[F-H] Douce nuit (pv Feanaro) [Terminé]

L'heure était tardive. La plupart des Silmariens devaient déjà dormir. Que ne pouvait elle en faire autant. Mais le sommeil l'avait déserté ces dernières semaines. Mal lui en avait prit de vouloir tout donner à son peuple en se concentrant sur sa tâche. A présent, elle en subissait les conséquences : une intense fatigue mêlée à un sentiment d'impuissance et d'inutilité. Si seulement son esprit consentait à se laisser glisser vers le monde des rêves. Au moins aurait elle put oublié momentanément ses problèmes. Au lieu de cela, elle déambulait dans les rues sans trop savoir où elle allait. L'air frais lui faisait un bien fou, et pour elle qui adorait le froid, cette nuit d'hiver était exquise. N'eut été la pensée de la très chère et vénérée Grande Prêtresse portée disparue qui la taraudait, Volesprit se serait sentie de bonne humeur. Les choses étant ce qu'elles sont, c'est donc morose qu'elle marchait dans la brume qui envahissait la ville à cette heure ci. Même les étoiles demeuraient inaccessibles au regard pourtant perçant de la demoiselle. Son soupire fut atténué par le hululement d'une chouette. Ses doigts quelques peu raidis par la température ambiante entreprirent d'allumer une cigarette qu'elle venait de tirer d'une manche de sa veste. Quand enfin elle y parvint, le vent lui joua un mauvais tour en se mettant à souffler. Pour le coup, il commençait à faire vraiment froid. Regardant à droite à gauche, elle se demanda si elle ne ferait pas mieux de retourner à la bibliothèque où elle logeait, mais la présence de l'Autel à proximité lui fit changer d'avis. Clopant toujours comme à son habitude, elle se rendit devant le plus belle édifice sans conteste de Silmarie battît en l'honneur de la déesse pour y abriter sa réincarnation. A l'entrée de celui ci, les sentinelles de garde lui firent signe qu'elle pouvait entrée.

Une douce chaleur l'enveloppa peu à peu. L'endroit inspirait la sérénité et le calme. Pour cause, il était déserté. Pas d'âmes qui vivent. Volesprit savait pourtant que ce n'était pas tout à fait vrai. En l'absence de la Grande Prêtresse, résidaient encore en ces lieux une partie de ses serviteurs et quelques uns des prêtres survivants. On aurait put croire en une baisse de leur ferveur après les récents évènements, mais c'est le contraire qui s'était produit. Jamais on avait autant sollicité les dieux en les priants jours et nuits sans interruption aucune. Silmaria mise à part, Volesprit n'avait imploré aucun dieux de sa vie et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle irait quémander de l'aide à ces êtres immatérielles incapables d'agir pour mettre en sureté la seule personne qui devait l'être à tout prix. De nouveau le bilan catastrophique de cette triste affaire refit surface dans sa tête. *Plus d'armée, plus de dirigeant, plus de morale.* Une telle fragilité s'avérait handicapante vis à vis du poids des elfes sur les futurs enjeux à venir sur l'ensemble du territoire d'Azthia. Quelles influences conserveraient ils sur les autres peuples ? Ne feraient ils pas mieux de se replier sur eux même en attendant de pouvoir sortir la tête de l'eau ? D'un autre côté, les Almers se retrouvaient dors et déjà mis à l'écart du grand échiquier, ainsi l'union de Nalween et du P'yra n'était pas rendu plus précaire qu'elle ne le paraissait auparavant, et les dieux savent à quel point cet alliance était nécessaire. Cependant la disparition des deux tourtereaux allaient être un frein énorme à la poursuite de l'entente entre Almers et elfes.

Les pensées de la ministre s'interrompirent quant elle s'aperçut qu'elle avait inconsciemment erré jusqu'au salon de la Grande Prêtresse. La "pièce blanche" comme l'avait surnommé ceux qui avaient eut la chance de la contempler en plein jour. La moindre source de lumière permettait d'éclairer une grande partie de la salle. Des bougies étaient d'ailleurs allumées et Volesprit se rendit compte de la présence d'une personne qui lui tournait le dos près de ces mêmes bougies. A pas feutrés, elle s'approcha de la silhouette aux cheveux longs et habillée avec goût. Qui pouvait il bien être ? Une fois à sa hauteur, elle osa enfin lui adresser la parole.

