La rencontre avec Aerin avait donner un air de neuf à la jeune fille. L'elfe n'en était pas encore au point où elle se lierait avec les autres, ou alors donnerait sa confiance à tout le monde, mais elle s'était rendu compte qu'il y avait des personnes qui en valait le coup. Que tout le monde ne la considérait pas comme un monstre et que peut être elle pourrait se faire des amis. L'amitié. S'était un concept qu'elle ne maîtrisait pas, tout comme les relations avec les autres. Pas assez doué, ne sachant pas alimenter une conversation et n'étant pas réellement diplomate de part sa façon de répondre. D'un autre côté, elle n'était jamais utilisé en tant que diplomate, mais toujours en tant que première ligne et espionne en cas de besoin. Par contre, depuis sa conversation avec le jeune homme une chose lui tourmentait l'esprit. Resterait-elle au temple ? Est-ce que comme Aerin, elle avait sa place autre part. Pourtant, elle n'avait personne à garder. Elle n'avait personne à sauver, elle n'avait personne tout court.

Elle avançait une fois de plus dans l'endroit qu'elle connaissait le mieux. Le jardin du temple. C'était le seul endroit qui lui permettait d'être tranquille. Pourtant, en hiver, le jardin était triste. Les arbres dormait, la terre elle même était en sommeil et le jardin était pauvre. Il semblait comme mort avec le gel et la neige qui ne faisait que s'accumuler. Sesthia marchait dans la neige, entendant craquer celle-ci sous ses pieds. Tellement de froid, tellement de texture différente. Elle se baissa pour ramasser un peu de neige et la regarda dans sa main. Alors que sa chaleur corporelle faisait tout pour faire fondre la glace, elle ne ressentait rien. Ni le froid, ni la neige se transformant en eau. Rien du tout, comme un pantin inanimé, elle ne ressentait rien. La tristesse jaillit de nouveau dans son esprit. Avec Aerin, elle s'était sentit différente. Elle ne ressassait pas toujours les même choses, mais dés qu'elle était seule, tout lui revenait comme un boomerang. Elle était un livre à jamais ouvert dont les pages ne cessait de tourner et ne cesserait jamais de tourner pour inscrire tout ce qu'il voyait sauf lorsque la mort la prendrait.

L'elfe avait eut envie de mourir, plusieurs fois en vérité, mais quelque chose la retenait encore ici. Une chose qu'elle n'avait pas encore faite. Découvrir ses origines, savoir qui elle était réellement. Elle se remit à avancer tranquillement jusqu'à entendre une voix. Elle se laissa guider par celle-ci pour finalement arriver non loin du bassin. Ses leva la tête et regarda la jeune femme non loin de là. La retarder comme certains l'appelait, pas parce qu'elle était idiote, non, mais surtout parce que l'esprit lui était venu tard. La jeune femme elle n'avait rien dit, se contentant comme à son habitude de regarder au loin. Si la nùa devant elle avait découvert son don tard, elle n'en était pas la moins doué pour l'utiliser et souvent elle avait dépassé ses ''camarades''. L'hiver semblait la déranger, comme si quelque chose n'allait pas avec ce qu'elle pensait. L'elfe s'avança alors tranquillement vers elle, pour ne pas l'effrayé.

« Il suffit simplement de briser la glace. »

Elle s'approcha, la glace n'était pas très épaisse car elle était brisé tous les jours. Par Sesthia ou par quelqu'un d'autre quand celle-ci ne venait pas. Cependant comme elle venait tous les jours, elle était généralement brisé. D'un coup poing fort, elle fit un trou dans la fine couche de glace et commença à retirer les morceaux. Un sourire envers la jeune femme qui devait la prendre pour une folle. Alors que le froid régnait, elle sortait un manteau sans fourrure sur le dos, même pas fermé. Seulement là en protection pour éviter à ses membres de geler. Ses mains étaient probablement froide, mais elle ne sentait rien.

« Voilà, les bassins sont libre maintenant. J'espère que vous pourrait faire ce que vous vouliez. »

Elle repartit tranquillement. Discuter, ce n'était pas son truc et puis elle lui était venu en aide. Au moins la jeune femme pourrait s'adonner à ce qu'elle voulait, maintenant que l'eau était apparente.

Sesthia s'en allait comme elle était arrivée. Elle n'aimait pas gêner les autres surtout lorsqu'ils étaient occupé à autre chose. Quelque chose qu'elle ne pouvait pas comprendre, quelque chose qui ne la regardait pas. Chacun avait son jardin secret, quelque chose à faire qui ne concernait que lui. Le terme jardin secret était souvent bien attribué sachant qu'elles étaient dans un jardin. Cela fit sourire un instant la jeune fille qui se fit finalement héler par la Nùa. Heifara, elle était certaine de ne pas se tromper, de toute façon, elle ne pouvait pas se tromper sur un nom, ou sur quelque chose qu'elle avait déjà vu. Fin bref, elle se retourna pour savoir ce que la jeune femme voulait, seulement elle n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit qu'elle se fit apostropher. Heifara n'avait pas l'air contente de ce qu'elle venait de faire, pourtant elle l'avait aider. Mais elle comprit vite pourquoi elle lui disait de ne plus jamais refaire cela. La réflexion qu'elle eut sur le fait qu'elle pouvait plonger les mains dans l'eau gelée sans avoir mal la fit sourire de nouveau, ce n'était pas la bonne raison.

Elle aurait d'ailleurs voulu lui dire pourquoi elle pouvait le faire, mais elle se fit soudainement tirer en direction du temple. Mais que diable... s'était bien la première fois que quelqu'un se permettait de faire ce genre de chose avec elle. Pourquoi donc se voyait-elle tirée de la sorte vers le temple alors qu'elle voulait seulement faire un tour dans le jardin. La réponse était évidente en fait. Elle voulait la soigner, lui permettre de se réchauffer peut être, seulement s'était inutile. Peu importe ce qu'elle ferait, Sesthia n'aurait pas la sensation d'être réchauffé, elle n'aurait pas la sensation d'avoir mal, d'avoir moins froid. Elle ne sentirais rien de plus que le vide, un sombre vide qui emplissait son cœur depuis le début de sa vie. Et pourtant, elle ne dit rien, laissant la jeune femme s'expliquer sur les raisons de sa tenue devant le bassin. Ainsi elle avait perdu les faveur de sa déesse. La templière ne savait pas réellement ce que cela signifiait. Elle ne croyait pas, aucun dieu, peu importe qui ils étaient, peu importe ce qu'il permettait, elle n'y croyait pas le moins du monde. Aussi se contenta-t-elle d'une réponse bateau.

