aie subtilisé le pot de confiture dans lequel elle s'était visiblement servie avec beaucoup de gourmandise, sans rien répondre. Pour parvenir tacher sa robe ainsi, c'était elle qui aurait dû faire plus attention ! Moi, j'étais parfaitement capable de manger proprement et puis, comme je n'aimais pas vraiment la confiture, j'en avais garni ma brioche avec parcimonie ; en tartiner une plus grosse couche m'aurait sans doute écœuré. Je trouvais toutefois sa remarque amusante, comme l'avait trahi mon sourire.

La suite me surpris un peu, puisque je ne m'attendais pas à ce qu'elle parle de l'éventuelle promotion d'Auween. Mâchonnant une bouchée de mon goûter, je réfléchissais avant de lui répondre quoi que ce soit. Il était vrai que ma jumelle et moi approchions peu à peu l'âge d'endosser certaines responsabilités, notamment celle de devenir Templier et de prendre un apprenti à notre tour, aussi le fait que ce bruit court ne m'étonnait pas vraiment.

« C'est possible » dis-je, « Nous approchons de nos vingt ans et c'est l'âge où l'on est généralement nommé comme tel, c'est normal que certain pensent que c'est pour bientôt »

Pour ma part, je devais dire que j'étais plutôt pressé de quitter mon rôle d'élève pour endosser celui de maître – en même temps qu'Auween, bien entendu. Non pas que j'en avais marre d'Iréa, elle avait toujours été gentille et prévenante envers moi malgré que je me soit comporté comme un rustre au début, mais devenir Templier était un des rêves auxquels j'aspirais, la consécration de mon apprentissage. Je pourrais enfin aider d'autres gens et me sentir utile, qui n'aurait pas hâte à ma place ?

« Bien sûr qu'elle sera une bonne Templière. Tu devrais le savoir mieux que moi, toi qui t'entraînes souvent avec elle »

Mes lèvres s'étirèrent à nouveau en un sourire discret, comme il n'était pas dans mes habitudes de rire franchement. Cela dit, qu'Auween ait les compétences requises pour coller parfaitement au rôle de Templier était pou moi une évidence. Elle était douée et je ne disais pas cela parce que j'étais son frère, maintes fois elle m'avait montré avoir des capacités surprenantes au point que je doutais pas un seul instant qu'elle devienne une incroyable Templière.

« Je pue tant que ça ? »

Je reniflais la manche de ma tunique afin de voir si mes vêtements s'étaient imprégnés de l'odeur des chevaux. Cela ne sentait pas beaucoup, comment l'avait-elle deviné ? Les quelques fétus de pailles que j'avais dans mes cheveux, peut-être ?

« J'en reviens tout juste, oui, comment l'as-tu deviné ? » lui demandais-je alors.

J'avalais ce qu'il restait de ma brioche en attendant la réponse avant de me pourlécher les doigts où miettes et confiture s'étaient collés. Mon regard accrocha alors celui de la demoiselle ; il n'y avait pas à dire, je la trouvais très jolie, cette jeune fille. J'avais l'impression qu'elle embellissait de jour en jour et elle devait sans doute briser bien des cœur chez ses prétendants.

« Au fait, Auween m'a dit que tu n'aimais pas beaucoup les chevaux, c'est vrai ? »

Depuis qu'elle était arrivée au temple, Amiya s'était liée d'amitié avec beaucoup d'apprentis et d'apprenties. Son caractère enjoué comme sa bonne humeur permanente ne lui attiraient que rarement les foudres des autres et la plupart du temps, les autres se sentaient attirés par sa présence au point de ne pas pouvoir s'empêcher de discuter avec elle. Le temps faisait la suite si bien qu'elle avait énormément d'amis au sein du temple, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Dans un premier temps pourtant, les choses avaient mal commencées, surtout avec Auween qui n'avait pas cessé de la regarder méchamment, de l'éviter et de se montrer presque agressive envers elle. Amiya avait tellement été blessée de ce comportement qu'elle avait à son tour pris le parti de l'éviter, ne comprenant pas pourquoi la jeune Elfe la détestait. Sans doutes était-ce parce qu'elle était Almer ? Le temps avait effacé les distances et finalement, les deux jeunes filles étaient devenues amies. Elles partageaient beaucoup malgré leur différence d'âge et sans trop s'avancer, Ami était convaincue qu'aujourd'hui, Auween serait une des rares personnes à qui elle pourrait se confier, y compris sur sa vie passée et les doutes qui l'habitaient.. La demoiselle aimait bien Ewan aussi même s'il ne parlait pas beaucoup mais dans un premier temps, elle avait hésité à se lier d'amitié avec lui parce que sa sœur jumelle avait l'air plutôt jalouse et qu'elles venaient de se lier d'amitié. Pourtant, l'apprentie aimait bien Ewan, parce qu'il semblait toujours calme, sur de lui et protecteur envers sa jumelle.

Le silence se fit rapidement entre les deux apprentis templiers et Ami ne savait pas trop comment relancer la conversation. Autant elle était pipelette avec les autres, autant elle se montrait hésitante et timide en présence de l'elfe. Il était plus âgé qu'elle, plus expérimenté et elle le respectait secrètement, trouvant qu'il était aussi doué que Auween et qu'il ferait un très bon templier. Quelque part peut-être qu'elle le jalousait de le savoir si doué et si calme là où elle péchait sur beaucoup de points. Elle essayait d'être calme, d'être aussi mature que ses aînés mais ce n'était pas possible, au bout de deux minutes, il fallait qu'elle parle …

Ewan était quelqu'un de gentil, Ami en était persuadée mais elle n'avait que rarement échangé avec lui et ça la gênait de laisser le silence s'installer entre eux. Elle aimait bien l'elfe et elle espérait qu'ils deviennent vraiment amis mais elle ne savait pas non plus quoi dire … La jeune fille réfléchit soudain à l'étrangeté de la situation. Il était un elfe et elle une almer, cela pouvait peut-être expliquer pourquoi ils avaient du mal à communiquer mais elle ne voulait pas y croire, le temple leur apprenait à dépasser les limites des races et Ami n'avait jamais eu de mal à le faire. Enfant, sa mère lui avait appris à ne pas s'arrêter au titre d'esclave qu'on donnait aux nuas et elle avait toujours considéré ces derniers comme les autres, son cœur se serrant quand elle pensait à leur situation. Alors peut-être que Ewan lui en voulait d'être almer ? Il était tellement gentil qu'elle ne pensait pas que ce soit possible.

La réponse de son interlocuteur la laissa perplexe. L'avait-elle vexé ? Il avait peut être tout simplement répondu à sa question sans chercher à s'attarder sur des détails inutiles … sans un mot, elle sirota son jus, réfléchissant à son comportement et préférant conclure que Ewan n'avait fait que répondre à sa question sans chercher à être vexée.

Timidement, la jeune fille observait l'elfe sans parvenir à trouver un sujet de discussion. D'ordinaire si bavarde, voilà qu'elle se trouvait bien bête face à lui ! Elle croqua vaguement dans sa tartine et l'engloutit totalement pour se donner le temps de réfléchir. Elle trouvait Ewan amusant, il ne mangeait pas beaucoup si bien qu'elle ne put s'empêcher de sourire.