Vous non plus vous n'arrivez pas à fermer l'œil ?

Le jeune homme qui lui fit face en imposait. Du genre beauté glacial avec des yeux profonds qui cachaient des histoires sans doute terribles et belles à la fois. C'est du moins l'impression qu'elle eut. Un noble ou un gradé devina-t-elle. Elle l'avait prit au première abord pour un simple garde. Elle se sentit idiote de ne réussir à lui offrir qu'un sourire timide.

Excusez moi d'avoir interrompu le fil de vos pensée mais je me sentais un peu seul ce soir...

Se délestant de sa veste, elle reprit une nouvelle cigarette. Les rais de lumière qui perçait par l'une des fenêtres éclairèrent sa robe de satin bleu.

La lune est si belle... C'est idiot mais je trouvais dommage de passer cette douce nuit sans compagnie... et vous êtes la seule qui me soit offerte. La mienne ne vous importunera pas trop j'espère ?

Fermant les yeux elle se mit à écouter le silence. Depuis combien de semaines n'avait elle put goûter aux plaisirs d'une conversation avec un parfait inconnu ? La demoiselle adorait pourtant faire de nouvelles connaissances et en apprendre plein sur elles. Sa philanthropie la poussait a écouté les gens parler et à s'intéresser à eux, et les gens ne demandaient pas mieux qu'une bonne dose d'attention sur eux pour se sentir heureux. Volesprit tirait sa propre satisfaction dans le bonheur des autres. Savoir une personne qu'elle appréciait heureuse suffisait à faire le sien.

Son intuition lui disait que le jeune homme avait des tas de choses à raconter. La nuit allait être longue, elle l'espérait. Une nuit en dehors du temps. Une nuit en dehors des réalités. Une nuit au dedans du rêve. Une douce nuit.

Il était arrivé tant de chose en si peu de temps…Cette impression vivace que le monde avait basculé en l'espace de quelques heures…Que tout ce qu'il avait cru comme acquit avait soudainement cessé d'être dès la seconde où Mort avait quitté Silmarie. L'ancien Capitaine essayait de se persuader qu'il n'avait fait que perdre une armée. Que tant qu'il existait un elfe…des centaines d'années de traditions perdureraient encore et encore…Même si la cité disparaissait. Il suffisait d'une poignée d'elfe pour tout reconstruire et une bibliothèque pour ne pas oublier la marque du passé.

Cependant, il n'arrivait pas entièrement à s'en convaincre. La raison en était simple : Il avait encore des choses à perdre. Plus qu'une cité en ruine, il restait encore un peuple. Si peu nombreux mais encore désireux de vivre, de vivre en paix et de vivre parmi ces murs…Ce berceau de cette culture adepte du pacifisme et de la religion. Tout aurait été si facile s'ils avaient acceptés de partir pour tout reconstruire à l'abri des yeux indiscrets. Personne n'accepterait…C'est pour cela que Silmarie était si fragile désormais. A compter sur la clémence des autres et sur quelques volontaires suffisamment idiots pour croire que la justesse de leur cause les rendra invulnérable au combat.

En si peu de temps…Si peu d'entrainement…Si peu d'équipement…Pensaient ils vraiment survivre aux lames Erathiennes ?

Accepter que des soldats meurent au combat, c'était une chose. Mais ce n'était que des hommes et des femmes qui n'avaient de soldat que le nom. Certains étaient tellement jeunes qu'ils n'avaient jamais connu l'étreinte d'une nuit dans les bras d'une femme…Ou d'un homme. Même s'il avait dit qu'il s'en laverait les mains, cela le travaillait toujours un peu. Ce n'était pas pour autant qu'il allait leurs donner plus d'entrainement pour leur donner une chance…Il était trop tard pour cela. C'était juste…Dégradant pour lui. Pour ceux qui sont tombés. Les considérer comme des combattants juste parce qu'ils tenaient une épée…Mais il leur reconnaissait le droit de choisir leur fin et quitte a faire…Autant mourir les armes a la main.

Mais est ce que cela allait faire la différence ?