« Les dieux décident des choses qu'on ne comprends pas toujours. Il ne faut pas s'en faire, quand elle aura finis de vagabonder elle se souviendra probablement que tu crois en elle et tu retrouveras ses faveurs. Il ne faut pas s'en faire. »

Elle avait dit cela d'un ton monocorde. Comme si elle disait toujours cela. Comme si elle parlait constamment de la même façon. En fait s'était le cas. Le seul moment ou elle avait parlé autrement, s'était avec Aerin, le seul qui ne l'avait pas considéré comme une curiosité qu'il fallait étudier. Le seul qui l'avait considéré comme une personne et non une chose bizarre et étrange qu'il fallait étudier avant de s'aventurer à lui parler. Sesthia en avait assez de ce genre de comportement. Elle en avait assez de se dire ce genre de chose. Peut être avait-il raison. Son avenir était peut être bien en dehors des templiers. Mais pour le moment, elle devait se concentrer, se concentrer sur cette jeune fille qui semblait s'inquiéter pour l'état de sa santé.

« Ne t'en fais pas, je ne ressens rien, et ce n'est pas parce que mes mains sont déjà froide. Je mettrais de la crème ce soir, comme je fais tous les soirs. Après tout, c'est mon outil de travail. J'en prends soin même si je ne le montre pas. »

Elle s'arrêta un instant puis tenta de lancer la conversation.

« Ta déesse, c'est qui ? »

Une fois sa phrase lancer, elle se rendit compte que ce n'était pas réellement une phrase avenante, sympathique, on avait plus l'impression d'un ordre à la place d'une question.elle allait réellement de voir s'améliorer pour évité de froisser le peu de gens qui l'approchaient.

Sesthia regarda la jeune femme lorsque celle-ci parla du fait que ses mains étaient déjà abîmés si elle devait se mettre de la crème tous les jours. Elle ne savait pas ce qu'elle endurait et la templière ne pouvait pas lui en vouloir de son ignorance en gros. Si elle était soigneuse, elle ne connaissait pas son problème, peu de gens avait ce genre de souci diront nous.

« Elles ne sont pas abîmés, c'est seulement pour assouplir ma peau que je mets de la crème. Elle m'a été prescrite par un ami, très doué, un soigneur lui aussi. Je pense qu'il sait ce qu'il fait. De plus ce n'est pas de la crème réparatrice. Et puis ce n'est pas comme si j'en avais réellement besoin. »

Peu importe les crevasses, peu importe les coupures, de toute façon elle ne ressentait rien. Parfois elle se demandait bien pourquoi elle prenait encore soin de ce corps qui ne ressentait rien. Devoir mettre de la crème tous les soirs pour assouplir sa peau et ainsi pouvoir évité que le froid ne l'attaque de trop n'était qu'une chose qu'elle devait faire. Ne pas sentir le froid, le chaud, la douleur, entraînait de nombreux souci et d'ailleurs elle avait des rituelles à effectué pour se laver et ainsi évité que l'eau ne soit trop chaude ou trop froide. Mais aussi tout autre sorte de rituels qui lui permettait d'avoir une vie ''normale'' en quelque sorte. Si tant est qu'un jour elle puisse vivre une vie ''normale''. Elle soupira intérieurement, parfois elle en avait assez de ce genre de situation, assez de ne pas comprendre, de ne pas ressentir. Ça la rendait quasiment inhumaine. Enfin c'était ce qu'elle pensait, mais Aerin lui avait bien démontré le contraire.

Elle revint dans la conversation lorsque la Nùa commença à parler de sa déesse. Expliquer qui elle était s'avérait compliqué finalement. L'elfe essaya de tout comprendre, mais ce qu'elle comprit c'est que la déesse sembla soit facétieuse, soit avoir un pouvoir assez aléatoire. Tout cela pouvait porter à confusion lorsqu'on essayait de faire quelque chose et que finalement on se retrouvait avec quelque chose d'autre. Bon elle se doutait bien qu'il n'y avait pas lieu d'utiliser ses faveurs en plein combat d'un autre côté, la jeune fille n'était pas dans une branche de combat, mais plutôt dans la branche curative. Les soigneurs. Ce genre de chose, elle ne pourrait jamais le faire, jamais elle ne pourrait soigner quelqu'un et elle ne savait même pas si elle serait capable un jour de prendre soin de quelqu'un. Son avenir était bien trop incertain pour ce genre de chose.

« J'ai l'impression qu'il ne fait pas s'attendre à avoir toujours la même chose. Ce n'est pas un peu perturbant de ne jamais savoir ce qu'on va obtenir comme faveur ? Après tout, parfois on a réellement besoin d'une chose et si on en obtient une autre c'est un peu risqué non ? »

Elle avait parlé d'une voix qu'on pourrait prendre pour normale. Elle en revenait toujours à ce mot, la normalité. Elle ne savait jamais comment se comporter avec les autres alors parler avec eux devenait bien vite une épreuve. Un combat bien plus compliqué que lorsqu'il fallait se battre.

« Désolé pour ma façon de parler. Ce n'est pas que je m'en fou, c'est juste que je ne parle jamais à personne alors je ne suis tout simplement pas doué. »

Pourquoi avait-elle sentit le besoin de le dire ? Tout simplement parce qu'elle ne voulait blesser personne, et que dans ses paroles, dans son attitudes, il y avait des moment ou elle les blessait sans le vouloir.