« Tu peux en prendre plus hein ! Je ne t'en voudrais pas ! A côté de toi, je fais goinfre ! » ajouta-t-elle avec chaleur.

Elle avait dévoré son quatre heures si bien qu'à côté du jeune homme, elle apparaissait pour une gloutonne. La situation l'amusait, après tout, ce n'était pas nouveau qu'elle soit aussi gourmande ! L'elfe semblait se jouer d'elle, la taquinant en silence avec sa tartine de brioche à peine confiturée.

« J'oublie souvent que vous êtes plus âgés que moi, je le sais pourtant parce que vous êtes très matures et beaucoup plus doués que moi … En tout cas, j'espère que la rumeur est vraie, je serais triste de ne plus m'entraîner avec elle mais je serais contente qu'elle devienne templière ! »

Amiya enviait sa collègue parce qu'elle aurait aimé être aussi douée qu'elle ! Auween était plutôt de la branche curative et pour sa part, l'almer n'avait aucun don dans ce domaine. Bien plus habile avec l'invocation et l'Esprit, Auween était un modèle à suivre autant que son frère. Les deux faisaient la paire aux yeux de l'almer. La remarque de son frère ne manqua pas de la faire sourire d'ailleurs.

« Bien sûr qu'elle sera une bonne templière ! » répondit-elle, convaincue de ce qu'elle disait.

La remarque suivante la laissa à nouveau perplexe. L'avait-elle vexé ? Elle sentit la malice mais n'était pas certaine de bien décrypter les choses alors elle hésitait sur ce qu'elle devait faire.

« Euh non … non non je t'assure ! » bredouilla-t-elle, « Auween m'a dit que tu adorais les chevaux et que tu passais souvent ton temps libre avec eux alors je me suis dit que peut-être … Désolée, je t'ai vexé ? »

Amiya n'était pas du genre à passer par quatre chemins, quand elle doutait, quand elle était en colère ou quand elle appréciait quelqu'un, à chacun de ses sentiments, la jeune fille n'hésitait pas à les exprimer à voix haute et à poser les questions ou dire les choses en face. Jacen disait que ce n'était pas forcément bon pour elle et qu'il fallait apprendre à se maîtriser et à choisir ses mots, si l'almer faisait de son mieux pour obéir, ce n'était pas encore trop ça.

« Ah » ce fut la seule chose qu'elle parvint à dire dans un premier temps.

Elle connaissait la passion d'Ewan pour les chevaux et pensait qu'il était fâché mais elle préféra être honnête.

« J'ai peur des chevaux depuis que je suis toute petite, je suis tombée une fois et j'ai eu peur. C'est mon frère qui me l'a raconté, depuis, chaque fois que je croise un cheval, je m'éloigne, j'ai peur qu'il rue ou me morde … La seule dont je n'ai pas peur c'est ma jument et encore … Pourquoi tu aimes les chevaux toi ? Auween m'a dit que tu passais beaucoup de temps avec eux, moi je trouve qu'ils font peur et je n'arrive jamais à les comprendre, ta sœur dit que toi, tu as du talent avec eux ... »

Amiya rougit, préférant se taire. Il était plutôt rare qu'elle confie à quelqu'un une bribe de son passé, elle n'avait pas l'habitude.

Auween ferait une bonne Templière, cela ne faisait aucun doute pour moi. Elle était certes bien jeune en comparaison à certains vétérans d'Ankdor mais il m'apparaissait évident qu'elle était tout aussi douée. Je ne tarissais jamais d'éloges pour ma sœur mais elle les méritait ; je ne comptais plus le nombre de fois où elle m'avait impressionné avec ses capacités. Plus nous grandissions et plus nos dons respectifs se développaient – ce qui était bien normal après tout – même si nous étions encore loin d'être excellents dans nos domaines. Enfin, toujours était-il que l'époque où je hasardais une illusion avec espoir pour finalement créer quelque chose de totalement différent était aujourd'hui loin derrière moi. J'avais maîtrisé tant les Illusions que la magie du Mysticisme, art prodigieux qui permettait à l'utilisateur d'emprunter diverses caractéristiques à des esprits animaux. Vu la diversité des innombrables bêtes du continent, le Mystique trouvait son compte dans quelque situation que ce soit. Je n'étais pas peu fier d'être parvenu à assimiler cette magie qu'Alaric avait commencé à m'enseigner avant même que je ne sois son apprenti. À vrai dire, j'avais manifesté de l'intérêt pour cet art qui m'était alors inconnu – ou pour être plus exact, Alaric déchiffra la lueur de fascination dans mes yeux car, à l'époque, j'étais bien plus introverti – et l'Astorg m'en avait appris les bases pour ensuite poursuivre plus en profondeur lorsqu'il devint mon Maître.

« Non, non, tu m'as pas vexé du tout ! » m'empressai-je de répondre sitôt qu'elle eut fini sa phrase.

J'avais beau retourner ma réplique précédente dans tous les sens, je ne voyais pas en quoi elle traduisait que je puisse être vexé – ce qui était faux, bien entendu. Pour être honnête, j'avais dit cela avec pour unique intention de détendre un peu l'atmosphère, comme je sentais une certaine gêne das notre échange, mas il fallait croire qu'elle ne l'avait pas compris ainsi. Peut-être parce que je n'arborais pas l'expression friponne du plaisantin ? Il fallait dire que mis à part quelques vagues sourires, je ne m'étais pas montré tellement expressif depuis le début de notre discussion mais bon, j'étais ainsi, que cela plaise ou non. Si elle crut m'avoir irrité avec sa remarque, j'en étais désolé car ce n'était pas le cas.
La suite m'étonna un peu, je devais l'avouer. Seuls des échos m'étaient parvenus à propos du fait qu'Amiya n'apprécierait pas les chevaux mais il s'avérait en fait que cela s'apparente davantage à une phobie. Peu de personne aimaient ces nobles bêtes autant que moi mais il m'était difficile de concevoir qu'on puisse en avoir peur. Depuis mon arrivée au Temple, j'étais fasciné par ces animaux ; Grands et forts, il servaient pour des tâches cruciales, que ce soit comme monture ou comme bête de somme. Ainsi, je m'étais vite intéressé au travail des palefreniers et il ne me fallut pas longtemps avant que je n'apprenne à m'occuper des chevaux. Je passais d'ailleurs la plupart de mon temps libre là-bas, dans les écuries. Le plus amusant dans cette histoire était que malgré tout l'intérêt que je leur portais, je n'avais jamais appris à monter. Heureusement qu'Iréa avait remédier à cela, je faisais bien pâle figure à vouloir toujours m'en occuper sans être ne serait-ce que capable d'aller d'un point à un autre à cheval. Enfin, cela était encore tout récent et je demeurais meilleur palefrenier que cavalier.