Clairement que non. Si espoir de victoire il y aurait, il était entre d'autres mains. Amazones certainement quand Cydonia et Storghein occuperont largement le champ de bataille. Les elfes serviront tout juste de distraction…Mais peut être ce trompait il ? Il en doutait sérieusement et c'était pour cela qu'il se lavait les mains du sang des idiots qui s'engageaient aujourd'hui…Et qu'il n'aimait pas a être appelé leur capitaine. Chose qui l'horripilait au plus haut point dernièrement. Encore une marque de sa fierté. Probablement mal placée, il le reconnaissait. C'était bien la seule chose qui lui restait ces derniers temps...Ca et ces années d'entrainement.

Ce dont il avait besoin maintenant, c'était un objectif. Du temps pour méditer…Ainsi qu'une bonne arme sur laquelle compter. Il saurait quoi faire une fois la réunion des dirigeants terminés. En attendant, les patrouilles solitaires dans la brume et échapper aux revendications des survivants lui prenait pas mal de temps. Il ne pouvait méditer qu'en fin de soirée et profiter ce soir de cette occasion de venir en ce lieu pour purger son cœur de tous ces doutes…Et récupérer une arme digne ce nom. Il avait entendu parler d'un cadeau diplomatique conservé quelque part et avait pu mettre la main dessus. Une superbe épée ciselé à la lame droite, bien éloignée de l'ancienne…mais qu'il espérait plus solide. Il avait allumé des bougies, espérant pouvoir méditer, posant le coffret de la lame devant lui…

Il avait à peine commencé qu'une robe de satin bleu avait son apparition. Vague odeur de tabac…Dire qu'elle était agréable au regard était un euphémisme. Ce n'était pas pour rien que les femmes elfiques était réputées les plus belles sur cette terre. Cependant, il doutait que beaucoup d'entre elles puissent accéder si facilement à ce lieu. Encore qu'avec ces sentinelles le doute soit clairement permis. Assit sur ses talons, mains sur ses cuisses, il avait décidé de ne pas y prêter plus d'attention mais la jeune femme semblait désireuse de converser.

L'œil bleu acier de l'ancien capitaine croisa à nouveau la silhouette se défaisant de son manteau pendant un long moment. Il ne se rappelait pas l'avoir vu à la table des dignitaires un jour…Mais ses recherches personnelles de ces derniers mois l'avait tenu relativement a l'écart. Noble ou dignitaire ? Il lui semblait connaitre les principales maisons nobles…Mais elle ne ressemblait a aucune personne de sa connaissance. Assassin ? Aucun assassin digne de ce nom ne trahirait autant sa présence alors qu'il a l'occasion de porter un coup dans le dos même si son arme est le poison.

''Cela fait longtemps que je ne regarde plus la lune…Autrefois, j'avais l'habitude de partager une coupe de bon alcool quand elle se faisait gironde et l'air plus doux. Je ne saurais dire s'il s'agit d'une bonne chose ou non. Quand a votre compagnie, j'ignore si vous apprécierez la mienne mais si vous tenez a rester, je ne saurais vous interdire quoique ce soit. Faite comme bon vous semblera ''

Son regard roula un moment. Il était beaucoup trop froid alors qu'il y a quelques temps, il aurait filtré sans vergogne…Avait il autant changé en si peu de temps lui aussi ? Où était passé l'insolant indolent ? Le nonchalant amusant ? Etait ce le poids des responsabilités, ses doutes ou ces temps de noirceur qui lui obscurcissait l'esprit ? Un peu de tout certainement…Quitte a tout renier, autant endosser son caractère jusqu'au bout et ne pas s'en faire. De toute manière, quoiqu'il ce passe, son destin autant que celui de cette cîté n'était plus entre ses mains. Il pouvait regarder les faits autant de fois qu'il le désirait, ils n'allaient pas changer sous son regard…et il ne pouvait rien faire pour influencer le destin.

Feanaro aurait aimé en plaisanter, faisant remarquer qu'il était Dans la paume de Silmaria mais le sujet était encore trop sensible pour lui pour l'aborder.