La nature d'un dieu, c'est cela que Sesthia ne comprenait pas réellement. Elle ne croyait pas de toute façon, donc elle doutait fortement de devoir comprendre exactement de quoi parlait la jeune femme. Enfin elle comprenait tout de même dans un sens, ce n'était pas parce qu'elle était doué pour le combat, qu'elle se trouvait totalement inculte. Elle avait apprit et d'ailleurs apprenait plus rapidement que tout le monde avec cette mémoire. Mémoire qui pouvait lui jouer bien des tours, sachant ce qu'elle réservait parfois. La templière se demandait aussi si d'autres dieux et déesses dans le genre de Vairuna sévissait ainsi. Elle trouvait les punitions bien amère tout de même. Enfin pour elle, il s'agissait de punition, probablement pas pour les autres. Elle n'en savait rien. Elle n'avait pas encore parlé de la sensation qu'Heifara avait éprouvé à un moment. Ce sentiment, de gêne et en même temps d'excitation, d'où venait-il ? Elle avait souvent ressentit ce genre de sentiment quand des templiers regardaient des templières qui leur plaisaient. Pourtant, elle n'avait jamais vu la Nùa regarder qui que ce soit. Après, elle n'était pas non plus avec elle constamment.

« Est-ce... »

Elle s'était arrêté juste à temps. L'habitude de laisser son esprit s'envoler, de ressentir tout autour d'elle palliait à son absence de toucher, de sensation. Elle touchait bien plus profondément les cœurs en fait, comme si l'esprit était sa seule façon de toucher l'autre et d'ailleurs s'était bien cela. Son ouïe avait aussi capter les battements de cœur accéléré de sa compagne de route actuelle. Oui, elle aimait quelqu'un, s'était très bien pour elle. Pourtant alors que l'esprit lui permettait de ressentir son environnement, elle le ferma. S'introduire dans le cœur des autres n'étaient pas une bonne idée, pas bonne du tout, cela pouvait s'avérer très dangereux, trop dangereux pour l'elfe fragilisé qu'elle était pour le moment. L'elfe écouta avec attention la suite, comme elle le faisait d'habitude. Écouter, entendre, amasser des informations, c'était le mieux qu'elle pouvait faire pour rendre service aux autres. Son dieu/sa déesse était tout de même une drôle de personne, s'était ce qui ressortait de l'explication qu'elle lui avait donner. La jeune fille n'aurait pas chercher à avoir les faveurs d'un tel dieu, elle était trop pragmatique pour ça et pourtant.

Alors qu'elle lui disait ne pas être doué pour les relations avec les autres, elle sentit dans sa tête ses paroles. Ne pas rester seule. Facile à dire. Elle devait avoir pas mal d'ami sachant qu'elle était avenante, gentille et qu'elle n'était pas une bizarrerie, enfin pas au sens propre du terme. Sesthia elle en était une. Tout le monde connaissait sa tare du toucher. Il connaissait sa façon de se battre si particulière. Il connaissait sa façon d'être. Seulement personne encore dans le temple ne connaissait sa mémoire eidétique, son ouïe accrue. Si quelqu'un le savait, comme se comporterait-il avec elle ? Aerin était différent. Il n'avait pas prit la fuite, il s'était même contenté de brisé limite le mot différences. Il était vrai que la différence s'arrêtait là ou commençait la tolérance des autres. Mais ce n'était pas avec ce genre de discours qui allait changer quoi que ce soit, et surtout pas l'état d'esprit des autres. Pourtant, elle s'en fichait en faite. Être seule était ce qui faisait d'elle ce qu'elle était. Même si parfois ça lui procurait trop de temps libre pour ressasser des souvenirs non nécessaire.

« J'ai toujours étais seule. J'ai été élevé dans la solitude. Crois moi, ce n'est pas si désagréable et même si j'ai la très nette impression que ça a été aussi ton cas, je ne me sens pas prête à me lier avec des gens. Pas seulement pour ma tare du toucher, mais pour bien d'autre chose aussi. »

Des choses qu'elle ne voulait pas évoquer. Si elle s'était sentit totalement en confiance avec Aerin, elle ne voulait pas pousser non plus. Elle n'avait pas envie d'ennuyer les autres avec ses soucis. Ce n'était pas quelque chose qui lui plaisait et puis parler d'elle, elle ne savait pas réellement faire. La suite de sa réflexion tira un sourire à l'elfe. Effectivement s'était la première Nùa qui était au temple, la seule d'ailleurs depuis son arrivée.

« Il est vrai que je n'ai encore jamais vue de Nùa à part toi au temple. Beaucoup ne connaisse pas les coutumes de ton peuple et ceux comme moi qui font partie de la branche combative des templiers ont déjà pas mal de travail au niveau des entraînements, de la maitrise de leur arme, de leur compétence. Il ne sont pas comme les diplomates à apprendre toujours plus sur les peuples pour pouvoir tenter la diplomatie justement. Je ne les excuse pas hein, moi même je me documente sur les peuples, j'en suis aux astorgs, me reste ensuite les Nùa et bien entendu, je me documenterais sur les almers. Mais connaître les peuples et leur coutumes prends du temps et certains en dépense trop pour autre chose. »

Un sourire apparut sur les lèvres de l'elfe qui montra de la tête deux jeunes templiers entrain de batifoler dans le jardin.

« Ce genre d'occupation est bien plus importante pour eux. »

Elle souriait toujours. Son esprit n'était pas ouvert, mais elle n'en avait pas besoin. Elle entendait leur cœur battre à l'unisson, leur mains froler les tissus pour sentir l'autre. S'était cela qu'elle regrettait, ne pas pouvoir sentir les autres. Sans se départir de son sourire, elle regarda ses mains. Ces mains qui jamais ne pourrait sentir la douceur ou la rugosité d'une peau. La nostalgie la reprit un peu. Il fallait qu'elle arrête de penser à cela. Ce n'était pas ça qu'elle retrouverait le sens du toucher. Elle était née sans, elle devait faire sans, point à la ligne.

La tranquillité de la situation la faisait sourire. Rare était les fois ou les gens restait plus de cinq minutes avec elle. Surtout parce que par sa façon de parler, elle avait une grande tendance à énerver tout le monde et surtout les vexer, alors que ce n'était pas du tout ce qu'elle cherchait d'origine. Elle s'y était faite en fait, à ce genre de chose très courante dans sa vie de tous les jours si bien que la solitude était quelque chose qu'elle gérait assez facilement, même si cela avait toujours tendance à la faire replonger dans cette mémoire et ses souvenirs qui jamais ne s'en allait. Une autre tare de son caractère, une autre facette de sa personnalité, quelque chose qu'elle ne montrait à personne sauf à son maître et Aerin maintenant bien entendu. Le jeune homme était le seul à savoir autant de chose sur elle, un peu comme s'il se connaissait depuis longtemps. Comme si quelque chose les avait lié dés le départ de leur rencontre. Sesthia n'aurait pas su dire pourquoi, mais s'était LA personne avec qui elle se sentait réellement en confiance. Assez en confiance pour se livrer, pour discuter, pour échanger et aussi pour lui parler de son passé.