« On tombe tous de cheval un jour ou l'autre, ça peut arriver à n'importe quel débutant mais il faut remonter en selle et ne pas abandonner pour si peu. On n'arrive jamais ou presque à des résultats probants au premier essai » répondis-je, « Il y a des précautions à prendre, c'est vrai, mais c'est comme avec n'importe qui. Un cheval est un animal imprévisible quand on n'en a pas l'habitude et c'est pour ça qu'il est à mon sens important de bien connaître notre monture. »

Je ne possédais Ébène que depuis quelques mois et pourtant, je savais que je n'avais rien à craindre en sa présence. Je connaissais l'animal et savais ce qu'il fallait ou ne fallait pas faire avec lui. Il n'y avait à mes yeux pas de technique toute prête pour dresser sa monture ; chaque bête requérait des soins et des attentions différentes et il était important d'en tenir compte.

« J'aime les chevaux depuis tout jeune, c'est une passion pour moi. Ils sont très intelligents par rapport à d'autres animaux, sans compter qu'il sont indispensables. Je les trouve apaisants »

Le cheval n'était-il pas la plus noble conquête de l'homme ? Si je n'était pas destiné à devenir Templier, je crois que je me serais orienté vers l'élevage et le dressage de chevaux. Oui, aujourd'hui encore, l'idée me plaisait toujours.

« Tu as eu une mauvaise expérience, on dirait. Viens avec moi aux écuries, je te montrerais que les chevaux ne sont pas des animaux dangereux »

Maintenant qu'Amiya avait lancé le sujet, je n'allais pas en démordre, au contraire ! De plus, je ne pouvais pas comprendre comment l'on pouvait craindre les équidés, cela me paraissait tout bonnement inconcevable. Aussi avais-je envisagé de le lui montrer moi-même, que sa peur était infondée.

« Je te jure que tu ne risques rien » lui promis-je en lui tendant la main après m'être levé, comme pour l'inviter à me suivre.

Plus le temps passait, plus Ami appréciait le temps en sa compagnie. Le garçon était quelqu'un de calme, de doux et sa présence avait tendance à apaiser naturellement les autres, du moins, c'était ce que pensait la demoiselle quand elle se prenait à l'observer. En ce moment même, elle devait avouer qu'elle se sentait étrangement calme et toute aussi excitée à la fois qu'il prenne la peine de lui parler et de prendre de son temps pour discuter avec elle, lui d'habitude si taciturne. Il fallait avouer que le jeune homme ne la laissait pas indifférente, non qu'elle ait de quelconques sentiments envers lui mais la jeune apprentie le trouvait très intéressant, très mature pour son âge et surtout, elle appréciait l'écouter parler. Il était rare qu'Ewan prenne la parole, et en général, ce n'était pas pour dire des bêtises. L'almer trouvait amusant de voir à quel point il était différent de sa sœur jumelle. Auween était plutôt bavarde et très dynamique là où son frère semblait beaucoup plus serein, plus calme et surtout, plus silencieux. Inconsciemment, la jeune fille se demandait comment elle aurait été avec son frère aîné si les choses n'avaient pas mal tourné. Elle n'avait que peu de souvenirs de lui mais se rappelait très bien leur complicité et Ami ne pouvait qu'imaginer ce que deux jumeaux pouvaient bien partager. Il était de coutume de dire qu'ils étaient sur la même longueur d'onde et pensaient toujours la même chose mais cela, la jeune apprentie n'osait pas le demander à son interlocuteur.

La demoiselle était perplexe, ayant peur d'avoir vexé son interlocuteur mais également parce qu'elle se demandait si elle ne se montrait pas un peu trop bavarde, admettant sans peine ses faiblesses devant lui là où elle s'évertuait à les cacher d'ordinaire aux autres. La présence d'Ewan avait tendance à l'apaiser et la rendre beaucoup plus naturelle que d'habitude. Si cela ne sautait pas aux yeux car elle ne se séparait pas de son sourire et de ses yeux pétillants, l’œil aguerri verrait sans doutes la différence. Souriante, elle accueillit bien contente la déclaration du jeune homme sur le fait qu'elle ne l'avait pas vexé. Amiya avait toujours tendance à se montrer indiscrète parce que trop curieuse. Elle avait également la manie de se montrer trop insistante sur les détails. Ses défauts étaient particulièrement handicapant en présence de personnes de confiance car la jeune fille se retenait beaucoup moins qu'avec des inconnus.

La suite de ses propos laissa la jeune almer perplexe. S'il y avait bien une bête sur Azthia qu'elle craignait, c'était les chevaux. Depuis sa chute, elle n'était jamais remontée à cheval, en dehors de sa jument bien entendu. C'était il y a longtemps déjà mais peu importait, la peur était ancrée dans ses muscles et chaque fois qu'elle croisait la route d'un autre animal que le sien, elle se refusait à la partager. Rien que l'idée de remonter à cheval lui faisait dresser les poils sur le bras ! Elle écouta cependant avec attention l'elfe et sa théorie sur les chutes de cheval. Pour tout avouer, Amiya ne se souvenait pas vraiment de la sienne, seulement, si sa mémoire avait occulté ces détails, son corps se souvenait visiblement de toute la scène et refusait d'aller de l'avant.

« Tu es tellement passionné ! » ne put-elle s'empêcher de réagir, intimidée par autant de passion pour quelque chose qui lui échappait totalement.

Si Ami comprenait parfaitement son raisonnement, elle ne pouvait pas partager son amour pour l'animal. Certes la demoiselle aimait sa jument mais elle se sentait incapable d'en faire autant avec qui que ce soit d'autre. En règle générale, elle n'avait que peu de contacts avec les écuries et cela la satisfaisait. L'almer écouta l'elfe lui expliquer sa passion pour les chevaux et sans pouvoir la partager, elle ne put s'empêcher de la comprendre et d'apprécier la discussion aussi paradoxale que cela pouvait être.

« J'avoue que je n'ai jamais vraiment eu de contact avec les chevaux mais de là à les trouver apaisants ... » ne put-elle à nouveau s'empêcher de dire.

Elle regretta presque aussitôt cette pensée mais plus encore, de l'avoir dite à voix haute. Elle esquissa un léger sourire pour s'excuser, n'osant plus ouvrir la bouche de peur de faire un nouvel impair.

« Je … Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée ! » tenta-t-elle d'avancer avec un calme relatif.

Amiya avait sincèrement peur des chevaux, rien que de lui parler de monter sur une de ces bêtes emballait son cœur. Elle le sentait cogner contre sa poitrine et cherchait les mots pour refuser l'offre mais sa main tendue et la promesse de ne rien risquer avaient tendance à lui complexifier la tâche. Lorsqu'elle croisa son regard, la jeune apprentie sentit quelque chose à travers elle qu'elle n'aurait su expliquer mais qui la poussa à faire confiance au garçon. Son regard, calme, plein de promesses, avait su la faire changer d'avis et si son cœur palpitait toujours, craignant ce qui allait se passer, elle saisit la main, quelque peu tremblante.

« D'accord mais ne me laisse pas seule ! »

La peur perlait dans sa voix mais quelque chose, comme de la confiance, perlait d'autant plus encore. Amiya avait envie de se lancer dans l'aventure, mais uniquement si Ewan lui tenait la main pour le faire. Peut-être qu'à ses côtés, elle parviendrait à affronter sa peur et à la vaincre.