''Je suis de l'ancienne famille des Galathil…Fils du poète…Arpenteur des routes d'Azthia…Autrefois coureur de jupon et écumeur de taverne. Je crains qu'il ne s'agisse de mes meilleurs titres de gloire car aujourd'hui capitaine d'une armée décimée…Ou ancien capitaine d'une garde décapité si cela sonne mieux ? Je ne sais si meilleur titre peut m'être donné en ce moment. Mais si rien de tout cela vous plait, vous pouvez toujours m'appeler Feanaro.''

Renouant avec de vieux réflexe, il eut un demi sourire en coin

''Cependant, il vous faudra attendre pour m'appeler par mon petit nom. J'ai une fiancée jalouse et nous n'avons pas encore été assez intime tout les deux pour que cela soit justifié. Y a-t-il un sujet que vous désirez aborder ?''

Parler de cette manière lui était aussi étrange que familière. Mais ce n'était pas une mauvaise chose en soit

Les mots du jeunes hommes la tirèrent de sa contemplation. Ouvrant des yeux stupéfaits, elle se retourna vers le beau parleur qui lui offrait un sourire charmeur. Reprenant contenance la ministre pencha la tête de droite à gauche comme pour l'observer sous toutes ses coutures.

Vous portez bien des noms Feanaro Galathil. La Capitaine de la garde en personne. Pour vous je serais une simple jeune femme qui se promène dans l'autel de la Grande Prêtresse à une heure déraisonnable parce qu'elle s'ennuie. Mais si vous trouvez cela trop long vous pouvez m'appeler Volesprit.

Dévorant du regard son interlocuteur, la demoiselle essaya de se rappeler la dernière fois où elle s'était retrouvée en aussi galante compagnie. Mieux valait oublier cette question, et profiter pleinement de l'instant que la déesse lui offrait.

Ainsi donc la rumeur disait vrai. Notre pilier sombre dans la déprime au moment où l'on a le plus besoin de lui ? Je vous accorde que porter un titre aussi vide de sens que celui de Capitaine de la garde par ces temps incertains alors même que nous n'avons plus d'armée doit être... comment dire... déroutant. J'imagine que vous êtes assailli de doutes et de questions sur le futur et que les affronter seul n'est guère plaisant. En un sens, ne vaudrait il pas mieux que vous soyez là à déguster une coupe de vin avec moi en discutant de tout et de rien afin de vous faire oublier vos soucis ? A moins bien sûr que vous ne comptiez vous apitoyer sur vous même en regrettant de n'avoir put faire ceci ou cela ? Il vous appartient de faire ce choix ou un autre d'ailleurs, mais sachez que quel qu'il soit je ne me permettrais pas d'y porter un quelconque jugement de valeur. Je ne peux que supposer que vous avez due souffrir plus que la plupart d'entre nous.

A présent ses sourcils s'étaient froncés sans qu'elle n'y ait pris garde. Quelle misère qu'un homme tel que lui puisse être aussi abattu. Le courage avait déserté la ville après le passage du cavalier. Un instant elle fut triste pour lui mais elle se ressaisit en comprenant que le plaindre n'améliorait en rien son état actuel. Elle se dérida en lui offrant un nouveau sourire.

Mais je ne saurais vous laisser gâcher mon plaisir d'être ici ce soir avec vous. Le plus surprenant c'est qu'on sent chez vous une sorte de lumière ou de feu intérieur qui pourrait irradier mais vous l'intériorisez. Vous êtes pénible. Je me demande comment votre fiancée vous perçoit. Ah oui ! Pendant que j'y pense, j'ai due croiser votre chère et tendre il y a peu à Ptot Tàh je crois. La princesse Eléa chez les Almers, ça m'a fait un choc. Elle n'était pas au mieux de sa forme quand elle a quitté la cité. Toutefois je me tromperais sur la véritable identité de l'amazone que j'ai croisé que ça ne m'étonnerais pas.

En revanche, les descriptions que ces "corbeaux" lui en avaient fait coïncidaient parfaitement. Pour autant, il subsistait encore des doutes dans l'esprit de Volesprit. Le coup de la princesse amazone sans escorte au milieu de la cité Almer en proie à la pire des malédiction... n'était ce pas un peu gros ?