Alors lorsqu'elle entendit Heifara dire qu'elle pouvait lui trouver un moyen de  pouvoir toucher, la jeune femme fut perplexe. Qu'est ce qu'elle entendait par un moyen de pouvoir toucher. Parce que les médecins étaient tous clairs, jamais elle ne pourrait rien ressentir. Alors comment espérait-elle pouvoir faire ça. Elle avait titiller sa curiosité et si la remarque qui suivit ses paroles était justifiée, elle n'en était pas pour le moins curieuse. Il était vrai que cela pourrait la rendre bien plus déprimée de ne pas pouvoir toucher après mais si cela lui permettait de se rendre compte, au moins, elle pourrait se souvenir et ainsi toucher d'une façon différente. Elle le faisait déjà de toute façon, si elle ne pouvait sentir les gens, elle pouvait au moins les entendre, et avec l'esprit toucher en quelque sorte, même si elle se doutait que ce n'était pas la même chose.

« Tu sais, j'ai palier mon absence de toucher par un esprit constamment ouvert, par une ouïe toujours à l'écoute je remarque même avec le temps que je développe mon odorat. Je touche d'une certaine façon même si je sais que jamais je ne pourrait connaître la véritable texture des choses. »

Elle sourit tranquillement et reprit.

« Tu pourrais me toucher l'épaule que je ne le sentirais pas. Par contre, j'ai entendu le bruit de tes affaires sur ta peau, le bruit de ton cœur cogner dans ta poitrine, j'ai entendu tes pas qui s'approchait, aussi silencieux soit-il et j'ai ressentit tes émotions, comme une sorte de vision, j'ai en quelque sorte était capable de ressentir ton approche et donc je me suis imaginé ta main sur mon épaule. C'est ainsi que je vis, c'est ma façon de faire. »

Pas de tristesse, seulement une sorte de résignation. Elle savait parfaitement que toute sa vie se résumerait à ce genre de chose. Jamais elle ne pourrait sentir dans la vie réelle les différentes textures, mais peu lui importait en fait. Elle était née ainsi, elle vivrait à jamais ainsi. Alors qu'elle souriait encore des deux jeunes gens qui s'embrassait dans un coin du jardin comme si on ne les voyait pas, elle remarqua que le comportement d'Heifara avait changé. Que lui arrivait-il, allait-elle bien . Elle rouvrit instantanément son esprit pour ressentir les alentours et finalement lorsqu'elle la vit s'incliner de nouveau et remercier, elle remarqua quelque chose, quelque chose d'étrange. Et sans autre forme de procès lui demanda.

« Tu es ritualiste n'est-ce pas ? »

Ce n'était pas la première à faire ce genre de chose devant elle. Elle se souvenait d'une autre personne, peu commune dans son genre qui faisait la même chose. Elle regarda sa compagne de discussion se demandant bien ce qu'elle réservait d'autre.

Sesthia écoutait. Patiemment, tranquillement, cependant elle ne savait trop comment répondre. Déjà au moins, elle savait que chez les Nùas on appelait cela des chamans. Au moins une chose qu'elle aurait apprit en plus aujourd'hui. En apprendre sur les peuples étaient vraiment classe, cela permettait d'éviter les soucis à l'avenir et surtout les fautes qui pourrait blesser les autres. Par contre elle avait du mal à comprendre. Elle voyait donc les esprits ça d'accord mais qu'est ce qu'elle entendait par voir et ressentir le monde lointain. Et puis s'incruster dans les rêves des autres étaient réellement dangereux non ? Après tout on ne savait jamais réellement comment les autres allaient réagir et s'il n'allait pas tenter de tuer celle qui avait fait irruption dans leur précieux sommeil. L'elfe avait du mal avec ce genre de magie, déjà la fois où elle avait entendu quelqu'un en parler, elle n'avait pas tout compris et en réalité, cela ne l'attirait pas du tout. Mais elle ne pouvait pas tout simplement le dire de cette façon surtout que la jeune femme tentait de l'aider pour sa tare du toucher, mais là encore il y avait quelque chose que les gens avaient souvent tendance à oublié, elle ne pouvait leur en vouloir. On ne savait pas réellement ce que quelqu'un comme elle vivait lorsqu'on ne l'avait pas ressentit.

« Donc en gros il faudrait que j'apprenne le rituel ? »

Cette idée ne lui plaisait pas trop en réalité, ce n'était pas son truc, les esprits, les rêves etc...

« C'est très gentil de ta part, mais même si ça me rends malheureuse de ne pas pouvoir toucher et surtout ressentir, je préfère ne pas faire l'essai. Je suis née de cette façon et je pense que avec le temps j'ai réussit en quelques sortes à palier ce manque de toucher. »

Expliquer ce qu'elle ressentait n'était pas très simple en vérité.

« Je sais bien que je manque des choses, mais je me suis habitué à le faire de cette façon, je suis habitué à ne rien ressentir et si je devais connaître cette sensation un jour et qu'elle me soit enlevé chaque fois que je me réveille, le réveille n'en serait que trop dure. »

Elle s'assit tranquillement dans la neige comme si de rien n'était.

« Il est plus facile de vivre sans avoir rien ressentit que de vivre en sachant que je pourrais sentir dans mes rêves mais jamais dans la vie réelle. Je n'aurais plus envie de vivre que dans mes rêves dans ce cas là, parce que tout sera plus simple. Hors, j'ai des choses à faire dans la vraie vie. »

Elle regarda Heifara tranquillement. Cette femme, pleine de bonté, pleine de gentillesse, pleine de bonnes intentions et elle finit par reprendre.