Passionné ? Oui, je l'étais peut-être un peu. Il était vrai que j'adorais les chevaux et que j'avais tendance à m'emballer quand quelqu'un m'en parlait. De plus, je me montrais particulièrement bavard aujourd'hui, ce qui, il fallait l'avouer, n'était pas dans mes habitudes. Je ne demandais pas aux gens de rejoindre mon avis, eux-mêmes avaient parfois des intérêts qui me dépassaient, mais au moins de comprendre. Chaque personne était différente, je respectais les passions de chacun et j'en attendais de même de leur part. Amiya ne me manquait pas de respect, non, mais je ne comprenais pas d'où venait son appréhension pour les chevaux. Une chute pouvait arriver à tout le monde et pour autant que je sache, la plupart des gens au Temple possédaient une monture et l'utilisaient de façon régulière. Pour moi, sa réaction s'apparentait à celle d'un enfant refusant d'avaler des fruits sous prétexte que le premier mangé fut trop mûr – et je ne pensais pas cela méchamment. Aussi m'étais-je décidé à lui montrer qu'un cheval, c'était avant tout un animal extraordinaire. Si cela allait servir à quelque chose et faire changer d'avis la jeune apprentie, je l'ignorais, j'en doutais même, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'au moins tenter le coup.
Je lui avais donc proposé de m'accompagner aux écuries du Temple. L'idée n'avait pas l'air de l'enchanter plus que cela, elle semblait même l'effrayer. Pendant un moment je crus qu'elle allait refuser, cela ne m'aurait pas étonné ; elle essayait de paraître calme mais je sentais que c'était juste une façade. L'Almer était plus tendue qu'elle ne voulait bien le faire croire.

« Fais-moi confiance » tentai-je de la rassurer, « Tu ne risques rien »

Nouvel instant d'hésitation, allait-elle me suivre ? Il fallait croire que mes paroles avaient su lui apporter un peu de réconfort car, après quelques secondes, elle se saisit de ma main et se leva. Je lui souris, ne cachant pas ma satisfaction de la voir accepter.

« C'est d'accord »

Je me levais à mon tour et nous quittâmes la pièce sans même ranger le pot de confiture. La cuisinière allait encore râler mais tant pis, nous étions déjà loin du réfectoire et je venais à peine d'y penser. Main dans la main, Amiya et moi étions en route pour les écuries et lorsque nous y arrivâmes, je la menais vers Ébène, mon cheval. Il valait assurément mieux que je confrontais l'élève de Jacen à un cheval que je connaissais bien et pour ce faire, il n'y en avait pas de meilleur que le mien. Maître Iréa me l'avait offert il n'y a que peu de temps mais j'avais sans doute passé plus de temps avec ce cheval qu'avec n'importe quel autre ici. Avec l'aide de la Templière ayant succédé à Alaric, j'avais appris à monter sur le dos d'Ébène et pour cette raison, j'étais tout particulièrement attaché à cet étalon.

L'animal s'approcha de la porte de son box dès qu'il me vit arriver – lui aussi m'appréciait d'une certaine façon – et ses gros yeux ronds se posèrent sur nous deux. Je lâchai tout d'abord la main d'Amiya et allai caresser la tête du cheval noir. Si cette couleur était avant tout associée au mal, Ébène était pourtant doux comme un agneau, du moins aussi longtemps qu'on ne le brusquait pas.

« Je te présente Ébène, c'est mon cheval »

Comme s'il répondait à son nom, l'équidé renâcla bruyamment en s'approchant un peu plus près encore. Pour ma part, je reculai et me plaçai derrière la jeune fille qui m'accompagnait, l'incitant ainsi à avancer vers l'animal. Une main sur son épaule, l'autre sur son poignet, je guidais sa main vers le Noir. Sa grosse tête n'attendait visiblement qu'une seule chose, qu'une main amicale s'y pose.

« Allez, il ne va pas te manger »

Je faisais mon possible pour ne pas trop pousser Amiya, pour la laisser affronter sa peur d'elle-même – après tout, j'ignorais jusqu'où allait cette crainte pour les chevaux. Je me contentais de la guider sans la forcer, ma main sur son épaule n'étant là que pour la rassurer, lui faire comprendre qu'elle ne risquait rien.

[ Je n'avais pas vu ta réponse... ]

Le jeune homme était quelqu'un de passionné par les chevaux, Amiya le savait de sa sœur jumelle et, si elle ne partageait pas du tout cette passion, elle admettait que l'on puisse trouver ces animaux « beaux » et « majestueux ». Pour sa part, plus elle s'en tenait loin, moins elle avait de chance de souffrir. Il était sans doutes amusant de constater à quel point un souvenir, aussi lointain que pouvait l'être le sien, pouvait demeurer ancré dans la mémoire. A quel point le corps pouvait se souvenir et craindre de réitérer une expérience fâcheuse du passé. Finalement, l'almer montait bien Dalaeu alors pourquoi pas un autre de ces canassons ? Sans doutes que son appréhension était due à autre chose, mais elle ignorait à quoi, la seule bête en qui elle avait à peu près confiance était sa fière monture. En réalité, il était fort probable que la jeune fille aime cette monture simplement parce qu'il s'agissait d'un souvenir de sa mère, ce qui expliquait sans doutes qu'elle soit incapable de grimper sur le dos d'un autre poney, cheval ou jument, tout confondu. Son comportement pouvait certainement laisser croire à celui d'une enfant gâtée et si cela était le cas par le passé, ce n'était pas du tout la raison en ce moment même.

L'idée n'enchantait clairement pas Amiya que de se rendre aux écuries pourtant, l'assurance du jeune homme la mettait en confiance, suffisamment en tout cas pour qu'elle se décide à le suivre même si elle traînait un peu des pieds à le faire. La jeune almer tenta tant bien que mal de cacher son trouble et si les paroles du garçon la rassurèrent tout autant que le calme qu'il affichait sincèrement, elles ne parvinrent pas à faire taire son cœur. Ce dernier s'emballait à la simple idée de remonter à cheval. Le contact de sa main rassura la demoiselle tout autant que le reste mais elle espérait surtout qu'il ne lui arriverait rien de fâcheux. En plus, elle craignait de décevoir l'apprenti qui aimait tant les bêtes. C'était sans doutes idiot mais elle appréciait beaucoup Ewan et ne voulait pas du coup qu'il lui tourne le dos ou qu'il soit déçu de son comportement. C'était important pour elle que de plaire à ceux qu'elle appréciait.

L'écurie sentait fort, sans doutes parce qu'Ami n'aimait pas cette odeur de crin, de crottin de cheval et de transpiration. Pour autant, elle ne dit rien et se laissa guider vers le box d'un cheval couleur de suie qui appartenait certainement à Ewan puisqu'il tourna la tête dans notre direction lorsque le garçon l'appela. Il était grand, beaucoup plus que Dalaeu en tout cas … ce qui fit quelque peu peur à la jeune apprentie même si elle n'en démontra rien. La jeune fille sentait le lien palpable entre les deux et encore plus lorsqu'il le présenta à elle. « Ebène » était un prénom qui collait tout à fait bien à l'animal vu la couleur de sa robe. Sa robe tranchait nettement avec celle de sa jument et les deux auraient pu être de parfaits contraires, en espérant que ce ne soit pas le cas question caractère car Dalaeu était d'un calme infini et rudement bien dressée !