En tout cas, je ne me risquerais pas à vous trouver un petit nom comme vous dites si c'est bien elle que j'ai rencontré. Pour une gamine, elle savait se battre et sa colère m'a glacé le dos ce qui n'est pas peu dire je vous pris de me croire. En faite, elle m'a accessoirement sauvé la vie au passage et défait le cavalier Maladie. Vous la remercierez de ma part au cas où. Sur le moment, la situation ne se prêtait pas à la discussion.
Voyant que sa première cigarette finissait de se consumer, elle chercha en vain un cendrier ou un plateau quelconque pour écraser celle ci. Ne pouvant jeté se permettre de la jeté par terre en plein salon de la prêtresse, elle se contenta de geler le mégot et de déposer la cigarette de cristal sur le meuble le plus proche. Puis elle sortit une seconde cigarette de sa manche. Les poches cachées de ses robes qu'elle commandait sur mesure recelaient d'innombrables trésors permettant de savoir, quand on avait fini de toutes les vider, à qui on avait à faire. Elle remarqua alors le coffret posé à coté du Capitaine. Un léger sourire effleura ses lèvres.

Vous comptiez passer votre nuit avec une épée à ce que je vois. J'espère ne pas avoir mit fin à ce rendez vous galant de façon trop brusque. Je détesterais avoir une lame pour ennemi. Surtout que celle ci n'a pas l'air mal du tout. A moins que vous n'escomptiez vous suicider avant mon arrivée ? Ne le prenez pas mal mais vous étiez si morose que je l'avoue, l'idée m'est passé par la tête.

Il aurait mieux valut éviter de sortir ce genre de chose mais les drogues consommées dans la soirée mêlées à la douceur de la nuit et la vision exquise du visage du jeune Galathil embrumaient son esprit qui n'aspirait plus qu'à se détendre. Voyant qu'elle s'était mal engagé avec sa dernière remarque elle se reprit en changeant de position pour se mettre par assis par terre adossée à un mur et recouvrer sa bonne humeur.

J'ai une idée. Je vais faire comme si je ne vous avais jamais rencontré, comme si je ne connaissais pas votre identité et vous pareil. Imaginons que nous soyons, je ne sais pas moi... dans une auberge. Même heure mais il reste quelques clients et piliers de comptoir qui tiennent encore bon. Moi fatigué de ma journée je viens m'asseoir à votre table sans remarquer voter présence. Puis soudain, un éclat de voix de l'un des ivrognes à la table d'à côté me fait relever les yeux et je tombe sur vous. Je m'apprête à vous dire d'aller voir là bas si j'y suis mais je constate que vous êtes ma foi fort bel homme et qu'un peu de conversation ne pourrait que me faire du bien. Je vous salue sans révéler mon identité puis vous répondez d'un signe de tête. Vexée que vous ne portiez pas plus d'attention que ça à ma petite personne, je me mets à vous fusiller du regard. Insensible vous répondez deux ou trois politesses d'usage, un demi sourire pour montrer que vous êtes avenant avant de vous morfondre à nouveau sans décrocher un mot. Cependant je sens que je parviendrais à vous tirer un sourire en insistant suffisamment. Et donc j'essaye pendant plusieurs minutes en espérant avoir du succès.

Maintenant que vous savez ce que je vois en face de moi, peut être pourriez vous me dire ce que vous vous voyez ? Une jeune demoiselle insouciante qui bavarde trop ? Une moralisatrice qui parle de ce qu'elle ne connait pas ? Ou pire, un phantasme qui se joue de vous ?

Elle éclata d'un rire joyeux et cristallin.

Et maintenant une arrogante qui ne doute de rien. Aller ! Soyez bon joueur et dites moi !

Nul ne venait sans y être invité toute jeune femme qu’elle était. Mais il était de convenance de feindre l’ignorance et de la prendre pour ce qu’elle semblait être : Une dame de passage. Il se rassit en tailleur, a même le sol, ramenant ses mains dans une position toute méditative, fermant les yeux pour mieux déployer ses autres sens. Son oreille tressaillit quand elle reprit la conversation avec une telle aisance qu’il lui était difficile de ne pas trouver qu’elle pouvait lui ressembler sur ce point là. Elle avait une langue habile et c’était loin d’être désagréable.