« Merci de ta proposition, mais je préfère une vie sans toucher, qu'une vie ou je me morfondrais de ne pouvoir toucher qu'en rêve. »

L'elfe se releva tranquillement et regarda la jeune femme. Elle espérait sincèrement ne pas l'avoir froissé par sa façon de penser, mais elle préférait bien mieux la vie qu'elle menait maintenant qu'une vie où elle aurait l'impression d'être qu'une demi-elle.

Apprendre le ritualisme n'était pas envisageable et si elle aimait bien la proposition de la jeune femme qui d'ailleurs était très tentante, elle ne pouvait se permettre de rêver, pas quand elle avait encore tant de chose à faire, pas tant qu'elle ne savait pas qui elle était réellement, ce qui était arrivé à ses parents et tout un tas de chose qu'elle devait découvrir, comme sa véritable vocation. Après tout, elle n'était pas certaine que sa vie serait tout le temps au temple, elle devait réfléchir, à ce qu'il pourrait se passer, à ce qu'elle pourrait faire, vers quoi elle pourrait se tourner. Tant de chose à voir et si peu finalement de vue. Elle soupirai intérieurement et remarqua qu'elle n'aurait pas du s'asseoir dans la neige, le cuir n'aimait pas réellement ce genre de chose. Bah peu importait de toute façon, elle devait changer ses vêtements, ils étaient un peu trop usés à son goût. Elle repartit ensuite dans la discussion. Ainsi donc, elle avait déjà aider quelqu'un avec ce don. Elle se demandait bien ce que cela avait pu donner d'utiliser une tel méthode pour guérir quelqu'un.

Lorsqu'elle parla ensuite de son raisonnement, l'elfe se dit qu'elle avait prit la bonne décision. Une décision juste. Elle ne voulait pas passer sont temps à penser au moment où elle irait se coucher alors que techniquement elle ne dormait pas non plus énormément. Elle ne voulait pas rentrer dans ce genre de spirale. Tellement concentré, elle n'avait pas entendu la suite de sa phrase jusqu'à ce qu'elle parle de son amant. Tiens donc, elle avait quelqu'un  dans sa vie. Sesthia était heureuse pour elle, même si elle sentit la gêne de la templière, elle se dit que ne pas être seule ça pouvait être sympa, si tant est que quelqu'un puisse vous accepté. Sesthia faisait partit des exceptions, elle resterait probablement seule toute sa vie de part sa façon d'être, de part cette tare du toucher, de part toutes ces choses qui la rendait bien trop différente d'une jeune femme normale à qui on pouvait s'intéresser.

« Il faut savoir faire la part des choses, je pense que s'il était juste à côté de toi, mieux valait le réveiller et pas chercher son attention en rêve. Il n'y a rien de mieux que le réel. »

Elle s'arrêta un instant et reprit tranquillement.

« Enfin, je pense. Je ne connais pas l'amour et je doute de connaître un jour. »

Elle sourit tranquillement en se remémorant la dernière phrase de la Nùa. Lui montrer un jour, peut être, peut être se laisserait-elle tenté un jour. Elle ne pensait pas que s'était dangereux, mais pour l'instant, elle avait bien d'autre chose à faire, des choses qui lui semblait plus importante que tout.

« Je ne pense pas que ce soit dangereux en règle général, mais pour moi qui ne possède pas un des ses sens et qui tente de le chercher dans les rêves, c'est dangereux, au point de ne pas avoir envie de prendre le risque maintenant, mais peut être plus tard. Qui sais ! »

Elle sourit tranquillement, reprenant sa marche et finalement dans un élan de curiosité qui ne lui correspondait pas, elle se lança.

« Dit moi, tu pourrais me parler de ton amant ? »

Pas de sentiments particuliers, rien que de la curiosité, savoir ce que cela faisait. Pour vouloir partager sa vie et son intimité avec quelqu'un, il fallait quand même avoir confiance. De plus, elle ne savait pas non plus ce que s'était que d'aimer quelqu'un, elle aimerait bien savoir, ressentir cela un jour, mais tout cela n'était pas prêt d'arriver.

Sesthia attendait patiemment. Elle se doutait que ce genre de question était personnelle et bien évidemment, elle ne se serait pas offusqué du fait qu'Heifara de lui répondait pas. En même temps, alors que leur route était presque terminée, les deux templières avaient ralentit sur le chemin pour rentrer au temple et Ses se dit que finalement la jeune femme allait probablement lui répondre. Et d'ailleurs c'est ce qu'elle fit. Un elfe fleuriste, tiens donc. Elle se demandait s'il avait vécu à Silmarie, d'un autre côté, elle ne l'aurait pas connu sachant qu'elle n'était jamais sortit de chez elle et donc qu'elle ne connaissait personne là bas. Elle sourit aussi lorsque la Nùa lui parla de sa naïveté. Il n'était pas étonnant qu'elle se fasse avoir. Elle avait un bon fond, un très bon fond, l'elfe avait pu s'en rendre compte au fur et à mesure de leur discussion. Seulement, parfois, il ne suffisait pas d'avoir un bon fond, il fallait aussi avoir du caractère. Sesthia l'avait apprit au fur et à mesure de sa formation. Se faire prendre pour une idiote allait une fois, mais plusieurs fois, il en était hors de question.

Aussi s'était-elle forgé cette carapace, amené aussi par son manque de touché. Il était plus facile d'ignorer les autres lorsqu'ils tentaient de vous toucher et que vous ne les sentiez pas. Par contre, elle continuais de les entendre, jour après jour. L'attraction du temple, l'attraction des nouveaux, celle qui se promène à moitié déshabiller alors que le froid fait rage. Elle finit par hausser les épaules. De toute façon, elle savait parfaitement qu'elle n'était pas comme tout le monde et donc maintenant, tout cela lui passa au dessus de la tête. Et après sa naïveté, il l'avait accueilli chez lui. Un brave garçon que cet elfe. Généralement les autres ne s'occupaient pas autant de ceux qui étaient différents. Ce jour là, était-il tombé directement amoureux de la jeune femme ? Où alors tout cela était venu après ? L'amour, elle n'y connaissait rien. Jamais encore elle n'avait trouvé quelqu'un qui fasse battre son cœur plus rapidement. Enfin c'est ce qu'on disait généralement lorsqu'on était amoureux. Vingt-huit ans et pas un seul béguin, pas une seule envie de se rapprocher d'un homme, rien. Comme si son manque de toucher faisait taire ses sentiments.