La demoiselle se laissa faire avec quelques réticences tout de même qu'elle tenta de cacher de son mieux lorsque son compagnon guida sa main vers le museau de l'animal. Tremblant malgré elle, elle posa sa main sur la tête de ce dernier, n'ayant qu'une peur, qu'il la morde. Amiya ignorait beaucoup de choses de ces animaux mais elle savait en revanche qu'ils sentaient la peur et la retransmettait à leur manière. Ils devenaient généralement nerveux en sa présence et cela n'arrangeait en rien sa propre réaction mais pour autant, l'almer se força à demeurer calme, autant que faire se peut.

« J'espère bien » plaisanta-t-elle, plus pour se donner du courage qu'autre chose.

Avec une peur palpable mais contenue, Ami posa sa main sur le front de l'imposant étalon et commença à le caresser. L'animal n'était pas méchant, il semblait au contraire n'attendre qu'une chose, des caresses et peut-être une pomme ou quelque chose du genre. Cela leur faisait un point en commun, gourmande comme pas deux, l'apprentie de Jacen n'allait pas le reprocher à l'animal ! Elle sourit timidement et poursuivit son œuvre, s'étonnant du contact amical et doux avec l'animal.

« Il est adorable » souffla-t-elle enfin, « Je commence à croire que ma peur était exagérée ! » tenta-t-elle d'en rire.

Elle savait que son corps réagissait par pur réflexe et que sa peur était irraisonnée mais pour autant, elle n'était pas capable de se contrôler. Elle retira sa main avant de demander, timidement et un peu apeurée mais convaincue que c'était la seule façon pour ne plus avoir peur des chevaux autre que la sienne.

« Tu crois que … tu pourrais m'apprendre à monter à cheval ? Enfin je veux dire, à ne plus avoir peur, je sens que si j'arrive à chevaucher un autre animal que Dalaeu, je pourrais peut-être oublier ma peur ... »

L'odeur des écuries pouvait paraître désagréable à certains. Je le savais puisque moi-même en avait été indisposé les premières fois où j'y étais entré. Le purin et de crottin prenait aux narines celui qui n'y était pas habitué mais à la longue, on s'y faisait. L'odeur était particulière mais pas insupportable, d'ailleurs elle ne me dérangeait. M'étant familière, je la trouvais presque rassurante, en quelque sorte. Je retrouvais des visages amicaux à l'écurie, que ce soit les palefreniers ou les équidés eux-mêmes.
Aujourd'hui, j'y avais amené Amiya mais avec du recul, je m'apercevais que je ne lui avais pas laissé le choix – Ne l'avais-je juste prise au dépourvu, de sorte qu'elle me suive déjà avant de s'en rendre compte ? Je concédais lui avoir un peu forcé la main. Enfin, si elle avais refusé, j'aurais compris et n'aurais pas insisté davantage. Ou peut-être que si, en fait ; j'avais tendance à étendre mon intérêt pour les chevaux à tout le monde.
Ainsi l'avais-je amenée jusqu'ici en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Pas besoin de posséder l'Esprit pour ressentir le malaise de la jeune Almer, visiblement décontenancée par la proximité de tous ces destriers. Je ne saisissais toujours pas ce qu'ils avaient d'effrayants ; encore s'il étaient dangereux ou agressifs mais même, la barrière des boxes nous en aurait protégés.

« Tu vois, il n'est pas méchant » lui répondis-je.

Adorable était le terme employé par Amiya pour qualifier mon cheval. Adorable, oui, pourquoi pas. Je ne m'amusais pas à poser beaucoup d'adjectifs sur lui mais il était vraiment une super monture. Je n'avais jamais eu à m'en plaindre, à vrai dire ; robuste et de bonne constitution, je doutais qu'Ébène me fasse un jour défaut.

« La plupart des phobies le sont. Ce doit être parce que ça vient d'un traumatisme durant l'enfance et que ces peurs ont eu le temps de s'ancrer bien profondément, je pense. Tu sais, certains ont peur de l'eau alors dans un sens, la tienne n'est pas plus exagérée »

N'empêche que ne pas aimer les chevaux, j'avais toujours autant de mal à le concevoir, même si toutes ces belles paroles sortaient de ma bouche. Pour moi qui les adorais, il était clair que la phobie de l'Almer était démesurée. Je ne l'en blâmais pas, affronter et contrôler ses peurs n'était-il pas censé être difficile après tout ? Ce qu'elle venait d'accomplir n'était déjà pas si mal en soi, même si j'avais eu à la guider de mes mains. D'ailleurs, je m'aperçus à cet instant ne l'avoir toujours pas lâchée. J'imagine qu'une main sur son épaule, censée la rassurer, n'était plus très utile, pareil pour celle posée sur son poignet. Doucement, je la libérais tout en souhaitant ne pas l'avoir indisposée par ma proximité.

« Mais tu sais déjà monter, puisque tu as un cheval, non ? » demandais-je distraitement, « Quant à chevaucher Ébène, tu es sûre ? »

Je n'essayais pas de la dissuader, au contraire, j'étais plutôt surpris qu'elle me demande cela. Mon cheval était de taille conséquente – c'était le cas de le dire – et était un animal inconnu pour la demoiselle. Qu'elle fasse une bêtise un fois dessus m'inquiétais plus qu'autre chose. Si elle tombait à nouveau, cela risquait de l'éloigner à jamais des écuries... Ceci dit, je ne voyais pas d'autres inconvénients à sa demande et, ayant confiance tant en elle qu'en moi et mes capacités d'instructeur qui, je l'espère, se révéleraient bientôt, je n'avais aucune raison de lui dire non.

« C'est d'accord mais promets moi de faire tout ce que je te dis, je ne voudrais pas que tu blesses »

Je ne doutais néanmoins pas de sa bonne foi. Si elle m'avait elle-même demandé de lui apprendre, elle m'écouterait, j'en étais sûr. Ainsi allai-je chercher ma selle, sous le regard un peu étonné du palefrenier à qui j'avais dit au revoir il n'y a pas plus d'une heure, et je commençai à préparer Ébène – il n'était pas nécessaire de le peigner, je l'avais fait plus tôt. Une fois les sangles serrées et après m'être assuré que la selle était correctement fixée, j'entrepris de faire sortir mon cheval de son box et le plaçai dans l'allée de l'écurie. Longe en main, j'invitais Amiya à prendre place sur son dos.