Une ombre se sourire se dessina a nouveau alors qu’il rouvrit un œil fixant la jeune damoiselle.

‘‘Les rumeurs sont des rumeurs. Une association de mot née d’une perception limité d’un évènement bien souvent rapporté. Bien qu’elle puisse avoir un fondement de vérité, elle reste aussi bien incomplète qu’imprécise. Ce que je fais ici n’a rien avoir avec un quelconque remord ou volonté d’en finir honorablement avec ma vie en lavant un honneur bafoué par la perte d’une armée entière placée sous mes ordres, l’incapacité a arrêter un cavalier au cœur même de notre cîté ou l’enlèvement du guide d’une nation entière…’’

Il oscilla la tête d’une légère moue sarcastique

‘‘…Bon ok, y en a qui l’aurait fait pour moins que ça. Mais ces fautes évoquées semble prouver mon incompétence or comment est il possible alors que je sache comment utiliser une épée ? Il faudrait que je sache quel bout utiliser voyons’’

Il referma son œil dans un gloussement.

‘‘Non, j’étais venu ici pour méditer. Une épée n’est pas qu’un simple bout de métal. Il contient la volonté et le cœur de celui qui l’a forgé ce qui en fait un être à part entière. Mon maître avait l’habitude de dire qu’une fois gagnée son amitié, elle ne vous laisserait jamais tomber. J’ai mis un temps avant de comprendre qu’il ne parlait pas de matière littérale. Je dois m’habituer a son poids, ressentir son centre de gravité, connaitre chaque imperfection de la lame, comprendre dans quel but le forgeron qui a passer de longue heure dessus l’a forgé…Le but précis de son existence…Parfois trancher, parfois tailler, parfois cela peut être pour protéger sa nation, d’autre fois simplement pour engranger un peu d’or…Cela détermine la qualité de l’épée…Et un bon épéiste saura toujours reconnaitre l’épée qui lui est destiné. Du moins c’est la théorie de mon maitre…Et celle que je défends désormais.’’

Il rouvrit a demi les yeux sur la lame.

‘‘Et si je devais répondre a votre prochaine question, je dirais que je l’ai choisis parce qu’elle me ressemble. Elle a été forgée dans la fierté et la passion. Son tranchant étudié pour tailler celui qui aurait l’impudence de se dresser devant elle.’’

Et fini par renvoyer ses yeux bleus sur la jeune elfe.

‘‘ Quand a votre interrogation sur ce feu intérieur…La langue ancienne vous aurait donnée la solution. Mon nom signifie esprit de feu. Cela peut être représenté par la passion bien qu’Ayaween espérait plutôt que je porte la flamme qui jamais ne s’éteindrait face a l’obscurité. Pour cela j’ai encore des progrès a faire je le crains’’

Ses yeux se détournèrent un moment, ressentant quelque chose d’étrange. Quelque chose dans le monde astral venait d’attirer son attention mais il doutait que la chose soit possible. Cependant, il ne voulait rien laisser au hasard même si une sortie risquait de le mettre inconsidérément en danger. Il se releva dans un demi sourire prenant tout de même le temps de répondre a la dernière question de l’intéressée

‘‘ Je ne fréquente plus les tavernes depuis longtemps. Cependant a l’époque où je le faisais, j’étais bien plus jeune et plus enclin a noyer mes ennuis dans l’alcool…Et les femmes. En conséquence de quoi, j’aurais naturellement pensé que ce n’était pas ma conversation que vous désiriez alors et qu’il y avait une chose qui vous ferriez alors nettement plus de bien que de simples mots. Mais si j’aurais du alors émettre un jugement de valeur, je pense que cela aurait oscillé entre « Quand une jolie femme te fait les yeux doux en taverne…Surveille ta bourse » et « C’est une femme qui sait ce qu’elle veut ».’’

L’elfe prit la direction de la sortie, déposant un baiser au passage sur la joue de la jeune femme avant de continuer sa route à reculon

‘‘Et je penche pour la seconde solution. Je vous souhaite une agréable nuité…Et merci pour le sourire décroché’’

Et c’est ainsi que l’ancien capitaine reprit sa marche vers l’extérieur et les ombres de la nuit…

[désengagé]

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