Peut-être était-ce le cas, peut être pas. Elle n'en savait rien en fait, aussi se concentra t-elle sur la conversation, penser à ce genre de chose lui rappelait de mauvais souvenirs. Souvenirs qu'elle n'avait pas envie de faire remonter à la surface une fois de plus, elle qui n'oubliait jamais. Un don pour soigner ? Voilà qui fit sonner les oreilles de Sesthia. Elle trouvait remarquable ceux qui était capable d'un tel prodige. Il était compliqué d'apprendre à se battre, de bien manier son arme, mais elle trouvait encore plus compliqué le fait que certains puissent soigner tout en prenant la douleur de l'autre. Il s'agissait d'un domaine qu'elle ne connaissait pas non plus, pas la douleur, mais surtout le soin. Elle aurait aimé avoir ce genre de don, mais est-ce qu'il lui aurait été utile ? Aurait-elle ressentit la douleur comme les autres ? Avec sa tare, ce genre de don était peut être trop dangereux ? Tiens des questions qu'elle ne s'était encore jamais posé auparavant. Savait-on jamais, après tout, le destin réserve bien des surprises.

Une fois de plus, l'elfe s'était perdu dans ses réflexions. Elle revient donc tranquillement dans la conversation. Voyages et rapprochement. Il est certain que leur lien ne s'était pas construit en un jour. Mais qui avait-il derrière ce lien ? L'amour faisait naître quel genre de sentiment ? Après tout, le temple demandait beaucoup, peut être trop. Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu celui qu'elle aimait ? Parce qu'elle le sentait, au fur et à mesure qu'Heifara avait parlé, elle avait entendu les battements de son cœur s'accélérer, elle avait ressentit la chaleur se diffusant dans ses membres, elle avait ressentit sa joie, son envie de le retrouver, ce genre de sentiment qu'elle ne connaissait. Le genre de sentiment qu'elle ne comprenait pas réellement. Et ce pouvoir qui leur permettait de rester en contact même loin. Elle n'enviait pas la jeune femme, mais elle était contente pour elle. Pour la première fois, elle pouvait se réjouir du bonheur de quelqu'un.

« J'ai l'impression que tu l'aime déjà énormément. Et malgré la distance, et vu la façon dont tu parle et réagit, tu l'aime de plus en plus chaque jour non ? »

Elle se tourna vers la jeune femme et sourit. Un sourire qui illumina quasiment son visage. Sourire n'était pas dans son habitude ce qui la rendait toujours un peu effrayante d'après les rumeurs. Aussi les gens autour d'eux eurent de drôle de tête lorsqu'ils la virent faire cela.

« Je suis contente que tu sois heureuse. C'est très bien pour toi. Il faut du bonheur pour affronter les choses. »

Une constatation qu'elle s'était faite il y avait longtemps. Lorsque les gens étaient heureux, souvent, leur moral et leur façon de voir le monde était bien meilleur. Sesthia soupira intérieurement, reprenant sa marche plus soutenue vers le temple. Elle avait besoin de se poser dans un coin, d'être toute seule. Elle avait besoin de solitude pour l'instant, mais par politesse, elle resta avec la jeune femme, au moins jusqu'à ce que les portes du temple soit passé. Heifara était le genre de personne qui devait attirer non seulement les regard, mais aussi les convoitises et surtout, la sympathie. Chacune d'elle aura d'autre chat à fouetté en rentrant, la templière le savait. Mais elle était contente d'avoir pu lui parler. La Nùa était une bonne personne et elle méritait de l'attention.

L'amour ce n'est pas que du contact. Oh ça, la jeune fille le savait déjà. Sans que personne ne s'en rende compte, elle avait souvent tendance à en apprendre plus que tout le monde sur les gens eux même. Non seulement parce qu'elle se souvenait de tout, mais parce qu'étant seule, elle avait une grande tendance à observer tout le monde, les analyser, noter dans sa mémoire leur façon de se battre, leur façon d'être, leurs forces et leurs faiblesses. Déformation professionnelle, on lui demandait souvent de faire ce genre de chose, pas avec les gens du temple, mais avec ceux en dehors. Seulement, on ne savait jamais réellement ce qu'on avait à portée et un ennemis pouvait être aussi dangereux qu'un allié. Elle l'avait très vite comprit lorsqu'elle était petite. Elle avait bien vite imprégné qu'on soit de la famille ou non, qu'on soit ami ou pas, si l'on voulait trahir l'autre, il n'y avait qu'un pas. Par contre connaître l'amour, Sesthia en doutait. Qui donc s'intéressait à une fille tel qu'elle ? Une fille incapable de faire confiance, avec qui il ne faut pas attendre beaucoup de geste parce qu'elle ne connaissait pas réellement le toucher. Une fille qui pouvait vous balancer à la moindre occasion toutes vos erreurs, et vos tares en pleine tête.

Qui voudrait d'une fille qui combat comme un garçon, qui est utilisé pour espionner ? Personne ne ferait ce choix et elle ne pouvait en réalité les en blâmer. Elle même se demandait souvent si elle était confronté à ce genre de souci. Serait-elle différente si elle n'avait jamais eu cette mémoire et cette tare et si une personne qu'elle connaissait la possédait ? Aurait-elle réagit différemment qu'ils ne le faisaient actuellement ? On ne pouvait jamais prévoir, prédire n'était pas réellement quelque chose qu'elle savait faire te puis se poser ce genre de question n'amenait réellement qu'à d'autre question. Son visage se tourna instinctivement vers le ciel. Il était étrange de voir à quel point elle fuyait le regard des autres en se concentrant sur le ciel, comme si à ce moment, elle ne voulait pas entendre et pourtant la phrase suivante fit hausser les sourcil de la jeune fille et la fit même sourire. Heifara en garçon, elle ne pouvait même pas l'imaginer.