« Tu peux y aller. Par contre, nous devrons nous contenter de l'arrière-cour puisque ni toi ni moi n'avons le droit de sortir sans permission » dis-je, « Besoin d'aide pour grimper ? »

Les chevaux étaient des animaux étranges, à la fois irrémédiablement attirant et tout à la fois totalement repoussant. Si son esprit était prêt à faire le premier pas dans leur direction, son corps semblait quant à lui totalement et farouchement opposé à cette idée. Amiya tentait de se faire une raison, ne voulant pas offenser Ewan, mais il était fort probable qu'elle ne soit pas encore tout à fait prête à se remettre de ses émotions passées. Quoi qu'il en soit, elle avait au moins le mérite d'essayer et le courage de tenter d'avancer. La jeune fille recula bien malgré elle d'un pas, ne supportant plus le contact avec l'animal. Son cœur se serra en entendant son compagnon lui dire le plus simplement du monde qu'il n'était pas méchant. C'était la stricte vérité, l'étalon était plutôt gentil et ne l'avait ni violentée ni mordue. Pour autant, Ami n'était pas tout à fait prête à lui confier sa vie.

La peur était quelque de totalement irrationnel et c'était bien en cela qu'elle terrorisait l'almer. Ne pas être capable de se contrôler comme à son habitude lui semblait tellement anormal qu'elle n'aimait pas ressentir ce genre d'émotions. L'amour, l'amitié, la haine, la colère, la timidité, tout cela pouvait se contrôler, s'enfermer dans une boîte dans un coin de son esprit mais la peur était quelque chose d'intemporelle. On avait beau la saisir, il n'était pas possible de l'enfermer et de l'oublier. Elle revenait toujours, plus forte, plus insidieuse, et toujours, elle frappait. Amiya se sentait quelque peu idiote à avoir peur d'un animal bien à l'abri dans son box, encore plus en présence d'un cavalier émérite comme l'elfe pour autant, bien qu'elle tente de se contrôler, elle ne parvenait qu'à paraître d'autant plus stressée ! Nul besoin de l'Esprit sans doutes pour se rendre compte à quel point elle était tendue …

Comme pour dompter sa peur, la jeune fille fit un pas en avant, sans oser pour autant faire plus. Elle se força également à détailler plus encore l'animal qui se dressait devant elle. Plus grand qu'elle, ce qui n'était probablement pas bien difficile, il la toisait d'un air calme et relativement doux. Son regard était plutôt intelligent nota-t-elle, comme s'il était capable de comprendre tout ce qu'elle ressentait. L'apprentie se surprit à penser qu'elle ne devrait pas juger sur son apparence un animal. Ils faisaient bien souvent preuve de beaucoup plus d'intelligence qu'on voulait bien leur accorder.

« Je n'aime pas avoir peur, j'ai l'impression de ne rien maîtriser … Je me sens comme une souris prête à se faire dévorer par un chat. » tenta-t-elle d'en rire.

Ewan était quelqu'un de calme de nature mais pour l'heure, il avait tendance à se montrer presque distant, du moins aux yeux de la jeune fille qui avait du mal à se raccrocher à lui. En cet instant précis, Amiya avait besoin d'un ancrage solide auquel se raccrocher pour ne pas sombrer dans la peur et prendre ses jambes à son cou comme le lui susurrait une voix au fond de son esprit.
Ce ne fut que lorsqu'il retira ses mains qu'elle sentit à quel point il avait été présent sans l'être. L'elfe était quelqu'un qui imposait sa présence en silence, dans l'ombre et elle ne s'était rendue compte de rien ou tout du moins, elle avait estimé cela normal au point de ne pas y faire attention plus que ça. Il était évident que dans d'autres circonstances, avec un autre garçon, la jeune fille n'aurait pas apprécié ce contact et encore moins l'aurait-elle laissé durer, prétextant avec le sourire un rendez-vous pour s'éclipser ou encore, repoussant amicalement la personne. En l'occurrence, elle se sentit étrangement « seule » lorsqu'il se dégagea en douceur. Elle respira avec calme quelques bouffées d'air pour tenter d'avancer seule.

« Ma jument est la plus douce et la plus vieille qui soit, je n'ai confiance qu'en elle. Je n'ai pas peur d'elle par exemple c'est pour ça que je pense que monter un autre cheval m'aidera à expier ma peur. Enfin je crois, je t'avoue que je ne sais pas trop, je ... »

Plus elle parlait, plus Amiya se sentait perdre pied. Pourquoi avait-elle tant de mal à s'exprimer ? Elle sentit ses joues s’empourprer. Humiliée, elle préféra se taire plutôt que de dire d'autres idioties. En réalité, sa logique était plutôt simple : dans son esprit, elle n'avait pas peur que d'une seule bête, sa fidèle jument. Alors pour faire disparaître cette terreur des équidés, il lui fallait monter sur un animal qu'elle craignait, qu'elle ne connaissait pas mais en qui elle pouvait avoir toute confiance. Ebène semblait en toute logique remplir ces critères et si son cœur battait la chamade à la simple pensée de le chevaucher, l'almer pensait sincèrement qu'il pourrait être la solution de son problème. Si elle devenait un jour diplomate, savoir chevaucher se révélerait vital pour agir vite. Laisser la paix de côté sous prétexte qu'elle avait peur d'un vulgaire cheval était inconcevable …

Le silence avait été quelque peu long entre les deux jeunes gens si bien qu'Ami n'osait plus ajouter quoi que ce soit et pourtant, Ewan avait accepté de l'aider. Il avait également donné son accord pour qu'elle grimpe sur Ebène. Le cœur au bord du gouffre, elle tentait de calmer son esprit comme son corps, bien décidée à en finir de cette peur stupide.

La demoiselle regarda le cavalier sceller sa monture en silence, admirant en silence l'exactitude avec laquelle il serrait les sangles. Ewan semblait concentré sur sa tâche si bien qu'il ne devait pas faire attention à la jeune almer qui enregistrait chaque détail. Elle s'écarta lorsqu'il sortit le cheval du box et Ami regretta alors sa demande. L'animal était haut, un vrai géant pour elle. Le cœur battant à tout rompre, les tempes en feu sous la pression, la jeune femme regarda le cheval. Elle ne se sentait pas au mieux de sa forme c'était évident mais pour autant, elle ne voulait plus faire demi-tour. Cet accident étant enfant, elle n'en avait aucun souvenir ou si peu, il était temps de l'oublier, de le ranger dans une petite boîte bien enfouie avec le reste de ses souvenirs dérangeants.

« Je vais essayer seule » tenta-t-elle en avançant vers l'équidé.

La jeune fille plaça son pied dans l'étrier et se rendit compte à quel point Dalaeu était de taille plus mesurée que cet étalon ! Elle ne pouvait plus reculer. Basculant son poids sur le pied dans l'étrier, elle leva sa jambe opposée et parvint tant bien que mal à se hisser sur la bête. Plaçant son deuxième pied dans l'étrier, Ami comprit à quel point son idée était stupide. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle expirait sa peur, ou alors, pas dans la seconde à venir. Ebène était tellement plus impressionnant que sa jument !