« Désolé, mais je n'ose pas t'imaginer en garçon, ce serait trop étrange. »

Pour la première fois, elle eut envie de rire, mais se retint. Elle ne devait pas donner l'impression qu'elle se fichait de la tête d'Heifara, parce que ce n'était pas le cas, en réalité, elle était contente qu'elle ait dit cela. Étrangement, cela la réconfortait, comme si elle avait attendu que quelqu'un lui dise cela un jour. Elle se sentait bien moins étrange, bien moins spéciale. Alors que Ses était toujours concentré sur les paroles de la Nùa, elle se fit finalement tiré par le bras dans un coin du hall. Ne ressentant rien, elle n'avait pas sentit la jeune femme lui prendre la main, ce n'est qu'en regardant qu'elle vit qu'elle tenait sa main. La nature ne donnait rien au hasard, l'elfe s'était déjà fait cette réflexion sauf qu'elle ne savait réellement pas pourquoi elle devait avoir toutes ces particularités. Pourtant, elle n'en fit pas part à la jeune femme et décida d'écouter la suite. Ne plus pouvoir soigner, Sesthia se sentirait vide d'avoir perdu un de ses dons, elle n'imaginait pas perdre l'esprit ou son ouïe accrue, elle ne pourrait plus pallier son absence de toucher sans cela.

Et puis comme à son habitude, elle vit le doigt d'Heifara sur son front, mais elle comprit parfaitement ce qu'elle voulait dire. Elle l'avait sentit dés le début. Son Ouïe plus accrue que d'habitude, son esprit plus vif qui était bien plus clair qu'elle ne le laissait d'origine. Elle était donc bien un catalyseur, ce pouvoir que tout le monde enviait. Ce pouvoir que tout le monde convoitait. La vie avait dû être compliqué pour elle, sachant qu'en plus, contrairement à ses autres dons, le catalyseur n'avait pas d'action propre sur celui-ci. Toujours actif, augmentant les pouvoirs des autres, contrairement à l'anihilateur. Elle connaissait ce pouvoir mais n'en avait jamais sentit avant, aussi ne s'en était pas tout de suite rendu compte, même si cela lui faisait drôlement bizarre.

« Je me doute que certaine chose sont là pour nous aider, qu'elles nous ont été donné pour une bonne raison. Comme pour toi. Cependant autant je peux voir l’intérêt de ma mémoire, autant, je ne vois pas l'utilité et l’intérêt de mon manque du toucher. Cela dit, je ne m'en plains pas, même si c'est plus compliqué parfois. Je vis avec maintenant et c'est pour cela que je n'ai pas réellement envie de sentir, parce que j'aurais peur de ne plus pouvoir le faire après. Enfin je sais que ce n'est pas soignable et j'ai développé ma façon propre de toucher. Je n'ai pas besoin de me déplacer pour toucher quelque chose, c'est déjà ça. »

Elle sourit tranquillement une nouvelle fois. Elle faisait avec depuis de nombreuses années, il était hors de question de changer, cela serait trop bizarre pour elle, de plus, elle savait parfaitement que rien ne pourrait changer cet état de fait. Jamais, elle ne sentirais quoi que ce soit. La vie était ainsi fait. Et son regard se perdit une fois de plus dans la contemplation du ciel. Réfléchir, se souvenir, elle savait faire cela mieux que quiconque et chaque fois que cela touchait à un de ses problèmes, elle avait tendance à s'enfermer dans ses réflexions. Un jour peut être, cela changerait, mais pour le moment, elle avait encore besoin de cela.

Peut être cela. En gros, le fait de ne pas pouvoir toucher normalement, serait parce qu'elle devrait toucher d'une manière différente. Et ainsi peut être apprendre aux autres une autre façon de toucher, une autre façon d'utiliser leur esprit. Une théorie intéressante mais dont l'elfe n'était pas certaine. Après tout, chacun pouvait utiliser cette façon de toucher, c'est juste que personne ne le ferait seulement parce qu'il pouvait toucher d'une manière plus facile. Peut être était-ce cela qu'elle devrait faire, leur apprendre à utiliser leur sens d'une autre façon, leur apprendre à transformer leur esprit, non plus en télépathie ou en empathie, mais aussi et surtout en sens. On pouvait faire tellement de chose en combinant l'esprit, en le manipulant d'une manière différente. Peut être devrait-elle effectivement, seulement personne ne la laisserait faire, parce que personne n'était à même de la laisser approcher, parce qu'ils avaient tous peur de la fille insensible. C'était devenu son seul et unique surnom depuis bien longtemps.

« Je pourrais t'apprendre c'est certains, cela m'a prit pas mal de temps quand même. Mine de rien, je n'avais jamais penser à cette façon de toucher avant que je me rende compte que l'esprit pouvait m'aider. »

Elle s'arrêta un instant et reprit.

« En fait, je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais pour compenser mon sens du toucher, je me suis beaucoup reposer sur l'esprit et mon ouïe, comme un second moyen d'entendre. Entendre et comprendre les bruissements des feuilles. Entendre et comprendre les bruissements des tissus sur les peaux. Tout est partit de là et plus j'allais, plus j'apprenais, plus je me rendais compte que je n'avais pas besoin de toucher, je pouvais seulement combiner deux choses pour arriver à pallier l'absence d'une autre. Je n'ai pas essayé avec le reste des sens, mais je me demande s'il ne serait pas possible de le faire. »

Elle s'arrêta encore, son regard cette fois-ci se perdit loin.

« Si seulement.... »

Elle ne finit pas sa phrase. Inutile en vérité, tout ça était inutile. Au départ, elle avait pensé qu'elle pourrait changer, grandir, devenir quelqu'un pour impressionner ses faux parents, pour qu'ils ne la regardent plus comme un fardeau dont on ne sait quoi faire. Maintenant, elle était là, elle avait évolué et avec le temps, alors qu'elle les attendait, la templière s'était rendu rapidement compte que cela ne servait à rien. Elle n'avait plus à les attendre, elle n'avait personne à qui montrer ce qu'elle savait faire, elle n'avait personne pour se poser des questions, pour avoir des réponses, tout simplement parce qu'elle était définitivement seule, seule et sans aucune possibilité de trouver quelqu'un. L'elfe ne connaissait même pas sa véritable famille, elle ne savait même pas ce qu'ils ou elle avait fait qu'ils s'en aille et l'abandonne. Elle ne savait rien, si ce n'était que son ancienne famille était partit sans laisser de trace. Comme si la possibilité qu'elle vienne pour leur demander des réponses leur faisait peur. Pourquoi tant de mystère, elle ne demandait pas grand chose. Si seulement elle arrivait à se souvenir de ses cinq premières années, ces années qu'elle avait perdu. Alors qu'elle détestait parfois, voir souvent sa mémoire trop bonne, elle aurait aimé qu'elle puisse lui rendre ce service. Seulement, elle avait beau fouillé dans ses souvenirs, il n'y avait rien. Rien que le vide.

Elle se rendit compte par après qu'elle était perdu dans ses pensées depuis quelques minutes. Si la Nùa ne l'avait pas encore prise pour une folle, cela n'allait pas tarder, quoi qu'elle s'était peut être déjà dit la même chose sur son compte. Après tout, les gens qui parlait tout seule généralement s'était probablement aussi étrange que quelqu'un qui pouvait rester des heures immobiles dans le froid, perdu dans ses pensées. D'ailleurs, Sesthia se demandait bien ce à quoi pensait Heifara en ce moment. Elle se posait encore dix mille question, mais l'autre templière semblait elle aussi se poser des questions. Elle avait partit d'un don de soin. Sesthia se souvenait que soignait apportait de la douleur. La douleur de la blessure que l'autre avait reçu. Et si Sesthia était blessée, ressentirait-elle la douleur alors qu'elle même n'en ressentais aucune. Voilà une question qui pourrait être débattu avec son maître. Après tout, il connaissait de nombreuse chose, peut être comprendrait-il ce genre de chose ? Ou alors il se contenterais une fois de plus de reléguer cela dans un coin, en oubliant comme il savait si bien le faire et de lui demander de se concentrer sur ses différentes maîtrise. Peu importe, elle finirait bien par trouver quelque chose. Un jour où l'autre, mais pour le moment, elle avait besoin de bouger, de s'en aller.

« Bon, j'ai été ravie de faire ta connaissance. C'est un véritable bonheur de pouvoir parler avec toi. Cependant, je pense que je vais y aller. J'ai encore un peu de mal à rester tout le temps avec les autres. Ce n'est pas trop mon truc. J'espère que tu ne m'en veut pas de trop. »

Elle attendait avec appréhension la réaction. Elle ne voulait aucunement blesser la jeune femme. Mais en repensant à sa phrase, elle la trouvait un peu rêche à son goût. Enfin elle verrait bien.

Sesthia avait la tête dans les nuages, comme elle avait prit l'habitude d'avoir lorsqu'elle dans le temple, entouré de personne qui ne cessait de la juger. Pourtant, elle écoutait, tranquillement, posément, elle écoutait la jeune femme à côté d'elle, espérant qu'elle ne l'avait pas blessé par sa remarque. Posant donc son regard sur la jeune femme, elle attendit que celle-ci parle. Un plaisir, s'était bien la première fois qu'il s'agissait d'un plaisir pour quelqu'un de la rencontrer. Après, visiblement, elle devait avoué que la jeune femme était bien différente des personnes qu'elle avait déjà rencontré jusque là et donc sa remarque ne sonnait pas si faux. La suite par contre la fit tiquer un peu. Un fardeau. Comment voulait-elle partager un fardeau qu'elle ne pouvait pas voir ni entendre. Il ne s'agissait pas là d'une histoire pesante, de quelque chose qu'on pouvait réellement partage. Il s'agissait d'une tare, une mauvaise blague de naissance, s'était ainsi et jamais elle ne pourrait la partager. Enfin, elle haussa imperceptiblement les épaules. Peu importe, elle avait fait une nouvelle rencontre et comme avec Aerin, elle se disait que finalement toutes les personnes n'étaient pas comme celle qu'elle pouvait voir tous les jours.

Les mêmes personnes qui commençaient à parler, à murmurer. La templière sentait leur curiosité. Qu'est ce que deux jeunes femmes aussi étranges et différentes pouvaient faire ensemble. De quoi avait-elle parlé ? Avait-elle comploté quelque chose ? Des tas de choses passaient dans leur esprit. Ils étaient templiers et ne savaient même pas ouvrir leur esprit, utiliser leurs autres sens. Ils ne cherchaient jamais plus loin que le bout de leur nez. Cette situation était réellement malheureuse. Comment pouvaient-ils s'enfermer dans une connaissance des choses qui n'était pas absolu, ne cherchant jamais assez loin pour s'améliorer, pour utiliser leur don d'une manière différente. Faisant la même chose dans la vie. Regardant seulement l'extérieur des gens et se demandant bien si ceux-ci sont normaux. Et s'ils ne le sont pas ? Autant les éviter pour ne pas attraper leur non normal attitude. Pourtant,il pourrait apprendre tellement plus de ceux que l'on désigne comme non normaux en quelques sorte. La templière pourrait leur apprendre à écouter. Écouter leur murmures incessant alors qu'elle prendre la direction opposé de celle d'Heifara. Écouter leur réplique improbable sur son état, leur théorie fantasque alors qu'elle se dirige tranquillement vers la bibliothèque.

Tellement dommage que l'elfe se demandait bien parfois ce qui faisait d'un templier un templier. Était-ce le fait qu'ils soient normal entre guillemet ou bien le fait qu'il sache utiliser ses dons au profit des templiers dans leur optique de développement ? Elle était dans le second cas, quoi qu'elle était plus certaine que ses idéaux et sa façon de penser fasse partie des templiers, mais elle était certaine d'une chose, être templier ne voulait pas dire forcément être tout à fait normal et pour cela, elle passa devant tout le monde, se moquant de ce qu'ils pouvaient murmurer dans son dos. Désormais, peut importe les rumeurs, peut importe les dires, elle laisserait couler. Autant rester soi-même, cela valait mieux pour tout le monde. Et même si beaucoup de chose la torturaient encore, elle avait changer. Deux rencontres et sa vie commençait à changer doucement, à bouger imperceptiblement, mais elle bougeait dans le bon sens. Elle se retourna alors un instant, regardant par là ou Heifara était partit et un murmure inaudible passa ses lèvres.

« Merci ! »

Un petit mot qui voulait tout dire.