« Il est tellement grand » souffla-t-elle enfin, « Je ne suis pas rassurée mais ça va, en fait ce n'est pas si terrible ! »

A cet instant précis, l'écurie disparu de son champs de vision et le désert de sable s'ouvrit à elle. Amiya, soudainement angoissée, se souvenait d'avoir déjà vécu cette scène. Elle s'en souvenait, elle se revoyait à l'âge de cinq ou six ans, Ajay à ses côtés. Le Nùa avait insisté pour lui apprendre à monter à cheval et, comme toutes les petites princesses de son âge, elle avait insisté à son tour auprès de sa mère. A présent, elle se rappelait d'Evraï, l'étalon de son père, noir comme l'encre que l'on verse sur les parchemins pour écrire les contes pour enfants. Elle se rappelait la sensation de grandeur hissée sur son dos et la peur qui l'avait saisie quand l'animal s'était emballé en voyant un serpent. Elle était tombée, avait heurté violemment le sol mais ce n'était pas tant cela qui lui avait fait peur que la punition, sévère, qu'avait reçu Ajay pour avoir menacé sa vie. Sa propre mère avait levé la main sur lui tant elle avait eu peur de perdre à nouveau un enfant quant à son père, il avait battu jusqu'au sang ou presque le pauvre adolescent qui avait accepté son sort sans broncher, comme si toute la faute lui incombait. Et pourtant … pourtant aujourd'hui, Amiya se souvenait que c'était elle qui avait insisté pour sortir de la cour de la demeure familiale. C'était donc de sa faute à elle !

Telle était la véritable histoire de son traumatisme. Elle ouvrit les yeux, et l'écurie se dessina à nouveau devant son regard. Elle était cramponnée au cou de l'équidé et ses jambes enserraient son torse comme si elle craignait de tomber. Des larmes montèrent à ses yeux tandis qu'elle se mettait à rire nerveusement en relâchant la pression. Ewan devait certainement la prendre pour une folle !

« Dé...désolée ! » souffla-t-elle enfin pour toute explication, « Je me souviens ».

Incapable de s'exprimer tant l'émotion était forte et tant ses sentiments étaient mélangés, elle se contenta de sourire tandis que les larmes roulaient sur ses joues. Son cœur, bien que toujours tendu, battait un peu moins la chamade et tendait à se calmer.

« Je suis prête maintenant je crois. »

Je savais Amiya terrifiée par les chevaux mais pour autant, j'appréciais le courage dont elle faisait preuve face à eux. Bien peu de gens se résoudraient à affronter leurs peurs de cette façon. À la place, ils la laisseraient ainsi jusqu'à ce qu'elle empire, de sorte qu'on ne puisse plus rien y faire. Le courage, ce n'était pas de ne pas avoir peur, mais de pouvoir vaincre celles-ci. C'était bien plus difficile, certes, mais aussi bien plus gratifiant. La peur pouvait se révéler être une force, en quelque sorte.
Elle avait elle-même décide de monter sur le dos d’Ébène. Non pas que j'étais réticent à cela, je trouvais même cela courageux, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si c'était une bonne idée. Si quelqu'un avait la phobie de l'eau, je doutais qu'il suffise de le jeter dans un lac pour l'en guérir. Or, ce que s'apprêtait à faire la jeune fille était tout à fait similaire à mon analogie, à ceci près qu'elle se jetait seule dans le lac. J'avais beau avoir un cheval admirablement bien dressé et calme, il suffisait parfois d'une erreur ou d'un geste malencontreux pour tomber de sa selle voire être renversé. Si cela se produisait, je craignais que l'Almer ne s'enfonce davantage dans sa peur après ce nouveau traumatisme, de sorte qu'elle ne s'en remettrait jamais. De plus, avec sa taille et sa couleur, Ébène est un cheval relativement impressionnant, plus encore si on le comparait à la jument d'Amiya. Il y avait bien des équidés de taille moindre un peu plus loin dans l'écurie mais je préférais ne pas le lui proposer par peur de la vexer.

J'avais finalement accepté sa demande – c'était sa décision après tout. J'espérais juste qu'elle ne se blesse pas et qu'elle retire quelque chose de positif de cette expérience nouvelle. Une fois ma monture sortie de son box et sellée, j'offris à Amiya de l'aider à monter, chose qu'elle refusa poliment.

« Pas d'imprudence » lui recommandai-je une fois son pied passé dans l'étrier.

Et elle se hissa dessus, me dominant maintenant de plusieurs têtes, moi qui n'était déjà pas bien grand. Vraisemblablement, elle n'était pas à son aise et cela se voyait. J'imagine que vu la taille de Dalaeu, la différence devait se faire sentir. Elle me le confirma d'ailleurs quelques secondes plus tard, m'avouant qu'elle n'était pas très rassurée là où elle se trouvait.

« Reste calme et tout ira bien. Prête ? »

Amiya ne répondit pas à ma question. Je levais donc les yeux vers elle, attendant une réponse, mais je me heurtai à un regard vide et perdu. Une première fois, je l'appelais par son prénom. Toujours pas de réponses et j'en demeurais intrigué sinon inquiet. Elle se cramponnait juste de plus en plus au cou de mon cheval, comme si elle nageait en plein cauchemar et cherchait une prise solide pour se rassurer. Je m'approchais donc d'elle et posais une main sur son genou afin de la secouer.

« Amiya » appelai-je plus durement.

Cette fois-ci, elle m'entendit et sembla reprendre conscience du monde qui l'entourait. Sa réaction me laissa encore plus perplexe qu'auparavant. Des larmes roulaient sur ses joues alors qu'elle riait de façon bien peu naturelle... Peut-être valait-il mieux la faire descendre et s'arrêter là, un accident serait trop regrettable.

« Tu es sûre que ça va ? Il n'est pas trop tard pour faire marche arrière »

Elle aurait dû s'arrêter, du mois croyais-je c'était préférable. Elle avait déjà fait un grand pas en avant, aujourd'hui, inutile d'aller trop loin. Pourtant, l'Almer semblait déterminée et souhaitait poursuivre, ce dont je n'allais pas non plus l'empêcher. J'acquiesçais en silence et prenait la longe en main avant de mener le destrier et sa demoiselle au dehors.
Il n'y avait pas grand monde, sinon personne, et cela nous laissait le champ libre. Je jetai de temps à autre un œil par-dessus mon épaule pour m'assurer qu'Amiya était toujours parmi nous et nous fîmes en silence un premier tour de la piste, le temps de la laisser s'habituer aux mouvements d’Ébène.

« Calme-toi » lui intimai-je gentiment, « Un animal sent lorsque tu es stressée comme maintenant, et ça n'aide pas à le mettre en confiance. Détends-toi »

Je savais que je lui en demandais beaucoup. S'approcher d'un cheval avait déjà été une grande avancée pour elle et voilà qu'après l'avoir fait grimper sur l'un deux, je lui demandais d'être calme. Cela faisait beaucoup en une fois, j'en étais conscient. Pour autant, il était important qu'elle s'apaise pour qu’Ébène puisse le faire à son tour. La longe toujours en main, je les emmenais pour un deuxième tour, toujours au rythme de la marche. J'appréciais la présence de l'Almer, je la trouvais être une personne intéressante et sans doute voulais-je mieux la connaître ; jusqu'à présent, j'en savais principalement ce que m'avait dit Auween.

« Tout à l'heure, quand tu as eu un moment d'absence, tu m'as dit « Je me souviens », est-ce indiscret de te demander à quoi tu pensais ? »

Chose rare chez moi, je faisais preuve de curiosité, même si c'était surtout pour faire la conversation. Je ne savais que trop bien à quel point mon goût pour le silence n'était pas partagé par tout le monde.

La jeune fille s'était rendue compte d'elle-même que sa demande était quelque peu démesurée. Fort heureusement, l'étalon de son ami était un être relativement calme mais elle comprit assez rapidement que sa volonté pouvait lui jouer des tours. Qu'elle souhaite aller au devant de ses peurs était une chose, qu'elle ne parvienne pas une seule seconde à se rendre compte du danger en était une autre. Ce n'était qu'une fois sur le dos du cheval qu'elle se rendit compte à quel point il était impressionnant et haut. Comparé à sa propre monture habituelle, il devait bel et bien faire deux fois sa taille ou peu sans faute. Ami avait l'impression d'être une souris érigée sur un géant. La jeune fille avait voulu se montrer forte, il lui semblait se souvenir d'un temps où elle fut une cavalière certes pas aussi émérite que son aîné mais plutôt talentueuse et douée, d'un naturel confiant avec les bêtes. Il avait fallu d'une seconde pour que cette confiance bascule et des années pour qu'une peur se forge.

Dalaeu était une jument calme, douce et si elle se révélait parfois têtue, elle demeurait cependant obéissante. Sans aucun à-coup, elle avançait la plupart de son temps au pas voire au petit trop mais voilà bien longtemps que la jument n'avait pas été au galop. Sans doutes jamais à bien y repenser depuis que la mère de l'apprentie templier la lui avait confiée. Cela ne semblait cependant pas lui manquer, vivre sa vie tranquillement au rythme passionnant des journées, manger, dormir, se faire brosser, elle avait comme qui dirait la belle vie. Amiya regrettait cependant sa petite taille, sa robustesse et surtout, la mince confiance qu'elle avait en elle. Juchée sur l'étalon, elle se rendit compte à quel point elle pouvait aimer sa précieuse compagne à quatre pattes. Le cœur battant, elle tentait de se maintenir droite, comme un vague écho de ce qu'on avait pu lui apprendre un jour. Elle avait une confiance soudainement mesurée envers Ewan dont elle suivait malgré tout les conseils avec la plus grande attention. Rester calme était difficile mais elle fit de son mieux se souvenant que les chevaux étaient des êtres particulièrement sensibles aux changements d'humeur …

Le contact physique l'avait rappelé dans le monde des vivants, la voix d'Ewan lui avait fait reprendre ses esprits. Elle posa dans un premier temps sur lui un regard vide d'émotions avant de se rendre compte qu'il était inquiet. Ami sentit les larmes sur ses joues, incapable de les arrêter, elle ne put pas non plus retenir le rire nerveux qui lui secouait les entrailles. Il lui semblait que tout cela était tellement risible désormais … Maintenant qu'elle se souvenait de ce fameux jour, de cet étrange accident, la jeune almer comprenait de plus en plus qu'elle avait enfoui ce souvenir douloureux pour ne plus y repenser. Il était attaché à tellement de choses qu'elle regrettait qu'elle avait inconsciemment enfermé ce dernier dans une boîte de Pandore qui venait de se briser. L'émotion était vive mais pourtant, elle se sentait libérée et tellement plus légère. Certes Amiya n'aurait pas fait la course sur le dos de l'étalon mais elle avait une réelle envie d'avancer, de prendre le pas sur cette peur qu'elle jugeait presque absurde désormais.

« Je … Je vais bien » parvint-elle à articuler.

Le rire nerveux se calmait petit à petit. La jeune apprentie avait besoin de savoir jusqu'où elle pouvait aller, elle avait ce besoin irrépressible d'exorciser cette peur qui durait de par trop longtemps. Elle posa un regard déterminé sur son interlocuteur, puisant dans ses prunelles toute la force qui lui manquait encore. Il semblait certes inquiet mais tout autant compréhensif et Ami se sentit débordante de reconnaissance. En silence, il la conduisit dehors, tenant fermement la longe.

La jeune fille se laissa bercer par les paroles de son compagnon. Elle lui obéit de son mieux, repensant avec humour que cela ressemblait aux enseignements de son maître. Jacen lui intimait souvent de faire le vide dans son esprit, de se calmer, d'écouter les battements de son cœur et de se concentrer sur ces derniers. En ce moment même, la voix calme et gentille d'Ewan lui rappelait celle du templier et elle se força à vider autant que faire se peut son esprit. Elle respira profondément et petit à petit, se détendit. Entre ses cuisses, elle sentait chaque muscle d'Ebène qui se contractait à chaque pas.
Malgré ses efforts, son cœur battait toujours tel un tambour mais elle était cependant relativement sereine. Quelque peu effrayée encore mais beaucoup plus calme que lorsqu'il avait parlé de lui faire monter un cheval. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'elle se départirait de sa peur certes mais c'était un énorme pas en avant qu'elle venait de faire. Elle resta néanmoins surprise de sa question. Durant quelques secondes, la jeune fille sentit son souffle s'accélérer et elle se força à garder son calme. Elle prit le temps de réfléchir et finit par répondre d'un ton timide :

« Si ça ne te dérange pas, je préférerais descendre, je ne suis pas très à l'aise. »

Il était difficile d'avouer cela, après tout, elle avouait à voix haute sa faiblesse mais en compagnie d'Ewan cela lui semblait moins difficile. Elle attendit qu'il maintienne Ebène au calme pour en descendre et s'éloigna instinctivement de l'animal de quelques pas.

« Je devais avoir cinq ou six ans lorsque mon frère a voulu m'apprendre à monter à cheval. L'étalon de mon père s'appelait Evraï et il était aussi noir que la nuit. Ajay disait souvent que seules les princesses savaient monter à cheval alors j'avais terriblement envie de savoir le faire. Ce jour-là, j'avais insisté pour sortir me promener contre l'avis de mon frère et le cheval s'est emballé en voyant un serpent. Je suis tombée et j'ai heurté le sol violemment. » elle marqua une pause, la gorge serrée par cet aveu et ce qui allait suivre « Je crois que ce n'est pas tant la chute qui m'a fait peur mais la punition que mon père a réservé à Ajay pour avoir attenter à ma vie. Mes parents avaient déjà perdu leur fils quelques années plus tôt, la peur de perdre leur unique enfant les terrorisaient ... »

Il n'était rien de plus lourd que cet aveu et pourtant, Jacen ne lui laisserait pas le temps d'y penser. Il semblait agacé par son retard permanent et plus encore, parce qu'elle devait bien avoir plus d'une heure de retard cette fois-ci … N'ayant pas vu le temps passer, ses joues s’empourprèrent d'autant plus quand elle comprit son erreur. Elle s'inclina poliment mais timidement devant Ewan et le remercia chaudement pour cette leçon.

« J'espère que tu voudras bien m'aider encore une fois » ajouta-t-elle dans un souffle, les joues rosies par un tout autre sentiment que la culpabilité d'être en retard ou la honte d'avoir partagé ce si lourd secret.

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